Contenu du sommaire : Les privatisations. Un état des lieux
Revue | Revue économique |
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Numéro | vol. 47, no. 6, 1996 |
Titre du numéro | Les privatisations. Un état des lieux |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Introduction - Olivier Bouin, Christian Morrisson p. 1219-1223
- La performance des entreprises publiques. Une question de propriété ou de concurrence ? - Pierre Pestieau, Henry-Jean Gathon p. 1225-1238 Cet article discute d'abord de ce qu'il faut entendre par la performance d'une entreprise publique et indique les limites des mesures traditionnelles de performance. Il présente ensuite une approche particulière, celle de l'efficacité technique et survole une série d'études empiriques dont une analyse de l'efficacité technique des services postaux. Enfin, il montre que parmi les facteurs pouvant conduire à des gains d'efficacité la concurrence et la déréglementation ont plus d'influence que le mode de propriété.In a first part, this paper presents a discussion of the concept of performance applied to public enterprises and shows the limits of traditional approaches designed to evaluate the performance. In a second part, it focuses on the notion of technical efficiency and presents a survey of some significative empirical studies. Finally, it discusses the main factors allowing for efficiency gains ; among these factors, it is argued that competition and deregulation matter more than ownership.
- Privatisation et incitations. - Jean-Jacques Laffont p. 1239-1251 Nous discutons l'application des arguments habituels avancés dans les débats sur la privatisation au cas d'un monopole naturel et nous montrons la nécessité du cadre théorique des contrats incomplets. Ensuite, nous présentons deux exemples classiques de choix entre monopole public ou privé dans des contextes spécifiques d'incomplétude contractuelle. Enfin, nous esquissons une théorie de la privatisation fondée sur des considérations d'économie politique.We discuss the application of the usual arguments in favor or against privatization, in the case of a natural monopoly. Then, we give two classical examples of trade-offs -public - private ownership - in specific contexts of contractual incompleteness. Finally, we sketch a theory of privatization based on political economy considerations.
- Privatisation et dévolution des pouvoirs : le modèle français du gouvernement d'entreprise. - François Morin p. 1253-1268 Le propos de cet article est de caractériser le modèle français du corporate governance à la fois sur un plan théorique, mais aussi sur un plan très pratique. Du point de vue conceptuel, on montre qu'il est possible de ranger le modèle français plutôt dans une approche théorique non standard que standard. En France, la gouvernance d'entreprise est en effet très liée à une organisation particulière des droits de propriété : la propriété circulaire. Dans une seconde partie, on montre comment ce modèle atypique a trouvé son point d'application dans les dernières privatisations; la conséquence principale de ce choix pour l'économie française a été une profonde réorganisation de son cœur financier.This paper aims at identifying the french model of corporate governance, on a théorie level as well as on an empiric level. First, we will demonstrate that we should rank the french model among «non standard» theories rather than « standard theories ». Indeed, in France, corporate governance is related to particular organization of the property rights : la propriété circulaire (circular property). In the second part, we explain how this specific model has been used at the time of the last privatisations. The way, the financial core has been reorganized is the main consequence of that choice for the french economy.
- Ouverture à la concurrence des activités en réseau. Le cas du transport aérien européen. - David Encaoua p. 1269-1296 L'objet de cet article est d'analyser les effets de la libéralisation du transport aérien en Europe. Chaque compagnie aérienne a un réseau de liaisons directes et indirectes connectant différents aéroports nationaux et internationaux à partir d'un aéroport central qu'elle domine largement. Cette structure conduit à quelques conclusions intéressantes. Premièrement, une concurrence frontale entre compagnies nationales sur un réseau intégré apparaît peu probable. Deuxièmement, il existe des complémentarités de coûts entre les différentes liaisons d'un même réseau donnant lieu à des « extemalités d'offre ». En troisième lieu, des « extemalités de demande » sont également présentes du fait que les consommateurs ont des possibilités d'arbitrage, aussi bien en ce qui concerne le choix de leur trajet que pour celui de la compagnie.The aim of this paper is to examine the effects of the gradual process of liberalization of the Community air transport market. The european airlines networks have mainly a "hub and spoke" structure inherited from geography and previous regulation. It is argued that nose-to-nose competition between the major Community flag carriers is rather unlikely. Two network effects are analysed. The first one is a "supply-side" network effect arising from cost complementarities. The second network effect is a "demand-side" one. Due to their preferences on time schedule, frequency and quality of the service, travellers face some arbitrage for the choice of the carrier and of the type of routing in some intra-european markets. These two network effects are used to analyse the consequences of a merger and of a cooperative agreement between two airlines.
