Contenu du sommaire : Le Mexique : la 4T en débat

Revue Cahiers des Amériques Latines Mir@bel
Numéro no 104, 2024
Titre du numéro Le Mexique : la 4T en débat
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Chronique

  • Dossier - Le Mexique : la 4T en débat

    • Introduction – Le sexennat d'Andrés Manuel López Obrador : bilan et défis  - María Eugenia Cosio Zavala, Ilán Bizberg accès libre
    • Le Mexique s'est-il polarisé ? Changement et continuités d'une géographie électorale plurielle et fragmentée - Willibald Sonnleitner accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Depuis l'élection d'Andrés Manuel López Obrador (AMLO) à la présidence, en 2018, la politique mexicaine semble s'organiser autour de deux pôles antagoniques irréconciliables. Cependant, la bipolarisation de la classe politique ne se reflète pas dans le vote des électeurs, qui demeure pluriel et fragmenté. Cette étude s'intéresse aux effets de l'alternance sur la reconfiguration du système de partis dans une perspective socioterritoriale et historique, en analysant les onze élections législatives tenues depuis 1991 à l'échelle des 300 circonscriptions électorales. Le « tsunami » de 2018 fut le résultat de l'effondrement des trois partis qui avaient structuré la transition politique jusqu'en 2015. Plutôt que de reconcentrer le vote, le gouvernement d'AMLO s'appuie sur une coalition composite, face à une opposition encore plus hétérogène. Loin de se diviser autour d'un clivage bipolaire, les géographies électorales émergeantes en 2021 sont éminemment plurielles. Elles révèlent des ruptures, mais aussi des continuités avec un processus plus large de décomposition politique.
      Since the presidential election of Andrés Manuel López Obrador (AMLO) in 2018, Mexican politics seems to be organized around two irreconcilable antagonistic poles. However, the bipolarization of the political class is not reflected in the citizen vote, which remains plural and highly fragmented. This work studies the effects of this alternation on the reconfiguration of the party system in a socio-territorial and historical perspective, through the analysis of the eleven legislative elections held since 1991 on the scale of the 300 federal electoral districts. The “tsunami” of 2018 was the result of the collapse of the three parties that structured the political transition until 2015. However, AMLO's government failed to re-concentrate the vote and is relying on a hybrid coalition, facing an even more heterogeneous opposition. The emerging electoral geographies in 2021, far from dividing around a bipolar cleavage, are eminently plural. These reveal some ruptures, as well as important continuities with a broader and longer-lasting process of political decomposition.
    • Les Mayas sur les rails de la 4T : une infrastructure publique pour un développement régional - Diana A. Prelorenzo accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La quatrième transformation promue par Andrés Manuel López Obrador (AMLO) se focalise sur la construction de diverses infrastructures qui visent stimuler le développement régional. Le Train Maya fait ainsi partie des projets emblématiques qui illustrent cette vision transformatrice. Si la construction de cette infrastructure publique a pour objectif de promouvoir le développement régional à travers la génération d'emplois, la stimulation du tourisme ou la réorganisation territoriale, elle se heurte également à des défis économiques, sociaux, juridiques et environnementaux à l'égard des communautés locales. Cet article analyse les enjeux du projet du Train Maya dans le but de caractériser le développement impulsé par la 4T. Les incohérences entre le discours du gouvernement et les pratiques associées à sa construction sont pertinentes pour réfléchir sur la 4T et les implications dans différentes dimensions de la politique de développement du Mexique.
      The fourth transformation promoted by Andrés Manuel López Obrador (AMLO) focuses on the construction of various infrastructures to stimulate regional development. The Mayan Train is one of the emblematic projects that illustrate this transformative vision. If the construction of this public infrastructure aims a regional development through job generation, stimulation of tourism or territorial reorganization, it also faces economic, social, legal and environmental challenges for local communities. This article analyzes this project since its conceptualization to characterize the development driven by 4T. The inconsistencies between government discourse and practices associated with the construction of the Mayan Train are relevant to analyze the 4T and the implications on different dimensions of Mexico's development policy.
