Contenu du sommaire : Revue de l'OFCE n°58

Revue Revue de l'OFCE (Observations et diagnostics économiques) Mir@bel
Numéro no 58, 1996
Titre du numéro Revue de l'OFCE n°58
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • La convergence est-elle nécessaire à la création d'une zone monétaire ? Réflexions sur l'étalon or 1880-1914 - Marc Flandreau, Jacques Le Cacheux p. 5-41 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
    Le traité de Maastricht a mis l'accent sur la convergence de critères d'endettement public, de déficit, d'inflation et de taux d'intérêt longs. Ces critères sont habituellement justifiés comme constituant la garantie de la formation d'une zone monétaire stable. De ce point de vue, l'expérience de l'étalon or en Europe, à la fin du XIXe siècle, présente un précédent tout à fait intéressant, puisque cette zone or se passa de tout cadre formel multilatéral. Et pourtant, en termes de stabilité monétaire l'expérience fut un succès. Cet article est un premier « état des lieux » dans une recherche visant à reconstituer des séries cohérentes de dettes publiques, de budgets, de taux longs, de taux d'inflation et de taux de change pour un échantillon important de pays européens (Allemagne, Autriche-Hongrie, Belgique, Danemark, Espagne, France, Grande-Bretagne, Grèce, Hollande, Italie, Norvège, Portugal, Russie, Suède, Suisse) pour la période « classique » de l'étalon or. On cherche surtout ici à formuler un certain nombre de constats et d'hypothèses permettant d'appréhender une réalité diffuse et complexe. Les éléments avancés doivent donc être traités comme des conclusions provisoires susceptibles d'être affinées, testées, démontrées ou rejetées dans des étapes ultérieures.
    The Maastricht Treaty has emphasised that « convergence » criteria were holy principles for a successful completion of monetary unification. From this respect, the experience of the «classical» gold standard of the late nineteenth century might have interesting lessons for us, because convergence under the gold standard took place out of any formal framework, and yet it was a success. This paper is a first interim report in a research program aimed at building a number of long term series for public debts, public finance, inflation rates, interest rates, and exchange rates for a large sample of European countries (France, Germany, Spain, Belgium, Great-Britain, Greece, Holland, the Austrian Empire, Russia, Italy, Norway, Sweden, Switzerland, Portugal, Denmark) and over the period 1 880-1 91 3, in order to assess the causes of the stability of the gold standard. While the broader project is far from being completed, we seek here to provide a number of provisory conclusions and research hypotheses that could be very relevant for contemporary debates.
  • Scénarios européens : rétrospective et prospective - Pierre-Alain Muet p. 43-65 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
    L'histoire de cinquante ans de construction européenne oppose la méthode des petits pas ou de l'engrenage, initiée par Jean Monnet, qui permit que s'enclenche et se développe l'intégration européenne, aux initiatives politiques qui ont toutes échoué, depuis les ambitions fédéralistes du congrès de la Haye dans l'immédiat après-guerre, jusqu'aux différents projets de constitution élaborés par le Parlement européen, en passant par la Communauté européenne de défense au milieu des années cinquante. Pourtant les difficultés politiques surgies à l'occasion de la ratification du traité de Maastricht, l'élargissement à terme d'une Communauté initialement prévue pour six pays à l'ensemble du continent, et la complexité institutionnelle à laquelle a abouti une expérience d'intégration sans précédent dans l'histoire montrent que la construction européenne ne pourra sans doute pas se poursuivre sans que soient abordés les choix politiques si souvent esquivés. Comment adapter des institutions héritées de couches successives d'intégration oscillant entre des volontés politiques contradictoires, aux défis qui s'accumulent en cette fin de siècle : recomposition du continent après l'éclatement du bloc soviétique, élargissement de l'Union à une trentaine de pays, Union monétaire nécessairement restreinte dans une première phase... Jamais sans doute les échéances européennes ne semblent avoir été aussi contradictoires. L'architecture en piliers du traité de Maastricht illustre ce choix jamais tranché entre une confédération d'Etats nations que caractérise la démarche intergouvemementale, et l'approche fédérale qui était celle des fondateurs et que l'on retrouve implicitement dans l'Union économique et monétaire. La conférence intergouvernementale sur la réforme des institutions qui s'est ouverte en mars apportera-t-elle une solution à ces problèmes si la question fondamentale « Quelle Europe voulons-nous ? » reste omise parce que chacun sait bien qu'aujourd'hui la réponse divise profondément les Etats et les citoyens. La thèse défendue dans cet article est que ces divergences doivent être reconnues pour sauvegarder le processus d'intégration européenne. L'Europe à géométrie variable, ou plus exactement l'Europe à volontés politiques différenciées, qui en est la conséquence est la seule issue qui permette de poursuivre un processus d'intégration qui conditionne la survie économique de notre continent.
