Contenu du sommaire : Revue de l'OFCE n°63
Revue | Revue de l'OFCE (Observations et diagnostics économiques) |
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Numéro | no 63, 1997 |
Titre du numéro | Revue de l'OFCE n°63 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Chronique de conjoncture
- La concurrence, frein et moteur de l'investissement - OFCE, Philippe Sigogne, Jacky Fayolle, Hélène Baudchon, Odile Chagny, Amel Falah, Olivier Passet, Christine Rifflart, Gérard Cornilleau, Françoise Milewski, Carine Bouthevillain, Valérie Chauvin, Eric Heyer, Catherine Mathieu, Hervé Péléraux, Xavier Timbe p. 5-82 L'activité économique européenne s'est sensiblement redressée depuis un an. Le meilleur environnement monétaire, dont elle bénéficie, en raison de la hausse du dollar et de la détente des politiques monétaires, a d'ores et déjà un effet réel marqué. Les parts de marché à l'exportation des pays européens auparavant affectés par la force de leur monnaie, l'Allemagne en tout premier lieu, remontent enfin, si bien qu'au premier semestre 1997 la reprise de leur activité bénéficie pleinement d'un commerce mondial dynamique, qui a retrouvé un rythme de l'ordre de 8 % l'an. La solidité du redressement européen n'est cependant pas complètement acquise. Les projets d'investissement des entreprises européennes sont positivement orientés et révisés en hausse au cours de 1997, mais de grands pays, comme l'Allemagne, la France et l'Italie, sont à la traîne dans ce mouvement. La progression de la consommation privée est irrégulière et vulnérable aux résurgences de comportements de précaution. Afin de lever ces hésitations, il revient aux banques centrales d'user de leur pouvoir d'influence pour stabiliser les taux de change au voisinage de cours désormais jugés collectivement satisfaisants. La croissance américaine est toujours entraînée par l'ensemble des composantes de la demande. Une correction transitoire du fort stockage devrait intervenir dans la seconde partie de l'année, sans qu'il annonce un retournement de la demande finale. Les entreprises américaines participent à l'auto-entretien de la croissance par des investissements qui améliorent leur efficacité productive et permettent de concilier la hausse des profits et les créations d'emplois. L'accélération de la croissance en 1997 est facilitée par le caractère assez accommodant de l'émission de liquidités. La Réserve fédérale devrait cependant réaffirmer une attitude préventive, se traduisant par un resserrement monétaire limité d'ici la fin 1997. Le ralentissement de la croissance en 1998 (2,6 % après 3,8 % en 1997) recouvre une certaine harmonie entre l'adaptation des agents privés au réglage monétaire et la crédibilité de ce dernier. Ces perspectives sont compatibles avec une stabilisation du dollar à un cours permissif pour la consolidation de la croissance européenne (1,9 DM en 1998). Une fois passés les achats d'anticipation suscités par la hausse de la TVA en avril, l'activité japonaise a lourdement rechuté au printemps. Elle s'avère très vulnérable au sevrage budgétaire que lui impose la cure d'austérité décrétée par le gouvernement. La détente monétaire n'est pas suffisamment incitative pour dissuader les agents privés de leur préférence pour l'épargne et compenser l'impact dépressif de la politique budgétaire. Le comportement de précaution des ménages fait d'autant plus sentir ses effets en 1997 qu'ils subissent une hausse de prélèvements fiscaux et sociaux équivalente à 2,5 % de leur consommation sur l'ensemble de l'année fiscale. Le principal soutien de l'activité reste la dépréciation du yen. Les exportateurs ont cessé de perdre des parts de marché depuis l'an dernier. L'impact de la crise monétaire asiatique resterait localisé et ne serait pas suffisant pour remettre en cause la contribution positive du commerce extérieur à la croissance japonaise pour 1998. La croissance britannique s'est accélérée depuis la fin 1996 pour évoluer à un rythme de l'ordre de 4 % l'an. La demande interne en est le principal soutien. La consommation des ménages bénéficie des gains de pouvoir d'achat et de l'optimisme des salariés. Après une phase d'attentisme en 1996, l'orientation positive de l'investissement se confirme. Mais les effets restrictifs de la forte appréciation de la livre vont à l'encontre de cette accélération. La perte de compétitivité, jointe à un policy-mix soucieux de contenir toute résurgence inflationniste, remettra la croissance dans la moyenne européenne. La progression du PIB, après 3,5 % en 1997, reviendra à 3 % en 1998. L'activité est bien orientée en Allemagne au premier semestre 1997, sous l'influence expansive des débouchés extérieurs et grâce