Contenu du sommaire : Revue de l'OFCE n°61

Revue Revue de l'OFCE (Observations et diagnostics économiques) Mir@bel
Numéro no 61, 1997
Titre du numéro Revue de l'OFCE n°61
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Les inégalités économiques au fil du temps: 1956-1994 - Chauvel L. p. 201-207 avec indexation
  • Chronique de conjoncture

    • Un compromis monétaire favorable à l'Europe - Département des diagnostics de l'OFCE, Philippe Sigogne, Jacky Fayolle, Hélène Baudchon, Odile Chagny, Amel Falah, Olivier Passet, Christine Rifflart, Valérie Chauvin, Hervé Péléraux, Françoise Milewski, Carine Bouthevillain p. 5-7 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Une fenêtre s'ouvre aujourd'hui pour que les pays européens puissent s'échapper de la « prison » de la déflation, si leurs politiques économiques s'avèrent suffisamment accommodantes. L'appréciation récente du dollar n'est pas une simple bulle destinée à se dégonfler à brève échéance. Elle traduit fondamentalement la prise en compte par les opérateurs internationaux de la continuité des performances de croissance américaines et leur confiance accrue dans le caractère soutenable de la position extérieure américaine. Si les politiques monétaires, en Europe et au Japon, maintiennent suffisamment longtemps de bas taux d'intérêt à court terme, la correction des changes pourrait être menée à terme et le dollar se stabiliser, fin 1997, au voisinage de 1,9 DM et 130 yens. Avec la normalisation des changes intra-européens, c'est un changement d'environnement significatif pour les entreprises européennes. Dans les dernières années, en effet, la contrainte de monnaie forte a constitué, pour nombre d'entre elles, un vecteur privilégié des influences déflationnistes, en poussant à la guerre des prix et à l'abaissement prioritaire des charges d'exploitation et d'investissement. Il résultera de ce changement des gains de parts de marché substantiels pour les entreprises européennes, mais aussi et surtout des signaux de prix plus favorables, qui devraient lever l'inhibition à produire et investir. Les politiques budgétaires européennes auront aussi leur rôle à jouer jians la consolidation de cet environnement, en évitant un durcissement exagéré au voisinage des prochaines échéances institutionnelles. La croissance internationale, qui bénéficiera en 1997 et 1998 d'une accélération du commerce international, pourrait être ainsi mieux partagée au sein de l'OCDE. La croissance américaine, toujours forte, bénéficie des effets du fort courant d'investissements sur le potentiel productif, si bien que les tensions inflationnistes sur les marchés de biens restent limitées. Les autorités monétaires ont les moyens de maîtriser la vitesse de l'expansion, sans avoir à verser dans un durcissement d'une sévérité telle qu'il s'avérerait déstabilisant. Les conditions de liquidité de l'économie américaine se sont en effet progressivement resserrées depuis 1994 et rendent efficace une nouvelle action marginale de la Réserve fédérale. La croissance américaine, encore vive en 1997 (2,8 %), ralentirait sans drame en 1998 (2 %). Le Japon bénéficie désormais de la décrue du yen mais s'apprête à subir un assainissement budgétaire qui amputera lourdement les ressources des ménages et fragilisera davantage une demande privée déjà versatile. C'est donc le maintien d'une politique monétaire accommodante, qui, à travers son impact sur le taux de change, aura la charge principale de placer le Japon sur un sentier d'expansion honorable. La contribution du commerce extérieur jouera un rôle essentiel pour permettre au Japon d'atteindre une croissance supérieure à 3 % en 1998. Le regain d'exportations n'a encore eu jusqu'à présent qu'un effet d'entraînement limité sur l'économie