Contenu du sommaire : Médias : à droite toute ?

Revue Politiques de communication Mir@bel
Numéro no 22, printemps 2024
Titre du numéro Médias : à droite toute ?
Texte intégral en ligne Accès réservé
  • Pages de début accès libre
  • Introduction du dossier : Médias : à droite toute ? - Nicolas Kaciaf, Enrique Klaus p. 5-53 accès libre
  • Le Rassemblement National 2.0 : Entre professionnalisation de la communication numérique et recherche d'attention journalistique - Safia Dahani p. 55-89 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    Cet article montre comment la communication numérique se professionnalise au Rassemblement National au rythme de l'institutionnalisation de l'organisation. Dans une perspective relationnelle, il invite d'abord à contextualiser les usages frontistes du web dans un espace des possibles médiatiques qui s'ouvre de plus en plus à la visibilité des porte-parole de l'organisation et rend paradoxale la thèse du contournement des barrières à l'entrée journalistique par le numérique pour l'extrême droite. Il rend compte ensuite de la spécialisation des services de communication, de l'importance croissante prise par les plateformes en ligne dans la division du travail de campagne et de l'ouverture d'espaces de formation dédiés afin d'attester un processus contemporain de professionnalisation de la politique 2.0 du RN. Il repose sur des données qualitatives de première main (entretiens semi-directifs avec des cadres, militants, journalistes de rédactions presse, observations de formations et de grandes manifestations du parti) et de seconde main comme les archives des newsletters.
    This article shows how digital communication is becoming professionalized at the Rassemblement National as the organization becomes institutionalized. From a relational perspective, it first invites us to contextualize the Front's use of the web in a space of media possibilities that is increasingly open to the visibility of the organization's spokespersons, making it paradoxical that the far right is circumventing the barriers to journalistic entry through digital means. Secondly, it looks at the specialization of communications departments, the growing importance of online platforms in the division of campaign work and the opening of dedicated training spaces as evidence of a contemporary process of professionalization of the RN's 2.0 politics. It is based on first-hand qualitative data (semi-directive interviews with executives, activists, journalists from press departments, observations of training courses and major party events) and second-hand data such as newsletter archives.
  • Faire carrière dans les médias de « réinformation » : Les dynamiques d'engagement dans les mobilisations informationnelles d'extrême droite en France (2007-2022) - Gaël Stephan p. 91-122 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    Depuis la fin des années 2000 se déploient des mobilisations informationnelles issues de l'extrême droite qui se réclament d'un principe commun : la « réinformation ». Le présent article s'intéresse aux acteurs qui contribuent à ces médias militants ainsi qu'à la manière dont se structure ce militantisme extra-partisan. À cette fin, nous mobilisons la notion de carrière, issue de la sociologie interactionniste et depuis travaillée par la science politique française. L'analyse permet d'identifier certaines des logiques contribuant à l'entrée en « réinformation », ainsi que les conditions du maintien dans cette forme d'activisme.
    In France, a set of far-right activists develop informational practices while maintaining a strong ideological identity, under the title of “réinformation”. This study focuses on the actors that participate to those media and sheds light on their careers: the way they enter media-activism as well as the factors contributing to the maintaining of this activity over time.
  • Au nom du pluralisme : Polarisation et droitisation de la campagne présidentielle de 2022 dans les médias audiovisuels - Pierre Lefébure, Emilie Roche, Claire Sécail p. 123-160 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    La présomption d'une « droitisation » des médias – c'est-à-dire non pas le simple accompagnement des discours politiques conservateurs critiquant une modernité supposément déstructurante de la société, mais bien la production nativement médiatique de tels discours – se pose de manière accrue depuis quelques années. Si l'audiovisuel semblait échapper pour des raisons légales à cette tendance, on observe désormais un phénomène de réorganisation capitalistique capable de peser sur les lignes éditoriales des rédactions radios et télévision. À partir d'une étude de contenus, cet article vise à éclairer le contexte informationnel de l'élection présidentielle française de 2022 en comparant des contenus variés dans leur genre, leur format et leur public : un journal télévisé du soir (le « 19/45 » de M6), une chronique dans une matinale radio (« En toute subjectivité » sur France Inter) et un talk-show hybride entre information et divertissement (« Touche pas à mon poste » sur C8). Nous faisons l'hypothèse que, si « droitisation » du système médiatique il y a, cela suppose d'être observé à l'échelle de programmes significativement pesant en termes d'audience et n'étant pas initialement conçus pour promouvoir spécifiquement une conception conservatrice ou réactionnaire. Nos résultats confirment qu'une polarisation et une droitisation des médias peuvent et doivent s'observer dans l'audiovisuel à l'échelle des programmes, apparaissant selon des modalités contrastées d'un programme à l'autre. Cela ouvre des questionnements sur l'adéquation du fonctionnement de la régulation par rapport à ses objectifs.
