Contenu du sommaire : Sociologie des petites gens

Les personnes les plus pauvres sont souvent considérées de peu d'intérêt. Elles suscitent tantôt du mépris, tantôt de la compassion. Pourtant, les valeurs démocratiques conduisent à mettre en avant les thèmes de la participation et du développement du pouvoir d'agir. Il s'agit de passer de la condescendance à la reconnaissance des ressources de ces personnes souvent marginalisées, de dépasser donc l'opposition entre « petitesse » et « grandeur ». Mais les « petites gens » ne forment pas un ensemble homogène et les formes du pouvoir d'agir doivent être différenciées.

Le texte aborde la sociologie de petites gens en se focalisant sur trois figures dans le contexte marocain : le chaouch, la bonne et le porteur. Si les activités qu'elles effectuent participent de la consolidation du lien social, il n'en demeure pas moins qu'elles sont dépréciées socialement et souffrent d'un regard stigmatisant de la part de leur semblable. L'article développe dans un second temps ce que la théorie sociologique propose quant à l'étude de ces petites gens.

Cet article présente les résultats d'une recherche-action qui a associé pendant six mois, sur des temps collectifs et individuels, seize professionnels du CHRS du Nord de la France et huit jeunes hébergés dans cet établissement. Le présent article permet ainsi de rendre visible les initiatives déjà développées par le Home des Flandres pour soutenir l'accompagnement des jeunes vers le logement et prévenir les ruptures de parcours. Nos résultats pointent les atouts et les limites des pratiques et dispositifs existants tels qu'ils ont pu être exprimés par les participants mais aussi les questionnements qui émergent de part et d'autre, dans la rencontre avec l'Autre, que cet autre soit jeune hébergé, travailleur social, agent administratif ou personnel technique. À l'heure du « logement d'abord » et de la diffusion progressive des principes de ce qui semble faire figure de nouveau paradigme pour l'action, il nous semble que ce travail engagé avec cette équipe a permis de mettre en discussion plusieurs enjeux centraux de ces nouvelles orientations et mériterait d'être généralisé dans d'autres établissements en France.

L'article analyse les défis auxquels sont confrontées les personnes Sans Domicile Fixe (SDF) en France, particulièrement en ce qui concerne l'accès aux hébergements sociaux. Il souligne la compétition entre migrants et locaux pour les places limitées dans ces hébergements, exacerbée par un système de sélection fondé sur des critères de mérite et de mobilisation personnelle. Ce processus favorise certains individus au détriment des moins « compétitifs », reflétant une application de l'idéologie néolibérale dans les politiques sociales. Les auteurs critiquent la gestion actuelle des aides d'urgence qui, plutôt que de réduire l'exclusion, renforce la compétition entre les SDF et la précarité d'une partie d'entre eux, appelant à une révision des politiques pour un soutien plus juste et universel.

Comment s'exprime la beauté pour les « petites gens » ? Si on peut attester de la permanence de la beauté pour toute personne, l'attention qu'on lui porte diminue au fur et à mesure que la vulnérabilité et la désocialisation s'intensifient. Dans ces contextes, la socio-esthétique va intervenir pour prendre soin, soulager et embellir le corps vulnérable en situation de fragilité, de précarité et d'exclusion. Paradoxalement, dans des conditions de survie, la beauté peut devenir une ressource centrale de reconstruction identitaire.

L'article traite du phénomène du sans-abrisme en explorant les causes complexes et entremêlées qui conduisent et maintiennent les individus dans cette situation. À partir d'une enquête de terrain, il s'intéresse aux explications données par les professionnels de l'urgence médicale et sociale pour expliquer le maintien à la rue des patients ou des usagers qu'ils rencontrent. Au-delà du manque de places d'hébergement, la recherche met en lumière l'importance des facteurs individuels (comme les problèmes de santé ou les ruptures de parcours) et l'influence des facteurs structurels (tels que la disqualification sociale, la stigmatisation et l'inaccessibilité aux services d'hébergement et de soin). L'article appelle à une approche holistique et personnalisée pour lutter efficacement contre le sans-abrisme, en prenant en compte les besoins diversifiés des individus et en soutenant des politiques publiques inclusives.

Cet article traite des conditions de vie des personnes âgées immigrées (PAI) originaires du Maghreb et d'Afrique subsaharienne vivant en France. À partir d'une recherche menée dans le cadre d'une thèse de doctorat dans le contexte de la pandémie de Covid-19, nous avons tenté de repérer de manière non exhaustive les difficultés vécues par les PAI, lesquelles se manifestent par une accumulation de facteurs défavorables, consubstantiels des conditions de vie. Si la période pandémique Covid-19 a été un terrain propice, les difficultés vécues par les PAI s'inscrivent dans un ensemble imbriqué de la condition sociale d'immigré.

Cet article s'interroge d'une part sur les motifs qui ont poussé des personnes de nationalité ivoirienne à quitter leur pays, d'autre part sur les conditions complexes de leur retour en Côte d'Ivoire et les soutiens possibles à leur réinsertion après avoir vécu une migration internationale. De nombreuses raisons rendent le cas de la Côte d'Ivoire, et plus particulièrement de ces migrants, pertinent. La Côte d'Ivoire est à la fois un pays d'immigration, d'émigration, de migration de retour et de circulation très important. La simultanéité et la diversité de ces mobilités migratoires tiennent, d'une part, au fait que dans le contexte africain, la Côte d'Ivoire est un pays relativement riche et offre des opportunités économiques, de refuge et de travail aux populations des pays voisins (Koné, 2020). En revanche, la croissance économique de ces dernières années n'a pas suffisamment amélioré le sort de la majorité de la population résidente (Adayé, 2020), dont une partie cherche des alternatives pour répondre à ses attentes en émigrant vers d'autres pays.