allemande. La consommation des ménages allemands pâtit de l'ajustement des emplois et des restructurations en cours. Ces restructurations améliorent progressivement la rentabilité des entreprises mais la confirmation de la détente concurrentielle est décisive pour que leur incitation à investir soit enfin libérée. En 1997, le programme d'économies sociales exercera une ponction contraignante sur les ressources des ménages. Mais si l'effort actuel parvient à ramener le déficit public au voisinage du critère de Maastricht, la politique budgétaire pourrait relâcher la pression sur les ménages en 1998 et devenir modérément expansionniste : ce serait bénéfique à l'expansion sans constituer un danger pour la maîtrise acquise du déficit. Une impulsion pourrait ainsi être donnée à la consommation des ménages et la demande interne relaierait enfin la reprise des exportations. C'est dans ces conditions que L'Allemagne pourrait renouer, après une année 1997 encore modeste (2,2 %), avec une expansion significative en 1998 (3,5 %). La croissance décrite pour la France (2,5 % cette année, 3,1 % l'an prochain) s'appuie sur l'hypothèse d'un changement de configuration monétaire et financière : la montée du dollar, passée et prévue, permettrait de conforter le regain des exportations, grâce au redressement du commerce mondial et aux gains de parts de marché. En même temps, les profits à l'exportation pourraient se redresser ; leur compression passée, pour limiter les pertes de compétitivité, pesait sur les salaires, les emplois, les investissements etc. Le rééquilibrage anticipé dans cette prévision modifierait les comportements. D'autant que la montée du dollar s'accompagne d'un rééquilibrage à l'intérieur même du SME. La détente des taux d'intérêt se maintiendrait et permettrait aussi que le contexte d'incertitudes soit en partie levé. La dynamique d'une reprise par l'extérieur pourrait ainsi se concrétiser : la fin des comportements restrictifs de dépenses des entreprises impliquerait l'arrêt du déstockage, la stabilisation des effectifs puis la reprise des embauches et enfin le redémarrage de l'investissement. Ainsi, la demande intérieure s'accélérerait : demande intérieure totale dès 1997 (du fait des stocks), demande intérieure finale en 1998 grâce à l'investissement. La politique économique reste contrainte par la satisfaction des critères de Maastricht : investissement et consommation des administrations sont limités et le seront d'autant plus si des risques de creusement du déficit apparaissent. L'investissement productif sera l'élément dynamique de la demande intérieure, tout particulièrement en 1998. Mais la consommation a peu de chance de s'intensifier car elle a été dopée en 1996 par les mesures de soutien à l'automobile : la baisse du taux d'épargne a déjà eu lieu. La croissance sera compatible avec un nouveau ralentissement de l'inflation (malgré la hausse du prix de l'énergie importée), une nouvelle extension de l'excédent commercial (grâce à l'industrie) et elle permettrait une inflexion à la baisse du chômage. Les créations d'emplois s'accentueraient progressivement et atteindraient en 1998 un rythme proche de celui de 1988-89, bien que la croissance du PIB soit plus faible : le ralentissement des gains de productivité, avec le développement du temps partiel, et le contrecoup des faibles créations d'emplois de 1994 dans l'industrie permettraient une reprise franche à court terme. Le revenu des ménages en sera peu affecté ; mais le chômage pourrait cesser de croître et même diminuer en 1998, sous l'hypothèse d'une neutralité de la politique de l'emploi. Enfin, les critères de Maastricht seraient respectés, les dépenses étant modérées (et, au besoin, gelées) et les recettes accrues si nécessaire.
