Contenu du sommaire : Science, technologies et société
Revue | Futuribles |
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Numéro | no 458, janvier-février 2024 |
Titre du numéro | Science, technologies et société |
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- Quelles ressources pour demain ? - Hugues de Jouvenel p. 3-4
- Prospective de l'insécurité minérale : Anticiper la nouvelle ère métallique de la transition bas-carbone - Emmanuel Hache p. 5-24 Les récentes crises économiques, Covid, géopolitiques…, couplées aux enjeux et objectifs de la lutte contre le changement climatique, ont considérablement renforcé les préoccupations de l'Union européenne et ses pays membres concernant leurs chaînes d'approvisionnement en certains produits et matériaux. Si la première liste de matériaux dits « critiques » de l'Union date de 2011, les préoccupations relatives à l'accès aux ressources sont plus anciennes, comme le rappelle Emmanuel Hache en début de cet article, en particulier aux États-Unis. Néanmoins, le renforcement des alertes concernant les limites planétaires et les besoins spécifiques des secteurs clefs des transitions écologique et numérique confèrent un rôle très stratégique à divers minerais, métaux et matériaux, dont la majeure partie est produite hors d'Europe. Ces matières premières stratégiques indispensables aux transitions en cours pourraient rebattre les cartes sur la scène internationale, et sont au cœur des réflexions de l'Union en matière de souveraineté industrielle et de trajectoire bas-carbone.Emmanuel Hache propose ici un coup de projecteur sur cette « insécurité minérale », au travers d'un état des lieux très clair des conditions d'approvisionnement en ces matières premières stratégiques et de la dépendance de l'Union européenne. Il souligne la « fragmentation du monde » et la manière dont s'organise le commerce entre pays producteurs et consommateurs de ces matériaux critiques : les nouvelles alliances, les risques et atouts qui s'y rapportent, les défis environnementaux et sociaux qui gravitent autour de l'exploitation des minerais stratégiques, et certains impensés (comme la sobriété). Il propose enfin quatre scénarios d'évolution du rapport de l'Union européenne à cette insécurité d'approvisionnement, en fonction d'une part de l'acceptabilité sociale des projets miniers sur son territoire, d'autre part du degré de cartellisation du marché mondial des matières premières. S.D.The recent economic, Covid and geopolitical crises, coupled with the aims of the battle against climate change and the stakes involved, have substantially intensified the concerns of the European Union and its member states over their supply chains for certain products and materials. Though the first EU list of so-called critical materials dates to 2011, concerns over access to resources go back further than that, as Emmanuel Hache reminds us at the beginning of this article, particularly in the USA. Nevertheless, the increasingly shrill alarms over planetary limits and the specific needs of the key sectors of the ecological and digital transitions confer a highly strategic role on various minerals, metals and materials, most of which are produced outside Europe. These strategic raw materials, which are indispensable for the current transitions, could shake things up internationally and are at the heart of the EU's thinking in terms of industrial sovereignty and a low-carbon development trajectory.Hache shines a light on this ‘mineral insecurity' with a very clear situational analysis of the supply conditions for these strategic raw materials and the EU's level of dependency. He stresses ‘how fragmented the world has become' and the way trade is organized between the countries that produce and consume these critical materials: the new alliances, the related risks and advantages, the environmental and social challenges around strategic mineral exploitation, and a number of elements that have not yet been properly thought through (such as voluntary self-restraint). Lastly, he suggests four scenarios for how the EU's attitude to this insecurity of supply may evolve, depending, on the one hand, on the social acceptability of mining projects on its own territory and, on the other, on the degree of cartelization of the global market for raw materials.
