Contenu du sommaire : L'Amérique de Georges W. Bush (spécial)
Revue |
20 & 21. Revue d'histoire Titre à cette date : Vingtième siècle, revue d'histoire |
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Numéro | no 97, janvier-mars 2008 |
Titre du numéro | L'Amérique de Georges W. Bush (spécial) |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
L'Amérique de Georges W. Bush
- Présentation - Justine Faure, Pierre Melandri p. 3
- Une présidence de temps de guerre ? - Étude de la centralisation du pouvoir aux États-Unis après le 11 septembre 2001 - Samuel F. Wells p. 9 Depuis le début du premier mandat de George W. Bush, des responsables de l'Administration, à commencer par le vice-président Dick Cheney, ont voulu consacrer le maximum d'énergie à la restauration des pouvoirs présidentiels qu'ils estimaient érodés par les désastres jumeaux du Vietnam et du Watergate. Les attentats du 11 Septembre leur ont fourni une occasion sans pareille d'y parvenir. L'Administration a obtenu du Congrès le vote du Patriot Act ainsi que l'autorisation de conduire deux guerres, elle s'est octroyé de larges pouvoirs pour poursuivre ses ennemis et en matière de traitement des prisonniers, a procédé par décret à l'extension des pouvoirs de la CIA, placé sous surveillance certaines messageries électroniques et communications téléphoniques. Combinée à des pratiques de campagnes électorales sans grands scrupules et un accent sur le caractère vital de la « guerre contre le terrorisme », cette concentration des pouvoirs lui a permis de remporter les élections de 2002 puis de 2004. Mais elle a par la suite pâti de la détérioration de la situation en Irak, de son incompétence face à l'ouragan Katrina et de la révélation de multiples affaires de corruption qui ont débouché sur sa défaite lors des dernières élections.Since the beginning of George W. Bush's first term, administration officials, beginning with Vice President Dick Cheney, have wanted to focus a maximum of energy on the restoration of presidential powers they believed had been eroded by the twin disasters of Vietnam and Watergate. The September 11 attacks provided them with an unparalleled occasion to reach that aim. The Administration got the Patriot Act from Congress as well as the authorization to wage two wars; it was granted extensive powers to pursue enemies, and in the treatment of prisoners, proceeded by decree to increase the CIA's powers, placed certain electronic mail and telephone under surveillance. Combined with not so scrupulous election campaigning and a focus on the vital nature of the “war against terrorism”, this concentration of powers allowed it to win the 2002 and then the 2004 elections. But it has since suffered from the worsening situation in Irak, its incompetence in face of Katrina and the revelation of many corruption scandals that led to its defeat in the last elections.
- George W. Bush a-t-il trahi, tué ou transfiguré le conservatisme américain ? - Justin Vaïsse p. 25 Bien que George W. Bush ait été élu en tant que conservateur en 2000, ses choix ne paraissent pas très conservateurs. Ses deux mandats ont été marqués par un accroissement du rôle de l'État fédéral, par une plus grande intrusion de cet État dans la vie des Américains au nom de la « guerre contre le terrorisme », et par une intervention en Irak marquée au sceau d'un wilsonisme utopique. Si la droite américaine a enregistré quelques avancées (réductions des impôts, nominations de juges conservateurs à la Cour suprême), nombre d'activistes ont rompu avec George W. Bush en l'accusant d'avoir trahi la cause conservatrice et fait imploser le mouvement. Les défenseurs du président soutiennent au contraire que George W. Bush a adapté le conservatisme de Ronald Reagan aux temps nouveaux. Il reste que l'avenir électoral du parti républicain paraît obscurci par la puissance de la droite chrétienne et du Sud, en décalage croissant avec le reste du pays, dont l'humeur n'est plus celle, favorable au conservatisme, des années 1970 à 1990.Although he was elected as a conservative in 2000, George W. Bush's record does not look very conservative. During his two mandates, the role of the Federal Government has increased, it has become more intrusive in people's lives in the name of the “war on terror”, and the Bush Administration has launched a military intervention in Iraq bearing the mark of a utopian Wilsonism. If the right did score some substantial points (repeated tax cuts, nomination of conservative judges to the Supreme Court), many activists have broken with George W. Bush, accusing him of betraying the conservative cause and of splitting up the movement. The President's defenders argue that, on the contrary, George W. Bush has adapted Ronald Reagan's conservatism to the new era. Still, the electoral future of the Republican Party seems clouded by the power of the religious right and of the South, two constituencies increasingly at odds with the rest of the country, where the mood is less favorable to conservatism than from the 1970s to the 1990s.