    • La falacia de la comunidad agraria-indígena de las dos izquierdas mexicanas: una aproximación crítica desde el megaproyecto Tren Maya - Gabriela Torres Mazuera accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Face à un processus de désagrarisation intense du monde rural, la question agraire au Mexique, principale revendication sociale des années post-révolutionnaires, s'est étiolée au point de presque disparaître de la sphère publique nationale. Cependant, son importance refait surface lorsqu'il s'agit de mettre en œuvre des mégaprojets dans les régions indigènes et marginalisées du pays. Là, le régime foncier, généralement de type ejido ou communal, renvoie à la question agraire dans sa relation avec le développement socio-économique. Dans cet article, nous examinons dans quelle mesure et dans quel sens un gouvernement fédéral qui se dit de gauche et " post-néolibéral " a promu un changement d'approche dans la politique agraire nationale. À cette fin, nous opposons les discours et les pratiques institutionnels visant le secteur agraire, et nous identifions la résistance sociale au changement dans la péninsule du Yucatan, où est mis en œuvre le "Train Maya", l'un des mégaprojets phares du régime..
      Faced with a process of intense deagrarianization, the agrarian question in Mexico, the main social demand in the post-revolutionary years, has dwindled to the point of almost disappearing from the national public sphere. However, its importance resurfaces when it comes to implementing megaprojects in indigenous and marginal regions of the country. There, land tenure, generally of the ejido or communal type, brings back the agrarian question in its relation to socioeconomic development. In this paper we explore to what extent and in what sense a leftist and "post-neoliberal" federal government has promoted a change of approach in national agrarian policy. To this end, we contrast institutional discourses and practices directed at the agrarian sector, and identify social resistance to change in the Yucatan Peninsula, where the "Mayan Train", one of the regime's flagship megaprojects, is being implemented.
    • Cuatro años de retrocesos y resistencias: Mujeres y movimiento feminista ante el Gobierno de López Obrador - Lucía Melgar, Karine Tinat accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article analyse les actions du gouvernement López Obrador, depuis son élection en 2018, concernant le mouvement féministe et la situation des femmes au Mexique. Pour cela, on observe, dans un premier temps, les acquis antérieurs à l´arrivée au pouvoir d´AMLO, en termes de lutte contre les inégalités entre hommes et femmes, sans oublier les problèmes persistants, comme ceux liés aux féminicides et à leur impunité, que l'on espérait voir pris en charge par un gouvernement progressiste. Dans un deuxième temps, on étudie comment les politiques publiques menées après 2018 ont aggravé la situation des femmes à tous les niveaux : social, professionnel, économique, juridique, etc. L´article analyse également l´inertie du gouvernement de López Obrador face aux graves conséquences de la pandémie de COVID-19 vécues par les femmes. Depuis plus d'une décennie, les mobilisations féministes ont gagné du terrain en Amérique latine et certaines batailles, comme la légalisation de l'avortement, sont menées à plusieurs endroits. Au Mexique, tout les espoirs résident dans la capacité des collectifs et réseaux féministes ainsi que de la société civile à se mobiliser pour contrecarrer les revers et les mesures gouvernementales erronées.
      This article analyses the actions of the López Obrador Government, starting from his election in 2018, regarding the feminist movement and the situation of women in Mexico. First, it is necessary to observe the achievements prior to AMLO's rise to power, in terms of fighting gender inequalities, while not forgetting the persisting problems such as femicides and impunity, which were expected to be addressed by a progressive government. Second, it examines how the public policies implemented after 2018 have worsened the situation of women in all areas: social, labor, economic, legal, etc. The article also analyses the inertia of the López Obrador government in the face of the serious effects of the COVID-19 pandemic on women. For over a decade, feminist mobilizations have gained strength in Latin America, and some battles, such as the legalization of abortion, are being fought in certain places. In Mexico, all hope lies in the ability of feminist collectives, networks, and civil society to counteract setbacks and misguided government measures.
    • La seguridad pública y la violencia durante la presidencia de Andrés Manuel López Obrador: Militarismo, criminalidad e imperio de la ley - Arturo Alvarado Mendoza accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article examine l'évolution des problèmes de violence criminelle, ainsi que les stratégies pour les résoudre pendant la période du gouvernement du président Andrés Manuel López Obrador (AMLO), 2018-2024. Il présente une analyse de l'évolution des multiples formes de violence et de violations des droits de l'homme à l'encontre des personnes, qui se sont produites sous son administration, ainsi qu'une comparaison avec les deux régimes précédents, afin de situer historiquement et comparativement les avancées et les reculs, les changements, les problèmes résolus, les retards et les nouveaux défis. L'article s'appuie sur des statistiques publiques, des études d'experts et d'associations civiles nationales et internationales, ainsi que sur des sources en accès libre, pour montrer l'augmentation et l'accumulation des champs de violence qui affectent la population mexicaine. Il analyse également la performance de la politique de sécurité publique de l'État mexicain, ses ressources financières, administratives et humaines afin de mesurer son efficacité réelle dans la lutte contre la criminalité et les organisations criminelles, ainsi que pour évaluer l'efficacité de la stratégie militaire croissante qui a eu lieu sous cette administration.
