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Revue Revue française d'économie Mir@bel
Numéro vol XXXVIII, no 4, avril 2024
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  • Cryptoactifs et monnaies numériques : Introduction - Yannick Lucotte, Christian Pfister p. 3-20 accès réservé
  • Surviving the Storm: Hazard Models and Signaling Shocks in Bitcoin Prices - Daniela Balutel, Marcel C. Voia p. 21-46 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    Cet article explore les facteurs influençant les fluctuations du prix du Bitcoin et identifie les indicateurs clés pour prédire les mouvements du marché. Les tendances positives des prix sont associées à une activité accrue du réseau, à des blocs de plus grande taille et à des retours sur investissement plus élevés, offrant des opportunités potentielles aux investisseurs. À l'inverse, l'augmentation des valeurs du nombre d'actions d'adresse, de la valeur du marché des capitaux, de l'émission de Coinbase et du retour sur investissement, suggère un risque plus élevé de chocs de prix négatifs et de tendances potentielles à la baisse du marché. L'étude met également en évidence des facteurs atténuants tels que la capitalisation du Bitcoin, l'offre actuelle et la vitesse actuelle, offrant des informations précieuses pour améliorer la stabilité du marché. En outre, les résultats suggèrent qu'à mesure que l'ampleur absolue des chocs de prix augmente, la fréquence des chocs de prix négatifs dépasse celle des chocs positifs. Simultanément, on observe une diminution significative de la prévisibilité des chocs négatifs par rapport à la prévisibilité des chocs de prix positifs.
    This paper explores factors influencing Bitcoin price fluctuations and identifies key indicators for predicting market movements. Positive price trends are associated with increased network activity, larger block sizes, and higher returns on investment, providing potential opportunities for investors. Conversely, increased values in Address Action Count, Capital Market Value, Coinbase Issuance, and Return on Investment suggest a higher risk of negative price shocks and potential downward market trends. The study also highlights mitigating factors like Bitcoin capitalization, current supply, and current velocity, offering valuable insights for enhancing market stability. Furthermore, the findings suggest that as the absolute magnitude of price shocks increases, the occurrence of negative price shocks surpasses that of positive ones. Simultaneously, there is a significant decrease in the predictability of negative shocks relative to the predictability of positive price shocks.
  • Cryptoactifs et portefeuille optimal - Sébastien Galanti p. 47-63 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    Cet article applique la théorie financière standard au choix d'intégrer ou non les cryptoactifs au sein d'un portefeuille d'actifs financiers. On s'intéresse à la pondération optimale des actifs au sein d'un portefeuille composé de trois indices : actions, obligations et cryptoactifs. Le mérite de la théorie standard est de montrer que des actifs dominés en termes de rapport risque/rentabilité peuvent tout de même intégrer un portefeuille optimal en raison de leur faible covariance avec les autres titres. On trouve que les portefeuilles efficients, sur la période 2015-2023, devraient intégrer davantage de cryptoactifs qu'ils ne le font en réalité. Par exemple, un portefeuille efficient procurant 12,7 % de rentabilité devrait contenir 22,5 % d'actions, 60,9 % d'obligations, et 16,9 % de cryptos. Par comparaison, les encours actuellement détenus correspondraient à un portefeuille de 47,6 % d'actions, 51,7 % d'obligations, et 0,6 % de cryptos. À risque égal à ce dernier, un portefeuille composé de 85 % d'actifs sans risque (Livret A), 12 % de cryptoactifs et 3% d'actions procurerait une rentabilité trois fois supérieure. La théorie échoue donc à rendre compte de la réalité. Une limite de cet exercice est que la réglementation pesant sur les actions et les obligations est très différente et bien plus sécurisante pour l'investisseur. En conséquence, nous exposons les raisons pour lesquelles de tels résultats théoriques devraient, peut-être paradoxalement, motiver une réglementation stricte des cryptoactifs.
    This article applies standard financial theory to the choice of whether or not to integrate cryptoassets into a portfolio of financial assets. We are interested in the optimal asset selection within a portfolio composed of three indices: equities, bonds and cryptoassets. The merit of the standard theory is to show that assets dominated in terms of risk-return ratio can still integrate an optimal portfolio because of their low covariance with other securities. We find that efficient portfolios, over the period 2015-2023, should integrate more cryptoassets than they actually do. For example, an efficient portfolio with 12.7% profitability should contain 22.5% equities, 60.9% bonds, and 16.9% cryptos. By comparison, the assets actually held correspond to a portfolio of 47.6% equities, 51.7% bonds, and 0.6% cryptos. For an equivalent level of risk, a portfolio composed of 85% risk-free assets (Livret A), 12% cryptoassets and 3% of equity would yield a three times higher return. The theory therefore fails to account for reality. One limitation of this exercise is that the regulation of stocks and bonds is very different and much more secure for the investor. Consequently, we explain the reasons why such theoretical results should, perhaps paradoxically, motivate a strict regulation of cryptoassets.