- La place et le rôle de la droite chrétienne dans l'Amérique de George W. Bush - Mokhtar Ben Barka p. 39 La seconde moitié des années 1970 a marqué le retour en force des évangéliques sur le terrain de la politique partisane. Cette forte mobilisation s'est accompagnée de la mise en place par des pasteurs évangéliques, tels que Jerry Falwell et Pat Robertson, d'un vaste réseau de lobbies ultraconservateurs, appelé « droite chrétienne ». Ayant acquis, au cours des dernières années, un poids et une influence considérables, la droite chrétienne s'impose aujourd'hui comme une force politique à part entière, qu'il importe de prendre au sérieux. Après avoir apporté, en 1980, son appui au candidat républicain Ronald Reagan, la droite chrétienne s'est ralliée, en 2000, au « born again » George W. Bush, considéré comme le meilleur défenseur des valeurs traditionnelles. Depuis son arrivée à la Maison Blanche, le président Bush a multiplié les décisions en faveur de la fraction évangélique de son électorat. Les événements qui ont suivi le 11 septembre 2001 ont eu pour effet de resserrer les liens entre le président américain et ses alliés religieux. Pourtant, leurs relations sont plus complexes qu'on ne le croit.The late 1970s witnessed the massive return of Evangelicals to partisan politics. Along with this strong mobilization, a vast network of ultraconservative lobbies, dubbed “Christian Right”, was set up by Evangelical pastors such as Jerry Falwell and Pat Robertson. Having gained considerable power and influence in recent years, the Christian Right constitutes nowadays a real political force not to be dismissed. After endorsing in 1980 the Republican candidate Ronald Reagan, the Christian Right rallied in 2000 to born-again George W. Bush, viewed as the best defender of traditional values. Ever since he captured the White House, President Bush has taken many decisions favorable to his Evangelical voters. The aftermath of September 11th, 2001, led to the strengthening of the relationship between George W. Bush and his religious allies. Yet, their relations are more complex than what most people think.
- Les États-Unis et Israël sous la présidence de George W. Bush - André Kaspi p. 53 Sur l'influence, politique, économique et culturelle, des juifs américains, beaucoup d'idées fausses circulent. Ils ne sont pas nombreux : à peine 2 % de la population. Bien intégrés dans la société, ils participent activement à la vie politique. Les principales organisations juives forment un lobby, légal, qui bénéficie de l'appui des protestants évangéliques. Face au lobby pro-israélien existe un lobby pro-arabe. L'opinion publique, le Congrès, la présidence expriment, sans détours, leurs sympathies pour l'État d'Israël, d'autant plus volontiers qu'ils sont convaincus que l'intérêt national et les sentiments convergent. Aujourd'hui, l'Irak et, plus encore, l'Iran suscitent à Washington les plus fortes inquiétudes. Dans cette perspective, George W. Bush, au terme de son second mandat, tente de faire avancer le processus de paix au Proche-Orient pour rassembler les États qui redoutent l'islamisme chiite ou sunnite.Many false ideas are circulating on the political, economic and cultural influence of American Jews. They are not very numerous: barely 2% of the population. Well integrated into the society, they participate actively in political life. The main Jewish organizations form a lobby, which is legal, that benefits from the support of evangelical Protestants. Opposite the pro-Israeli lobby is the pro-Arab one. Public opinion, Congress, and the presidency express their sympathies with Israel without hesitation, and all the more freely as they are convinced that national interest and sympathies converge. Today, Iraq and even more so Iran are the subjects of serious concern. Thus, George W. Bush, at the end of his second term, is trying to push forward the Middle East peace process to gather the States that fear Shiite or Sunnite Islamism.
