Contenu du sommaire : Grandes figures politiques nordiques

Tarja Halonen, du parti social-démocrate, devint la première présidente de la République de Finlande en 2000. Elle naquit en 1943 dans le quartier populaire de Kallio, et doit à sa persévérance et son entêtement une partie de son succès. L'évolution de l'économie, de la société et de la sphère politique finlandaise constituent l'autre partie de l'explication. L'édification de l'État providence offrit aux femmes la possibilité de participer au gouvernement du pays. La fin de la guerre froide transforma totalement la politique étrangère finlandaise. À partir de la fin des années 1980, la Finlande a cherché à améliorer sa sécurité par la coopération internationale et la promotion de la démocratie. La carrière de Tarja Halonen illustre le concept finlandais de citoyenneté féminine, qui donne aux femmes un rôle relativement important dans certains domaines de la politique, comme ceux de la santé et des questions sociales. Dans le cas de Tarja Halonen, il s'est agi de la promotion des droits de l'Homme, de la démocratisation et de l'égalité des sexes.

L'ascension au pouvoir de la Première ministre Gro Harlem Brundtland a fait l'objet de nombreuses études. Le point de départ de cet article est une citation célèbre qualifiant son entrée dans la politique norvégienne de coïncidence, de hasard et de malentendu. Cette citation se réfère à trois événements majeurs de sa carrière politique : son entrée en politique, la façon dont elle a géré l'embrasement d'un puits de pétrole en mer du Nord alors qu'elle était ministre de l'Environnement et la façon dont elle devint – à la surprise de beaucoup – Première ministre en 1981. Il y eut certainement des éléments de chance dans la carrière politique de Brundtland. Mais ce type de description ne rend pas justice à son engagement, à sa capacité de travail et à sa capacité de se positionner de telle façon qu'il devint impossible de l'ignorer lorsqu'éclatèrent des crises. Cet article explorera des voies alternatives pour décrire l'ascension au pouvoir de Brundtland. Il montrera pourquoi la citation est à la fois parfaitement juste – et tout à fait fausse.

Architecte du modèle d'État providence nordique, détentrice du prix Nobel de la paix, Alva Myrdal a été l'un des personnages clefs de l'histoire politique du XXe siècle en Suède. Étonnamment, ses contributions à la politique internationale sont beaucoup moins connues. Ayant été l'une des premières femmes ambassadrices de Suède, elle a avancé des idées innovantes sur le développement social au service de l'égalité entre les peuples. Représentant la Suède dans les négociations sur le désarmement pendant la guerre froide, elle a joué un rôle crucial pour introduire des solutions non conventionnelles, alors que la situation semblait être gelée et les deux superpuissances incapables de parvenir à un accord. Son engagement contre les armes nucléaires et pour la paix lui valut le prix Nobel en 1982. L'objectif de cet article est d'analyser l'ouverture contemporaine de la Suède à l'international à travers la trajectoire d'Alva Myrdal et de montrer les points de continuité entre les positions qu'elle a défendues en politiques intérieure et extérieure. Cet article biographique se concentre bien plus sur la seconde période de la vie d'Alva Myrdal que sur sa contribution initiale à l'édification de l'État providence.

Olof Palme est souvent considéré comme l'homme politique qui a le plus marqué la vie politique suédoise du XXe siècle et qui a également joué un rôle au niveau international. Sa mort précoce a eu comme conséquence un bilan politique national méconnu. Dans le monde, Palme est plus réputé pour ses engagements contre la guerre du Vietnam et en faveur du tiers-monde. Cet article proposera une biographie générale retraçant la vie et l'œuvre politique d'Olof Palme, qui traitera aussi bien sa politique nationale qu'internationale – politiques qui émanent de la vision phare de Palme, l'égalité. L'article défend la thèse selon laquelle Olof Palme était un homme politique avec des idées fortes qui ont donné naissance à des politiques concrètes.

Jens Otto Krag fut l'un des hommes politiques les plus influents de l'histoire du Danemark d'après-guerre. Cet article étudiera deux épisodes clefs de sa carrière politique : il fut un idéologue et stratège de la planification en 1944-1945 (Krag est un des pères fondateurs du modèle danois d'État providence), et il façonna la position du Danemark vis-à-vis de la CEE en 1957. Mais cet article est aussi une réflexion théorique sur l'historiographie : Krag fut son propre biographe et l'historien officieux du parti social-démocrate ; de plus, il était conscient de sa position dans l'histoire de son pays et laissa des sources pour les historiens du futur tout en organisant sa propre mise en scène et son héritage historique. Les historiens devront déjouer « l'illusion biographique » chère à Bourdieu afin de comprendre quelle vision à long terme Krag avait réellement de l'État providence et de l'intégration européenne.

La crise financière qui toucha l'Islande en 2008 affecta son système politique en profondeur. L'un des changements qui en découlèrent fut l'accroissement du rôle du président de la République. Jusqu'alors, les acteurs politiques islandais adhéraient à une interprétation du parlementarisme selon laquelle la majorité contrôlait l'ordre du jour législatif, décidait de l'attribution des portefeuilles ministériels et déterminait les politiques publiques. Le pouvoir du président était donc limité et d'ordre plutôt symbolique. À présent, au contraire, la présidence apparaît comme l'émissaire de la majorité parlementaire. Les changements relatés dans cet article ne furent pas le résultat d'une révision formelle de la Constitution. Ils ont puisé leurs sources dans le jeu politique qui a favorisé une réinterprétation du rôle du président. La nouvelle interprétation bénéficie d'un soutien populaire et reflète l'érosion de la confiance dans le Parlement et dans la classe politique depuis la crise.

Le thème des « petits États » a été développé par les Islandais à la fois dans la recherche et dans le débat politique afin de construire leur identité et de défendre leurs intérêts sur la scène internationale. Après avoir évoqué le cadre général de l'étude des petits Etats en science politique, cet article montrera pourquoi et comment elle s'est développée en Islande. Il montrera également des exemples de l'utilisation du discours sur la « petitesse » par les hommes politiques, avant et après le krach de 2008. Puis il se terminera par une réflexion sur l'interaction entre la vie politique et la recherche et par une évocation de nouveaux thèmes potentiels et de défis que les spécialistes des petits Etats auront à affronter dans le futur.