      A window is being opened to free Europeans countries from the pitfall of deflation, in case of suitable economic policies. The recent recovery of the dollar should not be viewed as a speculative move, being prone to a prompt reversal. It is probably more due to favourable expectations of foreign investors concerning the American growth performances and the further sustainability of the external position. Would European and Japanese monetary authorities keep short term interest rates unchanged for a while, exchange rates corrections could be durably achieved. The dollar would then reach 1 ,9 DM and 130 yens by the end of 1997. Intra-European exchange rates normalisation means a more favourable background for European firms. In the recent past, strong currencies have bound them to carry out a price war and lower trading as well as investment outlays. Now, one can expect some improvement of export market shares and, above all, a recovery of production and investment triggered by more attractive prices. A support from European fiscal policies is needed to consolidate this environment, particularly by avoiding an undue tightening during the pre electoral period. Sustained by a world trade upsurge in 1997 and 1998, international growth will be more balanced within the OECD countries. American growth stays firm. The impact of massive investments on supply have reduced inflationary risks. Now, monetary authorities can afford to manage-expansion with no sharp downturn. Liquidity conditions have been shrinking since 1994 and require just a further marginal action from the Federal Reserve. American growth, still firm in 1997 (2,8 %) will softly land in the following year (2 %). Japan is taking advantage of the slump of the yen but the coming budgetary reorganization will cut households' income and weaken private demand. In this context, it is the responsability of the monetary policy, by the way of the exchange rate adjustment, to settle a more dynamic pace of expansion. Net exports contribution might be essential to allow an economic growth above 3 % in 1998. Until now, German growth has only been fed by an export rebound. Private consumption is impeded by the employment downward adjustment and the industrial restructuring. Profitability of firms is improving but investment plans will go up only if price competitiveness is insured. In 1997, social saving plans will heavily pressure households' income. If actual adjustment succeeds to match the Maastricht critérium, fiscal policy might alleviate the burden on households in 1998 and become slightly expansionary. Economic growth would be stronger and would consolidate the fiscal achievements. Consumption might get a fresh impetus and domestic demand could relay the export upturn. Posting a moderate pace in 1997 (2,2 %), German growth should be more vigorous in 1998 (3,5 %). The present forecast of French growth (2,5 % this year, 3,1 % next year) is highly dependant on a shift in the monetary and financial environment : the recent and future rise of the dollar would ensure more exports, through a world-trade pick-up and market shares gains. Export profit margin would also turn up ; they were cut to make up for the loss in competitiveness so thus lying heavy weight on wages, employment, investment, etc... The expected rebalancing of the dollar would all the more unfreeze spending behaviour that it would reinforce the present rebalancing among the EMS currencies. Persistent low interest rates would allow uncertainty to be partly lifted. An export-led recovery would then materialize : as firms move away from their restrictive stance, it would imply the end of destocking, the resumption of hiring and then the pick-up of investment. Thus, domestic demand would accelerate : as soon as 1997 for the total domestic demand thanks to stock building, in 1998 for the final domestic demand thanks to investment. Economic policy will remain poised to match the Maastricht criteria : public consumption and investment are subdued and will be all the more so if risks of a wider deficit emerge. Productive investment would be the dynamic component of domestic demand, especially in 1998. But consumption has little ground for expansion, for it has been stimulated in 1996 by car subsidies : the drop in the saving rate has already occurred. Growth would be compatible with a further slowdown of inflation (despite the rise of imported energy prices), a growing trade surplus (thanks to industry) and would enable the unemployment rate to be curbed down. Job creations would progressively accelerate and reproduce in 1998 their 1988-89 pace, despite a lower GDP growth : the development of part-time jobs and the consequences of weak job creations in 1994 in the manufacturing industry would allow a neat resumption in the short term. Private income would be only slightly affected, but unemployment would stop growing and would even shrink assuming a neutral labour policy. Finally, the Maastricht criteria would be fulfilled, expenditures being capped and revenues raised if necessary.
    • Les chances d'un nouveau compromis monétaire, favorable à un meilleur partage de la croissance internationale - p. 7-39 avec indexation
    • La France: une reprise par l'extérieur qui permettent de stopper la montée du chômage - p. 40-92 avec résumé avec indexation
      Analyse de la conjoncture française et des prévisions pour 1997 en matière de commerce extérieur, d'investissement, de dette, de déstockage, de prix, de revenu des ménages, de taux d'intérêt, de taux d'épargne financière, d'agrégats monétaires, de politique budgétaire et de chômage (graphiques, tableaux).
