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Revue Revue française d'économie Mir@bel
Numéro vol. XIX, no 3, janvier 2005
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • L'analyse économétrique de la délinquance. Une synthèse de résultats récents - Denis Fougère, Francis Kramarz, Julien Pouget p. 3 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    L'analyse économétrique de la délinquance. Une synthèse de résultats récents. L'objet de cet article est de faire le point sur les apports essentiels des travaux économétriques récents consacrés à l'examen statistique des causes économiques et des conséquences de la délinquance. Nous passons en revue trois types de travaux : ceux qui analysent le lien entre la délinquance et la situation du marché du travail ; ceux essayant d'évaluer les effets dissuasifs de la sévérité du dispositif policier et du système judiciaire ; les études qui ont utilisé l'approche par les interactions sociales pour mieux appréhender le niveau et les conséquences de la délinquance. Dans un second temps, nous présentons quelques résultats récents concernant le cas de la France, en ayant auparavant rappelé les potentialités et les limites des données disponibles. Ces résultats proviennent de deux de nos études empiriques. La première se propose d'évaluer l'impact du niveau du taux de chômage des jeunes sur le nombre de délits enregistrés dans les départements français au cours de la dernière décennie. La seconde examine, à l'aide de données collectées par l'Insee, l'effet causal de la délinquance subie par les ménages sur leur mobilité résidentielle.
    The Econometric Analysis of Crime. A Survey of Recent Research This article surveys the recent econometric literature analyzing the economic causes and consequences of crime. In this survey, we distinguish three types of studies : the ones measuring the statistical relationship between unemployment rates (or wage levels) and crime rates ; the ones evaluating the effects of public policies on crime ; and finally, the studies trying to explain the level and consequences of crime by means of social interactions. In the second part of our article, we present results coming from two recent studies that we have conducted using French macro- and micro-data. Our first study measures the impact of local youth unemployment rate on local crime rates over the last decade. Our second study uses household data collected by INSEE (Paris) to estimate the causal effect of crime on household mobility.
  • De l'impact sectoriel à l'effet macro-économique des allègements de cotisations sociales - Stéphanie Jamet p. 57 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    De l'impact sectoriel à l'effet macro-économique des allégements de cotisations sociales. Cet article analyse l'impact des allégements généraux de cotisations sociales sur l'emploi peu qualifié (de 1993 à 1997) en tenant compte du fait qu'ils ont inégalement profité aux différents secteurs de l'économie. De fait, ils ont majoritairement bénéficié au tertiaire, secteur dans lequel la part de l'emploi peu qualifié s'est stabilisée alors qu'elle continuait à se contracter dans l'industrie. Au total, la prise en compte des interactions entre les secteurs ne modifie pas fortement l'évaluation du nombre d'emplois peu qualifiés créés par les allégements de cotisations sociales. Ces interactions sont pourtant bien à l'œuvre, mais les effets d'entraînement et de concurrence existant entre les secteurs ont tendance à se compenser.
    From Sectoral to Macro-Economic Impact of Cuts in Social Contributions. This paper analyses the consequences of cuts in social contributions, put in place from 1993 to 1997, on low skilled employment, taking into account the fact that they inequally benefited to sectors. Indeed, they mainly benefited to the service sector. In the latter, the share of low skilled employment stabilised while it continued to decline in manufacturing sectors. In the end, the assessment of the number of low skilled jobs created by cuts in social contributions does not depend strongly on whether interactions between sectors are taken into account or not, as competition and spillover effects tend to compensate each other.
