Contenu du sommaire : Revue de l'OFCE n°56

Revue Revue de l'OFCE (Observations et diagnostics économiques) Mir@bel
Numéro no 56, 1996
Titre du numéro Revue de l'OFCE n°56
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Perspectives à moyen terme des finances sociales - Gérard Cornilleau, Damien Echevin, Xavier Timbeau, Jacques Le Cacheux p. 7-43 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
    La crise de la Sécurité sociale est un thème récurent du débat économique et social en France. Après la période 1991-93 de faible croissance économique un déficit financier important est réapparu dont une cause essentielle fut le ralentissement même de la croissance. Il a entraîné un débat sur l'avenir à long terme de la protection sociale dont certains pensent que le coût devient de plus en plus insupportable. En conséquence, ils préconisent d'abandonner le principe d'universalité qui caractérise le système français et de redéployer les moyens disponibles sur les plus défavorisés tout en fixant une limite stricte à la croissance des dépenses. La réduction de la protection pour tous qui en résulterait, obligerait alors les plus favorisés à chercher des solutions individuelles : capitalisation pour la retraite, assurances privées pour la maladie. Cependant, l'analyse des tendances à moyen terme des dépenses de la Sécurité sociale montre que l'effort nécessaire pour équilibrer les régimes existants est relativement modeste à l'horizon de 2002 : avec une croissance moyenne de l'ordre de 2 %, le besoin de financement des régimes serait l'équivalent d'environ 1,5 point de CSG. Les changements véritablement nécessaires concernent donc uniquement les régimes de retraite dont l'équilibre sera rompu avec le contre- choc démographique des années 2005-2010. Dans ce domaine la réforme de 1993 n'a pas permis de résoudre tous les problèmes et un débat sur le niveau souhaitable des taux de remplacement des retraites reste nécessaire. Il n'implique pas la remise en cause du principe de base de la protection sociale française fondée sur la solidarité entre les catégories sociales et les générations. La réforme décidée en novembre 1995 par le gouvernement confirme les choix fondamentaux de la protection sociale, en privilégiant la hausse des prélèvements et la recherche d'économies dans le fonctionnement du système de production de soins, plutôt que la réduction du champ de la couverture sociale. Toutefois, l'effort n'est pas équi-réparti et certaines catégories sont plus mises à contribution que d'autres (familles, chômeurs et retraités notamment) sans que les choix adoptés puissent se justifier du point de vue de l'équité. La nécessité d'une réforme fiscale d'ensemble apparaît indispensable pour qu'à l'avenir le partage du financement de la protection sociale soit à la fois plus clair et plus juste.
    The crisis of the social security system is a recurrent theme of the political and social agenda in France. After the 1993's recession an important deficit surged again. A new debate started about the long term of the system. Some people argue that the cost of the social security system is not sustainable in the future and they propose to put a strict limit to the growth rate of social expenses by reducing the extend of the system and concentrating the benefits on the less favored part of the population. This evolution would oblige the healthiest to find individual solutions through private retirement plans and private health plans. But the long term prospects show that the financial equilibrium of the system could be reached with a limited increase in the contributions : if the growth rate of the economy reached 2 % per year from 1995 to 2002, the financial shortage would amount of only 1.5 point of General Social Contribution (CSG in French). So, the need for a fundamental change in the general framework of the system is not obvious at all. The reform decided by the government in November 1995, reinforces the basic choice of a universal Social security system and does not make any important change in the general design of the system. As a consequence, it consists in an increase in contributions and in an attempt to reduce the cost of health insurance without reducing benefits. But, on the contribution side, the effort weighs more on some categories than on some others (specially retired people and families with children). The fairness of the reform is not clearly established and the need for a general fiscal reform exist. This new reform would aimt at clarifying and increasing the fairness of the distribution of contributions over the social categories.
