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Revue Futuribles Mir@bel
Numéro no 463, novembre-décembre 2024
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  • Paradoxes de la modernité - Hugues de Jouvenel p. 3-4 accès libre
  • L'idéologie messianique des Big Tech - Grégory Aimar p. 5-16 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    En dépit d'un appel à la pause dans les recherches sur l'intelligence artificielle (IA), signé par les principaux dirigeants des grands groupes du numérique (Elon Musk inclus) au printemps 2023, les progrès de l'IA vont bon train et se propagent dans tous les domaines de la vie humaine — travail, information, santé, arts, culture, défense, justice… Comme toutes les grandes avancées scientifiques qui l'ont précédée, l'IA fascine et inquiète ; elle est porteuse de véritables ruptures susceptibles d'améliorer nos vies, mais elle engendre des manipulations, des risques…, qui interpellent et militent pour qu'on l'encadre. Là encore, comme toute innovation scientifique, elle deviendra ce que la société acceptera qu'on en fasse. Cependant, quelle est la marge d'action des individus et des régulateurs, y compris institutionnels (États, organisations internationales), face aux multinationales hyperpuissantes qui développent l'IA ? Quels sont leurs projets et par quoi sont animés les promoteurs de l'IA, ces « Big Tech » dont le pouvoir croît chaque jour un peu plus ?Dans cet article, Grégory Aimar montre comment les Big Tech développent leurs projets sur fond d'idéologie messianique, faisant des technologies de pointe une véritable religion et un nouveau credo directeur de l'humanité, dans le droit fil du transhumanisme. Il montre combien le registre du religieux et la foi en la toute-puissance de leurs inventions sont présents, et se renforcent, dans les discours de la plupart des dirigeants des Big Tech. Et, plus inquiétant encore, il pointe le recul sinon l'effacement progressif des instances en charge de l'éthique en leur sein, faisant craindre la disparition des garde-fous — avec quelles conséquences pour les sociétés dites modernes ? S.D.
    Despite a call in spring 2023 by the main leaders of the big digital corporations (including Elon Musk) for a pause in artificial intelligence research, AI has made rapid progress and spread to all areas of human life (work, news and information, health, arts, culture, defence, legal systems). Like all the great scientific advances that preceded it, AI is both fascinating and troubling. It offers hope for revolutionary change that could improve our lives, but also generates forms of manipulation and other risks that are a source of concern, hence prompting calls for its control. Here again, as with any scientific innovation, what it will become is what society agrees to let it be. Yet what scope for action do individuals and regulators possess (including institutional regulators, such as states and international organizations) when they are up against the hyper-powerful multinationals developing the technology? What is driving these promoters of AI and what are the plans of these ‘big tech' companies whose power grows a little more each day?In this article, Grégory Aimar shows how the Big Tech companies are formulating their plans against a drumbeat of messianic ideology, turning state-of-the-art technologies into a veritable religion, a new creed for mankind in a direct line of descent from transhumanism. He shows how the language of most of the leaders of Big Tech is shot through with an evangelical spirit and faith in the omnipotence of their inventions, the two strands mutually reinforcing each other. And, even more worryingly, he points to the way the regulatory ethical bodies in that industry are losing influence, if not indeed being progressively eliminated, raising fears of that necessary guardrails may disappear — with unforeseen consequences for so-called modern societies.