- Le clan Bush et les Latinos - Une histoire de famille - Isabelle Vagnoux p. 63 Séduire la communauté latino pour la détourner des démocrates et l'amener dans le camp républicain est une affaire de famille chez les Bush. Tout commence avec George Herbert Walker, dès les années 1970. Ses deux fils, George Walker, gouverneur du Texas puis quarante-troisième président des États-Unis, et Jeb, gouverneur de Floride, ont poussé cette stratégie politique bien plus avant, enregistrant de réels succès auprès d'un groupe devenu depuis 2000 la première minorité du pays. Cette étude s'attache à montrer les ressorts et les limites de la stratégie de George W. Bush envers cette communauté au potentiel politique et économique prometteur. Si le succès personnel est avéré, malgré d'importantes fluctuations, ces gains ne se sont pourtant pas traduits par une poussée significative du parti républicain chez les Latinos, en grande partie en raison des mesures hostiles à l'immigration, adoptées en 1994 comme en 2005-2007, anéantissant ainsi les années d'efforts du clan Bush.Courting the Latino minority to drive them away from the Democratic Party and to entice them to join the Republican camp is a family affair for the Bushes. Everything started with George Herbert Walker in the early 1970s. His two sons, George Walker, governor of Texas then forty-third President of the United States, and Jeb, governor of Florida, carried this political strategy much further and proved truly successful with this minority which came the largest one in the country, outnumbering African Americans in 2000. This paper will attempt to study the inner workings, as well as the limits, of the Bush strategy toward this increasingly powerful and influential group. If Jeb's and « W. »'s personal success – although never total – is not to be denied, it has not translated into significant gains for the Republican party among Latinos, largely because the party twice adopted (1994 and 2005-2007) anti-immigration policies that destroyed years of efforts from the Bush clan and alienated potential Latino recruits.
- La fuite en avant dans l'endettement sous l'Administration Bush - Jacques Mistral p. 75 La performance de l'économie américaine en ce début du 21e siècle a souvent été jugée particulièrement brillante. Pourtant, l'été 2007 a vu réapparaître le spectre d'une crise financière aiguë. Le présent article dresse un panorama de l'économie américaine au terme des deux mandats du président George W. Bush en se concentrant précisément sur les aspects financiers. Il commence par analyser, d'un point de vue macroéconomique, l'ampleur et la signification des déficits budgétaire et extérieur, une situation qui aurait déjà conduit tout autre pays à une crise financière externe majeure ; il traite ensuite de la révolution financière qui s'est opérée depuis une décennie, qui a favorisé une meilleure répartition des risques mais a aussi encouragé un endettement exponentiel des ménages et finalement débouché sur la crise de l'été 2007 dont sont dévoilés les ressorts ; l'article explore enfin la portée du parallèle avec la crise de l'entre-deux-guerres.The American economy's results in this beginning of the 21st century have often been considered particularly brilliant. However, summer 2007 saw the reappearance of the specter of an acute financial crisis. The present article provides a panorama of the American economy at the end of two terms of President George W. Bush, focusing specifically on financial aspects. It begins by analyzing, from a macro economic point of view, the scope and significance of budgetary and foreign deficits, a situation that would have already led any other country to a major external financial crisis; it then deals with – and shows the workings of – the financial revolution going on for a decade that has favored a better distribution of risks but also encouraged an exponential indebtedness of households, finally ending up in the 2007 summer crisis; the article lastly explores the extent of the parallel with the crisis between the two world wars.
- Énergie et changement climatique - La politique de l'Administration Bush et le débat public américain - Pierre Noël, David Reiner p. 89 En matière de politique pétrolière et de sécurité énergétique, l'Administration Bush a montré une grande disposition à servir les intérêts industriels et régionaux, tout en s'appuyant sur une rhétorique de crise – crise énergétique et crise de sécurité nationale. Le « plan Bush » sur l'énergie, consistant à relâcher les contraintes sur la production intérieure pour résoudre la crise énergétique, a échoué politiquement. En matière de changement climatique, la politique de l'Administration a été dominée par la décision de ne pas signer le protocole de Kyoto et le choix de ne pas réglementer les émissions américaines de gaz à effet de serre. Cette politique a eu des conséquences négatives très importantes pour l'Administration Bush, tant en politique étrangère qu'en politique intérieure. L'Administration a échoué à faire accepter son approche, centrée exclusivement sur la recherche et le développement de nouvelles technologies, comme une alternative crédible à la réglementation des émissions.In its oil and energy security policy, the Bush Administration has shown a willingness to serve industrial and regional interests while relying on rhetoric of crisis – energy crisis and national security crisis. The “Bush energy plan” of stimulating internal energy production by weakening environmental and other regulations has failed politically. In climate change policy, the Bush Administration decided not to sign the Kyoto protocol as well as not to regulate greenhouse gas emissions in the U.S. This policy has had far reaching adverse consequences for the Bush Administration, in both domestic and foreign politics. The Administration has failed at making its technology-only approach accepted as a credible alternative to regulating emissions.