  • Coût du travail et emploi des jeunes - Gilbert Cette, Philippe Cuneo, Didier Eyssartier, Jérôme Gautié p. 45-72 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
    L'importance du chômage relatif des jeunes, en France, est parfois attribuée à l'absence de modalités institutionnelles, hors dispositifs de la politique de l'emploi au sens large, qui permettraient de déconnecter le coût du travail des jeunes de celui des adultes. Une telle déconnexion peut apparaître comme la compensation nécessaire d'une moindre productivité, due à l'inexpérience et au manque de formation. L'objet de cette étude est de fournir quelques éléments de synthèse de la littérature sur ce thème, puis de proposer une évaluation des effets macroéconomiques à attendre d'un abaissement du coût du travail des jeunes sous la forme soit de l'instauration d'un SMIC-jeunes, soit d'une diminution spécifique aux jeunes des charges sociales employeurs. Le survol de la littérature théorique et empirique débouche sur l'impression d'une relative incertitude, au sens où les études empiriques ne semblent pas vraiment trancher des questions que la théorie laisse elle-même en suspens, concernant les effets du salaire minimum (SM) sur l'emploi et le chômage des jeunes. La difficulté à se faire une idée claire des effets du SM découle des résultats peu robustes ou contradictoires des études empiriques, en Amérique du Nord comme en France, notamment pour la période récente. L'évaluation proposée repose sur l'hypothèse d'une élasticité de substitution unitaire entre les facteurs de production (capital et travail, mais aussi entre les diverses catégories d'actifs). Les résultats obtenus confirment que l'impact des deux mesures, en termes d'emplois créés pour les jeunes, serait important. Nos résultats indiquent cependant que les créations nettes d'emplois sont toujours plus nombreuses pour les jeunes que pour l'ensemble des actifs. Ce qui signifie que les mesures envisagées, si elles amélioreraient la situation des jeunes, dégraderaient dans le même temps la situation des non-jeunes qui subiraient des destructions nettes d'emplois.
    It is sometimes said that, in France, the extent of relative youth unemployment is due to the fact that there are no institutional methods, without considering the wide range of unemployment policies, that would enable to disconnect youth labour cost from adult labour cost. Such a disconnection may appear to be necessary in order to compensate for lower productivity, stemming from inexperience and a lack of training. The aim of this study is to give some elements to evaluate the macro- economic effects on may expect from a lowering of youth labour cost through a youth minimum wage or a specific reduction of employer's social contributions for young employed persons. Going through the theorical and empirical littérature gives the impression of a lot of uncertainties : empirical studies do not give precise answers to problems that are not solved by the theory regarding the impacts on employment and youth employment of the minimum wage. Empirical studies, curried out upon both North America and France, show results having poor robustness or even contradictory conclusions, especially concerning the present period. The present evaluation relies on the hypothesis of an elasticity of substitution between production factors (labour, capital but also between categories of the working population) equals to one. Our results confirm that the impact of both measures could be large as far as employment is concerned. Even if there is no massive solution to the nowadays worrying situation of the labour market, it seems that employment, especially youth employment, should be strongly stimulated. However, our results indicate that the total number of job creations is always less numerous than that of job creations for young persons. It means that the studied policies, even if they may improve the youth labour market, may have be detrimental for the adult labour market which would face job destructions.
  • Effort productif et productivité du travail dans l'industrie française - Hervé Péléraux p. 73-93 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
    Le rythme de croissance de la productivité du travail dans l'industrie est marqué par des irrégularités : des phases de ralentissement succèdent à des phases d'accélération, en lien avec le cycle conjoncturel. Ces évolutions de courte ou moyenne période sont expliquées par les délais d'ajustement de l'emploi à la production, selon le mécanisme bien connu du cycle de productivité. Mais les ralentissements de la productivité après les deux chocs pétroliers, durables, ont reçu une interprétation en termes de ruptures structurelles. Notre propos est de montrer que ces ruptures ne sont qu'apparentes car elles s'inscrivent dans un mouvement de ralentissement déjà à l'œuvre dans la décennie soixante. Ce diagnostic repose sur la prise en compte d'un facteur habituellement négligé, et qui pourtant est doté d'une forte dynamique cyclique : l'effort productif de la main-d'œuvre, ou degré d'utilisation du travail, que l'on peut estimer à partir de questions spécifiques de l'enquête de conjoncture dans l'industrie. En appliquant aux effectifs leur degré d'utilisation, on peut approcher la véritable quantité de travail engagée dans la production, beaucoup moins inerte que l'emploi seul. Le parallélisme des fluctuations de court terme de la production et de l'activité du travail ainsi calculée laisse subsister une tendance de productivité expurgée de sa composante cyclique. Elle fait apparaître la remarquable régularité d'ensemble du ralentissement des gains depuis trente ans, mais aussi un destin presque commun au grandes branches industrielles.
    Labour productivity doesn't grow steadily in the industrial sector : slowdowns follow recoveries, in relation with business cycles. These short or medium term fluctuations are due to employment stickiness facing greater output volatility. But longer slowdowns, following the oil shocks, have been explained by structural breaks. Our purpose is to show that these breaks are only apparent, for they simply reveal a decline at work during the decade. To account for this statement, we consider a usually neglected though strongly cyclical input : manpower's productive effort, which can be estimated thanks to specific answers to business surveys industrial. By weighting the number of jobs by that effort index, we can approach the actual labour input, less sticky than employment. The parallelism between the short term fluctuations of output and this computed labour input, insulates the hidden productivity trend. It discloses the outstanding global steadiness of the slowdown for thirty years, but also a common destiny of the main industrial sectors.
