Contenu du sommaire : La localisation des activités économiques dans l'espaces mondial. Analyses et politiques. XLIème congrès de l'Association française de science économique

Les implications de l'espace pour la concurrence L'intégration du facteur spatial aux modèles économiques a (au moins) deux conséquences majeures. En premier lieu, l'hypothèse de concurrence pure et parfaite devient intenable. En second lieu, la distinction entre biens privés et biens publics tend à devenir floue. Nous discutons les arguments qui conduisent à ces conclusions. Nous examinons ensuite quelques contributions récentes proposant de nouveaux mécanismes incitatifs susceptibles de conduire à des choix de localisation et de prix qui soient socialement optimaux.

D'une géographie des coûts à une géographie de l'organisation. Quelques thèses sur l'évolution des rapports entreprises/territoires La logique spatiale des firmes est abordée, dans cet article, en menant l'accent sur les processus dynamiques d'organisation : les choix territoriaux sont considérés sous l'angle des mécanismes de création et pas seulement d'allocation des ressources ; ainsi que des arbitrages entre efficacité de court terme et efficacité de long terme. Le rôle décroissant du coût des input localisés et le rôle croissant de la « qualité d'organisation » dans la compétitivité sont soulignés et reliés à l'orientation des investissements vers les zones à coûts élevés. Des relations sont enfin esquissées entre les options territoriales et les grandes tendances d'organisation des firmes : nouveaux équilibres centralisation/décentralisation, recherche de flexibilité et de réversibilité des options.

Les enjeux du modèle niçois. L'approche localiste du développement en question Cet article interroge le « modèle niçois », soit la stratégie de développement régional adoptée sur la Méditerranée française. Ce modèle privilégie les hautes technologies et les activités de conception aux dépens des activités de production et indépendamment du marché. Sa réussite repose sur une dynamique nationale des migrations et sur une attractivité des territoires qui secondassent la question de la forme des espaces techniques. Cette réussite s'accompagne également de la production d'une société segmentée. Au-delà de la fragilité des résultats (liée à la réversibilité du processus), c'est la pertinence même d'une telle stratégie, dans un contexte de marché ouvert, qui est en cause : loin de préparer les régions à s'insérer productivement dans des relations d'échange européennes et mondiales, le modèle niçois prend sens exclusivement au niveau national, dans un déséquilibre Paris/Province renouvelé. À l'inverse, une stratégie de développement pertinente devrait construire de grandes régions articulant les activités de conception et de production au marché.

Systèmes de production et d'innovation, et dynamique des territoires Cet article tente de dépasser les contraintes analytiques rencontrées par deux des principaux courants de pensée moderne traitant de la dynamique territoriale. Les théories dynamiques non déterministes de la localisation, qui ne rendent pas totalement compte des phénomènes d'interdépendance entre les agents dans les processus de changement ; les descriptions empiriques des dynamiques d'agglomération locale de type « districts industriels » ou « milieux innovateurs », qui ne peu­vent déboucher sur une appréhension analytique générale des modes de développement localisés. L'enjeu de cet article est alors de proposer une problématique d'organisation industrielle centrée sur la capacité des agents à s'adapter au changement structurel en s'engageant dans des choix innovateurs qui reconfi­gurent en dynamique leur appréhension des processus de production et leur inscription territoriale. À cet effet, nous tentons de définir la notion de système localisé de production et d'innovation comme objet de l'analyse économique ren­dant compte de ce double caractère endogène de la technologie et du territoire.

Contemporary Theories of International Direct Investment Les théories de l'investissement direct international et de l'entreprise multinationale fondées sur l'approche de l'internalisation combinent les hypothèses jumelles de croissance par internalisation de marchés externes et de localisation au moindre coût des activités internes à l'entreprise. Cette approche est complé­mentaire et non contradictoire à la vision de Hymer des multinationales comme oligopoleuses exploitants des marchés concentrés. Elle rend compte des stratégies d'offre sur les exploitants des marchés concentrés. Elle rend compte des stratégies d'offre sur les marchés étrangers (le choix entre l'exportation, l'octroi d'une licence et l'investissement direct). L'article suggère des directions de recherche pour développer plus avant ces théories.

La localisation des investissements français dans trois zones de l'OCDE. Une analyse économétrique des balances des paiements depuis 1979 À partir des flux d'investissements étrangers directs entre la France et le Reste du Monde, observés en balance des paiements trimestrielle, sont évalués des stocks en termes réels. La répartition de ces derniers fait apparaître la pré­pondérance des pays de l'OCDE, et notamment celle de la CEE depuis 1987. L'étude économétrique, en environnement non stationnaire, suggère que le com­portement d'investissement français vers trois grandes zones (CEE, Amérique du Nord et Reste de l'OCDE) peut être relié à des indicateurs macro-économiques. Interviennent à long terme le taux de change réel, les demandes externes, la pro­pension à exporter de l'économie française et l'endettement des entreprises. À titre transitoire, le coût du capital et les écarts à la parité des taux d'intérêt jouent aussi un rôle. Les résultats apparaissent plus fragiles pour la zone américaine que pour la CEE et le Reste de l'OCDE. Enfin, les investissements à destination de ces deux dernières zones peuvent être considérés comme obéissant au même comportement.

