Contenu du sommaire : Questions d'ici et d'ailleurs

La mondialisation n'est pas un phénomène récent, ni fondamentalement moderne, pas plus qu'elle n'est réductible à l'histoire de l'Occident. L'étude des dynamiques variées de la mondialisation sur divers continents confirme le diagnostic : il y a des mondialisations. Et celles-ci se diffusent à vitesses variables dans diverses directions en acquérant à chaque fois de nouvelles significations par voie d'assimilation ou d'appropriation et très souvent à travers la « réinvention de la différence ». On ne peut pas non plus réduire la mondialisation à une cause, un « culte du cargo », un telos, une eschatologie, même si elle s'apparente à une catégorie « fourre-tout ». Une méthode heuristique est de se concentrer sur les impacts locaux de la mondialisation dans ses métamorphoses variées à travers des enquêtes ethnographiques comparatives ou à partir d'une perspective vue « par le bas ». Une telle approche permet également l'analyse des significations relatives de la mondialisation, contrastée avec la nation, la région, ou les facteurs de changement qui paraissent plus saillants.

Les aspirations libertaires-communautaires des mouvements étudiants de la fin des années 1960 ont rencontré un terrain politique institutionnel plus incitatif à leur application en RFA qu'en France, notamment sous forme d'entreprises dites alternatives. Celles.ci, beaucoup plus nombreuses en RFA, vont concourir à l'émergence d'un milieu contre-culturel ancré au quotidien des villes ouest-allemandes ; lequel milieu va à son tour contribuer à l'apparition et l'extension bien au-delà des seules villes d'un mouvement social contestataire : celui des « Initiatives de Citoyens ». Ce mouvement, inédit en France, fournira dans la décennie 1970 une force d'appoint primordiale au mouvement écologiste ouest-allemand, et catalysera la mutation ou la création d'organisations qui joueront un rôle important dans la production et la diffusion d'idées écologistes ; de telle sorte que le mouvement écologiste tel qu'il s'est déployé en RFA y a rencontré un meilleur écho que celui qui s'est formé en France.

L'étude de 110 histoires de nominations individuelles dans l'administration publique au Gabon permet d'analyser l'importance des solidarités sociales situées en dehors d'une logique ethnique. Les relations individuelles qui prévalent au sein des réseaux des futures élites administratives montrent que la relation ethno-communautaire est latente dans le processus de sélection des élites de l'administration publique. Le lien ethnique devient actif dans le processus de nomination individuelle dès que s'ajoute un lien supplémentaire situé en dehors de l'affinité ethnique, comme les relations d'anciens camarades de « fac », les relations avec les notables locaux et les liens engendrés par l'appartenance à des entités collectives (partis politiques et franc-maçonnerie). Cet article étudie la complexité des solidarités ethniques et les dynamiques relationnelles dans les nominations individuelles.

La sociologie classique a utilisé la notion d'ambivalence sociale pour désigner la combinaison, nécessaire, mais chargée de conflit, entre l'obéissance aux normes et la volonté d'affirmer sa liberté. Il faut distinguer cette notion de celle d'ambivalence culturelle, qui désigne la nécessité de suivre à la fois des exigences culturelles opposées, en particulier dans un rapport majorité/minorité. La figure de l'étranger dessinée par Georg Simmel est l'exemple type de cette ambivalence, source de frustrations, mais qui néanmoins représente la moins mauvaise solution possible. Après des siècles de raisonnements fondés sur la notion « ou... ou », nous ressentons la nécessité de nous placer en situation d'ambivalence.

La création d'entreprise n'obéit pas toujours à la finalité économique de la recherche du gain et du profit. Elle peut être aussi le moyen par lequel certains groupes sociaux, en l'occurrence ici les entrepreneurs d'origine maghrébine, contournent le marché du travail qu'ils considèrent comme le lieu privilégié d'expression de la discrimination ethnique. Seront analysées les trajectoires sociales et professionnelles de ces petits entrepreneurs et la façon dont ils mobilisent les réseaux sociaux pour trouver de nouveaux marchés, recruter du personnel ou encore se procurer l'argent nécessaire pour lancer leur entreprise ou parer aux difficultés économiques conjoncturelles.