- La société face aux avancées des sciences et des techniques : Le cas de l'intelligence artificielle et de la génétique - Virginie Courtier-Orgogozo, Laurence Devillers p. 25-44 Les avancées scientifiques et technologiques font régulièrement la une des médias, comme en témoignent, par exemple, les nombreux articles et commentaires autour des progrès de l'intelligence artificielle (IA), en particulier depuis le lancement du célèbre ChatGPT fin 2022. Cependant, au-delà des anecdotes sur la façon dont peut être utilisé un agent conversationnel comme ChatGPT et sans contester les questions soulevées par ses usages au quotidien, les individus sont-ils bien et suffisamment informés sur cette nouvelle technologie qu'est l'IA ? Disposent-ils d'une vision claire et précise leur permettant d'envisager les enjeux multiples et majeurs qui s'y rapportent ? De même s'agissant des avancées en matière de génétique : sait-on précisément où en est la recherche et quelles sont les applications potentielles qui pourraient en découler dans les années à venir (y compris grâce à l'IA) ?Dans ces deux domaines scientifiques majeurs pour notre avenir, comme dans de nombreux autres, nous sommes certes informés, mais parfois de manière parcellaire, incomplète, et sans un certain nombre de précautions pourtant indispensables. Face aux idées reçues et pour réconcilier les individus avec une science qu'ils ont parfois tendance à regarder avec défiance, il est essentiel de leur fournir des éléments de compréhension précis, de leur dire ce que l'on sait (ou pas) des technologies en cours de développement, de leur montrer les enjeux, les limites, le tout de manière la plus pédagogique possible. C'est ainsi qu'ils pourront disposer des clefs nécessaires pour se faire une opinion documentée et non mystifiée des enjeux sociétaux qui se rapportent à ces technologies. Dans cet article, les chercheuses Virginie Courtier-Orgogozo et Laurence Devillers explorent ces enjeux pédagogiques, au travers des exemples des progrès de la génétique et de l'IA, et proposent des pistes « pour mieux armer le grand public face aux avancées scientifiques et technologiques ». S.D.Scientific and technological progress regularly makes media headlines, as can be seen, for example, from the many articles on advances in Artificial Intelligence (AI), particularly since the launch of the famous ChatGPT in late 2022. And yet, with only anecdotal material on how a chatbot like ChatGPT can be used and no challenging coverage of the questions raised by its uses in everyday life, are individuals really well-informed — informed enough — about this new technology of AI? Do they have a clear, precise vision enabling them to take a view of the many major issues it raises? The same applies in the field of genetics: do we know precisely what point research has reached and what potential applications might ensue in the coming years (including thanks to AI)?In these two scientific fields with major implications for our future, we are admittedly informed — as we are in many other areas — though at times in only a fragmentary, incomplete way and with little awareness of a number of precautions that happen to be essential. Given common misconceptions, and in an effort to put individuals at ease with a science they are at times inclined to distrust, it is essential to provide them with precise keys to understanding, to tell them what is known (or not) about developing technologies and to lay out the issues and limitations for them in as educative a way as possible. If that is done, they will be equipped with an informed, rather than a mystified, sense of the societal issues around these technologies. In this article, researchers Virginie Courtier-Orgogozo and Laurence Devillers explore these issues of public information through examples of the advances in genetics and AI, and offer pathways for ‘better equipping the general public to deal with scientific and technological progress.'
Tribune
- L'énigme Oppenheimer - Jean-Pierre Dupuy p. 45-51 Trois événements concernant l'arme nucléaire ont marqué ces derniers mois. Le premier concerne le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) conclu en 1968, entré en vigueur le 5 mars 1970 et ratifié alors par un grand nombre de pays qui, « considérant la dévastation qui serait infligée à l'humanité tout entière par une guerre nucléaire », s'accordaient pour « empêcher que l'énergie nucléaire ne soit détournée de ses utilisations pacifiques vers des armes nucléaires », éviter que l'arme nucléaire ne se répande dans le monde, et favoriser la réalisation de « l'objectif du désarmement nucléaire » et du maintien de la paix. Mais après l'invasion de l'Ukraine et son entrée dans un conflit durable, et après avoir plusieurs fois menacé l'Alliance atlantique de recourir à l'arme atomique, la Russie a décidé de sortir du TNP… Le deuxième événement est la sortie du film Oppenheimer de Christopher Nolan, en juillet 2023, qui, en France, a connu un immense succès comme en témoigne le nombre d'entrées (qui avait dépassé les quatre millions en novembre selon Box Office France). Le troisième est la sortie d'une édition poche, mise à jour et augmentée, du livre de Jean-Pierre Dupuy, La Guerre qui ne peut pas avoir lieu. Essai de métaphysique nucléaire (Paris : Seuil, octobre 2022), qui estime que « nous sommes plus près d'une guerre nucléaire que nous ne l'avons jamais été ». Son auteur nous livre ici son point de vue sur le film de Christopher Nolan, relativisant la façon dont y est présenté le physicien Robert Oppenheimer (1904-1967), directeur du projet Manhattan qui aboutit à la mise au point de la bombe atomique. H.J.There have been three notable nuclear-weapons-related events in recent months. The first concerns the Treaty on the Non-Proliferation of Nuclear Weapons (NPT), which was agreed in 1968, came into force on 5 March 1970 and was ratified by a large number of countries. ‘Considering the devastation that would be visited upon all mankind by a nuclear war', the parties agreed to prevent the ‘diversion of nuclear energy from peaceful uses to nuclear weapons', to act to counter the spread of nuclear weapons and to take effective measures ‘in the direction of nuclear disarmament' and the maintenance of peace. However, Russia, after invading Ukraine and settling into a long-term war there, while threatening the Atlantic Alliance on several occasions with the use of atomic weapons, has decided to leave the NPT.The second event was the release in July 2023 of Christopher Nolan's film Oppenheimer, which has been immensely successful in France, as shown by the box office figures (in excess of 4 million by November, according to Box Office France). The third is the publication of an updated and expanded paperback edition of Jean-Pierre Dupuy's The War That Must Not Occur (Redwood : Stanford University Press, 2023), which takes the view that ‘we are closer to nuclear war than we have ever been'. Dupuy offers his take on Nolan's film here, putting into proper context the portrayal of the physicist Robert Oppenheimer (1904-1967), director of the Manhattan Project that led to the development of the atom bomb.
