Contenu du sommaire : Communication organisationnelle et alter-organisations : les leçons de la crise sanitaire et écologique

Le processus de création de la plateforme coopérative de VTC (Véhicule de transport avec chauffeurs) “Maze” résulte d'une résistance organisée contre Uber. À partir de deux enquêtes auprès des chauffeurs et des acteurs de l'écologie et du coopérativisme de plateforme, cet article montre que le management algorithmique engendre une souffrance au travail vécue comme un déclencheur d'un alter (fonctionnement organisationnel innovant et protecteur au sein du capitalisme). L'incarnation de cet alter par Maze s'actualise dans une amélioration des conditions de travail par la gouvernance participative et dans le projet de devenir acteur de la transition socio-écologique. L'approche critique de la communication organisationnelle défendue ici appelle à faire de l'alter un champ de recherche.

Cet article met en discussion les aspirations de vie alternative exprimées par des travailleurs indépendants du domaine de la création numérique. Bien que largement présents dans les discours médiatiques, ces travailleurs demeurent en grande partie invisibles dans les statistiques officielles et peu étudiés en communication organisationnelle. Cet article explore la dimension « alternative » du travail créatif indépendant en mettant en évidence les paradoxes dissimulés derrière l'apparente « liberté », ainsi que l'injonction à la réalisation de soi qui pèse sur les travailleurs indépendants.

Ce travail explore la construction, discursive et organisationnelle, d'une alternative écologique au capitalisme à partir d'une enquête ethnographique portant sur le mouvement social des Soulèvements de la terre et son rôle dans la coordination de deux mobilisations ayant eu lieu en 2023 : celle de Sainte-Soline contre les méga-bassines et celle contre le projet de ligne ferroviaire à grande vitesse entre Lyon et Turin (TAV). L'analyse de la forme organisationnelle du mouvement se fonde sur la mise en tension entre la structure, les processus info-communicationnels et l'idéologie.

Les fixeurs sont des guides qui aident les informateurs en terrain risqué. Par analogie, les fixeurs sont ici les entrepreneurs activistes qui cherchent un impact pour enrayer le dérèglement climatique. Ils créent des organisations en réseaux caractérisées par des modes de décision consensuelle, des alliances transnationales et un art des campagnes de mobilisation. Deux organisations sont principalement observées, makesense et la Fabrique de l'époque. L'analyse tend à démontrer que l'on peut qualifier ces entités d'alter-organisations, alter s'entendant avec les connotations d'alternative, d'altermondialisme, et d'altérité, au sens de la reconnaissance des pensées autres, y compris antagonistes.

L'ancrage de la durabilité sociale ET écologique dans les entreprises demeure crucial, tant dans les pratiques que dans la recherche post-COVID. L'adaptabilité d'un alter-entrepreneur et l'engagement d'un alter-entrepreneuriat éthique sont fortement mis à l'épreuve de tensions antagonistes, objet d'intercommunication, alors que des écosystèmes complexes viennent en appui aux transformations durables. Cette étude théorique illustrée adopte une approche interdisciplinaire, confrontant le concept de l'alter-entrepreneuriat à la communication organisante et instituante, et questionne quels actes et agir(s) communicationnel(s) dans le contexte multiple et complexe de l'alter-entrepreneuriat participent à ses possibilités de réalisation ?

L'innovation pour la prévention en santé environnementale à l'hôpital, lorsqu'elle est coconçue entre soignants et chercheurs, dans un « lab d'innovation », génère des formes alter-organisationnelles, qui peuvent se confronter à l'institution centralisée et descendante du système hospitalier. Nous mobilisons l'approche communicationnelle des organisations conjuguée et la théorie des « communs » pour éclairer ces dynamiques alternatives préventives, porteuses d'émancipation et à valeur motivationnelle notamment face à la défection massive de la profession et au chaos sanitaire actuel. Nous montrons que, dans le lab, les effets créatifs du design participatif offre une reconsidération du travail des soignants.

Nous proposons dans cet article de contribuer à la réflexion portant sur l'alter dans les organisations, en usant de la stratégie de marque employeur comme révélateur et contributeur des mutations alternatives de la culture d'entreprise. Il s'agira moins d'explorer les impacts externes de cette démarche marketing que de révéler le substrat idéologique ayant nécessité son élaboration et les conséquences internes à l'organisation de son application. Car ce processus, réponse de l'entreprise face aux exigences sociétales croissantes touchant à la quête de sens, générera en retour une révision paradigmatique de la culture d'entreprise, et de ses finalités symboliques.

Les années post-Covid ont vu les entreprises mettre massivement en œuvre le télétravail et ancrer aujourd'hui cette forme organisationnelle dans leur culture. La question se pose alors de savoir si des actions managériales adaptatives suffisent ou bien si dans leurs pratiques, certains manageurs, pour prendre en charge l'interaction sociale, développent une créativité facilitée par les dispositifs sociotechniques. Nous montrons par un état des lieux sur de cette question, qu'un possible alter-management en émerge, donnant à ces managers une réelle possibilité de remplir un rôle d'organisateur. Ce nouveau management créatif permettrait aussi le développement d'une intelligence collective pour des équipes à l'activité protéiforme.

À partir d'une observation participante dans le secteur social et médico-social, nous avons abordé la transformation d'un système d'information avec une attention particulière accordée aux propriétés des objets techniques. Ces derniers, comparables à ceux implantés dans des organisations à but lucratif, entrent pour nous en contradiction avec une activité jugée d'utilité publique à dimension éthique et sociale. Cette poussée non désirée, ce « déferlement numérique » (Flipo, 2020) a pu aussi bien être le pilier d'une refonte managériale de l'organisation qu'une soumission de cette dernière aux éditeurs de logiciels et aux entreprises de gestion informatique qui conservent in fine le contrôle sur les outils dont ils font la promotion.

La révolution numérique et l'omniprésence des technologies mobiles bouleversent les organisations et font émerger de nouvelles préoccupations dans le monde du travail. Les universités ne sont pas épargnées par ces outils et les usages du smartphone en particulier, qui parfois s'opposent aux attentes pédagogiques et engendrent des comportements jugés incivils par les enseignants. Aussi, parce que la question des incivilités constitue une expérience subjective, notre recherche exploratoire a pour but d'interroger des étudiants d'IUT sur leurs perceptions de la légitimité d'usages du smartphone en cours et les incivilités numériques qui préoccupent les enseignants.

Les démarches compétences deviennent centrales dans les universités françaises particulièrement dans les formations en apprentissage. Lorsqu'elles relèvent d'une logique de « plateformisation » normalisant les relations entre les acteurs, les interactions qui en résultent, révèlent de nouveaux écosystèmes ou espaces situationnels frontières, de coopération et de construction de sens. Une « alter-pédagogie  » en émerge dont nous présentons ici des éléments pour une approche communicationnelle des compétences centrée sur le développement de la créativité et de l'autonomie des étudiants-apprentis. À partir d'un jeu de création d'entreprise pour développer la confiance, nous débouchons sur les dimensions émotions et intelligence situationnelle.