    The presumption that media are becoming “right-wing” – that is, that they are not simply conveying conservative political discourse critical of a modernity that is supposedly destroying society, but are actually producing such discourse on their own – has been raised more and more in recent years. While the broadcasting industry seemed to be immune to this trend for legal reasons in France, we are now witnessing a phenomenon of capital reorganisation capable of influencing the political stance of radio and television outlets. Based on a content study, this article aims to shed light on the news coverage of the 2022 French presidential election by comparing discourses that varies in genre, format and audience: an evening news program (The “19/45” on M6 channel), a column section of a radio morning show (“En toute subjectivité” on France Inter station) and an infotainment talk show (“Touche pas à mon poste on” C8 channel). We hypothesize that, if there is any “right shift” within the media system, it should be observed at the level of programs which have a significant impact in terms of audience and which are not initially designed specifically to promote the conservatives or reactionaries' viewpoints. Our results confirm that polarisation and right-wing tendencies in the media can and should be observed in broadcasting at program level, with contrasting patterns appearing from one program to another. This raises questions about the attitudes of media professionals towards democracy and to what extent broadcast media regulation actually meets its objectives.
  • Varia

    • Manifestations d'algorithme : Le répertoire d'action en ligne du mouvement anti-genre en Amérique latine - Daniela González p. 163-198 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      L'usage croissant des réseaux sociaux numériques (RSN) dans l'action collective atteste de l'importance prise par ces plateformes dans les pratiques militantes. Loin d'être de simples outils de hiérarchisation des contenus (ranking), les RSN structurent les interactions entre utilisateurs. Cet article montre que certains mouvements sociaux mènent actuellement ce que l'on se propose d'appeler des « manifestations d'algorithme », c'est-à-dire des stratégies de groupes protestataires ayant pour objectif d'utiliser les caractéristiques connues ou imaginées des algorithmes des RSN, pour promouvoir leurs intérêts politiques et sociaux. L'enquête repose sur une étude du mouvement dit « anti-genre » en Amérique latine, un mouvement transnational de droite et d'extrême droite qui s'oppose au féminisme, aux avancées LGBT+ et au concept de genre comme « construit social ». L'analyse du volet algorithmique de leur répertoire d'action permet de rendre compte des investissements militants opérés sur « l'influence » réelle ou supposée des RSN dans le champ politique et l'espace des mouvements sociaux. Elle met en lumière les processus de réappropriation des RSN par des usagers sensibles à ces formes de propagande. Le principal résultat de l'enquête, conduite par entretiens semi-directifs et analyse de contenu auprès de 116 groupes « anti-genre » latino-américains dans onze pays différents, est l'étonnant consensus exprimé par les enquêtés au sujet de la prise en compte des algorithmes dans leurs pratiques militantes : cette dimension de leur activité est identifiée par tous les participants, indépendamment de leur niveau de professionnalisation dans les médias, de leur affiliation institutionnelle, de leur pays d'origine et de l'audience de leur page.
      The increasing use of digital social networks (DSNs) in collective action attests to the importance these platforms have gained in activist practices. Far from being mere tools for content ranking, DSNs structure interactions between users. This article demonstrates that certain social movements are currently engaging in what we propose to call “algorithmic manifestations” which are strategies of protest groups aimed at leveraging the known or imagined characteristics of DSN algorithms to promote their political and social interests. The investigation is based on a study of the so-called “anti-gender” movement in Latin America, a right-wing and far-right transnational movement that opposes feminism, LGBT+ advances, and the concept of gender as a “social construct”. The analysis of the algorithmic aspect of their repertoire of action allows us to account for the activist investments made regarding the real or perceived “influence” of DSNs in the political field and the space of social movements. It highlights the processes of reappropriation of DSNs by users sensitive to these forms of propaganda. The main result of the investigation, conducted through semi-structured interviews and content analysis with 116 Latin American “anti-gender” groups in eleven different countries, is the surprising consensus expressed by the participants regarding the consideration of algorithms in their activist practices: this dimension of their activity is identified by all participants, regardless of their level of professionalization in the media, institutional affiliation, country of origin, and audience of their page.
  • Pages de fin - p. 200 accès libre