à une compétitivité améliorée. En contrepartie, la consommation des ménages continue à pâtir du recul de l'emploi tandis que l'investissement des entreprises est encore freiné par la modération de la demande interne. La situation de l'emploi devrait cependant s'améliorer au second semestre 1997 et la consommation en bénéficierait progressivement. La politique monétaire ne devrait pas freiner ce redressement de la demande intérieure, si les facteurs ponctuels qui expliquent une accélération transitoire de l'inflation ne sont pas indûment extrapolés. Grâce au relais pris par la demande intérieure et sous l'hypothèse d'une politique budgétaire modérant son caractère restrictif, la croissance allemande pourrait atteindre 2,5 %, puis 3,3 % en 1998. En France, l'activité redémarre lentement, principalement grâce à la contribution du commerce extérieur. La demande intérieure reste bridée par la poursuite du déstockage, l'atonie de la consommation et le repli de l'investissement. Le point bas de l'activité est cependant derrière nous. La croissance du PIB marchand serait de 2,1 en 1997 et de 3,3% en 1998. Les échanges extérieurs constituent cette année encore l'élément le plus dynamique de croissance du PIB. Les exportations profitent à la fois d'une demande extérieure dynamique et de l'évolution favorable des taux de change. L'excédent de la balance commerciale continuerait donc de s' am- plifier et la capacité de financement de la Nation serait excédentaire de plus de 2 points de PIB cette année et de près de 3 points l'an prochain. Le ralentissement de l'activité a freiné l'investissement d'extension des capacités de production et les entreprises ont différé le renouvellement de leurs équipements. Les entreprises ne connaissent pas de blocage d'ordre financier, mais affectent leurs ressources à un autre usage que les dépenses en capital. La permanence de taux d'intérêt réels longs élevés constitue un frein à la reprise de l'endettement. Elle entame également la profitabilité du capital physique mis en œuvre et, par là, s'oppose à l'engagement de dépenses nouvelles. Mais, en 1998 l'investissement des entreprises pourrait redémarrer. La baisse des prix de production dans l'industrie manufacturière s'interromprait, ce qui permettrait une nette décrue des taux réels et le redressement des dépenses d'investissement, à un niveau modeste toutefois au regard du repli passé. Après une année 1996 médiocre, le pouvoir d'achat du revenu des ménages accélérerait en 1997 puis en 1998. Le poids des prélèvements obligatoires dans le revenu se stabiliserait à 23 % en 1997 et s'élèverait de 0,4 point en 1998. Les revenus d'activité s'accéléreraient, portés surtout par la reprise de l'emploi en 1998 pour la masse salariale et le regain d'activité des entrepreneurs individuels. En revanche, la croissance des prestations sociales resterait faible. La consommation se redresserait, grâce au revenu et au regain de confiance des ménages. Le taux d'endettement des ménages resterait relativement modéré. Aussi ne seraient-ils pas amenés à épargner davantage pour réduire leur endettement. Le ralentissement des prix cesserait à l'horizon de la prévision. La remontée des cours des matières premières et celle du dollar met un terme à la baisse des prix de production dans l'industrie. Mais les coûts salariaux restant faibles, la hausse des prix à la consommation des produits manufacturés serait encore très modérée. L'amélioration déjà constatée de l'emploi salarié devrait se confirmer à la faveur de la consolidation de la reprise, notamment dans l'industrie. En ce qui concerne le chômage, les perspectives semblent meilleures. La croissance du chômage devrait ralentir d'ici à la fin de l'année, pour s'interrompre au premier semestre de Vannée prochaine. Sur l'ensemble de 1998, une baisse du nombre de chômeurs est possible. Mais, au regard du volume des créations d'emplois, elle serait modeste, la population active augmentant toujours vivement durant les phases de réanimation du marché du travail. Avec le changement de gouvernement, la politique budgétaire a connu deux infléchissements. Le premier, relatif à l'équilibre global du budget, a consisté à ralentir le rythme de réduction du déficit, celui-ci n'atteignant que 3,1% du PIB en 1997. Le projet de budget pour 1998 s'appuie, quant à lui, pour l'essentiel, sur l'augmentation spontanée des recettes et sur la croissance, pour assurer la stabilisation du déficit autour de 3 % du PIB. Les dépenses sont stabilisées en volume. Le second concerne les baisses d'impôts programmées par le gouvernement Juppé qui sont annulées.Competition, as both a brake and an engine of investments OFCE For the past year, the main engine