  • Vers la société de déconsommation ? : Tendances et perspectives de la consommation en France - Cécile Désaunay p. 17-38 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    Quatre ans après la parenthèse Covid qui avait vu la consommation s'effondrer dans de nombreux secteurs économiques dans la plupart des pays développés, puis rebondir par effet de rattrapage, une tendance nouvelle semble se dessiner, au moins en France, en matière de consommation matérielle. Et cette tendance est clairement orientée à la baisse puisque la consommation des ménages français mi-2024 était redescendue à son niveau de 2015. Ce ralentissement est-il durable ? Annonce-t-il l'entrée dans une société de déconsommation ? Les facteurs qui en sont à l'origine sont-ils économiques, écologiques, sociaux… ? Quelles pourraient en être les conséquences en termes de modèle économique, de politiques publiques, de pratiques et comportements des ménages ?Cécile Désaunay, qui suit ces questions pour Futuribles, analyse ici les tendances d'évolution de la consommation en France. Elle décrypte les principaux moteurs du ralentissement observé (démographie, saturation des besoins matériels, contraintes économiques, sobriété volontaire), pointe les divergences entre des discours en apparence de plus en plus favorables à une consommation responsable, voire une déconsommation, et des pratiques pas toujours en accord avec ces positions, et esquisse les perspectives qui pourraient en découler à moyen-long terme. S.D.
    Four years after the Covid interlude, which saw consumption in most developed countries collapse in many sectors then bounce back as a catch-up effect kicked in, a new trend in material consumption seems to be emerging — at least in France. That trend is clearly downward, with levels of French household consumption in mid-2024 falling back to their 2015 level. Is this slow-down here to stay? Does it hint at a move toward a ‘de-consumer' society? Are the underlying factors economic, ecological, social or something else? What might the consequences be in terms of economic models, public policies, household practices and behaviour?In this article Cécile Désaunay, who covers these questions for Futuribles, analyses French consumer trends. She identifies the main drivers of the observed slowdown (demography, saturation of material needs, economic constraints and self-restraint), points out the divergences between public views that seem increasingly in favour of responsible consumption — or even de-consumption — and practices not always compatible with those positions, going on to outline the trends that might ensue from this in the medium-to-long term.
  • La réindustrialisation de la France : perspectives et contraintes : À propos du rapport de France Stratégie sur la réindustrialisation à l'horizon 2035 - Pierre Papon p. 39-48 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    Suite au blocage de certaines chaînes logistiques consécutif à la crise sanitaire et aux conflits en cours (Ukraine, Gaza…), les pays européens ont pris conscience de l'importance de maîtriser certains approvisionnements stratégiques (médicaments, céréales, matières premières…). La France n'échappe pas à ce mouvement et après plusieurs décennies de délocalisations industrielles, elle a entrepris d'inverser le balancier et de relancer son activité manufacturière dans différents secteurs. Est-ce jouable à large échelle ? Quels secteurs pourraient être concernés et avec quel effet réel sur l'emploi ?France Stratégie, en charge de fournir au Premier ministre des analyses de moyen-long terme pour alimenter ses réflexions et son action, a publié cet été une série de scénarios sur les perspectives (et contraintes) d'une réindustrialisation du pays à l'horizon d'une dizaine d'années. Pierre Papon présente ici les grandes lignes de ces travaux et pointe l'importance des moyens — matériels (ressources, énergie) et humains (compétences) — nécessaires à la relance de l'industrie sur le sol français. S.D.
    Following the disruption of some logistical chains as a result of the Covid crisis and the current ongoing conflicts (Ukraine, Gaza etc.), the countries of Europe have realized the importance of controlling certain strategic supplies (medicines, cereals, raw materials etc). France is not exempt from these developments and, after several decades of industrial offshoring, it has begun to turn things around and revive its manufacturing activities in various sectors. The question arises: is this practicable on a large scale? What sectors might be involved and what will be the effect on employment?France Stratégie, which is charged with providing the Prime Minister with medium-to-long-term analyses as a background to his thinking and action, published a series of scenarios this summer on the prospects for — and constraints on — reindustrializing the country over the next decade. Pierre Papon outlines these studies here, pointing out the extent of the resources, both physical (materials, energy) and human (skills), required for a revival of manufacturing industry on French soil.