  • L'épidémie de crises bancaires dans les pays de l'OCDE - Thomas Lambert, Jacques Le Cacheux, Audrey Mahuet p. 93-138 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
    Au cours des quinze dernières années, les systèmes bancaires des grands pays industrialisés ont connu des évolutions contrastées. Si l'Allemagne a su demeurer à l'abri des difficultés, les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni, le Japon et les pays Scandinaves ont tous été affectés par des crises dont l'ampleur et les modalités ont cependantété trèsdiverses. Les pays Scandinaves ont dû fournir des montants tellement considérables pour venir à bout de la crise (jusqu'à 15 % du PIB en Finlande) qu'ils ont lourdement grevé les finances publiques. Aux Etats-Unis, les difficultés ont atteint une ampleur sans précédent depuis la dépression des années trente : environ 1500 banques commerciales et 1 200 caisses d'épargne ont fait faillite entre 1984 et 1995. Au Japon, on estime que les créances douteuses s'élèvent à 600 milliards de dollars pour l'ensemble des établissements de crédit. En France, la situation du Crédit Lyonnais, du Comptoir des Entrepreneurs et celle du Crédit Foncier sont bien connues. Le Royaume-Uni, enfin, a subi quelques faillites retentissantes dont celles de la BCCI et de la Barings. Comment rendre compte des difficultés croissantes que semble connaître /'intermediation bancaire traditionnelle, en même temps que de la diversité des situations nationales ? Trois éléments peuvent être mis en avant afin d'apporter une réponse à cette interrogation : la concentration des systèmes bancaires, l'ampjeui etja rapidité des changements réglementaires intervenus ces dernières années et la place de la banque dans l'organisation du système économique. Chacun de ces éléments intervient de façon différente dans chaque pays et est à l'origine d'un système bancaire unique dont les forces et les faiblesses s'articulent de façon différente. Se pose alors, notamment à l'échelle de l'Union européenne, le problème de l'organisation de la supervision des établissements bancaires et de la gestion des crises. La diversité des structures bancaires nationales et celle des futures instances européennes en charge de leur surveillance semblent telles qu'en l'absence d'une véritable autorité centrale, la stabilité de l'espace bancaire et financier européen n'apparaît pas véritablement assurée.
    Over the past fifteen years, the banking systems of industrialized countries have had quite contrasted performances. Whereas Germany has been sheltered from trouble, the US, France, the UK Japan and Scandinavian countries have all been affected by banking crises, the depth and precise characteristics of which have however been diverse. To get rid of their problems, Scandinavian countries have had to inject such iarge amounts of funds (up to 15% of GDP in the case of Finland) that their public finances have been durably deteriorated. In the US, difficulties in banking have reached a degree unprecedented since the Great Depression of the 1930s: about 1500 commercial banks and 1200 Saving & Loans Insitutions have failed between 1984 and 1995. In Japan, the total amount of non-performing assets held by banks is currently estimated at about US$ 600 billions. In France, the critical situations of the Crédit Lyonnais, the Comptoir des Entrepreneurs or the Crédit Foncier are well known. Finally, the UK has lived through some highly publicized failures such as those of the BCCI and Barings. How to account for the seemingly increasing difficulties facing traditional banking and for the apparent diversity of national situations? Three factors may be looked at: the degree of concentration of national banking systems, the magnitude and speed of deregulation and the roles of banks in the financing of national economic activity. Each of these elements differs from one country to the other and contributes to the uniqueness of each national banking system. Hence, the problem arising in the European Union concerning the prevention and treatment of banking crises: given the diversity of national banking systems and of the national institutional in charge of their supervision and control, the stability of the European banking and financial sector is not guaranteed in the absence of a central authority.
