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Revue | Revue d'économie politique |
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Numéro | vol. 133, no 4, juillet-août 2023 |
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Débats / Opinions
- American Protectionism - Uri Dadush p. 497-524 Les États-Unis, architectes du système commercial de l'après-guerre, sont devenus aujourd'hui son transgresseur le plus visible. L'administration Biden n'a montré aucun intérêt pour de nouveaux accords commerciaux de quelque nature que ce soit. Les États-Unis refusent de renouveler le mandat des juges de l'Organe d'appel de l'OMC, rendant inapplicables les règles de l'OMC, à moins que les États-Unis (ou tout autre membre) ne choisissent de s'y conformer. Dans cet article, sur la base d'une perspective historique, nous examinons les causes du repli (sur soi) de la politique commerciale américaine tout en nous interrogeant sur son évolution future. Aujourd'hui encore, l'économie américaine reste parmi les plus ouvertes au monde, l'opinion publique soutient le commerce et les partisans du retrait des marchés mondiaux sont difficiles à trouver. Il semble donc difficile de voir dans le changement de politique commerciale des États-Unis une adhésion aux valeurs du protectionnisme. Une interprétation plus convaincante réside dans le fait que la politique commerciale américaine évolue, poussée – comme elle l'a été depuis la naissance de la nation – par des forces sous-jacentes, comme la montée de la Chine, l'inégalité des revenus et le changement climatique. Cela nous aide à comprendre la politique de Biden, mais sans pour autant la justifier car la politique actuelle n'est pas la bonne réponse à ces défis. En effet, si l'histoire est un guide, elle nous suggère alors qu'une autre refonte de la politique commerciale américaine est possible et même probable. Malheureusement, un retour au leadership commercial des États-Unis n'est pas envisageable de sitôt, et quand il arrivera, il sera peut-être trop tard pour sauver le système commercial fondé sur des règles.The United States, architect of the post-war trading system, has become its most visible rule-breaker. The US refuses to renew the mandate of judges on the World Trade Organization's (WTO) Appellate Body, which means that WTO rules are no longer enforceable unless the US (or any other member) chooses to comply. The Biden Administration has shown no interest in new bilateral or regional trade deals. This paper adopts a historical perspective to examine the causes behind the turn in US trade policy and speculates about its future course. Even today, the US economy remains among the world's most open, public opinion supports trade and advocates of withdrawal from world markets are hard to find. Accordingly, interpreting the change of US trade policy as an outright embrace of protectionism is overly simple, in fact misleading. A more accurate interpretation is that US trade policy has changed, impelled – as it has been over two and a half centuries – by underlying forces. In this episode, it is the rise of China and its challenge to a US-led world order, high income inequality (combined with inadequate social safety nets), and climate change that force an adaptation of US trade policy. Not surprisingly, these forces create opportunities for calls for protection among powerful constituencies that can profit from it. This helps us understand Biden's policies, but it does not justify them: the present US trade policy is not the right response to these challenges. Past cycles of US trade policy suggest that another rethinking of US trade policy is possible and even likely, especially since there is no support for closing the US economy. Unfortunately, a return to US trade leadership is not in the cards any time soon, and when it comes, it may be too late to salvage the rules-based trading system.
- American Protectionism - Uri Dadush p. 497-524
Articles
- Monetary Policy with Weakened Unions - Amélie Barbier-Gauchard, Thierry Betti, Francesco De Palma p. 525-540 Nous évaluons l'impact du pouvoir de négociation des syndicats sur l'inflation et l'emploi dans le cadre d'un modèle de contrat optimal à la Mac Donald & Solow [1981]. Nous considérons un jeu à la Stackelberg entre la banque centrale et les partenaires sociaux (entreprises et syndicats). Les entreprises et les syndicats négocient l'emploi et le salaire nominal, tandis que la banque centrale, qui joue le rôle de leader, fixe le taux d'inflation. Nous montrons qu'une diminution du pouvoir de négociation des syndicats tend à réduire le salaire nominal et l'emploi. Dans un tel contexte de banque centrale leader, la politique monétaire optimale consiste à augmenter le taux d'inflation optimal afin d'éviter une hausse du chômage. De plus, nous démontrons que l'augmentation du taux d'inflation optimal a des effets plus importants lorsque la banque centrale est faiblement conservatrice. Ces résultats plaident en faveur d'une réduction du conservatisme de la banque centrale pour compenser l'impact macroéconomique de la baisse du pouvoir de négociation des syndicats. Classification JEL : E02, E24, E52, E58, J51We assess the impact of union bargaining power on inflation and employment under efficiency bargaining according to Mac Donald & Solow [1981]. We consider a Stackelberg game between the Central Bank and social partners (firms and unions). Firms and unions negotiate employment and nominal wage, while the Central Bank, which plays as leader, sets the inflation rate. We show that a decrease in union bargaining power tends to reduce nominal wage and employment. In such a context of a leader Central Bank, the optimal monetary policy consists in a higher optimal inflation rate to prevent a rise in unemployment. Moreover, we demonstrate that increasing the optimal inflation rate has more important effects when the Central Bank is weakly conservative. These results argue for reducing Central Bank conservatism to compensate for the macroeconomic impact of declining union bargaining power.
