Contenu du sommaire : We will rock you

Au fil de l'histoire, des cinéastes reconnus en tant qu' « auteurs » utilisent les codes visuels et sonores du rock dans leurs récits filmiques. Ce style musical est ainsi au centre d'une culture cinématographique de niche. Cet article s'intéresse à la question suivante : de quelle manière le cinéma d'auteur s'approprie l'univers du rock dit « alternatif » en construisant des récits à la fois esthétiques, politiques et sociaux très appréciés d'une communauté de fans de cinéma et de musique. On analyse ici les intersections entre rock et cinéma d'auteur, en se penchant sur les collaborations artistiques entre cinéastes et musiciens. Notre discussion s'appuie sur les débats autour de la cinéphilie (De Baecque 2003), du rock et de la performance filmique (Palmer 2020), et des sous-cultures (Hebdige 1979).

À partir de la fin des années 1950, le mouvement communiste français s'engage dans un processus d'« aggiornamento », qui l'amène notamment à changer les contours de son dispositif culturel, afin qu'il soit plus en phase avec certaines mutations de la société française, et particulièrement de la jeunesse. Cet article s'intéresse à un versant de cette transformation au sein de la Jeunesse communiste, précisément à l'évolution de son discours sur le rock, entre l'éclipse du jdanovisme et son adhésion ambivalente au paradigme de la démocratie culturelle.

En France, la télévision est longtemps régie par un monopole d'État qui fait d'elle « la voix de la France », a fortiori au temps de l'ORTF gaullien. Dans ce contexte, le rock, invention américaine colorée ensuite d'un fort accent britannique, fait figure d'étranger sur les antennes françaises. Une première émission lui est dédiée en 1967 ; plusieurs se succèdent jusqu'aux Enfants du rock qui perdurent jusqu'en 1988. Pendant ces deux décennies, la télévision et le rock ont appris à s'apprivoiser, provoquant d'abord des scandales, puis amorçant une forme de synergie à l'ère du vidéoclip.

Bernard Lenoir est une des figures historiques de la radio française, particulièrement de France Inter, station sur laquelle il a façonné pendant plus de trente ans ce qu'il appelle « les musiques pas comme les autres ». Ce long travail mené avec l'équipe des Inrockuptibles est examiné sous de multiples angles de façon à caractériser ces musiques ainsi que leurs modalités de diffusion auprès d'un public fidèle et fortement marqué par leur découverte. Fédérée sous la bannière Inrockuptible(s), l'écriture de l'histoire de ce moment radiophonique dédié aux musiques rock est encore aujourd'hui largement tributaire des collectes d'archives par leurs fans, compléments précieux aux dépôts institutionnels.

Cet article explore la période phare du rock des années 1980-1990 et l'explosion simultanée du beat africain en France. En se basant sur les archives de l'Ina, les entretiens avec des passeurs culturels et les archives de presse, il analyse la médiatisation de la sono mondiale sur la scène musicale française. Il décrit la formation d'un écosystème médiatique parallèle, échappant aux majors. L'article révèle le jeu complexe d'attraction-répulsion entre la sono mondiale et les médias grand public, tout en examinant sa légitimation progressive dans un contexte socioculturel marqué par des préjugés ethno-raciaux.

Le magazine Les Inrockuptibles apparaît comme une référence de la presse rock en France. Cet article s'intéresse toutefois moins aux relations qu'a entretenues le titre avec ce genre musical qu'à celles qu'il a nouées avec le monde intellectuel et politique durant la décennie 1995-2005. À partir d'une analyse des paroles d'acteurs et de contenus, puis de l'étude d'un corpus de presse, il vise à retracer la trajectoire éditoriale du titre sur la période en se focalisant sur les conditions de production et de conversion d'une autorité discursive qui s'impose dans le monde du rock, puis dans celui de la critique culturelle, avant de s'affirmer dans l'espace public.

Parmi les groupes de musique métal qui s'inspirent de l'histoire médiévale scandinave, Amon Amarth est celui qui bénéficie de la plus importante médiatisation en France à travers la presse musicale spécialisée. À partir d'entretiens réalisés avec des journalistes et de l'analyse du contenu des médias, cet article propose une histoire de la médiatisation du groupe en montrant la manière dont les journalistes se saisissent (ou non) de l'imaginaire viking pour élaborer sa représentation médiatique.

Seul média de masse du metal en France, la presse magazine joue un rôle primordial dans la définition du metal gothique, en particulier par la position dominante qu'y occupent les annonceurs. En plein apogée dans les années 1990, le metal gothique est un sous-genre de metal dont les vocalistes sont majoritairement des femmes. Cet article analyse la façon dont la rédaction et ses annonceurs définissent et consolident le metal gothique sur des valeurs a priori contradictoires : le metal et le féminin.

À partir d'une analyse de corpus massifs de presse, cet article détaille le processus méthodologique alliant méthodes en humanités numériques et analyses qualitatives pour retracer la carrière d'une journaliste belge, Alice Bron. La recherche mène à dé-assigner Alice Bron de son seul rôle de femme, d'épouse, de bourgeoise. L'étude montre ainsi la densité de la carrière d'Alice Bron dans et hors des journaux au travers de l'analyse de sa médiatisation contrastée, des modes de dénomination dont elle a été l'objet et des formes d'assignation professionnelle genrée visibles dans la presse de l'époque. In fine, elle interroge les différentes mises en visibilité de ses identités publiques, professionnelles et personnelles et explore les rapports entre militantisme, féminisme et journalisme.

Cet article analyse le traitement médiatique du suicide de la jeune polonaise de 13 ans Sonia Rozensweig. D'une indignation populaire à une émotion collective orchestrée par la grande presse, d'une indignation morale à une indignation idéologique, ce fait divers illustre les stratégies médiatiques et militantes pour mettre sur la place publique la question de l'enfance maltraitée, de la xénophobie et de l'antisémitisme. Il dessine les émotions collectives du moment dans un contexte d'exacerbation des tensions idéologiques, et se prête donc à une analyse circonstanciée sous le triple regard de l'histoire politique, culturelle et sociale.

L'hantologie musicale s'interroge sur le fonctionnement de la mémoire et la place de la captation sonore dans ce processus. L'adossement à une référence culturelle « savante » (Derrida) pour un courant musical expérimental populaire est à souligner. Il permet de réunir des musiciens venus d'horizons différents reliés entre eux non pas par des esthétiques sonores communes mais bien par un questionnement philosophique fondateur. L'anthologie musicale exemplifie ainsi l'effritement des frontières entre genres esthétiques mais aussi entre sphères culturelles différentes (savant/populaire). Elle célèbre de manière originale, dans un dernier soubresaut nostalgique, la fin de la « parenthèse indicielle » des médias analogiques.