  • Réformer les exonérations de cotisations sociales sur les bas salaires - Islem Gasfi, Yannick L'Horty, Ferhat Mihoubi p. 91 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Réformer les exonérations de cotisations sociales sur les bas salaires. En théorie, les exonérations de cotisations sociales sur les bas salaires sont potentiellement très efficaces sur l'emploi. Les paramètres structurels de l'économie française plaident effectivement pour ce type de mesure. En pratique, les effets des politiques telles qu'elles ont été mises en œuvre en France se sont avérés très limités. Lors- qu est considéré l'ensemble des enchaînements macro-économiques, via l'activité, les prix, les salaires et les comptes sociaux, l'impact sur l'emploi paraît rétrospectivement modeste au regard de l'effort budgétaire consenti. Les multiples réaménagements de ces dispositifs, l'absence de garanties quant à leur pérennité et les élargissements successifs de l'assiette n'ont probablement contribué ni à leur lisibilité ni à leur efficacité. Cela plaide pour une nouvelle réforme de ces dispositifs, pourvu qu'elle soit la dernière.
    Reforming Social Tax Cuts on Low Wages Theoretically, social tax cuts on low wages have strong effects on employment. Structural parameters of the French Economy are in favour of that kind of policy. But in fact, employment effects of mechanisms that have been implemented in France, are very weak. When one take into account macroeconomic effects, through activity, prices, wages and fiscal balance, employment impact seems very low according to the budgetary cost of these policies. The fact is that too many reforms have been implemented since the last ten years, without any guaranty on their durability. Several enlargement of the tax basis did not improve legibility and efficiency of these policies. This pleads for another reform ; hope it will be the last.
  • L'augmentation des inégalités est-elle le prix à payer pour l'innovation et la croissance ? - Patricia Crifo p. 117 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    L'augmentation des inégalités est-elle le prix à payer pour l'innovation et la croissance ? Cet article présente une analyse des différents types de modèles de progrès technique biaisé mis en avant pour expliquer l'augmentation des inégalités de salaires au cours des années 1 980 et 1990. On distingue ainsi les approches selon les déterminants - exogènes ou endogènes — et les conséquences sur les inégalités - permanentes ou transitoires - que ces modèles attribuent à cette accélération récente du progrès technique. Deux grandes familles de modèles émergent. D'un côté, se trouvent les modèles qui expliquent le biais technologique en se focalisant sur l'effet du progrès technique sur les rendements du capital humain. Le capital humain comprend par exemple les capacités individuelles définies au sens large, la capacité d'intégration et d'utilisation des nouvelles technologies, les actifs, la chance, les compétences technologiques spécifiques ou enfin le niveau d'éducation générale. D'un autre côté, se trouvent les modèles qui s'intéressent aux mécanismes susceptibles d'expliquer l'interaction entre progrès technique, offre et demande de travail qualifié. Ces approches ne rendent compte toutefois que d'une partie restreinte de l'évolution des inégalités. A long terme d'une part, et en prenant en compte des dimensions comme l'organisation du travail d'autre part, d'autres modèles doivent être mobilisés pour expliquer l'évolution des inégalités.
    Rising Wage Inegality the Price Cost of Innovation and Growth ? This article presents an analysis of the models that have been developed in the literature to account for the rise in wage inequality during the 1980s and the 1990s. These models build upon the assumption of an acceleration in the rate of technological progress associated with the diffusion of the new information and communication technologies. What is at stake in this literature is not to justify the existence of skill-biased technical per se, but rather to explain the main and recent dimensions of such a bias on relative wages. A first dimension lies in the extent of wage inequality, namely the aggravation of inequality since the 1980s in developed economies. The aim is to explain why such a bias has occurred in the 1980s, while technical change has diffused all along the twentieth century, precisely during a period where skilled labour supply increased. A second dimension of wage inequality concerns its fractal nature, that is the fact that it persists within education groups. Furthermore, within groups inequality features a strong transitory dimension, and differs in nature according to the level of education considered. Depending on the determinants — exogenous or endogenous - and the consequences on wage inequality - permanent or transitory - that such models explain through the recent acceleration in the rate of technological change, two categories of models can be distinguished. In the first one, the technological bias is analysed by focusing on the impact of technical change on the returns to human capital. Human capital embeds for example individual ability, the ability to absorb and use new technologies, assets, luck, specific technological competencies or general education. The second category of models highlight the mechanisms likely to explain the interaction between technological progress, supply and demand for skilled workers. These approaches however explain only a restrictive part of the evolution of wage inequality. In the long run on the one hand, and when considering dimensions such as work organization on the other hand, other categories of models are necessary.
