Contenu du sommaire : Pragmatismes et naturalismes
Revue | Archives de philosophie |
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Numéro | Tome 87, no 2, avril-juin 2024 |
Titre du numéro | Pragmatismes et naturalismes |
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- Éditorial - p. 3-4
Dossier
- Pragmatismes et naturalismes : Perspectives. Avant-propos - Claude Gautier p. 5-10
- Le naturalisme de William James : Du pathos à l'éthos de la contingence - Rosa M. Calcaterra p. 11-24 Dans cet article, l'auteur examine le naturalisme de James comme un exemple des intersections entre la biologie, la psychologie et la philosophie. L'article reconstruit les principaux arguments épistémologiques, éthiques et métaphysiques de James pour montrer comment sa philosophie s'inscrit dans la biologie de Darwin. Ainsi, le contingentisme de James devient cohérent avec sa critique de l'interprétation du principe darwinien de la « sélection naturelle » et avec l'idée de Darwin de l'ambiguïté comme marque de la réalité physique et humaine.In this article, the author looks at James's naturalism as an example of the intersections between biology, psychology, and philosophy. The article reconstructs James's main epistemological, ethical, and metaphysical arguments to show how his philosophy fits in with Darwin's biology. Thus, James's contingentism becomes consistent with his criticism of the interpretation of the Darwinian principle of “natural selection” and with Darwin's idea of ambiguity as a mark of physical and human reality.
- Naturalisme et nature humaine : la théorie pragmatiste des instincts - Stéphane Madelrieux p. 25-42 La question des instincts est une voie d'entrée privilégiée pour le rapport du pragmatisme au naturalisme. Le problème que soulève la théorie des instincts de William James et John Dewey vient du maintien, à première vue surprenant, de l'idée d'une « nature humaine ». Je soutiens que c'est au sein même de la théorie pragmatiste des instincts que l'on trouve des arguments pour montrer que la nature humaine ne détermine pas univoquement la conduite. Bien comprendre la naturalité de l'être humain suffit à défaire toute tentative pour l'ériger en source d'autorité des principes de la conduite.The question of instincts is a privileged entry point for understanding the relationship of pragmatism with naturalism. But the problem with William James and John Dewey's theory of instincts is that, surprisingly, they maintain the idea of a “human nature.” This article claims that it is within the pragmatist theory of instincts that we find arguments to show that human nature does not univocally determine conduct. A well-understood analysis of the naturalness of the human being is sufficient to undermine any attempt to find in human nature the source of authority for the principles of conduct.
- Dewey et la reconstruction du concept de nature humaine - Emmanuel Renault p. 43-60 La théorie deweyenne de la nature humaine permet de clarifier le sens du naturalisme deweyen ainsi que ses implications politiques. La première partie de l'article analyse la manière dont Dewey défend une conception processuelle, interactionnelle et intégrative de la nature humaine. La deuxième partie analyse la fonction classificatoire du concept de nature humaine et la troisième la manière dont Dewey attribue une fonction explicative à ce concept en discutant les références politiques conservatrices ou progressistes, voire révolutionnaires, à la nature humaine.Dewey's theory of human nature sheds light on the specificities of his naturalism and its political implications. The first part of this article analyzes how he substituted a processual, interactional, and integrative conception of human nature for the essentialist concept. The second part analyzes the classificatory function of the concept of human nature. The third part analyzes the way Dewey attributes an explanatory function to this concept by discussing conservative or progressive, even revolutionary, political references to human nature.
- Conduites de valuation chez John Dewey : Du biologique au politique - Claude Gautier p. 61-81 En partant principalement de la Théorie de la valuation [1939], il s'agira, d'une part, de rappeler les principaux contours de la théorie des valeurs chez Dewey – qui relève pleinement de l'analyse empiriste, contre la position de l'empirisme logique incarnée ici par A. Ayer – et, d'autre part, de montrer que cette théorie permet, de manière originale, de reconstruire le continuum du biologique au social. Il s'agira de montrer qu'une « politique des valeurs » est possible parce que leur naturalisation, c'est-à-dire leur ancrage dans les désirs et les intérêts, en permet la discutabilité. La tension entre nature et histoire délimite alors un espace propre à la critique des valeurs.Taking the Theory of Valuation (1939) as its main jumping-off point, the aim of this article is to recall the main contours of Dewey's theory of values, stressing the fact that it is fully within the scope of empiricist analysis—as opposed to the position of logical empiricism embodied here by Alfred Ayer—and that it makes it possible, in an original way, to reconstruct the continuum from the biological to the social. The aim is to show that a “politics of values” is thus possible because their naturalization, i.e., their anchoring in desires and interests, makes them debatable. The tension between nature and history then defines a space for the critique of values.