- On the Historical Foundation of Women's Self-Employment in Africa - Youssouf Nvuh-Njoya, François Colin Nkoa, Irene Jenipher Ntolo-Memang, Flora Yselle Malah Kuété p. 541-568 Cet article utilise la cliométrie pour expliquer la relation entre la traite transatlantique des esclaves et l'auto-emploi des femmes en Afrique. Plus spécifiquement, il étudie l'effet du nombre d'esclaves exportés pendant la traite transatlantique sur le taux d'emploi indépendant des femmes à l'aide d'un modèle transversal couvrant 51 pays. Les résultats corroborent la thèse selon laquelle les événements historiques ont un effet d'hystérèse sur les caractéristiques actuelles des pays en développement. Nous constatons que l'esclavage est un déterminant de l'auto-emploi contemporain des femmes en Afrique et identifions la culture comme un canal de transmission. Le rapport de masculinité relativement élevé en Afrique pendant la traite des esclaves a contribué à la participation complète des femmes à la vie civile et sociale, entraînant un esprit de compétence et de débrouillardise qui a été inculqué dans la culture et les normes africaines et a été perpétué au fil du temps, expliquant leur taux élevé d'auto-emploi. L'article souligne la nécessité de prendre en compte les spécificités culturelles et traditionnelles dans les politiques économiques visant à améliorer l'auto-emploi des femmes en Afrique, qui se caractérise principalement par des activités informelles. JEL codes : N97, J16, L26, C21, O55This paper uses cliometrics to explain the relationship between the transatlantic slave trade and women's self-employment in Africa. More specifically, it studies the effect of the number of slaves exported during the transatlantic slave trade on the average rate of female self-employment from 1991 to 2019 using a cross-sectional model covering 51 countries. The results support the view that historical events have a hysteresis effect on the current characteristics of developing countries. We find that slavery is a determinant of women's self-employment in Africa and identify culture as a transmission channel. The relatively high sex ratio in Africa during the slave trade contributed to women's full participation in civil and social life, leading to a spirit of competence and resourcefulness that has been inculcated in African culture and norms and has been perpetuated over time, explaining their high rate of self-employment. The paper emphasizes the need to consider cultural and traditional specificities in economic policies aimed at addressing women's self-employment in Africa, which is primarily characterized by informal activities.
- Testing for the Imports-Led Growth and the Growth-Led Imports Hypotheses in Panels for the Small Island World - Jean-François Hoarau, Nicolas Lucic p. 569-600 Cet article analyse la relation empirique entre les importations réelles de marchandises par tête et le PIB réel par tête pour un ensemble de 52 îles affiliées et souveraines sur la période 1970-2019. L'objectif est de vérifier si les importations réelles de marchandises par tête peuvent être considérées comme un bon prédicteur des conditions de vie matérielles des populations insulaires. Pour ce faire, nous testons la possibilité d'une double causalité entre ces deux variables en effectuant d'un côté, des tests de causalité au sens de Granger à la Toda-Yamamoto [1995], dans le cadre d'une modélisation VAR en panel, et de l'autre, l'approche du « Pooled Mean Group estimator » de Pesaran et al. [1999], basée sur la modélisation ARDL en panel. Pour les petites îles souveraines, la causalité bidirectionnelle se vérifie dans le court et le long terme. Pour les petites îles affiliées, la bidirectionnalité n'existe qu'à court terme, l'hypothèse des importations tirées par la croissance étant malgré tout validée à long terme. En définitive, ce travail permet de montrer qu'un haut niveau d'importations par tête est un facteur de bien-être matériel élevé dans le cadre des petites économies insulaires. Codes JEL : C33, F43, 011This article aims at analysing the empirical relationship between real merchandise imports per capita and real GDP per capita for a set of 17 affiliated and 35 sovereign small islands over the period 1970-2019. Noting the lack of long time series for GDP per capita contrary to imports per capita, the goal is to check whether real imports per capita could be considered as a good predictor for standards of living for the small islands world in accordance with the theoretical claims. To this regard, we test for the imports-led growth and the growth-led imports hypotheses by running in a panel data framework both the Toda-Yamamoto Granger causality test based on VAR modelling, and the Pooled Mean Group estimator based on ARDL modelling. Finally, bidirectional causality holds in the short and the long-run for the group of sovereign small islands, giving strong support to the two hypotheses. However, even if in the short-run bidirectional causality seems to exist, only the growth-led imports hypothesis is validated in the long-run for the affiliated small islands. Anyway, our results state that a high level of imports per capita could be considered as a good predictor for a high level of standards of living for small islands.
- Bâle III et la régulation macro-prudentielle : une analyse contrefactuelle de l'activation du coussin contra-cyclique - Abdallah Mohamed Abass, Adrian Pop p. 601-644 Dans cet article nous proposons une évaluation de la proposition contenue dans les nouveaux accords de Bâle (Bâle III) pour lutter contre la pro-cyclicité des systèmes financiers. Dans un premier temps, nous comparons l'écart du ratio crédit-PIB et d'autres variables macro-économiques et financières du point de vue de leur capacité à prévoir des épisodes de vulnérabilité. Dans un deuxième temps, nous proposons une méthode de calibration du coussin en fonds propres contra-cyclique qui n'utilise que des données micro- et macro-économiques caractérisant le système bancaire national. Enfin, à partir d'une simulation contrefactuelle, nous testons une procédure statistique visant à dresser un classement des indicateurs de déclenchement du coussin en fonction de leur capacité à lisser le cycle du crédit. L'ensemble de nos propositions sont illustrées en utilisant des données caractérisant le secteur bancaire de l'Afrique du Sud.We propose a critical assessment of the Basel Committee's macro-prudential proposal to mitigate the pro-cyclicality of risk-sensitive capital regulations. We compare first the credittoGDP gap and other macroeconomic and financial variables in their ability to predict banking sector vulnerabilities. Then, based on a counterfactual empirical implementation, we test a statistical procedure aiming at identifying a set of triggers for countercyclical capital buffers. We test our proposal using data characterizing the South Africa banking sector. JEL Codes: G21; G28
- Monetary Policy with Weakened Unions - Amélie Barbier-Gauchard, Thierry Betti, Francesco De Palma p. 525-540
Recension