  • Money's Adventures in Cryptoland - Christian Pfister p. 65-112 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    Dans quelle mesure l'accélération de la numérisation depuis la crise financière mondiale pourrait-elle altérer la nature de la monnaie ? Afin de répondre à cette question, les nouveaux actifs numériques de type monétaire (stablecoins, monnaie numérique de banque centrale et dépôts tokénisés) sont d'abord décrits. Puis ils sont comparés, afin de repérer s'ils sont davantage substituables, donc concurrents, ou complémentaires. Des projets reposant sur l'utilisation de ces actifs pour conférer de « nouvelles fonctions » à la monnaie sont également analysés. Enfin, les conséquences éventuelles de ces nouveaux actifs pour le système monétaire international sont discutées. Dans l'ensemble, il apparaît que la numérisation de la monnaie n'affecterait que les formes qu'elle prend, non sa nature, et que les nouveaux actifs monétaires devraient être complémentaires plus que substituables entre eux, au moins à court terme. En elle-même, la numérisation de la monnaie ne pourrait pas servir de base à un système monétaire crédible, alternatif à celui existant, que ce soit au plan intérieur ou international.
    To which extent could the digitalisation of money alter its nature? In order to answer that question, the new monetary assets (stablecoins, central bank digital currency and tokenised deposits) are first described. In a second step, they are compared in order to identify whether they are more substitutable, and therefore competing, or complementary. Projects based on the use of these assets in to order impart “new functions” to money are also analysed. Finally, the potential consequences of these new assets for the international monetary system are discussed. Overall, it appears that the digitalisation of money would affect only the forms of money, and not its nature. The new monetary assets would be more complementary than substitutable, at least in the short run. The digitalisation of money could not, in itself, support a credible monetary system that would replace the existing one, be it at the domestic or at the international level.
  • Quel support monétaire pour accompagner la « tokenisation » financière ? - Nicolas Barbaroux, Jean Barthélemy p. 113-148 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    La tokenisation financière invite à réfléchir à de nouveaux supports monétaires. Elle consiste en l'enregistrement et le transfert de droits et de valeurs au sein d'un dispositif numérique, distribué et décentralisé. Elle promet des gains d'efficience dans les échanges financiers et d'être un terreau fertile pour l'innovation financière. Cependant, pour donner tous ses fruits, cette innovation nécessite des supports monétaires compatibles : une « monnaie tokenisée ». Trois candidats sont souvent mentionnés : les stablecoins, les dépôts bancaires tokenisés et la monnaie numérique de banque centrale (MNBC) interbancaire. Cet article évalue ces candidats à l'aune de trois critères : le degré de fragmentation monétaire, le financement de l'économie et l'éthique de la monnaie. À la lumière de ces trois critères, cet article plaide pour une approche duale, fondée sur la coexistence d'au moins deux formes de support monétaire : des supports monétaires privés – par exemple les dépôts tokenisés – et un support monétaire public – la MNBC interbancaire.
    Financial tokenisation, broadly defined as the registration and transfer of rights and values within a digital, distributed and decentralized system, calls for new forms of money. Tokenization promises to improve the efficiency of financial exchanges and to provide fertile ground for financial innovation. However, for this innovation to reap its full benefits, it needs a compatible form of money: A “tokenized money”. Three candidates are often mentioned: stablecoins, tokenized bank deposits and interbank central bank digital currency (CBDC). This article assesses these candidates according to three criteria: the degree of monetary fragmentation, the financing of the economy and the ethics of money. Based on these criteria, this article argues in favor of a dual approach, founded on the coexistence of at least two forms of money: a private one - tokenized bank deposits, for instance - and a public one - interbank CBDC.