  • Transmission de la politique monétaire et régime de changes : une comparaison France - Allemagne - Etats-Unis - Catherine Bruno p. 139-164 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
    Dans cette étude, nous analysons l'impact d'un choc monétaire sur le produit, le taux d'intérêt, les prix et les encaisses réelles en France, en Allemagne et aux Etats-Unis. Le fait de disposer d'un échantillon de données sur une période allant de 1960 à 1994 nous permet d'étudier la transmission de la politique monétaire en régime de changes fixes (de 1960 à 1973) et en régime de changes flexibles (de 1973 à 1994) (Joyce et Kamas, 1993 ; Bayoumi et Taylor, 1995) . Nous utilisons la modélisation vectorielle autorégressive (VAR) pour mener à bien ce travail. Pour chaque pays, nous analysons le profil de réponse de l'activité, des prix, des encaisses réelles et du taux d'intérêt à un choc monétaire avant et après 1973. De même, nous nous interrogeons sur l'importance du choc monétaire comme source des fluctuations de l'activité réelle. Cet exercice nous permet de savoir si la réponse de l'activité économique à un changement monétaire dépend du régime de changes. Pour cela, d'une part nous comparons le profil de réponse du produit à un choc monétaire en changes fixes et flexibles et d'autre part nous calculons la corrélation entre ces deux réponses. Puis, nous mesurons la causalité au sens de Granger entre les variables du système vectoriel autorégressif г Ainsi, ce calcul permet de déterminer l'ordre d'exogénéité des variables avant et après 1973. Nous pouvons vérifier empiriquement si la monnaie est plus exogène en changes flexibles qu'en changes fixes et si elle cause l'activité réelle en changes flexibles : en effet, en changes flexibles, la réalisation de l'équilibre externe est assurée parles variations du taux de change et non par la variation des réserves en devises, composante externe de la monnaie. Dans ce cas, la monnaie constitue un objectif intermédiaire de la politique monétaire. De plus, nous comparons le profil de réponse du produit en France, en Allemagne et aux Etats-Unis avant et après 1973. Ainsi, nous analysons si les mécanismes de transmission de la politique monétaire à l'activité réelle sont les mêmes dans les trois pays. Il est également pertinent de comparer les chocs monétaires d'un pays à l'autre avant et après 1973. Cette comparaison permet de déterminer si les chocs monétaires sont spécifiques ou communs aux trois pays.
    The transmission of monetary policy and exchange rate regime : a France - United States - Germany comparison Catherine Bruno In this paper, we determine the impact of a monetary shock on output, interest rate, price level and real balances in France, Germany and the United States. As the data are available over the sample 1960- 1994, we can study the transmission of monetary policy with an exchange rate either fixed (from 1960 to 1973) or flexible (from 1973 to 1994). We adopt a vectorial autoregressive {VAR) methodology in order to achieve this work. For each country, we analyze the impulse responses of output, price level, real balances and interest rate following a country-specific monetary shock before and after the year 1973. This exercise allows us to know if the output response to a monetary shock depends on the exchange rate regime. For that, we compare the output response between the fixed and flexible exchange rate regimes. Then we calculate the correlation between these two responses. We also mesure the Granger causality between the variables of the VAR system. So we can determine the exogeneity order of the variables. For instance, we verify empirically if the monetary aggregate is more exogeneous in the flexible regime than in the fixed one on one side and if money causes output in the flexible regime on the other side. Finally, we compare the output response between the three countries. So, we analyze if the propagation mechanisms of monetary policy to real output are the same ones in the three countries. We also compare to each other the country-specific monetary shocks before and after the year 1973. This comparison allows us to determine if the monetary shocks are either symmetrical or asymmmetrical between the three countries.