- Ouverture des réseaux de télécommunications : problèmes et enjeux. - Edmond Baranes, Marie-Hélène Jeanneret p. 1297-1308 Cet article présente un panorama des problèmes liés à l'ouverture à la concurrence des réseaux de télécommunications. La libéralisation des infrastructures fait apparaître notamment la problématique de l'accès mutuel. Dans le cadre d'un modèle simple avec externalités de réseaux, nous montrons que la coopération entre les opérateurs peut aboutir à des charges d'accès négatives et qu'elle améliore le bien-être.The purpose of this paper is first an overview of the problems which emerge with the liberalization of telecommunications. Then, we focuse on the liberalization of infrastructures, and more precisely on the reciprocal access pricing problem. In a simple model, we show that cooperation between operators may induce negative access charges and increase welfare compared to competition.
- Privatisations et contrôle des entreprises en France. - Andrea Goldstein p. 1309-1332 À l'issue des élections législatives de 1993, les gouvernements français successifs ont entrepris un ambitieux programme de privatisations. En trois ans, l'État a cédé, au moins partiellement, de ses participations dans neuf grandes sociétés publiques, et d'autres firmes parmi les plus grandes en France vont être vendues dans les prochaines années. Cet article analyse les liens entre les privatisations réalisées après 1993 et les changements intervenus dans les structures du gouvernement d'entreprise et dans le fonctionnement du marché pour le contrôle des sociétés. Trois questions structurent notre analyse. Quels ont été les principaux motifs pour la vente des entreprises publiques ? Quelles conclusions préliminaires est-il possible de tirer de cette « deuxième vague » de privatisations ? Quelles forces, au-delà des privatisations, sont à l'origine des transformations du gouvernement d'entreprise à la française ?Since political elections in m id-1993, successive French governments have embarked on an ambitious privatization program. In three years, nine major State-owned enterprises (SOEs) have been at least partially sold, with other companies among the largest in France are to be sold in the coming few years. This paper analyzes how privatizations since 1993 have intertwined with changes in both the mechanisms of corporate governance and the market for corporate control in France. Three questions lead the analysis : what have been the main motives for selling SOEs ? What assessment, albeit only preliminary, can be made of the privatizations completed so far ? What factors, other than privatizations, are driving changes in French corporate governance ?
- Les privatisations dans la perspective de l'intégration européenne. - Bruno Coquet, Jacques Le Cacheux p. 1333-1350 Dans les pays européens, les niveaux d'intervention publique dans la production apparaissent comparables. Pourtant, des processus de développement économique similaires y ont façonné des secteurs publics si hétérogènes qu'il est difficile de définir un modèle européen du secteur public et d'établir la supériorité d'une structure nationale par rapporta une autre. Le processus d'intégration européenne, surtout depuis qu'il s'inscrit dans la perspective de l'achèvement du grand marché, modifie les conditions et conteste le bien-fondé de l'intervention des États dans la mesure où elle entrave l'établissement du paradigme concurrentiel, sans apporter de solution alternative. Cet article s'attache à démontrer la nécessité d'une définition précise des répartitions de pouvoir entre les États et les institutions européennes afin de rétablir des moyens efficaces permettant de suppléer les insuffisances et les défaillances connues des mécanismes de marché.The extent of government intervention in production appears to be roughly the same in all member states of the European Union. However, processes of economic development that have been broadly similar have generated such a degree of heterogeneity amongst national public sectors in Europe that it is hardly possible to define a European model of the public sector, as well as to establish undisputa-bly the superiority of one or another national variants. The European integration process, especially since it is been aimed at completing the single market, has been altering the conditions and challenging the appropriateness of national governments'intervention, insofar as the latter is seen as an obstacle in the way of free competition and a level playing field ; but it does not offer any alternative solution. This paper argues that it is necessary to precisely define the competences of national governments and of European institutions in order to rebuild efficient intervention tools that could supplement well-known insufficiencies and failures of market mechanisms.