      This article presents a review of the evolution of violent criminality as well as the government strategies to combat them during the presidential administration of Andrés Manuel López Obrador (AMLO), 2018-2024. It exposes an analytic evolution of the multiple forms of violence and human rights violations against persons during his administration. Methodologically, compares its performance against the two previous national governments as a way to contextualize its developments, enhance its achievements, its errors, handicaps and new challenges. The article uses public data, as well as data collected by International associations and expert studies published in open sources. The purpose is to show the trends, the increase of violence and the consequent accumulation of violent events and processes, affecting the Mexican population. Also, it analyzes the public policies implemented throughout this administration, the financial and human resources employed, to measure its efficiency to combat crime and criminal organizations and to measure the size and trends of the deep militarization process occurred during this and previous administrations.
    • La politique minière et énergétique du gouvernement de la Quatrième transformation. Quand l'atténuation de la conflictualité permet l'intensification de l'extractivisme - Simon Levy accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Si dans les dernières décennies, les gouvernements néolibéraux ont mené une politique consistant à concéder aux entreprises privées la majeure partie des activités extractives, le gouvernement de la Cuarta Transformación cherche à réaffirmer la place des entreprises paraétatiques dans leur réalisation. Afin de conserver le soutien d'une partie des organisations contestataires locales, le gouvernement mobilise le registre indigéniste et procède à la suspension de divers projets miniers et énergétiques. Cependant, loin de remettre en cause l'extraction intensive des ressources naturelles, ces dispositifs de gouvernementalité permettent la reproduction de l'extractivisme sous une nouvelle forme.
      While in recent decades neoliberal governments have pursued a policy of conceding the majority of extractive activities to private companies, the government of La Cuarta Transformación is seeking to reaffirm the place of parastatal companies in their implementation. In order to maintain the support of some of the local protest organizations, the government has fully mobilized the indigenous register and has suspended various mining and energy projects. However, far from challenging the intensive extraction of natural resources, those governmental devices, allowing the reproduction of the extractivism in a new form.
    • AMLO contre le cannabis : le tout-puissant veto présidentiel à la trajectoire de légalisation du cannabis au Mexique - Luis Rivera-Vélez accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'échec du processus de légalisation du cannabis au Mexique illustre comment le président AMLO devient un acteur veto tout-puissant en comparaison à ses prédécesseurs. Utilisant la théorie des acteurs veto, et fondé sur une enquête qualitative pour retracer les détails du processus décisionnel, l'article montre que le président acquiert des pouvoirs de blocage exceptionnels grâce à deux phénomènes principaux. Premièrement, AMLO arrive au pouvoir avec des majorités parlementaires absolues, ce qui lui permet d'absorber les capacités de veto des institutions parlementaires. Deuxièmement, AMLO neutralise progressivement les pouvoirs de contournement des blocages, promettant de soumettre la décision au référendum, contestant les décisions de la Cour suprême, ou instaurant une bureaucratie favorable au changement, mais contrôlée. Depuis la montée d'AMLO au pouvoir, tout espoir de changement en faveur du cannabis s'évapore au Mexique, malgré un alignement des forces politiques en faveur au niveau national et une tendance régionale à assouplir la prohibition de cette substance.
      The failure of the cannabis legalization process in Mexico illustrates how President AMLO becomes an almighty veto player compared to his predecessors. Using the veto player framework and based on a qualitative survey to trace the details of the decision-making process, the paper shows that the president acquires exceptional blocking powers through two main techniques. First, AMLO comes to power with absolute parliamentary majorities, which allows him to absorb the veto capacities of parliamentary institutions. Secondly, AMLO gradually neutralizes the powers of by-passing institutions, promising to put the decision to a referendum, contesting the Supreme Court's decisions, or establishing a pro-cannabis bureaucracy completely dependent of the presidency. Since AMLO's rise to power, any hope of cannabis legalization evaporated in Mexico, despite an alignment of political forces in favor at the national level and a regional tendency to relax cannabis prohibition.
