Contenu du sommaire : Vers une nouvelle europe de l'Est ?
Revue | Hérodote |
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Numéro | no 128, 1er trimestre 2008 |
Titre du numéro | Vers une nouvelle europe de l'Est ? |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Vers une nouvelle europe de l'Est ?
- L'est de l'Union européenne - Béatrice Giblin p. 3
- L'improbable défense européenne - Jean-Sylvestre Mongrenier p. 9
- L'Europe et le bouclier antimissile américain : impolitique et désillusions du projet européen - Jean-Sylvestre Mongrenier p. 35 Un quart de siècle après l'Initiative de défense stratégique de Ronald Reagan (la «guerre des étoiles»), le possible déploiement de systèmes antimissiles américains en Europe centrale est au cœur des nouvelles tensions entre la Russie et les Occidentaux. Ce débat entre pays membres de l'OTAN révèle la vacuité de la PESD (Politique européenne de sécurité et de défense), limitée au civilomilitaire et à la soft security. Dans l'«ère des Titans»qui se profile, l'Union européenne peine à se muer en un acteur global des relations internationales et l'Alliance transatlantique pourrait être le vecteur d'un bloc de puissance occidental, conformément aux théories d'Arnold Toynbee sur l'État universel comme réponse aux défis de civilisation. Les enjeux liés à la défense antimissile mettent en évidence l'insuffisance des budgets de défense en Europe et, plus encore, des volontés de «persévérer dans l'être».Europe and US antimissile shield Twenty-five years after Ronald Reagan's Strategic Defense Initiative (“star war”), the possible deployement of such a military apparatus as the antiballistic missiles system in Central Europe is in the middle of tensions between Russians and Westerners. The discussion between transatlantic Allies unmasks the vacuity of the ESDP (European Security and Defence Policy) which doesn't go beyond civilian-military affairs and soft security. In the coming “Titanic Era”, the European Union is labouring to become a global actor of the international relations. In fact, the Transatlantic Alliance could be the main instrument of a Western block of power, as Arnold Toynbee's theories on the “Universal State” – designed to provide a response to such challenges of civilization–, suggested. Yet, the stakes of missile defense highlight European military budgets insufficiency and, more importantly, the weaknesses of their true commitment to persevere “dans l'être”.
- Kaliningrad, tête de pont de l'armée russe face au bouclier antimissile américain ? - Franck Tétart p. 43 Début 2007, les États-Unis ont annoncé leur intention d'installer des éléments de leur bouclier antimissile en République tchèque et en Pologne, ce qui a suscité le mécontentement de Moscou, qui a réagi en évoquant le possible déploiement de ses nouveaux missiles à Kaliningrad, c'est-à-dire aux frontières de la Pologne. Kaliningrad, l'une des régions russes les plus militarisées pendant la guerre froide, serait-elle donc destinée à redevenir un avant-poste militaire russe face à des installations «occidentales» perçues comme hostiles ? Cette option est-elle crédible ? Ou s'agit-il d'une nouvelle «instrumentalisation»de Kaliningrad, comme à plusieurs reprises ces dernières années face à l'élargissement de l'Union européenne ou de l'OTAN?Kaliningrad, Russian military outpost towards the US antimissile shield?
At the beginning of 2007, the United States announced its willingness to deploy facilities of its antimissile shield in the Czech Republic and Poland, provoking Russia's anger, which replied by evoking the possible deployment of its new missiles in Kaliningrad, i.e at Poland's doorstep. Is Kaliningrad, one of Russia's most militarized region during the Cold war, bound to become again a Russian military outpost towards Western installations, perceived as hostile? Is this option credible? Or should we see this declaration as a new intrumentalization of Kaliningrad by Russia, like it did in the past decade to counter the EU and NATO enlargements? - Zone de contacts, zone de conflits. Histoire et géographique de la frontière russo-lettonne - André Filler p. 57
- Les minorités russes en Estonie : unité et diversification - Vincent Dautancourt p. 73 Au printemps 2007, la crise du Monument soviétique en Estonie a fait resurgir les tensions nationales entre Estoniens et Russes. Ces tensions cachent toutefois la diversité des populations non estoniennes qui vivent sur le territoire estonien depuis l'époque soviétique. La maîtrise de la langue officielle ou son absence par ces personnes favorise ou bloque leur intégration au sein de la société estonienne, tant pour la vie quotidienne (emploi, contacts avec la population estonienne) que pour les aspects administratifs (obtention de la citoyenneté). Cette question linguistique se renforce d'une répartition géographique qui accentue ou minimise les difficultés liées à la maîtrise de l'estonien, les russophones étant surtout dans le nord-est de l'Estonie. L'arrivée à l'âge adulte d'une génération qui n'a pas connu l'URSS génère des attitudes différentes face aux exigences législatives. Au-delà d'une rupture nationale et géographique, il semble qu'une rupture générationnelle naît au sein de la communauté russophone, tant dans les rapports avec les Estoniens que dans les choix de vie.The Russian minorities in Estonia, unity and diversification