  • Le climat, la justice et la démocratie : La CEDH contre la Suisse, progrès ou dévoiement des droits de l'homme ? - Olivier Godard p. 49-66 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    S'il est souhaitable et nécessaire, comme le souligne régulièrement la revue Futuribles, de réduire nos émissions de gaz à effet de serre (GES), la question est de savoir jusqu'à quel point le faire et si l'institution judiciaire peut légitimement contraindre les États à adopter un cadre de politique climatique précis au nom des droits de l'homme.Faisant suite aux jugements intervenus aux Pays-Bas (comme d'ailleurs en France dans « l'Affaire du siècle »), Olivier Godard conteste ici le bien-fondé de la décision du 6 avril 2024 de la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) sanctionnant l'État suisse du fait de son retard à mettre en place un cadre quantifié pour la réduction des émissions de GES. Son raisonnement repose sur quatre arguments principaux : un mésusage des travaux du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), en particulier autour de la limite de 1,5 °C ; l'éloignement de la doctrine de la CEDH au regard de ses fondements dans la Convention européenne des droits de l'homme ; la « quasi-dissolution du lien de causalité » requis entre les carences alléguées et les dommages d'origine climatique (surcroît de canicules) subis par les citoyens ; enfin, l'erreur d'une extension du droit à un « environnement propre, sain et durable » à des phénomènes météorologiques qui échappent au contrôle de tout acteur. Comment la société civile peut-elle donc agir pour défendre la cause écologique ? Ne s'agit-il pas plutôt d'une question politique qui se pose différemment dans les démocraties et dans les régimes totalitaires ? H.J.
    If it is desirable and necessary, as Futuribles regularly stresses, to reduce our greenhouse gas emissions (GGE), the question is to what extent and whether courts can legitimately force states to adopt a precise climate policy framework in the name of human rights. Following judgments in the Netherlands (and, indeed, in France in the ‘Affair of the Century'), Olivier Godard contests the legal basis for the ECHR/European Court of Human Rights' decision on 6 April 2024 to penalize the Swiss state for tardiness in establishing a quantified framework for reducing GGE. His reasoning is based on four main arguments: misuse of the Intergovernmental Panel on Climate Change's studies, particularly with regard to the 1.5°C limit; the ECHR's doctrine departing significantly from its foundations in the European Convention on Human Rights; the ‘quasi-dissolution' of the required ‘causal connection' between the alleged government shortcomings and the climate damage suffered by citizens (an excess of heatwaves); and, lastly, a misconceived extension of the right to a ‘clean, healthy, sustainable environment' to cover meteorological phenomena beyond the control of any human agent. How, then, can civil society act to defend the ecological cause? Is this not, in fact, a political question that takes different forms in democracies and totalitarian states?
  • Universalisme en éducation : utopie concrète ? - Jean-Pierre Bellier p. 67-80 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    Les élèves ont fait leur rentrée en France en septembre, dans un entre-deux politique ne donnant pas de réelle vision aux enseignants sur leurs objectifs éducatifs, puisque la succession des ministres et de leurs ambitions réformatrices, ces dernières années, n'a débouché sur rien de concret. À l'heure de boucler ce numéro, une nouvelle ministre de l'Éducation est entrée en fonction, mais pour combien de temps et pour quoi faire ? Dans la foulée de l'entretien avec Fabien Truong publié dans notre précédent numéro sur les finalités de l'éducation, Jean-Pierre Bellier prolonge le débat en s'interrogeant sur les tenants et aboutissants du système éducatif à la française. Où en est-on du point de vue des pédagogies mises en place (ou démises) ? A-t-on avancé dans la prise en compte des savoir-être dans les apprentissages et dans la mesure des performances ? Comment envisager la relation enseignant / apprenant et susciter l'envie d'apprendre, dans une optique universaliste résolument efficace ? Bref, quels pourraient / devraient être les nouveaux paradigmes en matière éducative, afin de préparer les enfants d'aujourd'hui à la société de demain ? S.D.