  • A Digital Euro: Monetary Policy Considerations - Katrin Assenmacher, Frank Smets p. 149-185 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    Cet article examine les conséquences possibles de l'émission d'une monnaie numérique de banque centrale sur la mise en œuvre, la transmission et l'orientation de la politique monétaire. La Banque centrale européenne (BCE) prépare l'introduction éventuelle d'un euro numérique, qui promouvrait les objectifs de politique publique, offrirait une solution de paiement de détail numérique accessible à tous et garantirait que le système monétaire suive le rythme des avancées numériques. Nous soutenons que dans des scénarios de mise en œuvre réalistes, avec des caractéristiques de conception appropriées, la demande d'un euro numérique n'aurait pas d'impact significatif sur l'orientation de la politique monétaire et sur sa transmission fluide. En outre, le risque qu'une MNBC de type cash nuise à la rentabilité du secteur bancaire semble limité. Globalement, nous concluons qu'avec des dispositions appropriées en place, la banque centrale serait en mesure de mener sa politique monétaire avec une MNBC, de la même manière qu'elle le fait actuellement.
    This article discusses the possible consequences for monetary policy implementation, transmission and the monetary policy stance of issuing a central bank digital currency. The European Central Bank (ECB) is preparing a possible introduction of a digital euro, which would promote public policy objectives, offer a digital retail payment solution available to everyone, and ensure that the monetary system keeps up with digital advances. We argue that for realistic take-up scenarios and with appropriate design features, demand for a digital euro would not have any significant impact on the monetary policy stance and its smooth transmission. Moreover, the risk that a cash-like CBDC undermines the profitability of the banking sector seems limited. Overall, we conclude that, with appropriate provisions in place, the central bank would be able to conduct monetary policy with a CBDC broadly in the same way as it does now.
  • Privacy and Retail Central Bank Digital Currency - Jonas Gross, John Kiff p. 187-200 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    Cet article examine les options dont disposent les banques centrales pour gérer les arbitrages entre la satisfaction des préférences légitimes des utilisateurs en matière de confidentialité et l'atténuation du risque d'intégrité financière, lorsqu'elles conçoivent une monnaie numérique de banque centrale de détail (MNBCD). Les particuliers pourraient ne pas utiliser une MNBCD qui n'offrirait pas le même niveau de confidentialité que les espèces, mais les autorités nationales sont fondées à craindre qu'une MNBCD autorisant des paiements anonymes ne facilite les transactions financières illicites. D'un point de vue technique, les systèmes de MNBCD peuvent servir de support à des transactions totalement transparentes, sous pseudonymes ou anonymes, ou à des approches hybrides qui permettent l'anonymat jusqu'à des limites de montant spécifiques. La plupart des banques centrales qui ont lancé ou testent une MNBCD ont adopté cette dernière approche. L'article compare un certain nombre de façons de la mettre en œuvre dans le cas des MNBCD qui ont été lancées ou qui sont en cours de test. Il traite aussi de quelques nouvelles approches qui n'ont pas encore été testées.
    This article discusses the options available to central banks for managing the trade-offs between satisfying legitimate user preferences for privacy and mitigating financial integrity risk, when they design a retail central bank digital currency (RCBDC). Citizens may shun RCBDCs that do not offer the same level of privacy as cash, but national authorities fear that RCBDC that allows for anonymous payments could facilitate illicit financial transactions. From a technical perspective, RCBDC systems can enable fully transparent, pseudonymous, or anonymous transactions, or hybrid approaches that allow anonymity up to specific monetary limits. Most central banks that have launched, or are piloting, RCBDC have adopted the latter approach. The article compares a number of different ways it is being implemented in RCBDCs that have been launched, or are being piloted, plus some novel approaches that have yet to be trialed.
  • Monnaie numérique de banque centrale : une fissure dans l'accord historique entre banques centrales et commerciales ? - Cyril Monnet, Mariana Rojas-Breu p. 201-235 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    Cet article discute des effets potentiels de l'émission d'une monnaie numérique de banque centrale (MNBC) de détail sur le secteur bancaire. Ces effets peuvent se matérialiser principalement via les dépôts bancaires, puisque la MNBC pourrait se substituer aux dépôts et impliquer la perte partielle de cette source de financement pour les banques. L'article part des estimations de la demande de MNBC et de ses effets sur la désintermédiation bancaire. L'impact de la MNBC sur la stabilité financière est également discuté. Sur la base de cette discussion, l'article développe le point de vue selon lequel la MNBC pourrait, selon la conception retenue, être globalement bénéfique pour l'économie et le bien-être social.
    This article addresses the potential effects of a retail central-bank digital currency (CBDC) on the banking sector. These effects may materialize mainly via bank deposits, since CBDC could become a substitute for deposits and imply the partial loss of this source of funding for banks. The article discusses the estimates of the demand for CBDC and its effects on banking disintermediation, as well as the impact of CBDC on financial stability. Overall, the article develops the view that CBDC could, depending on its design, be beneficial for the economy and for social welfare.