of the european upturn has been the improved exchange rate and liquidity background. European exports are regaining market shares, especially in the case of Germany. The investment plans of European firms are more upbeat, though many larger countries, Germany, France and Italy are lagging. Private consumption growth is still vulnerable to a possible comeback of a cautious stance. Domestic policy-mixes as well as a revival of European coordination bear some responsibility in strengthening the current recovery. Would this responsability be yet fulfilled, a 3 % growth rate could be achieved in 1998 for Europe as a whole. The US growth outlook is consistent with a higher dollar exchange rate, in favour of the European growth (1,9 DM in 1998). American companies ease the growth process through efficient investments raising profits and jobs. During the year 1997 the monetary policy kept supporting growth. A moderate tightening is foreseeable before the end of 1997. The slowdown of growth in 1998 (2,6 % after 3,8 % in 1998) would allow for a better fitting of private behaviours to a credible monetary policy. The Japanese economy has recorded a new drop during the spring of 1997, offsetting the anticipated purchases triggered by the 1st April VAT increase. The monetary easing is, in the short run, unable to balance the effects of the restrictive fiscal policy. The main support of the activity is the yen's depreciation, as it helped stabilize market shares for one year. The limited outcome of the South East Asian financial crisis would not hinder the positive contribution of foreign trade to the 1998 growth (2,5 % after 0,9 % in 1997). In France, economic growth is taking off slowly, mainly thanks to the contribution of the foreign trade. The destocking, a lack-luster private consumption and the setback of investment have dampened the domestic demand. However, the turning point is over. Growth would reach 2,1% in 1997 and 3,3% in 1998. Once again, foreign trade is the more dynamic component of GDP. Exports benefit at the same time from a strong external demand and from favorable exchange rates. The trade balance surplus would continue to increase leading to a current surplus exceeding 2 % of GDP this year and 3 % next year. The slowing down of GDP growth has hampered the addition of new capacities. Firms postponed their replacement of equipment. They are not financially constrained, but they use their funds for other purposes than capital expenditures. The permanently high real long interest rates have slowed down new indebtedness and reduced the profitability of installed capital. Therefore, they have prevented firms from making new expenditures. But in 1998, firms investment would pick up again. The producer prices in manufacturing industries would stop decreasing. This would allow a downturn of the real interest rates and an increase in investment expenditures, at a modest level regarding the past slowdown. After a mediocre 1996 year, the purchasing power of households would accelerate in 1997 and in 1998. The ratio of tax to income would be stabilised at 23 % in 1997 then would rise by 0.4 % in 1998. Primary income would accelerate, thanks to increased payrolls in 1998 and a revival of activity for self-employed. On the other hand, the social security benefits would remain low. Private consumption would pick up, in line with the disposable income and a revived consumer confidence. The households' debt ratio would remain quite low, so that they would not need to save more to reduce their debt. Prices would stop slowing down at the forecast horizon. The recovery of raw materials prices and of the dollar would bring the fall of producer prices to a halt in the industry. But consumer prices would still grow slowly because of low wage costs. The current improvement of employment would be confirmed by the recovery, especially in the manufacturing industry. Concerning unemployment, prospects have improved. The unemployment rate would slow down from now to year-end and would stabilise during the first half- year period of 1998. A fall of the number of unemployed would happen in 1998. But, this fall would be limited by the inflow of previously discouraged workers. Due to the changing government, the French fiscal policy has been shifted on two points. First, the pace of the deficit reduction has been slowed. The general government deficit would reach 3,1% of GDP in 1997. The law of finance project for 1998 is based on a cyclical increase of revenues and on a GDP growth to help stabilising the general government deficit close to 3% of GDP. Expenditures are stabilised in real terms. The tax cuts planned by Juppé government are canceled.