    In September, French pupils went back to school in a political limbo that left teachers without any real vision of their educational goals, since, despite a string of different ministers and their reforming ambitions over recent years, no concrete project has emerged. As we are putting this issue of Futuribles to bed, a new minister of education has taken over the role, but for how long and to do what? Following the interview with Fabien Truong in our last issue on the aims and purposes of education, Jean-Pierre Bellier carries the debate forward, delving deeper into the granular detail of education in the French style. What are the established teaching methods now (and which ones have been abandoned)? Has there been progress on the place of ‘soft skills' in the learning process and in assessment? How are we to view the teacher-learner relation and promote the desire to learn in a genuinely effective universalist perspective? In short what could/should the new educational paradigms be to prepare children today for the society of tomorrow?
  • Éducation : l'apport des sciences du cerveau - Grégoire Borst p. 81-94 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    Les évaluations internationales sur le niveau des élèves mettent régulièrement en avant les piètres performances des élèves français au regard des moyens investis, avec pour conséquence, entre autres, le lancement de réformes du système éducatif national. Et à chaque nouvelle réforme, les débats relatifs aux méthodes pédagogiques appliquées par les enseignants refont surface. Si les choses ont sans aucun doute progressé, il reste encore beaucoup à faire, d'une part pour garantir un bon niveau de connaissance aux élèves et leur permettre de s'épanouir davantage ; d'autre part pour lutter contre le poids des inégalités sociales en matière d'apprentissage. Or, comme le montre cet article, les progrès des recherches en neurosciences pourraient contribuer à améliorer le fonctionnement du système éducatif pour peu que l'on puisse y sensibiliser à la fois élèves et enseignants.Grégoire Borst rappelle les différents processus qui concourent aux inégalités éducatives, en lien notamment avec le milieu d'origine, l'environnement social, et leurs conséquences sur les conditions d'apprentissage et le développement du cerveau des enfants. Partant de là et s'appuyant sur les études de terrain menées par son laboratoire de recherche, il pointe les différentes fonctions qui, dans le cerveau, participent aux apprentissages fondamentaux chez les enfants, et souligne un certain nombre de biais, d'automatismes qui altèrent leur bon fonctionnement mais pourraient être très facilement corrigés grâce à la malléabilité du cerveau. Pour ce faire, il faudrait pouvoir sensibiliser les élèves, les familles, les équipes pédagogiques, à ces connaissances sur le cerveau et à la manière dont il fonctionne. Mieux informés et ayant conscience des possibilités offertes, ils pourraient alors adopter des stratégies plus efficaces en matière d'apprentissage, permettant de réduire les inégalités scolaires induites par l'environnement socio-économique, de surmonter leurs difficultés et de développer les talents. S.D.
    International assessments of the academic level of French school students regularly highlight their woeful performance when viewed against the financial investment in education. This leads, among other things, to repeated national education reforms and, with each one, debates over teaching methods return to the fore. Though there has undoubtedly been progress in this area, much remains to be done, on the one hand, to guarantee that students are well-taught and able to thrive and, on the other, to combat the effect of social inequality on learning. Now, as this article shows, advances in neuroscientific research could play a part in improving the operation of the education system, provided that students and teachers are alive to these developments.Grégoire Borst reminds us here of the various processes that conduce to educational inequality — processes relating, among other things, to social background and circumstances and the effects of these on children's learning environment and brain development. On this basis and drawing on field studies conducted by his research laboratory, he points to the various brain functions that play a part in children's basic learning and highlights a number of biases and mental reflexes that adversely affect these processes but could very easily be corrected thanks to the malleability of the brain.To achieve this, students, families and teaching staff would require familiarization with this science on the brain and its functioning. If they were better informed and aware of the possibilities open to them, they could adopt more effective learning strategies, permitting a reduction of disparities in school performance engendered by socio-economic circumstances and allowing children to overcome their difficulties and develop their talents.