    • L'interdiction du glyphosate et du maïs transgénique au Mexique : López Obrador et le populisme écologique - Nina-Lou Gachet, Jean Foyer accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les précédents gouvernements populistes de gauche en Amérique latine (Evo Morales en Bolivie, Rafael Correa en Équateur entre autres) ont eu le plus grand mal à concilier l'écologie politique avec leurs objectifs centraux de développement et de redistribution sociale. Les mêmes ambiguïtés entre ces différents courants, semblent se rejouer avec le gouvernement d'AMLO. Du fameux Tren Maya au grand programme rural Sembrando Vida, en passant par les coupes budgétaires drastiques au ministère de l'Environnement, la grande transformation annoncée par López Obrador ne semble concerner qu'à la marge l'écologie. Nous nous appuyons dans cet article sur une décision à forte valeur symbolique, celle de l'interdiction par décret de l'herbicide glyphosate et de la culture du maïs transgénique, pour montrer que, même les arbitrages a priori les plus favorables en faveur de l'écologie, demeurent ambigus. Selon notre analyse, non seulement la genèse du décret renvoie à des profondes contradictions au sein du gouvernement AMLO, mais une des seules avancées environnementales à mettre à son crédit relève de stratégies politiques externes et internes qui n'ont que très peu à voir avec des préoccupations environnementales.
      Previous populist left-wing governments in Latin America (Morales in Bolivia, Correa in Ecuador, among others) have had great difficulty reconciling political ecology with their main objective of development and social redistribution. The same ambiguities between these different currents, seems to be replayed with AMLO's government. From the famous Tren Maya to the big rural program Sembrando Vida, through the drastic budget cuts in the Ministry of the Environment, the great transformation announced by López Obrador seems to concern ecology only at the margin. In this article, we use a decision with a strong symbolic value, that of the prohibition by decree of the herbicide Glyphosate and the cultivation of transgenic corn, to show that even the most favourable arbitrations in favor of ecology remain fundamentally ambiguous. According to our analysis, not only does the genesis of the decree reveal deep contradictions within the AMLO government, but one of the only environmental advances to be credited to the AMLO government is the result of external and internal political strategies that have very little to do with environmental concerns.
  • Études

    • Families experiencing homelessness and the production of everyday urban space in Buenos Aires, Argentina (2017-2022) - Verónica Paiva accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article analyse la production de l'espace depuis la perspective des familles sans domicile fixe vivant à Buenos Aires, capitale de l'Argentine. À partir de données de recensements et de douze entretiens approfondis réalisés en 2022, il se penche sur les données démographiques, l'infrastructure que ces personnes utilisent au quotidien, leurs raisons de rester dans des lieux spécifiques, leurs routines, leurs réseaux sociaux et, enfin, la manière dont ces groupes aménagent l'espace pour y habiter. Concernant les trajectoires résidentielles, l'article montre comment les familles alternent entre des pensions, des foyers pour sans-abris et la rue. Le cercle vicieux de la pauvreté se voit renforcé par des politiques publiques qui n'apportent que des aides temporaires pour couvrir les coûts d'une chambre en pension ou d'un foyer. L'analyse fait appel à la notion de « production de l'espace » d'Henri Lefebvre et à la triade de l'espace conçu, vécu et perçu, ainsi qu'au concept d'« habiter » [habitar] d'Angela Giglia.
      This article analyzes the production of space from the perspective of families experiencing homelessness who live in the Buenos Aires, the capital of Argentina. Based on census data and twelve in-depth interviews carried out in 2022, it explores the demographic, the infrastructure they use daily, their reasons for staying in a particular place, their routines, their social networks, and finally, the way they outfit their living area. In terms of housing trajectories, the article shows how those families alternate between boarding houses, shelters, and the street. This vicious circle of poverty is reinforced by public policies that provide only temporary assistance to cover a boarding house room or shelter. The analysis draws on Henri Lefebvre's notion of “the production of space” and his triad of conceived, lived and perceived space as well as Angela Giglia's concept of “inhabiting” [habitar].
  • Passages

  • Lectures