- Débat sur les prévisions - Michel Didier, Philippe Sigogne, Jacky Fayolle, Françoise Milewski, Olivier Passet, Anton Brender, Jean-Paul Fitoussi p. 84-92 Débat autour des prévisions réalisées par l'Observatoire Français des conjonctures économiques, entre autres française et européenne.
- La concurrence, frein et moteur de l'investissement - OFCE, Philippe Sigogne, Jacky Fayolle, Hélène Baudchon, Odile Chagny, Amel Falah, Olivier Passet, Christine Rifflart, Gérard Cornilleau, Françoise Milewski, Carine Bouthevillain, Valérie Chauvin, Eric Heyer, Catherine Mathieu, Hervé Péléraux, Xavier Timbe p. 5-82
- Le modèle américain : « une reconversion réussie mais inachevée» - Hélène Baudchon p. 93-142 Alors que l'année 1997 est déjà bien engagée, la vigueur de la croissance américaine ne cesse de se confirmer. Après un démarrage un peu lent, le cycle actuel semble vouloir s'éterniser, profitant du dynamisme soutenu de la demande interne, entretenu par les fortes créations d'emplois et la faiblesse de l'inflation. Si ces performances sont paradoxales eu égard à la logique cyclique, elles ont néanmoins une explication. Elles résultent de la reconversion réussie de l'économie américaine, engagée depuis maintenant dix ans, qui l'a fait passée d'une situation sclérosée par l'appréciation du dollar à une situation où le jeu du marché n'est contraint par rien. Cette reconversion n'est pas le fruit d'une révolution structurelle de la société américaine. Certes, la redéfinition de l'insertion économique internationale des Etats-Unis ne s'est pas faite sans une nouvelle conception de la politique commerciale ; et la maîtrise du déficit public sans une nouvelle conception de la politique budgétaire ; mais, fondamentalement, les comportements n'ont pas changé. Le modèle américain reste libéral et le citoyen américain optimiste. L'économie américaine est dans une situation transitoire : la reconversion n'est pas encore achevée, mais elle est déjà bien avancée. Ceci explique la difficulté à en capter tous les signes dans les statistiques de la Comptabilité nationale. La politique monétaire est à la fois acteur et spectateur de cette évolution, ayant contribué à créer un environnement nominal stable dont elle profite aujourd'hui. La capacité de l'économie américaine à créer toutes sortes d'emplois, qui génèrent des revenus et soutiennent l'endettement, est la clé de voûte du dynamisme actuel. Bien sûr des interrogations subsistent quant à la qualité de ces emplois et la solvabilité des ménages. Mais elles sont compensées par le haut niveau de confiance des ménages. La persistance du déficit extérieur est le seul échec au tableau des performances. Bien que la structure géographique du commerce soit plus équilibrée et que les Etats-Unis bénéficient d'une zone d'échange de prédilection, VALENA, la spécialisation sectorielle, qui est conforme aux dotations factorielles des Etats-Unis, se traduit par une forte pénétration des importations que la vigueur des exportations ne parvient pas à compenser. L'accord conclu entre l'Administration Clinton et le Congrès sur la manière d'atteindre l'équilibre budgétaire à l'horizon 2002 apparaît comme la « cerise sur le gâteau ». Il est l'aboutissement de l'amélioration structurelle du déficit, engagée depuis 1993, mais sa conclusion profite aussi de la vigueur de la croissance. La crédibilité de ce projet est néanmoins affectée par deux critiques : les réformes fondamentales permettant de consolider l'assainissement des finances publiques sont repoussées à plus tard et les effets attendus (baisse des taux d'intérêt et hausse de l'épargne privée) ne sont pas garantis.The American model : a successful but unfinished transition Hélène Baudchon At the mid-year of 1997, the dynamism of the American economy remains very strong. After a slow take-off, the current business cycle seems to go on and on, benefiting from the growth of domestic demand, strong job creations and weak inflation. Despite the paradoxical features of these success in the business cycle logic, it can be explained by the successful reconversion of the American economy, now engaged for more than ten years. The United States have moved from a sclerosed situation due to the dollar appreciation to a situation where the market forces play whithout any constraints. This evolution is not a structural revolution of the American society. Indeed, both the current position of the United States in the international economic environment and the control of the public deficit have been made possible thanks to renewed trade and fiscal policies. But, fundamentally, behaviors have not changed at all. The American standard remains based on a free market economy and the American people are still very optimist. The American economy is now in a transient situation : the reconversion is not yet complete but things seem to have got off to a good start. That is why it is quite difficult to gauge it through the national accounts. The monetary policy is both actor and witness of this evolution : it has contributed to create this stable nominal environment and benefits from it now. The keystone of the current dynamism is the American capacity to create different kinds of jobs, generating incomes and supporting debt. Of course the quality of these jobs and the households solvability remain in debate, but it is partly compensated by the high level of consumer confidence. The only failure is the persistence of the trade deficit. The sectoral specialization, in accordance with the resources allocation, translates into a strong penetration of imports which is not completely balanced by the export growth although the geographical composition of the foreign trade looks more balanced and even if the United States benefit from the NAFTA zone. The bi-par- tisan agreement concluded between the Clinton Administration and the Congress on the way to a balanced budget in the year 2002 can be considered as the perfect final touch. It results both from the structural reduction of the deficit, under way since 1993, and from the strong growth. The credibility of the plan suffers nevertheless from two critics : the fundamental reforms, needed to strengthen the current path of fiscal consolidation, are postponed and the expected effect (lower interest rates and higher private saving) are not guaranteed at all.
