Contenu du sommaire : Revue de l'OFCE n°60

Revue Revue de l'OFCE (Observations et diagnostics économiques) Mir@bel
Numéro no 60, 1997
Titre du numéro Revue de l'OFCE n°60
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Une projection de l'économie française à l'horizon 2001 - Eric Confais, Gérard Cornilleau, Catherine Mathieu, Xavier Timbeau p. 7-37 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
    Les perspectives macroéconomiques pour la France sont actuellement très médiocres. Une courte reprise, d'ampleur très limitée, a succédé à la récession de 1993, mais dès 1996 la croissance est retombée en dessous de 2 %. D'ici 2001, il apparaît peu vraisemblable, en l'absence d'une stimulation venant de l'extérieur, que l'on puisse effacer les effets de la récession du début des années quatre-vingt-dix. Les problèmes structurels de l'économie française demeurent : la politique économique reste plus soucieuse de lutte contre l'inflation et de rééquilibrage financier à court terme que de croissance ; l'augmentation trop faible des salaires et le déséquilibre permanent du partage du revenu qui en découle pèsent sur la demande. Seule la compétitivité bénéficie de la croissance lente et de l'absence de tensions sur les prix. Il en résulte une amélioration continue du commerce extérieur qui est toutefois insuffisante pour compenser l'atonie de la demande interne. Dans ces conditions, la croissance devrait stagner autour de 2 % par an en moyenne ce qui ne permettrait pas de juguler l'augmentation du chômage. Le seul espoir de reprise plus vigoureuse repose sur la baisse des taux d'intérêt. Il faudrait toutefois, pour qu'il se concrétise, que l'économie réagisse plus vigoureusement que par le passé à la baisse des taux et que celle-ci soit, durablement, d'une ampleur plus importante que celle qui a été enregistrée jusqu'à aujourd'hui.
    Current macroeconomic prospects for the French economy are gloomy. The 1993 slump was followed by a short and moderate upturn. As soon as in 1996, the growth rate of the economy was lower than 2 %. Considering the five coming years, it looks unlikely that, without any external stimulus, the effects of the recession that started in 1992 should be cancelled. The structural problems of the French economy remain : in the short run, economie policy is more concerned with fighting inflation and reaching financial balances, than with economic growth ; demand is dampened by too low wage increases. Slow growth and low priees only help the improvement of competitiveness. As a resuit, external trade surpluses keep on increasing, which does not compensate for the sluggish internai demand. In this context, the average annual growth rate of the French economy should remain around 2 %, which would not allow for a reduction in the number of the unemployed. The only hope for a stronger recovery to take place is based on interest rates cuts. However, this implies that the impact of interest rates on the economy is more significant than it was in the past, that the fall in interest rates is bigger than the one that has taken place up to now, and is durable.
  • Réussir sa sortie. Une analyse des dépréciations de 1992 en Italie et au Royaume-Uni - Bruno Coquet, Hervé Le Bihan p. 39-77 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
    Cet article propose un bilan et une interprétation des dépréciations de la lire et de la livre sterling en 1992. Nous montrons que ces sorties du SME ne sont pas des dévaluations compétitives ; elles peuvent être considérées comme des réussites du point de vue de la politique économique. Nous indiquons les contributions des chocs de politique économique et des chocs de comportement — notamment la modération salariale — aux évolutions macroéconomiques dans les deux pays. Nous montrons comment ces dépréciations ont permis à l'Italie de limiter le coût macroéconomique de l'ajustement de ses finances publiques, et au Royaume-Uni d'accélérer sa reprise et le rétablissement de ses comptes extérieurs.
    This article reviews macroeconomic developments in Italy and the United Kingdom after the 1992 EMS crisis. We show that these experiences are not competitive devaluations ; they are parts of successful policy mix strategies. We exhibit the contributions of various shocks (fiscal policies, monetary policies, private behaviours - especially wage slowdown) to those developments. We point out the positive impacts of these depreciations, which limited macroeconomic costs of fiscal restructuring in Italy, and favoured British recovery.