  • L'immigration au Québec : Un facteur de dynamisme démographique majeur - Ilyes Zouari p. 95-101 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    Le relatif déclin démographique des pays européens — quoique nettement moindre que celui du Japon —, et donc son vieillissement, bien qu'il ait été prévu depuis longtemps, fait désormais l'objet de nombreux articles alarmistes. Simultanément, de nombreux États membres de l'Union européenne s'interrogent sur les mesures de nature à limiter l'immigration de populations d'origine étrangère dans leur pays — certains d'entre eux ayant déjà adopté de telles mesures. À l'inverse, le Canada y reste très ouvert et la province du Québec particulièrement : sa croissance démographique est importante et résulte presque exclusivement de l'arrivée d'immigrants d'origines géographiques, ethniques et culturelles très diverses. Si l'immigration permanente semble se stabiliser, l'immigration temporaire (celle-ci pouvant être de plusieurs années) explose. Le ministère québécois de l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration, en amont d'une consultation sur la planification de l'immigration, a d'ailleurs publié des projections démographiques à l'horizon 2071 qui révèlent que, sans l'arrivée d'environ 50 000 immigrants (toutes catégories confondues) par an, la population du Québec pourrait fortement décliner. H.J.
    The relative demographic decline of the European nations (though distinctly less marked than that of Japan) and hence the ageing of their populations (though that was also long foreseen) is currently giving rise to many alarmist articles. At the same time, many EU member states are pondering measures to limit immigration into their country by foreign nationals and some have already adopted such measures. By contrast, Canada remains very open to such immigration, particularly the province of Quebec: its demographic growth has been substantial and is a result, almost exclusively, of the arrival of immigrants of highly diverse geographic, ethnic and cultural origins. If permanent immigration seems to be stabilizing, temporary immigration (which may stretch over several years) is skyrocketing. Ahead of a consultation exercise on immigration planning, the Quebec Ministry for Immigration, Francization and Integration has, in fact, published demographic projections for the years to 2071 which reveal that, unless around 50,000 immigrants arrive each year (all categories included), Quebec's population could seriously decline.
  • Chronique européenne

    • L'Europe vulnérable - Jean-François Drevet p. 103-110 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Deux ans et demi après l'invasion de l'Ukraine par la Russie, la guerre s'enlise et l'Union européenne se trouve au cœur d'un territoire très menacé, sans réelle autonomie militaire et de défense, tributaire de la protection de l'Alliance atlantique et des États-Unis. À mesure que la situation se prolonge et que la parenthèse pacifique du dernier demi-siècle se referme de plus en plus, la vulnérabilité de l'Union se fait plus grande. Dans ce contexte, Jean-François Drevet pointe, dans cette chronique, trois éléments particulièrement inquiétants : le risque d'une défaite diplomatique européenne, la réalité des garanties de protection du continent qu'est censée assurer l'OTAN, et l'insuffisance budgétaire de l'Union en matière de défense. Comment ces trois éléments pourraient ou devraient-ils évoluer pour limiter cette vulnérabilité accrue de l'Europe ? Quelles sont les réelles marges de manœuvre de l'Union, pour préserver sa sécurité et la paix, compte tenu de ses finances et de son cadre institutionnel ?
      Two and a half years after Russia's invasion of Ukraine, the war is at an impasse and the EU finds itself at the heart of a territory under serious threat yet lacking genuine military and defence autonomy and reliant on protection by the Atlantic Alliance and the USA. As this situation persists and the peaceful interlude of the last half century rapidly draws to a close, the EU is becoming increasingly vulnerable. In this context, Jean-François Drevet points, in this Chronicle, to three particularly worrying elements: the risk of a European diplomatic defeat, the reality of the guarantees for protecting the continent which NATO is supposed to provide, and the EU's budgetary shortfall in terms of defence spending. How could — or should — these three elements develop to limit this increased European vulnerability? Given its finances and institutional framework, what is the EU's actual room for manœuvre when it comes to preserving its peace and security?
  • Actualités prospectives

  • Lu, vu, entendu

  • Hommage à Alain Michel (1945-2024) - Hugues de Jouvenel p. 140-141 accès réservé
  • Table des matières 2024 - p. 142-155 accès réservé