- L'énigme Oppenheimer - Jean-Pierre Dupuy p. 45-51
- Dynamique des publications scientifiques : le cas de la France - Agenor Lahatte, Frédérique Sachwald p. 53-71 Alors que les attentes à l'égard de l'innovation vont croissant dans le contexte des transitions numérique et écologique, et que le regain de tensions à l'échelle internationale ravive la concurrence en matière de recherche, où en est la France ? Forte de son héritage et longtemps placée sur le devant de la scène scientifique mondiale, sa production de connaissances apparaît désormais moins dynamique dans un contexte international très exigeant. Au niveau national, les chercheurs expriment des difficultés, que ce soit du fait d'un manque de moyens ou face aux complexités du système de recherche.Agénor Lahatte et Frédérique Sachwald, s'appuyant sur les tout derniers chiffres de l'Observatoire des sciences et techniques (OST), proposent un coup de projecteur sur la dynamique comparée des publications scientifiques du pays depuis 2010. Après avoir rappelé comment sont effectuées ces comparaisons internationales, ils analysent différents indicateurs au niveau agrégé et par discipline.Si les chiffres globaux ne sont pas alarmants en soi (avec des publications en croissance), la dynamique observée mérite attention. Le pays apparaît modérément engagé dans des domaines en forte croissance à l'échelle mondiale (comme l'informatique dont l'intelligence artificielle) ou les plus importants en nombre de publications (chimie). Symétriquement, son engagement reste marqué dans des disciplines relativement peu dynamiques (physique, mathématiques, sciences humaines). Ces évolutions combinées pourraient se traduire par un éloignement de domaines stratégiques. Les tendances observées dans cet article devront être précisées par des analyses complémentaires, mais elles permettent déjà de mieux appréhender la trajectoire du système de recherche de la France et de contribuer aux réflexions sur son évolution. S.D.As expectations from innovation rise in a context of digital and ecological transition, and increased international tensions revive research competition, how do things stand with France? With a substantial scientific heritage and a longstanding presence at the forefront of global science, its knowledge production currently seems less dynamic in a very demanding international context. At the national level, researchers are expressing difficulties, from both lack of resources and the complexities of the research system.Drawing on the most recent figures from the French Science and Technology Observatory (OST), Agénor Lahatte and Frédérique Sachwald shine a light on the comparative dynamics of the nation's scientific publication since 2010. They outline how these international comparisons are made and go on to analyse various different indicators among the highest-ranking researchers and by individual discipline.Though the overall figures are not alarming in themselves (with the rate of publication rising), the dynamics observed are worthy of attention. France seems only moderately involved in fields that are growing fast at the global level (such as computer science, including artificial intelligence) or the largest fields for publication ( e.g. chemistry). Conversely, its involvement remains high in relatively undynamic disciplines (physics, mathematics, human sciences). These combined developments might easily result in France becoming estranged from strategic areas. The trends identified in this article will have to be fleshed out precisely by complementary analyses, but they already enable us to grasp the general trajectory of the French research system and contribute to thinking about how it is developing.