  • Chronique des tendances de la société française

    - Louis Dirn, Louis Chauvel, Michel Forse, Henri Mendras, Laurent Mucchielli p. 79-106 accès libre avec résumé
    Cette chronique présente trois approches contrastées de l'évolution de la structure sociale française : — l'étude des revenus des ménages montre qu'après une période où l'éventail des revenus se réduisait, il est en train de se rouvrir : les déciles supérieurs des ménages voient leurs revenus augmenter plus fortement que l'ensemble des ménages, et les soutiens divers améliorent légèrement la situation des plus pauvres. — l'opinion des Français sur leur appartenance à une classe a fortement évolué : les pourcentages des Français qui se situent dans la bourgeoisie et la classe ouvrière sont en baisse, tandis que ceux qui se situent dans la classe moyenne sont plus nombreux ; — la fréquentation des musées et des expositions montre que, malgré l'allongement de la scolarité et l'explosion de l'offre culturelle, les clivages entre Français « cultivés » (qui vont au musée) et les autres demeurent aussi nets. La fracture culturelle demeure ; — l'analyse des professions et du chômage des étrangers révèle que leurs niveaux de scolarisation et de qualification croissent et qu'ils s'alignent sur l'ensemble de la population, malgré le maintien de quelques zones de fragilité ; — enfin, phénomène très nouveau : l'influence de la conjoncture économique sur les taux de suicide.
    • La croissance des inégalités économiques - Chauvel L. p. 79-85 avec indexation
    • Diminution de la conscience de classe - Fossé M. p. 85-89 avec résumé avec indexation
      La conscience d'appartenir à une classe sociale était analysée dans les années cinquante et soixante comme une des caractéristiques essentielles de l'industrialisation. Aujourd'hui, ces consciences de classe se sont estompées.
    • La féquentation des musées - Mendras H. p. 89-92 avec résumé avec indexation
      Il n'y a eu que peu de changement depuis trente ans dans le comportement culturel des français. Résultats d'une enquête sur les visites des musées en France.
    • L'évolution de la vie professionnelle des étrangers - Mucchiellil L. p. 92-100 avec résumé avec indexation
      -la tendance générale à l'alignement de l'emploi des étrangers sur celui des français. -Chômage, fragilité sociale, discrimination face à l'embauche et au licenciement.
    • Ralentissement économique et suicide - Chauvel L. p. 100-104 avec résumé avec indexation
      En dehors des causes personnelles ou anthropologiques, dont on peut supposer qu'elles sont stables dans le temps et liées à la culture nationale, les variations du taux de suicide paraissent, selon les indices dont nous disposons, liées à la situation économique.
  • La croissance potentielle

    • Introduction - Jean-Paul Fitoussi p. 107 accès libre
    • Ralentissement de la croissance potentielle et hausse du chômage - Olivier Passet, Christine Rifflart, Henri Sterdyniak p. 109-146 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Depuis 1973, la croissance des pays industrialisés a fortement ralenti. Dans certains pays (Etats-Unis, Japon), le taux de chômage n'a pas été affecté. Au contraire, la quasi-totalité des pays européens ont connu une hausse tendancielle du chômage. Quelle est la part du ralentissement de la croissance qui s'explique par celui de la croissance potentielle ? Le taux de chômage d'équilibre a-t-il augmenté en Europe ? Cette augmentation est-elle une cause ou une conséquence du ralentissement de la croissance potentielle ? Cet article propose une synthèse théorique et empirique des liens entre croissance potentielle et chômage dans les pays industrialisés, et plus particulièrement en Europe. La croissance potentielle peut être définie comme le niveau maximal de production soutenante sans accélération de l'inflation. Si certains cherchent à la mesurer par des méthodes purement statistiques, seule l'approche structurelle par des fonctions de productions explicites est satisfaisante. Sa mise en œuvre par les organismes internationaux aboutit à deux conclusions fortes pour l'Europe : la faiblesse de la croissance potentielle actuelle (de 2,1 à 2,3 % l'an) et le bas niveau de l'écart de production en 1995 (-0,3 % pour la CE, -1,5 % pour l'OCDE, - 2,2 % pour le FMI). Mais ces évaluations sous-estiment les disponibilités tant en ce qui concerne le facteur travail, que le facteur capital et le progrès technique. Quatre causes peuvent être évoquées pour expliquer le ralentissement de la croissance potentielle : une baisse exogène du progrès technique (qui demeure largement inexpliquée dans les études empiriques, qu'elles soient fondées sur des modèles traditionnels de croissance ou sur les divers schémas de la théorie de la croissance endogène) ; les rigidités du marché du travail (qui expliquent que le ralentissement du progrès technique provoque une certaine hausse du chômage d'équilibre, mais celle-ci est inférieure à la hausse constatée du chômage), l'insuffisance de l'accumulation du capital (mais celle-ci n'a pas représenté une contrainte durable en Europe malgré la baisse de la profitabilité des entreprises) ; enfin, l'impact de la croissance effective sur la croissance potentielle. Selon nous, la croissance effective est en Europe depuis de nombreuses années inférieure à la croissance potentielle. L'actuel déficit de production est bien plus important que ceux couramment admis comme en témoignent la tendance à la déflation, le haut niveau de chômage, la faiblesse des hausses de salaires, la bonne situation financière des entreprises. La production potentielle n'est pas actuellement une contrainte à la croissance et à la création d'emplois en Europe. Cette zone souffre essentiellement du manque de dynamisme de sa demande, due à son incapacité à mettre en oeuvre des politiques économiques appropriées.
