Contenu du sommaire : Pratiques et rituels religieux et mémoriels dans la Grande Guerre
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Guerres mondiales et conflits contemporains ![]() |
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Numéro | no 295, juillet-septembre 2024 |
Titre du numéro | Pratiques et rituels religieux et mémoriels dans la Grande Guerre |
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- Pages de début - p. 1-2
Dossier : Pratiques et rituels religieux et mémoriels dans la Grande Guerre
- Introduction - Serge Barcellini, Xavier Boniface p. 3-7
- La pratique religieuse des prisonniers de guerre aux mains allemandes - Christophe Woehrle p. 7-19 Cet article examine la pratique religieuse et les rites funéraires des prisonniers de guerre aux mains des Allemands pendant la Grande Guerre. Les autorités allemandes ont en général permis la pratique religieuse, bien que parfois utilisée à des fins de propagande. Malgré des conditions de captivité difficiles, les prisonniers de différentes religions ont pu pratiquer leurs rites. Les rites funéraires ont également été respectés, avec des cimetières distincts pour chaque nationalité et religion. Cependant, des nuances existent, notamment en matière d'identification religieuse des défunts. Après la guerre, le patrimoine funéraire est devenu un enjeu politique et mémoriel, influencé par des facteurs nationaux et politiques. Un éclairage particulier porte sur le traitement des prisonniers de guerre roumains.This article examines the religious practice and funeral rites of prisoners of war in German hands during the Great War. The German authorities generally allowed religious practice, although sometimes used for propaganda purposes. Despite difficult conditions of captivity, prisoners of different religions were authorized to practice their rites. Funeral rites were also respected, with separate cemeteries for each nationality and religion. However, nuances existed, especially in terms of religious identification of the deceased. After the war, funerary heritage became a political and memorial issue, influenced by national and political factors. Particular attention is paid to the treatment of Romanian prisoners of war.
- Des cérémonies funéraires franco-allemandes dans Saint-Quentin occupé 1914-1915 - Jean-Marie Wiscart p. 21-34 La ville de Saint-Quentin, occupée par l'armée allemande de 1914 à 1917, offre un terrain d'observation sur le rapport à la mort, lors de cérémonies funéraires sous le regard des autres, occupants et occupés. Il en est ainsi lorsque le pasteur français Kaltenbach célèbre les obsèques du soldat allemand Thieman, ou celles du commandant Fort, ou lorsque Guillaume II inaugure, le 18 octobre 1915, le monument aux morts du cimetière militaire Saint-Martin, dédié, selon sa volonté, aux soldats « ennemis d'hier, unis dans la mort ». Sont révélateurs, lors des cérémonies, les textes bibliques choisis, l'attitude des Français occupés et celle des militaires allemands, ou, pour le cimetière, le décor du monument et la disposition des tombes.The city of Saint-Quentin, occupied by the German army from 1914 to 1917, offered a field of observation on the relationship to death, during funeral ceremonies under other eyes, occupiers and occupied. This is so when the French pastor Kaltenbach celebrated the funeral of the German soldier Thieman, or those of the commander Fort, or when William II inaugurated, on October 18, 1915, the war memorial of the military cemetery Saint-Martin, dedicated, according to his will, to the soldiers “enemies of yesterday, united in death”. During the ceremonies, the chosen biblical texts, the attitude of the occupied French and that of the German soldiers, or, for the cemetery, the decoration of the monument and the layout of the tombs, were revealing.
- La religion à travers les collections de l'Historial de la grande guerre de Péronne : témoignages de ferveur et petits objets de piété - Marie-Pascale Prévost-Bault p. 35-42 Les ressources d'un musée tel que l'Historial de la Grande Guerre de Péronne, musée d'histoire des mentalités, offrent un bon aperçu des pratiques religieuses face à la mort de masse. Les soldats catholiques français de 1914-1918 ont certes laissé des témoignages écrits sur leur préparation à la mort. Mais de nombreux petits objets de piété conservés apportent une dimension humaine et spirituelle tangible, nécessaire pour comprendre la mobilisation religieuse de millions d'hommes. Ces marques de croyance renouvelée relèvent autant de l'élan spirituel ambiant que du réconfort religieux attendu au cours des 52 mois de cette guerre, alliant Dieu et Patrie, civilisation et religion.The resources of a museum such as the Historial de la Grande Guerre de Péronne, a museum of the history of mentalities, offer a good overview of religious practices in the face of mass death. The French Catholic soldiers of 1914-1918 certainly left written testimonies on their preparation for death. But many preserved small objects of piety bring a tangible human and spiritual dimension, necessary to understand the religious mobilization of millions of men. These marks of renewed belief are as much part of the spiritual impetus as the religious comfort expected during the 52 months of this war, combining God and Homeland, civilization and religion.