  • La Bundesbank : une orthodoxie pragmatique - Andrew Brociner, Odile Chagny p. 95-119 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
    Les commentaires et analyses relatifs à l'action de la Bundesbank mettent généralement en exergue le rôle des agrégats monétaires. La Bundesbank y contribue au premier chef, en donnant à son discours un fort accent quantitativiste. L'antériorité de l'adoption d'une politique monétaire axée sur le respect d'objectifs quantitatifs (fin 1974) et les performances de l'Allemagne en termes d'inflation ont fait le reste. Si la théorie quantitative de la monnaie a en quelque sorte gagné ses lettres de noblesse avec la Bundesbank, c'est pourtant grâce à une approche non dogmatique de la théorie que l'Allemagne n'a jamais en fait connu d'épisode monétariste pur (du type de celui expérimenté par la Fed au début des années quatre-vingt). La Bundesbank privilégie plutôt une approche pragmatique, selon laquelle le respect de l'objectif final de préservation de la valeur de la monnaie que lui assignent ses statuts prime sur l'interprétation dogmatique de la théorie quantitative de la monnaie. Reconnu et revendiqué par la Bundesbank, ce pragmatisme fonde sa fonction de réaction et a des implications spécifiques. L'attachement à la théorie quantitative de long terme, grâce à laquelle la théorie monétaire « possède (un) fondement solide »\ dicte à la politique monétaire de se consacrer exclusivement à la stabilité des prix et donc de ne pas inclure le chômage dans sa fonction objectif. Or, le respect de sa mission incite la Bundesbank à intervenir en permanence dans l'arbitrage entre inflation et chômage. Ce constat, empirique, soulève le problème de la réaction aux chocs de court terme. Suivies à la lettre, les conclusions que tire la Bundesbank de la théorie monétaire concluent à la neutralité d'une banque centrale à l'égard des chocs non monétaires, l'inflation restant, à long terme, un phénomène monétaire. Les conditions concrètes dans lesquelles interviennent les chocs de court terme poussent cependant la Bundesbank, pragmatiquement attachée à la stabilité de la valeur de la monnaie, à intervenir activement.
    The Bundesbank: a pragmatic orthodoxy Andrew Brociner, Odile Chagny The Bundesbank is widely associated with the setting of monetary aggregates, based on its reliance on the quantitative theory of money. In adopting this theory, however, its approach remains pragmatic, as the preservation of the value of money takes priority over the more strict interpretation of the quantity theory. Followed rigourously, the quantity theory would prescribe that the use of monetary policy be assigned to the pursuit of price stability, to the exclusion of other objectives, such as unemployment. The Bundesbank, however, in its more pragmatic approach, and following its objective of preserving the value of money, intervenes continuously in the inflation- unemployment trade-off. This empirical finding highlights its reactions to short-run shocks. Far from relying exclusively on the setting of monetary aggregates in an effort to maintain price stability in the long-run, the Bundesbank favours a more short term intervention to preserve the value of its currency.
  • Chronique des tendances de la société française

    - Louis dirn, Louis Chauvel, Michel Forsé, Jean-Pierre Jaslin, Henri Mendras, Carole Rivière, Irène Fournier p. 121-155 accès libre avec résumé
    Cette chronique porte sur des transformations au sein de la population active, sur la scolarisation régionale en France et la religion en Europe occidentale : • Naguère les pères de famille étaient « protégés » du chômage. Depuis cinq ans, ils ne le sont plus et il s'en suit une inquiétude qui pourrait avoir une influence sur le taux de natalité ou l'accession au logement. • L'analyse des écarts de rémunération des salariés selon le secteur d'emploi montre que les fonctionnaires ont une position intermédiaire entre les salariés des entreprises privées et ceux des entreprises publiques, qui sont plus favorisés, même si les écarts sont faibles. • La mobilité professionnelle croissante s'accompagne paradoxalement d'une proportion accrue d'actifs qui sont présents dans leur entreprise depuis plus de 15 ans. Cette dualisation entre une population plus mobile et une autre plus fixe est sans doute l'effet du risque de chômage. • Le dernier bilan de la négociation professionnelle confirme que les accords nationaux sont les moteurs du système. A la base, les salariés ont le sentiment que tout changement les met à contribution sans être consultés. • Au XIXe siècle, le Nord-Est de la France a été alphabétisé plus tôt que le reste du pays. Au XXe siècle, le Sud était plus scolarisé que le Nord. Aujourd'hui les disparités régionales s'estompent. • Dans toute l'Europe occidentale la pratique religieuse a baissé. En revanche les institutions ecclésiales restent inchangées et sont très différentes d'un pays à l'autre. Quelle sera l'influence de la tendance sur les institutions ?
  • Chronologie 1995 - Sylvie Le Golvan p. 157-175 accès libre
  • Résumés en anglais - p. 177-179 accès libre