« Mercantilisme technologique » et politique commerciale stratégique. Réflexions sur la localisation de l'industrie mondiale des semi-conducteurs L'objet de cet article est d'analyser les mécanismes de localisation de l'industrie des semi-conducteurs à la lumière des analyses éclectiques et synthétiques de la multinationalisation. Nous montrons que le découpage des activités de pro­duction ne conduit pas à un modèle d'organisation unique exploitant parfaitement les avantages comparatifs des différentes zones géographiques. Il semble que les stratégies d'accès aux subventions publiques et les phénomènes d'apprentissage organisationnels aient conduit à une relative inertie des firmes en matière de loca­lisation. Nous montrons qu'un certain nombre d'actions gouvernementales, ciblées principalement sur la protection des phases amont du processus de production (recherche fondamentale) ont effectivement joué un rôle important dans les stratégies de localisation/délocalisation. Ce « mercantilisme technologique » favorise des alliances dont la pérennité et les conséquences sont encore difficiles à évaluer.

Localisation et concurrence dans la banque Cet article a pour objet de recenser les apports récents de la théorie bancaire concernant les relations entre concurrence et localisation dans la banque. La pre­mière partie est consacrée à l'analyse des facteurs du pouvoir de marché des banques sur les marchés bancaires locaux - coûts de changement de banque, parts de marché, relations de clientèle, effets de réputation —, la seconde partie à la dynamique de la concurrence sur ces marchés. Elle tente, en particulier, d'évaluer la capacité des facteurs précédents à bloquer la structure des marchés locaux de façon durable.

Nouvelle approche statistique des liens entre mobilité du travail et mobilité géographique Nous présentons ici une approche biographique en vue d'étudier les interactions entre mobilité du travail et mobilité géographique, puis de faire intervenir l'hétérogénéité des populations observées. Le modèle proposé est alors appliqué à des données d'une enquête française sur la biographie familiale, professionnelle et migratoire. Nous avons pu montrer clairement les interactions entre les migrations vers les métropoles et la mobilité professionnelle ainsi que les effets de différentes caractéristiques individuelles sur les quotients observés.

Prospection et accueil d'entreprises par les régions. Un problème gigogne de décision conjointe Dans sa quête de nouvelles entreprises, chaque région française est confrontée à trois problèmes de décision conjointe. Le premier consiste en l'organisation d'une « chasse au cerf » où les collectivités locales et les entreprises tiennent respectivement le rôle des chasseurs et celui du gibier. Le deuxième et le troisième sont des jeux de négociation qui confrontent respectivement les collectivités locales entre elles et celles-ci à l'État. Formaliser, analyser et résoudre ces trois problèmes permet de définir de façon précise le rôle de coordonnateur (en matière d'interventionnisme économique local) confié à la région par les lois de décentralisation.

Transfert de compétences et réallocation du capital social à la disposition des collectivités territoriales L'article part de l'hypothèse que la production de collectivités territoriales comme le département et la région dépend à la fois des compétences ou des res­sources qui leur sont attribuées par l'État et du capital social accumulé dont elles peuvent disposer. Un modèle est présenté dans lequel ces deux éléments sont considérés comme des facteurs de production. Le second ne pouvant passer d'une collectivité d'un certain niveau à une collectivité d'un autre niveau que lentement, l'État ne peut lui-même transférer rapidement des compétences ou des ressources d'un niveau à l'autre sans risquer une perte d'efficacité de l'ensemble qui serait, pour lui, électoralement inacceptable.

Equité, efficacité et égalisation fiscale territoriale L'article examine tout d'abord les fondements économiques des politiques d'égalisation fiscale entre collectivités locales, sous l'angle de l'équité territoriale et l'efficacité. Une méthode d'évaluation du pouvoir correcteur des transferts redistribuafs territoriaux est ensuite développée et appliquée au cas de communes françaises.

Partage de la ressource en eau et demande d'alimentation en eau potable La question du partage de la ressource en eau ne peut plus être éludée aujourd'hui. Nous proposons un cadre d'analyse simple de ce problème. L'identification des fonctions de demande pour les différents usages y joue un rôle central. À partir de l'usage alimentation en eau potable, et sur des données relatives au département de la Gironde, nous construisons une fonction de demande agrégée qui tient compte de l'indispensable dimension spatiale. Ce travail a un caractère largement exploratoire, mais il apporte des éclairages sur les déterminants de la demande et il permet de faire surgir une série de problèmes d'ordre méthodologique.