- L'enlèvement d'objets religieux dans les ruines du champ de bataille par des combattants de 1914-1918 : entre mémoire et religiosité - Bertrand Lecomte p. 43-54 Des objets religieux trouvés par des soldats dans les ruines du front de l'ouest sont conservés par des musées, des paroisses et des familles. Ils témoignent d'une pratique qui était motivée à la fois par la recherche d'un souvenir de guerre et par la spiritualité du front. En effet, des combattants ont récupéré des crucifix et des statues de la Vierge pour orner des oratoires de tranchée ou des sépultures. D'autres ont emporté l'objet sacré qu'ils avaient découvert à côté d'eux au moment même où ils échappaient de justesse à la mort. Croyant à une protection miraculeuse, plusieurs avaient alors promis de le restituer après la guerre. Depuis, ces artefacts ont une place à part dans les mémoires, à l'instar de la statue du Christ des Tranchées, transférée de Neuve-Chapelle au Portugal.Religious objects found by soldiers in the ruins of the western front are preserved by museums, parishes and families. They testify to a practice that was motivated both by the search for a war memory and by the spirituality of the front. Indeed, fighters recovered crucifixes and statues of the Virgin to adorn trench oratories or graves. Others carried away the sacred object they had discovered beside them at the very moment when they were narrowly escaping death. Believing in miraculous protection, many had promised to return it after the war. Since then, these artefacts have a special place in the memories, like the statue of Christ of the Trenches, transferred from Neuve-Chapelle to Portugal.
- La place du fait religieux dans les premières commémorations de l'après-grande guerre dans le département du nord - Clément Millon p. 55-63 Le 11 novembre 1920, le préfet du département du Nord transmet aux maires les instructions ministérielles relatives à l'organisation de la première commémoration de l'armistice de 1918. À la même date, la célébration du cinquantenaire de la proclamation de la République française, le 4 septembre 1870, est requise. Ce choix relègue la célébration religieuse du 2 novembre, le jour des morts, dans la sphère privée. Cependant, dans un tiers des communes du Nord, cette journée est marquée par une dimension religieuse, avec des bénédictions, des messes ou la présence du clergé. Cela est une illustration de la persistance d'une forme d'union sacrée.On November 11, 1920, the prefect of the “département du Nord” transmitted to the mayors the ministerial instructions about the organization of the first commemoration of the armistice of 1918. On the same date, the celebration of the 50th anniversary of the proclamation of the French Republic, on September 4, 1870, was required. This choice relegated the religious celebration of November 2, the day of the dead, to the private sphere. However, in a third of the northern communes, this day was marked by a religious dimension, with blessings, masses or the presence of the clergy. This was an illustration of the persistence of a form of sacred union.
- Introduction - Serge Barcellini, Xavier Boniface p. 3-7
Varia
- « Pour Dieu, le tsar et la patrie » : l'église orthodoxe russe durant la première guerre mondiale - Serge Model p. 65-83 À l'instar des autres Églises et communautés confessionnelles des Puissances engagées dans la Première Guerre mondiale, l'Église orthodoxe russe a pris fait et cause pour la politique des tsars durant le conflit. La présente étude analyse la participation, tant matérielle qu'idéologique, de ce pilier du régime à l'effort de guerre, depuis la mobilisation d'août 1914 jusqu'à la révolution de 1917. L'implication ecclésiastique à tous les niveaux, l'action de l'aumônerie aux armées, les tentatives de convertir les gréco-catholiques, le rêve de récupérer l'ancienne capitale religieuse de l'orthodoxie (Constantinople) en constitueront les principaux marqueurs. Les défaites militaires amèneront cependant un rejet non seulement de la monarchie mais de la foi – ce qui devrait faire réfléchir cette Église face à l'invasion de l'Ukraine en 2022.Like other churches and religious organizations of the Powers involved in World War I, the Russian Orthodox Church advocated the policies of the tsars during the conflict. This study analyzes the material and ideological involvement of this pillar of the regime in the war effort from mobilization in August 1914 to the revolution of 1917. The ecclesiastical commitment at all levels, the activity of military chaplaincy, the attempts to convert the Greek Catholic population, the dream of regaining the former religious capital of Orthodoxy (Constantinople) will be the main landmarks. However, military defeats will lead not only to a rejection of the monarchy, but also of the faith – which should lead this Church to reflect on the invasion of Ukraine in 2022.
- Les « crypto-dissidents » de la colonie française de Barcelone (novembre 1942-mars 1943) - Guillaume Horn p. 85-103 L'invasion de la zone sud de la France par les nazis le 11 novembre 1942 change radicalement l'attitude de la colonie française de Barcelone envers le régime de Vichy. Auparavant fidèle à Philippe Pétain, cette communauté décide, après des hésitations, de rallier la dissidence à partir de la fin décembre 1942 et aide tous les Français candidats au départ pour Alger. Cependant, ce ralliement à la dissidence est dissimulé au régime de Vichy. C'est la « crypto-dissidence ». Cette stratégie permet à des milliers de réfugiés d'être secourus et pris en charge par la colonie elle-même. Cependant, l'affaire du sous-marin Iris prend une tournure diplomatique en février 1943 et oblige les crypto-dissidents à se révéler publiquement, et à mettre fin à leur plan en mars 1943.The invasion of the southern zone of France by the Nazis on November 11, 1942, radically changed the attitude of the French colony in Barcelona towards the Vichy regime. Previously loyal to Philippe Pétain, this community decided, after some hesitation, to join the dissidence from the end of December 1942 and assisted all French candidates for departure to Algiers. However, this allegiance to the dissidence was concealed from the Vichy regime. This is known as "crypto-dissidence." This strategy allowed thousands of refugees to be rescued and taken care of by the colony itself. However, the affair of the submarine Iris took a diplomatic turn in February 1943, forcing the crypto-dissidents to publicly reveal themselves and to end their plan in March 1943.