- La fin de l'État providence ? - Un bilan de la politique sociale de George W. Bush - Romain Huret p. 105 Cet article tente de dresser un bilan de l'Administration de George W. Bush dans le domaine social. Paradoxalement, au cours de son premier mandat, cette Administration conservatrice affiche sa volonté de réformer le système de l'éducation et la sécurité sociale. Puis, en 2005, l'échec du plan de Social Security et les terribles conséquences de l'ouragan Katrina ont conduit à changer de plan. Au cours du deuxième mandat, la non-intervention du gouvernement fédéral est conçue comme une forme d'intervention. Au final, la « non-intervention » de la Federal Emergency Management Agency véhicule une nouvelle définition des liens entre l'État et la société civile. Loin du concept d'« État associatif », promu par Herbert Hoover et ses confrères républicains, l'Administration Bush a défini une nouvelle mission et de nouveaux objectifs pour le gouvernement fédéral : en matière de politique intérieure, la non-intervention doit devenir la règle.This article attempts to assess the results of George W. Bush's Administration in the social field. Paradoxically, during its first term, this conservative Administration displays a strong will to reform the education and the Social Security systems. Then, in 2005, the failure of Bush's Social Security plan and the aftermath of Hurricane Katrina have led to a change of plan. During the second term, the non-intervention of the Federal Government was conceived as a form of intervention. Eventually, the “non-intervention” of Federal Emergency Management Agency encapsulates a new definition of the links between the State and the civil society. Far from the concept of “Associative State”, advocated by Herbert Hoover and his fellow Republicans, the Bush Administration has assigned a new mission and new goals for the Federal Government: in the field of domestic policy, non-intervention must become the rule.
- La Cour suprême des États-Unis durant la présidence de George W. Bush - Un nouvel équilibre des pouvoirs ? - Vincent Michelot p. 117 À onze mois de la fin du mandat de George W. Bush, la Cour suprême des États-Unis, qui s'était retirée du devant de la scène politique américaine après Bush v. Gore en 2000 est revenue « dans l'œil du cyclone ». Transformée dans sa composition après deux nominations en 2005 et 2006 qui faisaient suite à une période de onze ans sans changement de personnel, confrontée à une expansion sans précédent du pouvoir exécutif, partagée sur l'idéologie mais aussi sur le respect du précédent, décidant un nombre d'affaires toujours plus faible, la Cour suprême est aujourd'hui un tribunal qui peine à trouver son identité institutionnelle et son point d'équilibre politique entre une présidence impériale et un Congrès dysfonctionnel. En résulte une déférence autoprotectrice vis-à-vis de l'exécutif, une définition floue du cadre démocratique dans laquelle la Cour se refuse à poser clairement une hiérarchie des droits ou à leur donner forme, mais aussi un virage conservateur assumé sur les questions culturelles dans lequel la révélation des droits se substitue à la pédagogie démocratique.Eleven months from the end of George W. Bush's second term, the US Supreme Court, which had stepped out of the public eye after its 2000 decision in Bush v. Gore, is back “in the eye of the storm”. Two transformative appointments in 2005 and 2006 ended eleven years of personnel stability. The Court is now confronted with an unprecedented expansion of the executive branch power, it is divided on ideological grounds but also on the principle of stare decisis and it decides an ever lower number of cases per year. In other words this is a Court in search of its institutional identity and of its role in the system of checks and balances, caught as it is between an imperial presidency and a dysfunctional Congress. The result is a self-protective deference towards the executive, a lax definition of the democratic framework in which the Court refuses to offer preferred freedoms or to give form and content to rights, but also a determined conservative shift on cultural questions with a revelation rather than a pedagogy of rights.
