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Le trafic de la drogue est une réalité économique et géopolitique dont l'importance est par définition mal connue, bien qu'elle soit considérable. C'est vrai notamment du fameux Triangle d'or, aux confins de la Thaïlande, de la Birmanie, du Laos et de la Chine, d'où sont issus les puissants flux commerciaux qui alimentent notamment le marché américain de l'héroïne. Ceci met en œuvre des organisations complexes, par nature internationales, et dont la marche implique des phénomènes de corruption à tous les niveaux. Ce sont parfois les Etats eux -mêmes qui sont directement impliqués dans le commerce, ou parfois les mouvements d'opposition ou de guérilla, à base ethnique ou autre. L'efficacité du système commercial vient de sa souplesse et de la façon dont il s'adapte aux évolutions des politiques des Etats et de la conjoncture internationale.

L'infiltration des groupes peul sur la rive droite du fleuve Sénégal au début du siècle, constitue un des événements majeurs du peuplement de la Mauritanie méridionale. Plusieurs dizaines d'années après, les Peul refluent vers le fleuve. Une grande partie d'entre eux est même expulsée vers le Sénégal, après les troubles «inter¬ ethniques» d'avril 1989. Cet article expose la longue pérégrination des Peul entre le fleuve et l'Assaba. Il pose également le problème particulier de la place des Peul mauritaniens dans les nouveaux équilibres spatio-politiques qui s'instaurent dans la vallée du Sénégal, zone stratégique pour le développement économique de la Mauritanie.

Le bouleversement socio-économique des anciens fronts pionniers au Centro-Oeste brésilien est, tout comme celui des actuels fronts pionniers au bord de l'Amazonie, le résultat de la politique de modernisation agricole. L'économie régionale fut soumise à des dépendances externes dont les principaux facteurs étaient surtout le marché de céréales (maïs) et des légumineuses (soja), la mécanisation, la crise du café, le «boom» de l'extraction du bois, etc. Pour saisir les différenciations internes dans les régions en question, il est nécessaire de recourir au concept d'espace social, qui révèle les conflits d'intérêts entre les différents groupes sociaux et l'aggravation des disparités sociales et régionales. Dans le sud du Centro-Oeste la modernisation de la production agricole vide l'espace rural et provoque des mouvements migratoires vers de nouveaux fronts pionniers, qui, face au caractère spéculatif des groupes dominants, se révèlent à leur tour incapables de garantir la subsistance des groupes sociaux dominés. Le Centro-Oeste reproduit ainsi les structures inégalitaires de la société brésilienne.

Les Aluku, société coutumière de l'intérieur guyanais, sont secoués par les effets de l'économie marchande et de la modernité : déstabilisation de la base matérielle traditionnelle, transformation des mentalités, altération des règles de vie collective. Les villages se vident alors que dans les chefs-lieux la pression sur le milieu naturel brise un équilibre fragile. Sur le littoral, où ils émigrent nombreux, les formes précaires de fixation résidentielle se multiplient, révélatrices du processus de paupérisation induit par la perte d'autonomie. Le déclin de l'agriculture vivrière, l'épuisement des ressources, la dépendance par rapport au secteur monétaire, ont conduit à une dégradation des conditions de vie, responsable d'une forte augmentation des maladies de carence dont les enfants sont les premières victimes. La progression des troubles nutritionnels aigus est l'indicateur le plus négatif des transformations massives et rapides affectant ce petit peuple. Dans la transition vers la société de consommation, les Aluku s'insèrent au plus bas de l'échelle sociale et sacrifient leur génération montante handicapée par le manque de qualification professionnelle. Eu égard à leur rôle jadis dans la vie économique locale, ils méritent d'être associés au développement régional par une insertion préser¬ vant leur identité socio-culturelle et satisfaisant leurs aspirations à la promotion.

La construction de billons ou «camellones» dans une zone marécageuse du sud-est du Mexique offre théoriquement des potentialités élevées qui devraientpermettre aux habitants, les Indiens Chontales, d'améliorer sensiblement leur niveau de vie. Dans une première partie, le mode d'exploitation développé spontanément par les Chontales est comparé à d'autres modes d'exploitation plus intensifs proposés par des institutions extérieures au monde paysan. On tente ensuite d'évaluer le risque associé à l'adoption des innovations proposées. Ces deux approches mettent en évidence les contraintes qui pèsent sur la transformation des systèmes de production traditionnels et la résistance des paysans face à ces transformations.