  • Allemagne : en quête de nouvelles modalités de partage de la valeur ajoutée - Odile Chagny p. 165-200 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
    Jusqu'à récemment, le débat sur l'avenir du modèle économique allemand opposait traditionnellement les tenants d'une insuffisante flexibilité du marché du travail, recrutés plutôt du côté patronal, à ceux d'une orthodoxie monétaire pénalisante (via le taux de change) représentés plutôt du côté syndical '. La généralisation des accords de flexibilisation du travail dans le courant de 1996 marque à cet égard une inflexion, car elle exprime la résolution de l'ensemble des partenaires sociaux. Il apparaît donc important de comprendre cette détermination. Les rencontres menées en janvier 1996 sous l'égide du chancelier (les « Kanzlerrunde ») avaient mis en avant les contraintes engendrées par le financement de la réunification, dans un contexte de forte appréciation nominale du deutsche mark. Un an plus tard, la bonne orientation des exportations et la normalisation du change ont relégué au second rang les problèmes du niveau de la monnaie. Les ajustements sur le marché de l'emploi se sont cependant poursuivis à un rythme soutenu et le taux de chômage a atteint en janvier 1997 un record absolu dans les anciens Lander (9,8 %). Ces évolutions ont suscité des réactions d'autant plus nourries qu'elles s'inscrivent sur une tendance plus longue. La baisse de l'emploi est en effet ininterrompue dans les anciens Lander depuis la mi- 1992 et la reprise de 1994 n'a stabilisé le taux de chômage que le temps de trois trimestres, avant que le ralentissement de 1995 ne le pousse de nouveau à la hausse. De tels ajustements peuvent difficilement n'avoir qu'une composante conjoncturelle. La réussite du modèle allemand repose en fait théoriquement sur l'adaptation de l'offre à une contrainte de marge forte, à laquelle sont censés contribuer l'ensemble des partenaires sociaux. La rigueur de la politique monétaire allemande et l'appréciation nominale de la monnaie contraignent en effet les prix, et donc les marges. Des efforts de productivité et une bonne réponse des salaires nominaux sont alors nécessaires à la préservation des profits, car ils permettent de contenir l'appréciation réelle de la monnaie et donc de limiter la détérioration de la compétitivité. Les négociations centralisées de branche contribuent en principe également à gérer les contraintes nominales. Peu différenciées au sein d'une même branche, les progressions salariales imposent en en effet théoriquement des niveaux de productivité moyens élevés. La capacité d'adaptation des entreprises les moins rentables en est stimulée, tandis que la codécision à l'allemande permet d'introduire une certaine flexibilité à la hausse des salaires dans les entreprises les plus rentables 2. Or la difficulté de l'Allemagne à dégager des gains de productivité supérieurs à ceux de ses concurrents est apparue comme une contrainte de plus en plus difficile à gérer dans un contexte de convergence des rythmes d'inflation et a reporté l'ajustement sur le mode de formation des salaires. En même temps, la capacité d'adaptation de l'économie allemande a été d'autant plus sollicitée qu'il lui a fallu absorber les chocs impliqués par la réunification.
    Until recently, the debate on the future of the German economic model generally set the supporters of labor flexibility (on the business side) against the supporters of monetary easing (on the Trade Union side). The increase in agreements on labor flexibilization during 1996, shows a changing behaviour of Trade Union which has to be explained. In January 1996 the négociations « Kanzlerrunde » under the sponsorship of Helmut Kohl, emphasized the constraints due to the reunification cost, in a context of rising DM. One year later, the recovery of exports and the normalization of the exchange rate, have reduced the monetary constraint. However, the labor market adjustment goes on, and the West side unemployment rate has overtaken its historical top level in January 1997 (9,8 %). This result is all the more impressing because it confirms a long run trend. Since the middle of 1992, the employment continuously decreased excepting during the 1994 recovery which has been stabilizing the unemployment rate for three quarters. Such adjustment have obviously structural reasons. The German model success is based theoretically on the ability of supply to cope with a strong competitiveness constraint, thanks to the social consensus. The rigourous monetary policy and the rising DM imply slow price increases, and so, weigh on margins. Consequently, wages in line with an improving productivity are necessary for stabilizing profits, limiting the real rise of the exchange rate and for preserving competitiveness. Centralized branch négociations normally contribute to this nominal adjustement. And the small gap between wage increases inside a branch implies theoretically high average productivity levels. The adaptability of less profitable firms is stimulated, and at the same time, the German « co-decision » system allows higher wages in more profitable firms. However, the German economy has more and more difficulties for improving productivity faster than neighbouring countries, in a context of converging inflation rates. As a result, the profitability effort is now shifted onto wages. At the same time, the adaptability of the German economy has been all the more requested because of the reunification shock.