- Argent et politique durant les années Bush - Anne-Emmanuelle Deysine p. 131 Cet article étudie dans une perspective historique les relations entre argent et politique durant la présidence de George W. Bush, en montrant les évolutions depuis 1994, et surtout 2000 dans une perspective historique. Le rôle de l'argent est central aux États-Unis en raison de plusieurs facteurs : les campagnes électorales sont essentiellement financées par des sources privées (entreprises, syndicats, comités d'action politique), et le lobbying est puissant, et omniprésent en partie du fait de la protection que constitue le Premier amendement. Ces dernières années, les relations trop étroites entre certains groupes et les milieux politiques ont conduit à de nombreux scandales politiques impliquant principalement des républicains (l'affaire Abramoff par exemple) et à des débâcles financières (Enron).This article studies from a historical angle the close relationships between money and politics during the George W. Bush presidency, and how it has evolved since 1994 and more so since 2000. The role of money is central in the United States for several reasons: campaigns are mainly financed by private sources (firms, unions, Political Action Committees) and lobbying is powerful and omnipresent, partly because of the protection provided by the First amendment. In the last few years, the too close relationship between political circles and some groups has led to numerous political scandals involving mostly Republicans (“Abramoff Affair” for example) and to financial disasters (Enron).
- Les médias et l'information dans l'Amérique de George W. Bush - Divina Frau-Meigs p. 143 Le poids des médias dans l'Amérique de George W. Bush est caractérisé par plusieurs spécificités : la restructuration de la propriété des médias, la fragilisation interne de la profession journalistique et l'affaiblissement des contrepoids favorisant la liberté d'expression. Elles ont préparé le terrain pour la manipulation et la récupération politique et médiatique du 11 Septembre par la Nouvelle Droite et l'exécutif américain. L'article examine ces diverses spécificités, en évaluant leur impact sur le contrôle éditorial des médias et en examinant la réalité de « l'effet Fox » et de la loi du bâillon imposée par le Patriot Act. Il s'achève par une appréciation du rôle de l'opinion publique américaine en s'interrogeant sur les possibilités de duperie (par le politique) et de divorce (d'avec la presse) et sur les conditions nécessaires pour un changement de tendance, qui permettrait le passage d'un suivisme sceptique à une réelle critique de la politique de l'Administration de George W. Bush.The weight of the media in George W. Bush's America is characterized by several trends: the remodelling of media ownership, the self-questioning of the journalistic profession and the weakening of the protections of the freedom of expression. These trends have prepared the ground for the political manipulation of the 9/11 attacks by the New Right and the American executive. This article examines these various trends, estimating their impact on the editorial control of mainstream media and examining the reality of “the Fox effect” and the gag rule imposed by Patriot Act. It ends with an appreciation of the role of American public opinion, questioning the possibilities of its deception (by politicians) and of its divorce (from the press) while assessing the necessary conditions for a shift from the current sceptical conformity to a real criticism of the politics of George W. Bush's Administration.
- La crise d'identité du parti démocrate américain - François Vergniolle de Chantal p. 159 L'article porte sur la crise d'identité du parti démocrate dans les années 2000. Depuis plus de quarante ans le parti démocrate cherche à établir une coalition électorale qui lui redonnerait la surface nationale perdue avec le basculement du Sud dans le camp républicain. Cette crise a été particulièrement visible au cours des deux mandats de la présidence Bush : les attentats du 11 Septembre ont permis aux républicains de s'approprier les notions de patriotisme et de sécurité. Les démocrates, en revanche, sont en position réactive par rapport aux initiatives du Grand Old Party (GOP). Ils hésitent non seulement sur leur tactique électorale mais aussi sur leur ligne idéologique. La résolution de ces problèmes de leadership permettrait au parti de l'âne de bénéficier à plein de la crise de la classe moyenne qui est sans doute l'évolution sociale la plus clairement favorable aux démocrates dans l'optique de la présidentielle de 2008.The paper deals with the identity crisis plaguing the Democratic Party in the 2000s. Over the past forty years, the Democratic Party has been trying to recover from the loss of the South to the Republicans by establishing a national electoral coalition. This crisis was highly visible during the two terms of George W. Bush. The 09/11 attacks made it possible for Republicans to hijack patriotic values as well as the safety issue. Democrats are merely reacting to Republican moves. They are unsure about both their electoral tactics and their core values. If they ever come up with a solution to these leadership issues, however, they would be in a position to fully benefit from the middle class crisis, which is certainly the social evolution most clearly favorable to Democrats with the 2008 presidential election on the horizon.
