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Revue @GRH Mir@bel
Numéro no 53, 2024/4
Texte intégral en ligne Accès réservé
  • Présentation de la revue - Delphine Lacaze, Patrice Terramorsi p. 3-4 accès libre
  • Éditorial : Des connaissances scientifiques qui éclairent la gestion des ressources humaines - Delphine Lacaze, Patrice Terramorsi p. 7-9 accès réservé
  • Sex and work centrality among European employees: The role of gender ideology and the social norm to work - Clotilde Coron p. 11-34 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    L'abondante littérature sur les différences genrées en matière de centralité du travail n'est pas encore parvenue à un consensus. Les recherches antérieures ont tenté d'expliquer les variations de centralité du travail selon le sexe en se fondant sur la situation professionnelle actuelle de l'individu. Cependant, la centralité du travail est liée à d'autres ensembles de croyances ou de représentations, et dépend également des cultures nationales. Cette étude vise à mesurer les relations entre la centralité du travail, le sexe, l'idéologie du genre et la norme sociale du travail chez les salariés européens. En utilisant des équations structurelles sur l'enquête European Values Study (EVS) de 2017, il est démontré qu'une fois la norme sociale du travail et l'idéologie du genre contrôlées, il n'y a pas d'effet direct du sexe sur la centralité du travail, ni d'effet indirect par le biais de la norme sociale du travail. En revanche, l'idéologie du genre a un effet sur la norme sociale du travail, qui à son tour influence la centralité du travail.
    The extensive literature on sex differences in work centrality has yet to reach a consensus. Previous research has tried to explain sex variations in work centrality on the basis of an individual's current working situation. However, work centrality is related to other sets of beliefs or representations, and also depends on national cultures. This study aims to measure the relationships between work centrality, sex, gender ideology, and the social norm to work, among European employees. Using structural equation modeling on the 2017 European Values Study (EVS), it is shown that once the social norm to work and gender ideology are controlled for, there is no direct effect of sex on work centrality, nor any indirect effect through the social norm to work. On the other hand, there is an effect of gender ideology on the social norm to work, which in turn influences work centrality.
  • La composante allocentrée du bien-être au travail pour les professeurs de l'enseignement public secondaire en France - Christophe Bonnet, Jean-Yves Juban p. 35-65 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    À partir des récits de vie professionnelle de 22 professeurs de l'enseignement public secondaire en France, cette recherche a pour objectif de mieux comprendre le bien-être au travail (BET) pour les enseignants. Nos résultats montrent que la conception eudémonique du BET repose sur le dépassement du matérialisme, mais revêt aussi et surtout un aspect allocentré (au sens de « tourné vers les autres »), que nous proposons d'étudier dans cet article. On constate en effet dans les discours des narrateurs que le BET est alimenté non pas seulement par des éléments matériels et/ou égocentrés tels que le confort ou la carrière et ses conséquences sur la rémunération, mais aussi par des éléments à la fois non matériels et allocentrés. Nous proposons alors d'enrichir les conceptions actuellement connues du BET, par la prise en compte d'une nouvelle composante du BET eudémonique : l'allocentrisme au service d'un bien-être collectif. Sur le plan pratique, les implications managériales de cet enrichissement sont envisagées et discutées.
    Based on the professional life stories of 22 public secondary education teachers in France, this research aims to better understand well-being at work (WBW) for teachers. Our results show that the eudaimonic conception of WBW is based on overcoming materialism but also and above all has an allocentric aspect (in the sense of "being turned toward others"), which we propose to study in this article. We indeed see in the respondents' life stories that WBW is fueled not only by material and/or egocentric elements such as comfort or career and its consequences on remuneration, but also by non-material and allocentric elements. We then propose to enrich the currently known conceptions of WBW, by taking into account a new component of eudaimonic WBW: allocentrism in the service of collective well-being. On a practical level, the managerial implications of this enrichment are considered and discussed.