      Since 1973, the industrialized countries growth has seriously slown down. In some countries (the United States, Japan), the unemployment rate has not been hited. On the contrary, unemployment has continuously increased in nearly every european countries. Consequently, what part of the growth slowdown is due to the potential output low pace of growth ? Has the equilibrium unemployment rate really increased in Europe ? Is this increase linked to the potential output slowdown ? This paper is a survey of the theoritical and empirical links between potential output and unemployment in the indutrialized countries, especially in Europe. The potential output growth may be defined as the non accelerating inflation rate level of production. Some try to estimate this output on the basis of purely statistical methods. However, other approachs using an explicit production function appear to be well better. According to this point of view, results from the international organisms imply very strong conclusions for Europe : the présent weakness of the potential output growth ( between 2.1 and 2.3 %) and a narrow output gap in 1995 ( -0.3 % for EC, -1.5 % for OECD, -2.2 % for the IMF). But thèse results underestimate the labor and capital capacities as well as technical progress. Four reasons can explain the slowdown of potential output pace. First of ail, we can assume an exogeneous drop of the technical progress (which remains largely misunderstood in spite of empirical investigations using both traditional or endogeneous growth theoritical framework). Secondly, labour market rigidities can be a proper candidate explaining how the slowdown of technical progress has pushed up the unemployment equilibrium, but not as much as observed. A third explanation can be found in a insufficient capital accumulation path, due to the weak profitability of corporate sector (but that explanation does not seem suitable to the european context). At least, actual growth can modify potential growth trend. According our perception, for a long time, actual output follows a slower path than potential output. Déflation tendancy, high level of per­sistant unemployment, limited wages increases, and healthy financial position of corporate sector provide relevant facts to assume that the ouptput shortfall is much more important that is currently admitted. So, potential output does not constraint expansion nor employment. European area appears to be suffering more from a slack demand, wich remains based on unappropriated économie policies.
    • Le taux de chômage d'équilibre, anciennes et nouvelles approches - Henri Sterdyniak, Hervé Le Bihan, Philippine Cour, Henri Delessy p. 147-186 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Dans chaque pays, en raison des caractéristiques des négociations salariales et du fonctionnement du marché du travail, il existe un niveau de chômage d'équilibre, en deçà duquel apparaissent des hausses de salaires excessives, donc une hausse de l'inflation. Deux approches rivales ont été développées pour définir et évaluer le taux de chômage d'équilibre. Selon la courbe de Phillips, d'inspiration empirique et macroéconomique, le taux de chômage d'équilibre de long terme (le NAIRUj n'est influencé que par l'évolution tendancielle de la productivité du travail ; il est relativement stable ; la politique économique ne peut guère le faire diminuer. Le ralentissement de la productivité explique une part importante de la hausse des taux de chômage d'équilibre en Europe ; cependant, ceux-ci sont actuellement nettement inférieurs aux taux de chômage effectif. Selon les « nouvelles théories du chômage », d'inspiration microéconomique et théorique, le taux de chômage d'équilibre, obtenu par l'intersection des courbes WS et PS, dépend de toutes les variables qui jouent sur la formation des prix et des salaires (taux de cotisations sociales, termes de l'échange, taux d'intérêt, salaire minimum, poids des syndicats, taux des prestations chômage, etc.) ; il est donc influencé par la politique économique et varie au cours du temps ; le taux de chômage effectif reste toujours proche du taux de chômage d'équilibre. Toutefois, l'existence et les déterminants d'un salaire réel cible postulé par cette approche posent de délicats problèmes théoriques et empiriques. Au vu d'un survol des travaux empiriques existants et de nos propres estimations, la robustesse des « nouvelles approches » n'est pas établie. Le cadre d'analyse associé à la courbe de Phillips traditionnelle nous paraît conserver toute sa pertinence.