The “monument crisis” in Estonia in spring 2007 brought up the ethnic tensions between the core-nation and the Russianspeaking minority. However, those tensions hide the diversity of the non-Estonian populations who have lived on the Estonian territory since the Soviet period. The command of the official language or the lack of proficiency work or do not work in favour of the integration of those populations in the Estonian society, for daily life (employment, relationships with the Estonian population) and administrative questions (naturalization) alike. The linguistic issue is reinforced by the geographic distribution, which increases or reduces the difficulties related to the Estonian language skills, the Russian-speakers living moslty in the North-East of Estonia. A new adult generation that has not known the USSR creates different behaviours when facing the legal requirements. More than being national or geographic, it seems that a intergenerational breaking-off appears within the Russian-speaking minority, concerning their relationships with the Estonians as well as their lifestyle strategies. - L'implantation du NPD dans les nouveaux Länder allemands - Delphine Iost p. 87 Les nouveaux Länder allemands peinent depuis la réunification à générer une croissance auto-entretenue et les régions rurales souffrent particulièrement du chômage. Dans ce contexte, les partis politiques d'extrême droite profitent du manque de perspectives pour mobiliser une partie de l'électorat dans l'optique d'un vote protestataire. Le NPD (Nationaldemokratische Partei Deutschlands, Parti national-démocrate), qui ne jouait plus qu'un rôle marginal sur la scène politique régionale depuis la fin des années 1960, a réussi à obtenir plusieurs mandats de députés lors des élections au parlement de Saxe en 2004 et à celui du Mecklembourg-Vorpommern en 2006. Cette visibilité accrue du NPD peut se comprendre par la conjonction de plusieurs facteurs. En s'appuyant sur des personnalités locales et en concentrant ses moyens logistiques, le NPD a réussi à créer les conditions favorables à la propagation de son discours qui associe la doctrine classique de l'extrême droite à des thèmes spécifiques à la situation socioéconomique des nouveaux Länder.The establishment of the National Democratic Party in the new German Länder Since the reunification, the new German Länder struggle to keep a self-generated growth and rural areas suffer particularly from unemployment. In this context, political parties from the extreme right take advantage from the lack of perspectives to gather a part of the electorate in view of a vote of protest. The NDP, which was only playing a marginal role in the regional political scene since the 60s, has managed to obtain several members' mandates during the elections of the Parliament of Dresden in 2004 and the Mecklenburg-Vorpommern in 2006. This increased visibility of the NDP can be explained by the conjunction of several factors. In relying on local personalities and in concentrating its logistical means, the NDP has succeeded in creating favourable conditions to the spreading of its ideas, associating the classic doctrine of the extreme right with specific themes of the social economic situation of the new Länder.
- La Slovénie, une nation au-dessus de tout soupçon ? - Laurent Hassid p. 103 La Slovénie est souvent perçue comme le «bon élève». Elle l'a été du temps de la Yougoslavie, elle l'est à présent parmi les autres États anciennement communistes et issus de l'élargissement. L'introduction de l'euro en 2007 et sa présidence européenne du premier semestre 2008 la distinguent encore un peu davantage des autres. Mais, depuis plusieurs années, on assiste à un spectaculaire développement des conflits sur le thème de l'ethnicité et de la religion avec notamment l'instrumentalisation politique d'affaires à l'encontre des ressortissants des autres républiques yougoslaves. La plus connue est celle des «effacés», appelée ainsi car près de 20000 personnes ont été illégalement et secrètement effacées des registres nationaux pour ne pas avoir demandé leur citoyenneté à temps. Cette affaire a joué un grand rôle dans les législatives de 2004, qui ont vu la première alternance politique depuis l'indépendance avec la victoire des partis de droite. Ces derniers ont rendu moins lisible la séparation de l'État avec l'Église catholique, dont le rôle avait été plus marginal sous le communisme. Questions ethniques, rôle de l'Église, débats historiques, la transition démocratique slovène s'effectue dans un contexte de revanche.Slovenia, a nation above suspicion? Slovenia is often perceived as a good student. It was so at the time of the existence of Yugoslavia, it is still so among the other former communist states part of 2007 EU enlargement. The introducing of the Euro in 2007 and the EU presidency during the first part of 2008 made her different than the other territories. However, in the last few years, we have witnessed a spectacular deterioration of ethnic issues, with the political treatment of cases linked to people coming from the other former Yugoslav republics. The most famous is the so-called Erased case, when 20000 people were secretly and illegally erased from the national registers because they didn't apply for their citizenship on time. This case had a great impact on the 2004 parliamentary elections, when the first political victory of right-wing parties occurred. Since then, these parties have enforced the principle of separation between the State and the Catholic Church, whose role has been minimal under communism. Ethnic issues, the role of the Church, historical debates, and the Slovenian democratic transition have happened in a context of revenge.