- Comparaisons statistiques dans le temps et l'espace : Vertus et limites des données - Jean Baneth p. 73-85 Lorsqu'on réfléchit à l'avenir, la question des indicateurs utilisés pour construire les analyses et servir de base aux projections est essentielle. Bien des indicateurs sont imparfaits, en témoignent les réflexions récurrentes sur la création de richesse ou sur la mesure du revenu national d'un pays, dont on sait qu'elles ne suffisent pas à estimer le bien-être d'une population. Mais au-delà même de la nature des indicateurs choisis, la question de la pertinence des comparaisons que l'on peut en faire dans le temps comme dans l'espace constitue un autre point d'attention sur lequel on s'attarde rarement. Or, comme le montre ici Jean Baneth, économiste ayant dirigé le département d'économie internationale de la Banque mondiale, il faut rester prudent en la matière et ne pas faire dire aux statistiques plus qu'elles ne peuvent signifier. Son article explique en effet que, selon la méthodologie utilisée pour calculer les indices de prix afin de procéder à des comparaisons dans le temps ou entre pays, selon le mode de comparaison retenu des prix des biens ou des niveaux de revenu (valeurs nominales ou parités de pouvoir d'achat), selon même le niveau de qualité des biens comparés, les conclusions de telles comparaisons statistiques peuvent changer substantiellement. Jean Baneth présente ici un certain nombre de subtilités (sinon biais) dans l'interprétation des comparaisons statistiques, afin que leurs utilisateurs disposent de quelques clefs pour éviter les écueils ou, à tout le moins, aient conscience de leurs limites. S.D.When thinking about the future, the question of the indicators used to construct analyses and serve as a basis for projections is a key one. Many indicators are imperfect, as can be seen from the recurrent discussions on the creation of wealth, or on the measurement of a country's national income, which we know to be inadequate for estimating its population's well-being. But even beyond the nature of the indicators selected, the question of the pertinence of the comparisons to be made from them in both time and space is another focal issue that gets little attention. Yet, as is demonstrated here by Jean Baneth, an economist and former director of the World Bank's International Economics Department, we must be cautious about this and not make statistics say more than they can. His article explains that the conclusions of such statistical comparisons may vary substantially, depending on the methodology used to calculate price indices for the purpose of making comparisons over time or between countries, on the mode of comparison adopted for the prices of goods or income levels (nominal levels or purchasing power parity), and even on the level of quality of goods compared. In this article Baneth presents a number of subtleties (if not, indeed, biases) to be found in the interpretation of statistical comparisons, so as to provide those who use them with some clues for avoiding the pitfalls attaching to them or, at the very least, for being aware of their limits.
Futurs d'antan
- Marcel Boiteux avait raison : La concurrence en électricité augmente les prix - Lionel Taccoen p. 87-93 Le 6 septembre 2023, Marcel Boiteux s'est éteint à l'âge de 101 ans. Président d'EDF pendant 20 ans, membre (et même président) de l'Académie des sciences morales et politiques pendant 30 ans, sa parole était écoutée et respectée dans le secteur de l'énergie — ayant même donné son nom à un prix remis chaque année par l'Association des économistes de l'énergie1. Lionel Taccoen lui rend hommage dans ce futur d'antan, en rappelant à quel point il avait été clairvoyant en 2007, lorsqu'il mettait en garde nos lecteurs, dans ces colonnes, contre la foi trop aveugle accordée au libéralisme par les autorités européennes quand elles ont décidé d'ouvrir le marché de l'électricité à la concurrence. Reprenant les arguments avancés par Marcel Boiteux dans son article, Lionel Taccoen souligne leur pertinence (renforcée par les crises diverses qui frappent l'Europe et le monde depuis quatre ans) : « Marcel Boiteux avait raison. » Peut-être trop tôt, mais son expérience à la tête d'EDF lui avait montré que l'électricité n'était pas une marchandise comme les autres, et que le service public et les tarifs de l'électricité n'auraient rien à gagner, bien au contraire, à la déréglementation. Il est probable que les usagers continueront encore longtemps à payer le prix de cette réforme malheureuse du marché de l'électricité. S.D.On 6 September 2023, Marcel Boiteux died at the age of 101. As chairman of EDF for 20 years and a member of the French Academy of Moral and Political Sciences for 30 (and at one point its president), his was a voice that was heeded and respected in the energy sector. He even lent his name to a prize awarded annually by the Association of Energy Economists. In this ‘Future of Yesteryear' article, Lionel Taccoen pays tribute to him, reminding us how far-sighted it was of him to warn our readers in 2007 against too much blind faith being put in free-market thinking by the European authorities when they decided to open up the electricity market to competition. Returning to the arguments advanced by Boiteux in his article, Taccoen stresses their current relevance (reinforced by the various crises afflicting Europe and the world over the last four years), writing that ‘Marcel Boiteux was right'. He was, perhaps, too far ahead of his time, but his experience at the helm of EDF had shown him that electricity wasn't a commodity like any other, and that the public utilities and electricity tariffs would not be well served — far from it — by deregulation. Users will probably continue for many years yet to pay the price for this unfortunate reform of the electricity market.