      In each country, there exists an equilibrium rate of unemployment, determined by wage bargaining features and labour market functioning, below which the rate of inflation accelerates. Two alternative approaches have been developed to define and to evaluate this equilibrium rate. According to the Phillips curve, which is based on empirical and macroeconomic works, the Non Accelerating Inflation Rate of Unemployment only depends on the trend of labour productivity. The NAIRU is relatively steady ; economie policy cannot make it decrease. The lower trend of labour productivity explains a significant part of the increase in European equilibrium rates of unemployment ; however, the latter are currently undoubtedly below effective rates of unemployment. According to the « new unemployment theories », which are based on theoretical and microeconomic works, the equilibrium rate of unemployment is determined by the intersection of Wage-Setting and Price-Setting curves, and is influenced by ail the variables which play a part in wages and priees formation (social contributions rates, real interest rates, minimum wage, trade unions power, unemployment benefits, terms of trade, etc.). The equilibrium rate of unemployment is then influenced by economie policy and may fluctuate. The effective unemployment rate is always close to the equilibrium one. However, the existence and the features of the real wage target that are postulated by this approach, set many theoretical and empirical problems. Considering both the results of previous empirical works and those of our own estimations, the robustness of the « new approach » is not set up. The traditional approach of the Phillips curve is still relevant.
    • Le paradoxe du ralentissement du progrès technique - Hélène Baudchon p. 187-217 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Depuis 1973, le rythme de croissance des pays industrialisés a fortement ralenti. Ce changement de rythme, et sa datation, sont plus constatés qu'expliqués. Tout se passe comme si la croissance potentielle 1 avait ralenti, sans que l'évolution des facteurs de production ne permette d'en rendre compte. On est donc conduit à supposer qu'il y a eu une rupture dans le rythme du progrès technique. Il s'agit là d'un paradoxe car, d'une part, cette rupture reste inexpliquée, tandis que, d'autre part, on ne peut occulter l'importance du courant d'innovations qui a marqué le dernier quart de siècle. Mais les innovations majeures ne se diffusent que lentement dans les processus de production et dans les modes de vie. On doit donc admettre que, avec les méthodes dont on dispose, on n'a pas encore le recul suffisant pour savoir s'il y a eu une rupture exogène du rythme de progès technique impliquant des gains de productivité durablement plus faibles ou s'il s'agit d'une évolution endogène progressive caractéristique d'un système économique en phase de maturation.
      Since 1973, the pace of growth has been sharply declining in the industrialised couotries. It is unfortunately easier to observe this change of rhythm, and to identify its starting date, than to explain it. It looks as though potential growth had slowed, but nevertheless, the evolution of the factors of production do not even reflect this movement. Therefore we suppose that there is a break in the path of technical progress. However a paradox appears. On the one hand, this break remains unexplained, whereas, on the other hand, we cannot deny the importance of the innovations wave during the last quarter of this century. But it takes time for major innovations to spread through the production process and to every daylife. With the empirical work and the data we have, we are not yet able to gauge whether there has been an exogenous break in the pace of technical progress which implies permanently weak productivity gains. On the contrary, it may correspond to a progressive endogenous evolution which characterises an economie system during a maturation stage.
  • Chronologie 1996 - Sylvie Le Golvan p. 219-236 accès libre
  • Résumés anglais - p. 237-239 accès libre