  • Altruisme familial et dette publique - Stéphane Lambrecht p. 159 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Altruisme familial et dette publique. Ce papier étudie les effets de la dette publique dans un modèle à générations imbriquées où les individus se comportent en chef de famille altruiste plutôt qu'en chef de dynastie altruiste. Les conclusions de politique économique de ce modèle le situent à mi-chemin entre le modèle de Diamond [1965] et celui de Barro [1974]. Une dette temporaire dont l'horizon serait compris dans le cycle de vie d'une génération, évince le capital par tête alors qu'elle serait neutre avec des agents égoïstes. Une dette constante par tête évince le capital à tout équilibre stationnaire stable. Mais l'ampleur de l'effet d'éviction est indépendante de la structure générationnelle des prélèvements et transferts. L'effet de la dette sur le bien- être est positif au voisinage de la règle d'or.
    Family Altruism and Public Debt This paper analyzes the effects of public debt in an overlapping generations model in which individuals behave as altruistic family heads instead of altruistic dynastic funding fathers. The policy properties of this model are halfway between Diamond's [1965] model and Barro's [ 1 974] . A temporary public debt with a maturity included in a generation's life cycle crowds out capital per head whereas it would be neutral with selfish agents. A constant public debt per head crowds out capital per head at any stable stationary equilibrium. But the magnitude of the crowding out is independent of the generational structure of taxes and transfers. The effect of the debt on well-being is positive in the neighbourhood of the golden rule.
  • Faut-il augmenter les droits d'inscription à l'université ? - Robert Gary-Bobo, Alain Trannoy p. 189 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Faut-il augmenter les droits d'inscription à l'université ? Nous adoptons la perspective de pouvoirs publics cherchant à améliorer l'efficacité économique, sous la contrainte de ne pas rendre plus inéquitable l'accès à l'enseignement supérieur. A cette fin, nous proposons que tout jeune sortant de l'enseignement secondaire, qu'il (elle) entre ou non à l'université, puisse emprunter sans intérêt auprès de l'Etat une valeur approximative de 60 000 euros, représentant le coût direct total de cinq années de scolarité d'enseignement supérieur, sur la base d'un projet professionnel, et que les universités puissent fixer des droits d'inscription de l'ordre de 4 500 euros par an. Pour arriver à cette conclusion, nous proposons une discussion générale du financement des études supérieures du point de vue du principe d'égalité des chances et nous étudions, au préalable, les règles optimales d'admission des étudiants, sous l'hypothèse que les étudiants ne sont pas soumis à une contrainte d'endettement. Pour que les droits d'inscription soient pratiquement nuls à Y optimum social, comme dans l'université française actuelle, il faudrait que l'université ait une très fine connaissance des talents cognitifš de tous ceux qui se présentent à elle et que les étudiants admis soient vraiment ceux qui sont les plus capables de mettre à profit les connaissances dispensées, ce qui suppose une sélection à l'entrée.
    Should we Raise Tuition Fees ? The present article addresses the issue of higher education finance from the double point of view of efficiency and equality of opportunity. We assume that a decision-maker would like to improve efficiency, under the constraint that access to higher education is not made more inequitable. For this purpose, we propose that each young person leaving secondary education, whatever his or her plans to enter higher education, may benefit from a free loan of an amount of around 60 000 €, under the requirement of proposing a professional plan. This amount represents the direct cost of five years of studies at the university, which could then be allowed to raise tuition charges up to 4 500 € per year. Such a proposition is derived from an analysis, in which we pay attention to optimal student admission rules under the assumption that students are not facing a borrowing constraint. For free admission to be optimal, as it is the case in French universities, the higher education institution must have a very precise knowledge of the applicants' cognitive talents. This requires entrance examinations, in order to make sure that those who study are also those who benefit the most from higher education.