- La flexibilité comparée des marchés du travail américain et japonais - David Jestaz, Olivier Passet p. 143-194 Depuis le début des années soixante-dix, les Etats-Unis et le Japon se distinguent des autres pays de l'OCDE par le fait que le taux de chômage est pour l'essentiel stationnaire (il fluctue autour d'une moyenne constante : cette fluctuation est faible au Japon et forte aux Etats-Unis). Partant de ces faits saillants, nous avons cherché à distinguer quelles étaient les caractéristiques des marchés du travail respectifs, afin de les inscrire dans la régulation économique d'ensemble. Nous avons donc cherché à situer notre réflexion dans une perspective générale, en intégrant le fonctionnement des marchés financiers, du système de formation et plus généralement, des interventions de politique économique. De cette analyse comparée, il ressort que les Etats-Unis et le Japon se trouvent être deux cas polaires, tant dans la configuration de l'emploi que dans l'adaptation cyclique. La configuration de l'emploi est assez stable depuis trente ans, aucun des deux pays n'ayant décidé de réformer le fonctionnement de son marché du travail : l'emploi est peu protégé aux Etats- Unis, quel que soit le statut, alors que le Japon offre la vision d'un système dual où coexistent l'emploi à vie et les statuts atypiques. En matière de comportement cyclique, le premier pays se caractérise par une rigidité nominale des salaires, ce qui provoque une plus grande variabilité de la quantité de travail par rapport au cycle, loin donc de la présentation néoclassique des marchés. Au contraire, au Japon, les salaires nominaux sont flexibles et la quantité de travail relativement invariante. Mais, cette fexibi- lité moyenne des prix coexiste avec une forte viscosité des prix relatifs. Par ailleurs, les deux pays ont comme spécificité d'avoir parfaitement intégré leur marché du travail à une forme de contrat social qui sert à partager le poids des ajustements. Au Japon, il ressort que le marché du travail a été vidé de sa fonction d'allocation de la main-d'œuvre, au profit d'un système interne aux entreprises ; aux Etats-Unis, ce marché externe aux entreprises conserve un rôle crucial dans la réallocation de la main-d'œuvre. In-fine, il ressort de l'étude de ces deux pays que la flexibilité n'admet pas un définition unique. A la définition classique de l'OCDE, on peut opposer une autre définition qui organise la transmission des déséquilibres dans le cadre d'un contrat social qui fige certains paramètres. Le Japon et les Etats-Unis mettent en œuvre deux formes de cohérence dans ce partage des ajustements ; c'est du côté du défaut de cohérence qu'il faut chercher une réponse aux échecs de nombreux pays européens à éviter la dérive du taux de chômage.Japan vs. the United States : a comparison of labor market flexibility David Jestaz, Olivier Passet It is a well documented fact that no substantial shift of employment in Japan and in the United States have been observed since the seventies. The unemployment rate in both countries have followed a stationary process. The deviation around the trend is important in the United States and small in Japan, but both trend remain constant. In this paper we document the main features of the labor markets of both countries. We try to focus on important aspects directly correlated to the labor markets. For instance, the financial system is a central question for our purpose, as well as the educational system. Neither Japan, nor the US has proceeded to a legal reform of the labor market. Despite the unchanged legislation, they have both successfully coped with unemployment. On the one hand, Japan has experienced very few employment variation. Productivity is pro-cyclical and the wage setting is very flexible because wage can be priced many times a year. Moreover, many Japanese workers benefit from the life time employment. Although, others are precluded from that status and suffer inferior positions. On the other hand, nominal wages are sticky in the United States. This sluggish adjustment sharply raise the unemployment during recessions. It is far from the neoclassical framework which is supposed to suit the American case. Both countries has successfully included their labor market in a social contract. In Japan, the labor market has lost its allocation function in favor of internal markets. In the United States, the allocation process hinges on the labor market efficiency. We reached the conclusion that there is no standardized definition for flexibility. The classical OECD definition can be challenged by another one. In this definition, the social compact has a crucial role to organize the transmission of disequilibrium. A lack of consistency regarding the social contract prevents Europe from successfully tackling with high unemployment rate.