Le genre et la pauvreté sont des phénomènes complexes et interdépendants, cruciaux dans les processus migratoires. En raison des relations de pouvoir, la pauvreté affecte les hommes et les femmes de différentes manières. Les recherches révèlent que l'inégalité entre les sexes (renforcée par les lois discriminatoires et les rôles de genre) dans le pays d'origine peut être un facteur décisif conduisant à la migration des femmes lorsque leurs attentes économiques, politiques et sociales ne peuvent pas être satisfaites. Cet article s'appuie sur des recherches sur l'intégration sur le marché du travail des femmes immigrées de pays tiers à Helsinki, en Finlande, pour mettre en lumière les questions de genre, de pauvreté et de migration. Les résultats montrent comment le changement des rôles de genre des pays d'origine vers les pays d'accueil a un impact et influence la vie économique des femmes, réduisant ainsi la pauvreté et les inégalités qu'elles ont connues. Les récits révèlent que, dans le processus de migration et d'intégration, les ressources économiques, l'autonomie et le statut des femmes dans le pays de destination ont augmenté, conduisant à une réduction de la pauvreté et des inégalités entre les sexes. Cependant, ces résultats conduisent à d'autres recommandations de recherche pour mieux comprendre l'interdépendance entre le genre, la pauvreté et la migration.

« Petites gens », « gens modestes », « gens simples », etc., les appellations sont devenues nombreuses aujourd'hui pour décrire et qualifier des individus que naguère, et pendant longtemps (au moins durant les « Trente Glorieuses »), on n'hésitait pas à ranger et à classer dans la catégorie sociale de « classe ouvrière » ou de « classes populaires ». Ce changement de mots, et plus exactement cette euphémisation langagière pour décrire une certaine réalité sociale, ne s'est pas effectué dans le seul ciel éthéré des idées mais a bien reposé sur un substrat social.

Les personnes détenues constituent un public particulièrement fragilisé par un grand nombre d'impacts négatifs liés à l'incarcération. Leur trajectoire, souvent complexe et accidentée, se poursuit entre les murs de l'institution pénitentiaire et passe par une intensification de leur précarité sociale, culturelle, économique. Dans ce contexte clos et répressif, certains tentent de restructurer leur trajectoire en saisissant certaines opportunités pouvant rompre, au moins momentanément, avec le caractère déshumanisant du contexte carcéral.

Cette contribution a pour objectif de saisir la vision sociale des « gens de peu ». Qui sont ces « gens de peu » ? Comment les catégoriser et à partir de quel(s) critère(s) ? Ces questions amènent à s'interroger sur les rapports produits entre individus et société. Si les « gens de peu » sont régulièrement catégorisés d'un point de vue quantitatif par la possession de ressources économiques et matérielles, qu'en est-il de l'aspect qualitatif mesuré par les expériences de vie, ou des qualités artistiques, des capacités ou compétences particulières ?

Cet article a mis en évidence le rôle catalyseur de l'action sociale de la mission anglicane au développement social de Ramainandro, une région enclavée, dominée par « l'animisme » et l'insécurité à l'ouest de l'Ankaratra (Madagascar) depuis la fin du XIXe siècle. Éducation et enseignement, œuvre médicale et construction des différentes infrastructures ont marqué l'empreinte des missionnaires anglicans. Ces types d'action sociale ont fait distinguer la région et la population depuis cette époque jusqu'à maintenant.

Cet article traite de la discipline dans les écoles tchadiennes. Tiré de sa thèse de sociologie soutenue en 2023, le texte s'intéresse aux punitions appliquées dans les écoles coloniales au Tchad et qui sont encore d'actualité dans le système éducatif tchadien particulièrement dans le cycle primaire

Cet article analyse l'impact du Covid-19 et du confinement sur le fonctionnement de quatorze associations à Metz. Cette recherche de Master 2 en sociologie constitue une étude exploratrice des premiers impacts de la crise sanitaire sur le monde associatif plus précisément les associations messines. Face à des mesures inédites, ces associations ont dû expérimenter de nouvelles pratiques professionnelles, démontrant ainsi leur résilience en réinventant leur métier pour maintenir leurs activités. La pandémie a accentué les besoins des populations vulnérables, incitant ces organisations à s'adapter rapidement pour répondre efficacement à ces nouvelles sollicitations.

Les liens entre inégalités et les migrations sont complexes et les facteurs structurels et systémiques qui ont un impact sur la vie des personnes migrantes sont insuffisamment documentés. Ce sont en effet ces quelques impensées des politiques publiques migratoires que tente de décrire cet article qui analyse les paradoxes et les limites des politiques migratoires en rapport avec ces nouvelles donnes de la mondialité. De ce point de vue, la Suisse, le Canada et le Québec ressortent comme deux lieux emblématiques où se développent des parcours, des carrières de personnes labellisées « migrants qualifiés », qui du reste paradoxalement font l'expérience de la concrétude du monde, de sa rugosité, notamment en termes d'expérience du passage des frontières, au triple sens du mot, c'est-à-dire temporel, spatial et social. Keywords: migration policy, migrant, racialized minority, transnationalism, systemic discrimination, integration