- S'opposer à la guerre dans l'Amérique de George W. Bush - Caroline Rolland-Diamond p. 175 Retraçant l'évolution de l'opinion publique sur la question de la guerre en Irak depuis le printemps 2003, cet article examine la diversité du mouvement d'opposition à la guerre et ses nouveaux défis dans l'Amérique de l'après-11 septembre 2001. Malgré le passage de la majorité des Américains dans le camp des critiques de l'intervention américaine, le mouvement d'opposition à la guerre souffre de deux maux essentiels. Premièrement, consistant en une coalition hétéroclite de groupes pacifistes, d'organisations altermondialistes, de groupes religieux, de vétérans, de sympathisants démocrates, de familles de soldats, etc., le mouvement est miné par sa division sur les buts à atteindre et les moyens d'y parvenir. Deuxièmement, face au renforcement des pouvoirs de l'exécutif et à un patriotisme exacerbé depuis les attentats du 11 Septembre, le mouvement antiguerre s'est avéré jusqu'alors incapable de transformer une opinion publique à présent majoritairement opposée à la guerre en force de mobilisation capable d'influencer la politique menée par l'Administration Bush en Irak.This article examines the shift in public opinion on the war in Iraq since the spring of 2003, and focuses on divisions in the antiwar movement and the new challenges this movement faces in post-9/11 America. It argues that despite the recent turn against the war by a majority of Americans, the antiwar movement is still hampered by two issues. First, consisting of a diverse coalition of peace groups, antiglobalization organizations, religious groups, veterans, Democratic Party supporters, and relatives of soldiers, the movement is plagued by disagreements over goals and the means to achieve them. Secondly, in the context of increased executive powers and heightened patriotism since the 9/11 attacks, the antiwar movement has so far proven incapable of transforming the new opposition to the war into a powerful counterforce to the Bush Administration's policy in Iraq.
- L'Amérique de George W. Bush ou la fin de la « révolution conservatrice » ? - Pierre Melandri p. 187 Dans la mémoire collective, l'Amérique de George W. Bush restera probablement avant tout celle de la riposte aux attentats du 11 septembre 2001. Pourtant, même si on l'a oublié, le projet initial de l'Administration était avant tout économique et social : en finir autant que faire se pourrait avec l'interventionnisme étatique que le New Deal avait instauré et la Grande Société renforcé et réorienté. Sous cet aspect, elle a peut-être représenté l'ultime déferlante de la lame de fond qui, à partir de la seconde moitié des années 1970, a peu à peu renversé la direction prise depuis les années 1930 par la nation. Dès le printemps 2001, l'offensive est lancée mais, à l'été 2001, elle semble devoir avorter quand les attentats créent un climat politique où le président va un temps faire prévaloir ses idées. Pourtant, après s'en être d'abord trouvée facilitée, son entreprise est handicapée, à partir de 2005, par les retombées intérieures des guerres où il s'est lancé. Mais elle a sans doute pâti du radicalisme qui l'a caractérisée. Son Administration est arrivée à un moment où la « révolution conservatrice » commençait apparemment à perdre de son attrait. Le président pourrait bien avoir surestimé sa main et provoqué un retour de balancier.In the collective memory, George W. Bush?s America is likely to be identified with the response to the September 11 attacks and the ?war on terrorism?. Yet, the Administration?s initial project was above all an economic and social one: to get as much as possible rid of the governmental interference the New Deal had established and the Great Society both strengthened and modified. In that respect, it may have been the last stage of the lasting movement that, since the second half of the Seventies, progressively reversed the course the nation had followed from the Thirties on. Since in the spring 2001, the Administration had been on the move. Yet, in the summer, its project already seemed in trouble when the terrorist attacks created a favourable political climate which enabled the President to have many of its propositions prevaled. But after having first his agenda facilitated, it is progressively, starting in 2005, hampered by the domestic fall-out of the wars he had launched. Its project probably also suffered from its radical nature. His Administration seems to have been inaugurated at a time where the conservative vision was beginning to lose part of its appeal. The President may have overplayed his hand, provoking a pendulum swing.
Comptes rendus d'ouvrages
Rubriques
Avis de recherches
- L'épuration économique à la Libération - François Lambert et Fabien Lostec p. 223
- De Gaulle dans la mémoire des communes - Gilles Richard p. 226
- Gaullisme et gaullistes dans la France de l'Est - Elisabeth Yverneau-Glasser p. 227
- Les violences urbaines de novembre 2005 - Alexandre Borrell p. 230
Images et sons
- Le visage de l'ennemi - Bruno Cabanes p. 233
- Golden Door, un voyage entre Italie et Nouveau Monde - Judith Rainborn p. 235
- Les Voix des Finances - Olivier Feiertag p. 237
- Design contre design - Alexandre Cocco p. 238