- Intégration euro-atlantique et géopolitique traditionnelle : le cas de la Bulgarie - Emil Kazakov p. 117 La politique de la Bulgarie après la chute du régime communiste en 1989 a été marquée, d'une part, par la nouvelle donne internationale en Europe, généralement dominée par les tendances de l'intégration euroatlantique, et, d'autre part, par l'influence continue des modèles géopolitiques traditionnels. Chacun des élargissements a contribué à la diversité géopolitique de l'Union. L'adhésion de la Bulgarie et de la Roumanie à l'UE en 2007 a porté ses frontières jusqu'à la mer Noire. Dans un tel contexte, la Bulgarie n'ayant pratiquement pas de différend politique ou territorial avec les États de l'Europe de l'Est, en l'occurrence la Russie, mais au contraire ayant des affinités culturelles et historiques considérables avec cette dernière, cela pourrait lui permettre d'avoir une attitude géopolitique équilibrée au sein de la communauté euro-atlantique. En outre, la Bulgarie pourrait jouer un rôle dans la mise en place et la réalisation de la politique européenne envers la Turquie du fait de la présence d'une minorité turque sur son territoire et des bonnes relations que celle-ci entretient avec le reste de la société orthodoxe bulgare.Euro-Atlantic integration and traditional geopolitics : the case of Bulgaria After the fall of the communist regime in 1989, the politics in Bulgaria was marked, on one hand, by the new international state of affairs in Europe generally dominated by the Euro-Atlantic tendencies, and on the other hand by the continuous influence of the traditional geopolitics models. Each of the expansions has contributed to the geopolitical diversity of the Union. When Bulgaria and Romania joined the EU in 2007, it brought the borders to the Black Sea. In such a context, Bulgaria barely had any political or territorial issue with the states of Eastern Europe, especially Russia, but on the contrary had great cultural and historical affinities with this country, which could allow Bulgaria to follow balanced geopolitics within the Euro-Atlantic community. Besides, Bulgaria could play a role in the setting-up and realization of the European politics towards Turkey, due to the fact that there is a Turkish minority on its territory and that there are good relations between that minority and the rest of the Bulgarian Orthodox society.
- La Grèce et les nouveaux Balkans - Michel Sivignon p. 127 La position de la Grèce vis-à-vis des Balkans n'est pas simple. Entre 1945 et 1990, tout a éloigné la Grèce des Balkans. En 1954, la Grèce adhère à l'OTAN et les États-Unis installent 25 bases militaires son territoire. La Grèce appartient au bloc occidental, tandis que les autres pays balkaniques se situent de l'autre côté du «rideau de fer». La Grèce se débalkanise encore davantage en 1981, lorsqu'elle devient membre à part entière de la CEE, dénommée ensuite Union européenne. L'effondrement politique de l'Europe de l'Est entre 1989 et 1991 et l'explosion de la Yougoslavie contraignent la Grèce à tenir compte de ses voisinages balkaniques. C'est moins la Grèce qui se tourne vers les Balkans que les Balkans qui découvrent alors la Grèce, comme la manifestation toute proche de la richesse et des succès de l'Occident. Bulgares, Yougoslaves, Albanais, Roumains peuvent pour la première fois mesurer leur retard. 1989 témoigne d'un réveil dans tous les domaines: mouvements migratoires, compétition économique, flux d'échanges matériels entre voisins, tensions ethniques et affrontements politiques nationaux. Mise en demeure, par sa position géographique même, de s'adapter à cette nouvelle donne, la Grèce a eu du mal à en prendre la mesure. La politique balkanique de la Grèce, dans son évolution et ses soubresauts, n'est autre que l'histoire de cette adaptation.Greece and the New Balkans Greece's position in regards to the Balkans is not simple. Between 1945 and 1990, everything separated Greece from the Balkans. In 1954 Greece joined NATO and the United States established 25 military bases on its territory. Greece belonged to the Western bloc, whereas the Balkans were situated on the other side of the Iron Curtain. Greece further de-balkanized in 1981 when joining the EEC, later called UE. The political fall of Eastern Europe between 1989 and 1991 and the explosion of Yugoslavia impelled Greece to consider its Balkanic neighbours. It is less Greece turning towards the Balkans than the Balkans discovering then Greece, as the nearby demonstration of wealth of the Western world. For the first time Bulgarians, Yugoslavians, Albanians, Romanians can measure their backwardness. 1989 witnesses an awakening in all areas: migrating flows, economic competition, trade between neighbours, ethnic tensions and national political fights. Due to its geographical position, Greece has to adapt to the new state of affairs but barely realized it. The Greece's Balkan politics, in its evolution and jolts, is nothing more than the story of this adaptation.
- Le postcolonial et ses acceptations contradictoires dans trois récents recueils d'articles - Yves Lacoste p. 143