- Marcel Boiteux avait raison : La concurrence en électricité augmente les prix - Lionel Taccoen p. 87-93
Chronique européenne
- L'Europe est-elle fragile ? - Jean-François Drevet p. 95-102 Percutée de l'extérieur par le retour des conflits sur le sol européen (Ukraine / Russie), mais aussi à l'extérieur, de l'autre côté de la Méditerranée (Israël / Gaza), l'Union européenne connaît, fin 2023, à quelques mois de ses prochaines élections parlementaires, une situation inédite depuis plus de 30 ans et la fin de la guerre froide. Bâtie par une politique des petits pas, largement focalisée sur la sphère économique et commerciale (qui a produit de bons résultats jusqu'ici), elle peine à changer de dimension et à développer des politiques communes dans les domaines dans lesquels les États membres ont à cœur de conserver leur souveraineté (migrations, monnaie, fiscalité…). Qui plus est, les élargissements successifs ayant porté le nombre de ses membres à 27, les modalités de décision, en particulier au Conseil, font qu'il est devenu très compliqué de parvenir à des accords.Cette situation fragilise-t-elle l'Union et dans quelle mesure ? Serait-elle en bout de course en termes d'intégration économique et politique ? Dans cette chronique, Jean-François Drevet examine les fragilités de l'Union dans cinq domaines clefs : le Marché unique, la politique budgétaire, la politique migratoire, la monnaie unique et la politique étrangère commune. Le bilan « est mitigé » comme il l'écrit en conclusion, mais le contexte extrêmement turbulent dans lequel évoluent désormais les Européens exige une (re)montée en puissance de l'action communautaire et une affirmation plus claire de leur appartenance à une entité commune. S.D.Rocked, externally, by the return of armed conflict to European soil in the form of the Ukraine-Russia war, and also, on the other side of the Mediterranean, by the Israel-Gaza conflict, in late 2023, and just a few months ahead of its next parliamentary elections, the European Union is experiencing a situation unprecedented since the end of the Cold War more than 30 years ago. The EU was built on a policy of small steps forward, broadly focussed on the economic and trade spheres (so far with good results), but it is struggling to change gear and come up with common policies in the areas where its member states are keen to retain their sovereignty (migration, currency, fiscal policy etc.). Moreover, with successive enlargements taking the number of members to 27, the practicalities of its decision-making processes, particularly in the Council, mean that it has become very complicated to arrive at agreements.Is this situation weakening the EU and, if so, to what extent? Is it at the end of the road when it comes to economic and political integration? In this European Chronicle, Jean-François Drevet examines the EU's fragilities in five key areas: the single market, budget policy, migration policy, the single currency and a common foreign policy. ‘Things have not turned out as well as they might have', he writes in his conclusion, but the extremely turbulent context in which Europeans now operate requires increased (re-)commitment to common action by the countries of the EU and a clearer statement of their belonging to a shared entity.
- L'Europe est-elle fragile ? - Jean-François Drevet p. 95-102
Actualités prospectives
- Idées & faits porteurs d'avenir - p. 103-116
Lu, vu, entendu
- Andler Daniel, Intelligence artificielle, intelligence humaine : la double énigme, Paris : Gallimard (NRF Essais), mai 2023, 432 p. - Jean-François Soupizet p. 117-120
- Collectif, « Quelle université voulons-nous ? », Esprit, n° 499-500, juillet-août 2023, 208 p. URL : https://esprit.presse.fr/tous-les-numeros/quelle-universite-voulons-nous/922. Consulté le 10 novembre 2023 - Pierre Papon p. 120-123
- Coelho Ophélie, Géopolitique du numérique L'impérialisme à pas de géants, Paris : Les Éditions de l'atelier, août 2023, 256 p. - Juliette Guilbaud p. 123-125
- Billion Didier / Ventura Christophe (sous la direction de), « Vers une désoccidentalisation du monde ? », La Revue internationale et stratégique, n° 130, été 2023, 124 p., IRIS (Institut de relations internationales et stratégiques). URL : https://www.iris-france.org/publications/ris-130-ete-2023/. Consulté le 10 novembre 2023 - Justine Fernandez p. 126-129
- RTE (Réseau de transport d'électricité). Bilan prévisionnel, édition 2023. Futurs énergétiques 2050 → 2023-2035 : première étape vers la neutralité carbone, Paris : RTE, octobre 2023, 96 p. URL : https://assets.rte-france.com/prod/public/2023-10/2023-10-02-bilan-previsionnel-2023-principaux-resultats.pdf. Consulté le 15 novembre 2023 - Pierre Papon p. 129-132