    For the last fifty years, the history of European integration has witnessed two opposing methods: the gradual one based on « spillover effects » from economic to political integration, initiated by Jean Monnet, which allowed for and developed the European Community; and the political initiatives — all of which have failed — starting with the federalist ambitions of the Hague Congress, just after the war, up to the different constitutional projects elaborated by the European Parliament. Meanwhile, the political difficulties which surfaced with the ratification of the Maastricht Treaty, the eventual enlargement of a Community — initially planned for six countries — to an entire continent, and the institutional complexity of an integration process without historical precedent, show that European integration can hardly continue without embracing the political choices so often avoided. How can one adapt the institutions inherited from successive layers of integration, wavering between contradictory political aims, to the challenges which appear at the end of this century : the recomposition of the continent after the break-up of the Soviet Block ; the enlargement of the Union to some thirty countries; Monetary Union, necessarily limited to only a few countries at first... With little doubt, never has the European agenda appeared to be so contradictory. The architecture in pillars of the Maastricht Treaty illustrates this choice, which was never clear-cut, between a confederation of nation states which characterises the intergovernmental approach and the federalist one, which was the choice of the founders, and which is implicit in Economic and Monetary Union. Will the intergovernmental conference, which opened in March, on reforming the institutions, bring any solutions if the fundamental question, « What Europe do we want ? », remains omitted because everyone well knows that the answer profoundly divides the states and the citizens ? The thesis advocated in this article is that these differences should be recognized in order to save the process of European integration. A Europe with variable geometry, or, more precisely, a Europe with different political wishes, is in fact the only outcome allowing for the pursuit of an integration process which conditions the economic survival of our continent.
  • Education, effets externes, emploi : le cas de la France - Jean Léonard p. 67-102 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
    L'éducation réapparaît, danslesannées 1980-1990, avecles «nouvelles théories de la croissance », comme un facteur d'efficacité économique, plutôt que comme facteur de croissance, quand la crise dure: la « comptabilité de la croissance » (Solow dixit) effectuée par Denison dans les années 1960 est modernisée, faisant apparaître l'éducation comme source d'effets externes. Cependant ces effets externes doivent être analysés de façon plus large, comme facteurs de cohésion sociale. Alors, tant pour des raisons d'ordre national qu'international (à la recherche d'avantages comparatifs, voire absolus), toute société développée, qui veut pour le moins le rester, a avantage à élever le niveau d'éducation de sa population. Cela ne va pas sans poser des problèmes quand le nombre croissant de diplômés de l'enseignement supérieur ne rencontre plus l'adéquation passée entre formation et emploi. La conciliation des désirs individuels et de l'intérêt collectif ne peut se faire sans remettre en question cette adéquation (vue comme « équivalence ») et, peut-être bien, des règles sociales qui sont sources d'inégalités. La question n'est donc pas posée aux seuls systèmes de formation, mais à nos sociétés, plus globalement.
    Education, external effects, employment : French case Jean Léonard Education reappears in the 1980s - 1990s with the «new growth theories» as a factor of economic efficiency rather than as a growth factor as long as the crisis lasts. « Growth Accountancy » (Solow dixit) carried oub by Denison in the 1960s has been modernized showing education as a source of external effects. However, these external effects, undeniable in the economic sphere have to be analysed on a larger scale as cohesion and social integration factors (searching for comparative, and even absolute advantages) any developped society that wishes (at least) to remain as such, will take interest in raising the education level of its population. This is not without raising problems when the growing number of higher education graduates does not (no longer ?) coincide with adequate employment (or supposed as such). The new, and necessary conciliation of individual and collective interests cannot be obtained without revising both this adequation (too often viewed as an « equivalence ») and, maybe, the social rules, which are sources of inequalities. So not the training systems alone are being questioned, but on a larger scale, our societies as well.