- Concurrence fiscale et intercommunalité - Thierry Madiès p. 195-228 Après avoir présenté les principaux résultats concernant les effets de la concurrence fiscale sur l'offre de biens publics locaux et les taux d'impôt d'équilibre, nous poserons la question de la coopération fiscale intercommunale comme moyen de réduire les disparités de taux de taxe professionnelle. Nous montrerons alors, qu'à défaut d'avoir pu imposer la fusion de communes comme dans d'autres pays, l'élargissement de la zone de prélèvement de la taxe professionnelle peut se révéler économiquement efficace même si elle soulève deux types de difficultés. En premier lieu, il s'agit de délimiter le territoire de prélèvement : national comme le suggère le Conseil des impôts, régional, départemental ou plus pragmatiquement en essayant de fédérer les groupements de communes préexistants (loi du 6 février 1992). En second lieu, se pose la question de la participation de communes de taille différente - communes « centres » et communes « périphériques » - à un groupement de communes car la concurrence ne s'exerce pas de la même façon sur les unes et sur les autres. Nous dresserons enfin un bilan des groupements de communes à fiscalité propre.Tax competition and local government cooperation Thierry Madiès, This paper starts with a survey of major results concerning the effects of tax competition on the supply of local public goods and equilibrium tax rates. We then raise the issue of tax cooperation amongst local governments as a means of reducing the spread between local rates of business taxation. We show that, insofar as France, in contrast with most other developed countries, has not been able to impose mergers on local governments, enlarging the area over which taxation of businesses is applied may be economically efficient. However, two types of difficulties have to be solved. First, what is the best choice for the tax jurisdiction ? : Is it the national economy, as suggested by the French National Tax Council, or the regions, or else, more pragmati- cally, a federated group of local governments, as encouraged by the Law of February 1992 ? Second, are localities of different sizes — in particular center cities and suburban governments — willing to cooperate in taxation, while the effects of tax competition differ according to size ? The last section offers a brief survey of what has been achieved so far in France in terms of federating local government entities.
- La diminution de l'inégalité des chances scolaires ne suffit pas à réduire l'inégalité des chances sociales - Michel Forsé p. 229-239 La relation entre origine sociale et strate sociale d'appartenance, une fois annulés les effets des évolutions de la structure des emplois, ne s 'est guère modifiée en France entre 1982 et 1994. Pourtant, au cours de la même période, l' inégalité des chances de réussite scolaire selon la catégorie sociale d'origine s'est réduite, ce qui aurait pu laisser présager d 'une augmentation significative de la fluidité sociale. Ce paradoxe s 'explique par le fait que le rendement social du diplôme a baissé et que ce rendement, à niveau de diplôme identique, est resté très inégal selon le milieu d'origine.The reduction in inequality in the educational system is not enough to cope with inequal chances Michel Forsé The net social mobility has not change in France between 1982 and 1994. Yet, in the same time, the inegality in school achievement has slowly decreased with respect to social origin, so that it might have been expected a significant impact on social fluidity. The paradox is explained by the fact that social return of level of education has decreased and that, for the same level of education, this return has remained unequal according to social origin.
- Résumés anglais - p. 241-245
- Cahier de graphiques - p. 248