  • Chronique des tendances de la société française

    - Louis Dirn p. 201-226 accès libre avec résumé
    Cette chronique couvre quatre domaines : • Le mouvement d'égalisation des revenus des ménages a marqué les années 1965- 1979 et a contribué à la prépondérance de la classe moyenne durant ces années. Depuis, différentes enquêtes permettent de constater que l'échelle des revenus se distend de nouveau, amenant de plus en plus de ménages à la lisière de la pauvreté. • Depuis qu'on annonce la mort du taylorisme, il n'en finit pas d'agoniser : le travail est l'objet d'une triple modernisation : technique, sociale et organisationnelle. Ces changements ne sont pas conduits au même rythme, ils se traduisent par davantage de polyvalence, et un resserrement des contraintes dues aux politiques de flexibilité. • La fin du service militaire suscite des réactions contradictoires dans l'opinion suivant le parti politique auquel on adhère. L 'opinion est partagée entre l'efficacité militaire et la conception républicaine du service national que tout citoyen doit à la République, symbole idéologique encore bien vivant. • Suite aux résultats récents sur la criminalité en France, l'analyse de chacun des types d'infraction permet de relativiser la baisse globale observée et de mesurer les effets du Plan Vigipirate.
  • Débat sur la croissance molle

    • Débat autour de « la croissance molle » - Jean-Paul Fitoussi p. 227 accès libre avec résumé avec indexation
      Débat autour de la croissance molle: analyse des dynamiques sous-jacentes au phénomène de la croissance molle; assimilation à une crise capitaliste ou à une crise de la pensée économique; réponse sous le titre "capitalisme, socialisme et démocratie".
    • Anatomie de la croissance molle : un commentaire - Jean-Luc Gaffard p. 229-248 accès libre avec résumé
      Les déséquilibres qui ont affectés les économies occidentales dans les dernières décennies ont été interprétés comme le résultat d'un mauvais fonctionnement des marchés incapables d'adaptation face aux changements de l'environnement (changements de technologie, globalisation...), en raison, principalement, d'imperfections de l'information et de l'absence de règles d'incitation susceptibles de corriger ces imperfections. JP. Fitoussi, dans un précédent numéro de cette revue, a proposé une autre analyse de ce qui est arrivé et de ce qui continue d'arriver aux variables essentielles ainsi que de l'intervention requise de politique économique, en mettant l'accent sur le pouvoir de marché des « créanciers » et sur les effets qui en résultent sur l'accumulation du capital et la croissance. Cet article propose de considérer le modèle néoautrichien de croissance comme étant le cadre analytique approprié pour soutenir la thèse de JP. Fitoussi. En effet, un tel cadre permet d'établir les propositions suivantes. La viabilité du sentier suivi, plutôt que l'optimalité intertemporelle du flux de consommation, constitue le critère d'efficience pour une économie soumise à des changements structurels. L'évolution de cette économie (et sa viabilité) dépend, principalement, de la relation entre l'investissement et la consommation finale. Maintenir l'investissement en harmonie avec la consommation requiert de prendre garde à l'ordre de déroulement des événements. Ces propositions permettent d'expliquer pourquoi et comment l'économie a été piégée dans un état de croissance faible et de chômage. Elles mettent en lumière le fait que des réformes structurelles ont des effets déflationnistes et que le gain que l'on peut en attendre, s'il existe, apparaît seulement quand l'économie croît de nouveau. Il s'ensuit que la reprise doit être la priorité, ce qui requiert une politique monétaire expansionniste combinée à une politique budgétaire rigoureuse, ainsi que l'a suggéré JP. Fitoussi.
    • Croissance molle : crise capitaliste ou crise de la pensée économique ? Une réponse à Jean-Paul Fitoussi - Thierry Pouch p. 249-257 accès libre
    • « Capitalisme, socialisme et démocratie ». Réponse à Thierry Pouch et invitation au débat - Jean-Paul Fitoussi p. 259-269 accès libre
  • Résumés en anglais - p. 271-275 accès libre
  • Cahier de graphiques - Amel Falah p. 276 accès libre