- Trois enjeux des privatisations à l'Est. - Irena Grosfeld, Claudia Senik-Leygonie p. 1351-1371 Cet article met en lumière les objectifs essentiels de la privatisation en Europe centrale et orientale, la manière dont les différents pays ont arbitré entre ces derniers ainsi que les fondements théoriques de leurs choix. Il décrit la stratégie adoptée par la Pologne, la Russie et la République tchèque comme étant dominées respectivement par le souci de la restructuration des entreprises, de la dépolitisation de l'économie et de l'émergence des institutions indispensables au marché.This paper underiines the main objectives and trade-offs faced by Central and Eastern European countries. It describes the strategies adopted by Poland, Russia and the Czech Republic as being dominated respectively by three objectives : enterprise restructuring, depoliticization of the economy and the emergence of market institutions.
- Privatisation massive, finances publiques et macroéconomie. Le cas de l'Argentine et du Chili. - Carlos D. Winograd, Guillermo Larrain R p. 1373-1408 L'analyse des effets de la privatisation porte généralement sur des aspects microéconomiques. Néanmoins, lorsque la privatisation est massive, l'évaluation de l'impact macroéconomique présente un grand intérêt. Dans un environnement de crise économique chronique, la privatisation peut jouer un rôle de signal de changement de régime des politiques publiques. En Argentine, la privatisation est de grande ampleur et extrêmement rapide. Après l'épisode de l'hyperinflation, elle produit un effet positif considérable sur les finances publiques et contribue à la stabilisation monétaire. Au Chili, le processus de privatisation a été graduel et la restructuration des entreprises a été réalisé avant le transfert de propriété. L'impact sur les finances publiques a été ainsi négligeable. L'analyse économétrique montre que la privatisation massive conduit à une appréciation du taux de change réel et contribue positivement à la croissance.Most of the existing literature on the impact of privatisation discusses microe-conomic aspects. However, in the case of "mass privatisation", a macroeconomic approach has a particular interest. In an environment of a protracted economic crisis, privatisation may play an important role as a signal of a regime change in public policy. In Argentina, privatisation is extensive and rapid. Under extreme monetary disorder and after the experience of hyperinflation, privatisation shows a significant positive impact on public finance, strongly contributing to price stability. In Chile, privatisation has been gradual and state enterprises' restructuring has taken place before divestiture. Hence, the impact on public finance is negligible. Econometric evidence shows that privatisation leads to an appreciation of the real exchange rate and has a positive impact on growth.
- La privatisation des services publics en Afrique subsaharienne. Enjeux et incertitudes. - Patrick Plane p. 1409-1421 Les services publics africains sont entrés dans une phase de privatisation au sens le plus large du terme. En deçà d'un transfert de la gestion, on suggère que le renforcement du secteur privé n'a pas été suffisant pour susciter une réelle amélioration de l'efficacité organisationnelle. La privatisation peut être conçue en maintenant le monopole ; on discute alors l'intérêt très relatif d'une agence de réglementation, mais aussi le rôle de la confiance fondée sur des effets de réputation. La privatisation peut aussi reposer sur des techniques de démonopolisation dont l'Afrique offre déjà quelques expériences.African countries have launched a process of privatization (lato sensu) of their public utilities. We suggest that where there is no transfer of management the strengthening of the private sector may not be sufficient to induce improvement of organizational efficiency. Privatization may apply to a monopoly ; we thus discuss the role of a regulating agency, as well as the importance of trust that stems from reputation effects. Privatization may also involve measures that introduce competition which some African countries have already experienced.
- Bibliographie succincte - p. 1423-1424
- Table générale de 1996 - p. 1425-1428
- Table alphabétique des auteurs - p. 1429-1430