  • La nouvelle version de MIMOSA, modèle de l'économie mondiale - Equipe MIMOSA, Henri Delessy, Henri Sterdyniak, Bruno Coquet, Philippine Cour, Hervé Le Bihan, Frédéric Lerais, Frédéric Busson, John Baude, Bernard Châtelain, Murielle Fiole p. 103-155 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
    MIMOSA, modèle macroéconomique de l'économie mondiale, construit en commun par le СЕРН et l'OFCE, est maintenant réestimé. Le présent article en expose les principales caractéristiques ainsi que quelques propriétés variantielles. Les économies des six plus importants pays industrialisés sont décrites en détail par des modèles d'inspiration néo-keynésienne ; le découpage en cinq branches (trois pour les Etats-Unis et le Japon) permet d'isoler l'énergie, le secteur agricole, le secteur abrité, le secteur non-marchand et l'industrie où la fonction de production, de type « putty-clay », vise à assurer la cohérence des comportements d'emploi, d'investissement, d'accumulation de capacités de production. Ces modèles autorisent une analyse fine des conséquences des diverses mesures de politiques budgétaires ou monétaires. Douze zones, décrites plus sommairement, regroupent le reste du monde : le modèle intègre en particulier les contraintes de financement qui pèsent sur les possibilités d'importations des pays en développement. Les interdépendances commerciales sont décrites en quatre produits. L 'article montre comment le modèle rend compte des effets différenciés sur l'économie considérée et sur l'économie mondiale d'une hausse des dépenses publiques survenant dans l'un des grands pays. Il étudie ensuite les conséquences d'une hausse mondiale des dépenses publiques, d'une hausse généralisée des taux d'intérêt, puis d'une dépréciation du dollar—
    Mimosa, a macroeconomic model of the world economy, jointly built by the CEPII and the OFCE, is now reestimated. This article presents its main features and describes some monetary and fiscal multipliers. The economies of the six bigger industrialised countries are described in great detail by neo-keynesian models : a five product disaggregation distinguishes the energy sector, agriculture, the non-traded sector, the government sector and the industrial sector for which a putty-clay production function ensures compatibilities between employment, investment and production capacity behaviour. These models allow a precise analysis of the consequences of many kinds of monetary or fiscal policies. The rest of the world is divided into twelve zones, more succinctly modelled : the model reveals in particular the financing constraints which bear on the imports of the less developed countries. International trade is analysed through a four product disaggregation. The article shows the model's properties while describing the impacts, in the country and abroad, of an increase in public expenditure in one of the major countries. It studies the consequences of worlwide increase in public expenditures, the implications of a worldwide increase in interest rates, and finally the effects of a decline in the dollar exchange rate.
  • Chronique des tendances de la société française

    - Louis Dirn, Louis Chauvel, Jean-Pierre Jaslin, Laurent Mucchielli, Pascal Pochet, Pierre Vergés p. 157-203 accès libre avec résumé avec indexation
    • Cette chronique fait le point sur l'évolution du syndicalisme depuis les années soixante et critique les diverses thèses explicatives de la crise du syndicalisme. • Ensuite nous présentons les premiers résultats d'une enquête pilote menée par Pierre Vergés sur l'acquisition des notions économiques par les élèves au début et à la fin de la scolarité secondaire (à 11 et 17 ans) en France et en Grande-Bretagne. • Dans les chroniques précédentes, nous avons insisté sur l'institutionnalisation des catégories d'âges. Des données récentes montrent que la frontière entre jeunesse et âge actif est en train de se brouiller et que certaines caractéristiques des comportements de la jeunesse se répandent dans les âges ultérieurs, comme si les jeunes conservaient leur manière d'être la trentaine passée. • Par ailleurs le poids des retraités continue de se renforcer dans la société malgré la crise. Pascal Pochet fait le point sur cette classe d'âge en distinguant troisième et quatrième âges et esquisse quelques projections sur leur comportement dans les années à venir. • La désaffection des électeurs pour les partis « de gouvernement » et leur report vers l'abstention et les partis plus radicaux (PC et FN) varient en fonction des catégories sociales. Mais ces évolutions ne remettent pas en cause le clivage gauche/droite.
  • Résumés en anglais - p. 205-207 accès libre avec résumé
    -De 11 à 17 ans, passage à l'abstraction. -Anglais libéraux et Français colbertiens. -Les politiques économiques des gouvernements se reflètent dans les représentations des élèves.