- De collaborateur français à espion allemand. Les brigades bleues de l'école d'espionnage franciste d'hubacker - Antoine Limare p. 105-124 La libération progressive de la France en 1944 conduit les collaborateurs les plus acharnés à suivre le repli de la Wehrmacht jusqu'en Allemagne. Arrivés outre-Rhin, ces militants fomentent des projets plus ou moins fantaisistes pour prolonger leur engagement aux côtés des nazis. Si un nombre important de collaborateurs rejoignent des unités armées, comme la Waffen SS, un petit nombre intègre des « écoles spéciales » dirigées par les Allemands, dont le but est de former des espions pour les renvoyer en France. À côté des structures du PPF et de la Milice, les Francistes de Marcel Bucard disposent de leur propre école de formation : Hubacker. Entre fin 1944 et début 1945, des dizaines de militants y reçoivent une instruction sommaire avant d'être parachutés en France. L'analyse de leur parcours avant comme durant leur mission d'infiltration éclaire un engagement méconnu et jusqu'au boutiste de la collaboration.The gradual liberation of France in 1944 led the most determined collaborators to follow the withdrawal of the Wehrmacht to Germany. Once they arrived in Germany, these activists fomented more or less fanciful projects to prolong their commitment alongside the Nazis. While a significant number of collaborators joined armed units, such as the Waffen SS, a smaller number joined “special schools” run by the Germans, the aim of which was to train spies to send them back to France. Alongside the structures of the PPF and the Milice, the Francistes of Marcel Bucard have their own training school: Hubacker. Between the end of 1944 and the beginning of 1945, dozens of militants received summary instruction there before being parachuted into France. The analysis of their journey before and during their infiltration mission sheds light on a little-known and die-hard commitment to collaboration.
- « Pour Dieu, le tsar et la patrie » : l'église orthodoxe russe durant la première guerre mondiale - Serge Model p. 65-83
Témoignage
- Les filles de la MOI dans la résistance à Grenoble et en Isère - Claude Collin p. 125-140
- Les filles de la MOI dans la résistance à Grenoble et en Isère - Claude Collin p. 125-140
- Sources et documents utilisés - p. 141-142
Comptes rendus
- Romain Fathi et Emily Robertson (dir.), Proximity and Distance. Space, Time and World War I, Melbourne, Melbourne University Press, « History », 2020, 236 p. - Bonin Hubert p. 143-144
- Marcel Boldorf & Hervé Joly (dir.), Une victoire impossible ? L'économie allemande pendant la Première Guerre mondiale, Villeneuve-d'Ascq, Presses universitaires du Septentrion, « Histoire & civilisations. Temps, espace, société », 2021, 240 p. - Bonin Hubert p. 145-146
- Julie d'Andurain, Les Troupes coloniales, une histoire politique et militaire, Paris, Passés composés, 2024, 395 p. - Michel Bodin p. 147-149
- Alya AGLAN, Le Rire ou la vie. Anthologie de l'humour résistant 1940-1945, Paris, Gallimard, éd. Folio, 2023, 296 p. - Chantal Metzger p. 149-150
- Benoît Rondeau, Être soldat de Hitler, Paris, Perrin, 2023, 671 p. - Ji Ma p. 150-152
- Max Schiavon, 1940 les raisons d'un échec, Aix-en-Provence, Caraktère presse & éditions, 2023, 160 p. - Siméon Hausser p. 152-154
- Stéphane Weiss, Élie Rouby compagnon de la Libération. 1940-1945 : opérations clandestines du Limousin à l'île d'Oléron, La Crèche, La Geste, 2023, 404 p. - Bonin Hubert p. 154-155
- Pierre Journoud, Dien Bien Phu, la fin d'un monde, Vendémiaire, Paris, 2019, 475 p. - Michel Bodin p. 156-158
- Olivier Forcade (dir.), La France et l'OTAN depuis 1989, Paris, Sorbonne Université Presses, 2023. 285 p. - Samir Saul p. 158-161
- Marie Bénédicte Vincent, La Dénazification des fonctionnaires en Allemagne de l'Ouest. Épuration et réintégration 1945-1974, Paris, CNRS éditions, 2022, 380 p. - Chantal Metzger p. 161-163
- Romain Fathi et Emily Robertson (dir.), Proximity and Distance. Space, Time and World War I, Melbourne, Melbourne University Press, « History », 2020, 236 p. - Bonin Hubert p. 143-144
- Pages de fin - p. 165-171