  • Identifier des actes de harcèlement moral : du constat de l'acte transgressif à l'interprétation des comportements déviants - Gaëlle Deharo, Sébastien Point p. 67-102 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    Le harcèlement moral reste particulièrement difficile à prévenir et à identifier dans les entreprises. L'objectif de notre travail est d'identifier les actes de harcèlement moral à partir de la distinction transgression / déviance, mise en lumière par le procès France Telecom. À partir d'entretiens réalisés auprès de différents acteurs (dirigeants, DRH, managers et avocats) et de l'analyse de 100 arrêts de la cour d'appel de Paris, ce travail propose d'appréhender le harcèlement moral non plus à partir de la personne, auteur ou victime, mais à partir des actes de harcèlement. Nos résultats permettent de mettre en exergue que 1) les actes de harcèlement moral qui correspondent à une transgression d'une règle juridique sont plus facilement identifiables, mais paradoxalement moins dénoncés sur le fondement du harcèlement moral ; 2) les actes de harcèlement moral peuvent résulter d'actes qui ne constituent pas une transgression d'une règle juridique, mais à une déviance au regard d'une norme managériale. La situation est alors plus délicate pour le manager qui peine à identifier clairement ces situations. 3) Les actes qui ne s'imposent pas comme des actes de harcèlement moral en raison de leur nature transgressive favorisent l'élaboration de stratégies discursives tendant à réfuter l'existence d'un harcèlement moral et protéger l'organisation.
    Bullying at work remains particularly difficult to prevent and identify within companies. This study aims to identify acts of bullying through the transgression/deviance distinction highlighted by the France Télécom trial. Based on interviews with various stakeholders (executives, HR directors, managers, and lawyers) and the analysis of 100 decisions of the Paris court of appeal, this research proposes to shift the focus from the individuals involved—perpetrators or victims—to the specific acts of bullying. Our results indicate that: 1) acts of bullying that involve the transgression of a legal rule are more easily identifiable, yet paradoxically less frequently reported as bullying; 2) bullying can stem from actions that do not constitute a legal transgression but represent a deviation from managerial norms. In these instances, it is more challenging for managers to clearly identify acts of bullying; 3) acts that, due to their nature, do not overtly appear as bullying foster the development of discursive strategies aimed at denying the existence of bullying and protecting the organization.
  • Exploration du potentiel inclusif des technologies dans un contexte de télétravail intensif : entre règles, outils et acteurs - Michel Ajzen, Damien De Carvalho p. 103-123 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    Partant d'une recherche exploratoire et longitudinale en trois temps menée au cours de la crise sanitaire, cet article investigue la manière dont un contexte caractérisé par une absence d'espaces physiques partagés et de dépendance extrême aux TIC, constitue un enjeu pour l'inclusion des personnes. A travers une démarche compréhensive des dynamiques socio-matérielles à l'œuvre, nous questionnons le jeu qui s'opère entre les espaces virtuels (matérialisation), les règles encadrant l'usage des outils (élicitation), et les usages réels des outils (création de sens). Nos résultats révèlent d'abord une opportunité d'inclusion des personnes à distance avant d'observer des phénomènes de dés-inclusion et d'exclusion. Ces constats permettent d'aborder le phénomène de dés-inclusion comme une stratégie temporaire de désinvestissement du collectif, et d'autre part, d'illustrer le potentiel inclusif des TIC médiés par des dynamiques d'acteurs autour des outils.
    Drawing upon an exploratory and longitudinal (three stages) study carried out during the pandemic, this paper examines to what extent a context characterized by an absence of shared physical spaces as well as an extreme dependence on ICTs constitutes a challenge for employees' inclusion. Following a comprehensive approach to the socio-material dynamics at work, we look at the very dynamic taking place between virtual spaces (materialization), the rules governing the use of tools (elicitation), and the actual uses of tools (sense-making). Our findings show first an opportunity for inclusion of remote employees, before observing phenomena of dis-inclusion and exclusion. In turn, our contributions are twofold. First, we observe a phenomenon of dis-inclusion as a temporary strategy of disinvestment from the collective. Second, we discuss the inclusive potential of ICTs though the lens of social dynamics around the tools.