- Naturaliser le langage : La sémiotique évolutionniste de George H. Mead - Guido Baggio p. 83-101 En partant de la théorie des émotions développée par Mead et Dewey dans les années 1890, les aspects centraux de la théorie gestuelle de Mead, qui sous-tend sa théorie de l'émergence de la signification, du langage et de la cognition humaine, seront mis en évidence. L'article souligne, en outre, comment la théorie de Mead s'inscrit dans une perspective sociobiologique sur la naturalisation du langage qui gagne en intérêt aujourd'hui, notamment dans le domaine des théories évolutionnistes du langage et parmi les neuroscientifiques.Based on the theory of emotions developed by Mead and Dewey in the 1890s, this article illustrates the central aspects of Mead's gestural theory, which forms the foundation of his theory of the emergence of meaning, language, and human cognition. The article also emphasizes how Mead's theory is aligned with a socio-biological perspective on the naturalization of language, which is gaining popularity among evolutionary theories of language and neuroscientists alike.
- Joseph Margolis et la fragilité du monde humain - Baptiste Cornardeau p. 103-119 Hybride et émergent, artéfactuel et culturel sans cesser d'être naturel, le monde humain tel que l'entend Joseph Margolis est aussi, en cela même, dans ses différentes dimensions, un monde fragile, instable et en perpétuelle reconstruction. Les enquêtes scientifiques et philosophiques ne peuvent en effet s'affranchir d'une condition d'impermanence où le flux l'emporte sur la fixité, ni s'émanciper d'un horizon de discours symbiotique ancré dans le langage ordinaire. Métisses et solidaires d'un monde médian conversationnel, les langues humaines répondent également, dans leur indétermination même, aux exigences de formes de vie partagées et changeantes. Les personnes humaines enfin, enculturées et enlangagées, restent inscrites dans un monde Intentionnel et historique, qu'elles s'incorporent et transforment.Hybrid and emergent, artifactual and cultural without ceasing to be natural, the human world as Joseph Margolis understands it is also, in this very fact, in its various dimensions, a fragile, unstable world in perpetual reconstruction. Scientific and philosophical inquiry cannot free itself from a condition of impermanence where flux prevails over fixity, nor can it emancipate itself from a horizon of symbiotic discourse rooted in ordinary language. Characterized by their mongrel nature and their role in a conversational mid-world, human languages also respond, in their very indeterminacy, to the demands of shared and changing forms of life. Finally, human beings, enculturated and enlanguaged, remain inscribed in an intentional and historical world, which they incorporate and transform.
- La fonction métisse du langage ordinaire : Traduction inéditei ii - Joseph Margolis, Baptiste Cornardeau p. 121-160
Varia
- L'obligation politique chez Hegel - Sabina Tortorella p. 161-179 L'article soutient l'hypothèse que, loin de récuser la question de l'obligation politique, Hegel présente cette notion à nouveaux frais en s'appuyant sur la notion de Gesinnung. À travers une lecture croisée dans les Principes de la philosophie du droit de l'introduction à l'éthicité et de certains paragraphes consacrés au droit étatique interne, l'article se penche sur les concepts de droiture et de patriotisme, ce dernier représentant la véritable disposition politique. Dans le sillage de l'interprétation institutionnaliste de Hegel, le propos de cette étude est de mettre en relief les affinités entre la conception hégélienne et la théorie associative de l'obligation.This article discusses the idea that Hegel, far from rejecting the question of political obligation, introduces this notion in a new light by relying on the notion of Gesinnung. Through a comparative reading of the introduction to ethical life and certain paragraphs devoted to constitutional law in the Elements of the Philosophy of Right, the article focuses on the concept of rectitude as well as that of patriotism, which represents the true political disposition. In the wake of Hegel's institutionalist interpretation, the aim of the essay is to highlight the affinities between the Hegelian conception and the theory of associative political obligation.
- L'obligation politique chez Hegel - Sabina Tortorella p. 161-179
Note de lecture
- Le jeune Eric Weil, de la Renaissance au kantisme posthégélien - Jean-Michel Buée p. 181-188
- La phénomologie au crible de l'historicité des objets mathématiques - Baptiste Protais p. 189-198
Bulletin
- Bulletin de philosophie anglaise III - p. 199-239