Contenu du sommaire
Revue | Revue française d'économie |
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Numéro | vol. 9, no. 4, 1994 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Croissance, qualifications et chômage - Henri Sneessens p. 1-33 Le but de cet article est de contribuer à une meilleure compréhension des facteurs responsables de la dualisation croissante du marché du travail, en particulier le biais introduit par un progrès technique qui, toutes choses égales par ailleurs, réduit fortement les besoins en main-d'oeuvre non-qualifiée. Afin de permettre l'analyse des effets directs et indirects d'un tel biais technologique, l'on a construit un modèle théorique distinguant explicitement deux niveaux de qualification. Les effets indirects du biais technologique transitent via les comportements de fixation des prix et des salaires, et sont fonction de l'évolution des charges sociales et du salaire minimum. Le modèle a été estimé sur données annuelles françaises couvrant la période 1962- 1989. A composition donnée de la population active, on obtient qu'une réduction substantielle (20 % ou plus) du coût relatif de la main-d'oeuvre non-qualifiée serait nécessaire pour éliminer l'écart de taux de chômage entre qualifiés et non-qualifiés et créer les conditions d'un retour au plein emploi. Une telle réduction peut être obtenueThis paper aims at a better understanding of the factors responsible for the increasing dualisation of the labour market, especially the effect of biased technological progress that may reduce, ceteris paribus, the demand for low skilled workers. The theoretical model extends the usual NAIRU analysis to the case with two types of labour (skilled and unskilled). The focus is on situations with permanent excess supply on the unskilled labour market; on the skilled labour market, firms may be constrained by labour supply shortages. One examines in this setup the consequences of biased technological change, of social security contributions and minimum wage regulations. Econometric results obtained on French data (1962- 1989) suggest that a susbstantial reduction in the relative labour cost of unskilled workers (20% or more) would be needed to eliminate the difference between the skilled and unskilled unemployment rates and bring the NAIRU down to more natural values. This objective could be reached by reducing the social security contributions levied on unskilled workers' wages.
- Salaire minimal, faibles qualifications et chômage - Didier Maillard p. 35-44 Le double choc du progrès technologique et de la globalisation de l'économie mondiale frappe particulièrement le travail non qualifié, et exerce une pression à la baisse sur les salaires correspondants. Cette pression est en elle-même un problème social, mais la contrarier en faisant jouer des salaires minimaux peut conduire à accroître le mal plutôt qu'à le soigner. Même si les arguments théoriques et les travaux empiriques ne concluent pas de manière univoque à un effet négatif des salaires minimaux sur l'emploi dans les activités existantes, il est probable qu'ils empêchent l'édosion de certaines activités et brouillent les signaux sur l'acquisition nécessaire de qualifications. Le problème est accru quand des dispositions légales prévoient des hausses automatiques et/ou irréversibles des minima salariaux, indépendamment de l'évolution de la productivité chez les moins qualifiés.The twin shocks of technological progress and economic globalisation particularly hit non-skilled workers, and give way to a downward pressure on corresponding wages. Such presssure is by itself a cause for social concern. However, trying to run against the tide through the implementation of minimum wages may well worsen rather than improve the picture. Even if theoretical arguments as well as empirical work do not point univocally towards a negative effect of minimum wages on employment in existing business, it is likely that they prevent the rise of various activities and distort the signals on the need to build skills. The problem is more acute when legal rules lead to automatic and/or irreversible increases in minimum wages, irrespective of the productivity moves amongst the low skilled.
- Le marché de la formation professionnelle des salariés - Gilles Margirier p. 45-84 Cet article considère le marché de la formation professionnelle des salariés dans une optique néoinstitutionnelle, comme un marché « construit » et « organisé », espace de transaction intermédiaire entre le marché pur et les formes de quasi-intégration. Ceci permet de tenir compte à la fois de la spécificité du produit formation et du fait avéré d'une croissance de la part des transactions marchan- des. L'externalisation croissante des dépenses de formation est expliquée d'abord en termes de coûts de transaction puis propose une vision dynamique faisant intervenir les rendements d'échelle croissants et le rôle des institutions.In this paper, we consider the On- the-Job Training market from a neo- institutionnalist point of view, as a constructed and organized market, a type of transaction which is different from pure market and from quasi-integration. By this mean, we take into account the specificity of training as a product as well as the steady growth of the share of market transactions. We refer first to transaction cost analysis to explain this growth. Then, we focus on increasing returns and institutions for a more dynamic explanation.
- Dualisme du marché du travail de la firme. Investissement de forme, coûts de transaction et comportements stratégiques des acteurs sociaux - Michel Ferrary p. 85-135 L'analyse du marché du travail sous l'angle de l'économie des institutions permet de distinguer les pratiques de gestion de l'emploi relevant d'une logique marchande d'allocation des ressources (la flexibilité externe) de celles s'inscrivant dans une logique administrative (la gestion prévisionnelle de l'emploi). Le niveau des coûts de transaction lié à l'utilisation de la convention de coordination marchande n'est pas indépendant du comportement des acteurs de la firme. En fonction de leurs intérêts, les acteurs du marché du travail: l'Etat, les firmes, les salariés et les syndicats favoriseront ou gêneront le fonctionnement des mécanismes concurrentiels du marché du travail. Le comportement stratégique de ces acteurs influencera l'engagement d'investissements de formes permettant la standardisation des compétences nécessaire au fonctionnement du marché. Cette endogéneïsation des mécanismes du marché du travail ouvre la voie à des stratégies d'acteurs visant soit à favoriser les mécanismes marchands par la flexibilité externe de l'emploi, soit le développement du marché interne du travail de la firme par la régulation administrative et la gestion prévisionnelle de l'emploi.A labor market analysis from the « Neo Institutional Economics » point of view, allows to dififerenciate between external market flexibility and internal flexibility within firms using manpower planning. The transaction costs of external flexibility depends on the actors' behavior based on self interest (government, firms, employees, unions). They will accordingling hinder or facilitate labor market adjustments. These strategic postures will affect the necessary investments to standardize skills and competencies so as to facilitate the creation of markets.
- La négociation des salaires en France : une perspective institutionnaliste - Laurence Baraldi, Bruno Lamotte p. 137-167 Les problèmes de chômage et d'emploi conduisent à une grande attention pour la négociation des salaires en France. On peut interpréter cette négociation soit à partir des mécanismes de marché, en termes de déformation de la concurrence, soit à partir du fonctionnement du système d'emploi, en termes de régulation économique. Ces deux grilles de lecture sont confrontées ici aux principaux problèmes posés par la négociation collective sur la période ouverte en 1982: degré d'influence des négociations sur les salaires réels, problème du niveau optimal de la négociation, en référence aux pratiques différentes des pays de l'O.C.D.E., impact des lois Auroux, qui décentralisent les négociations, question de l'évolution de la relation salariale au terme de la longue période de mutation ouverte dans les années 1970.Since 1982, new legislation has changed collective bargaining in France. A number of studies have attempted to explain and assess these changes. This paper provides a survey of these studies. Unemployment has led to a greater emphasis being laid on wage bargaining. There are two major approaches in French analysis of these issues. Some models explain the action of labour unions in terms of the labor market. Other approaches to the wage relation nexus focus on the role of social institutions. This paper discusses the relevance of such models to the French case.
- Cycles économiques et innovations de service : à la lumière de la pensée schumpéterienne - Faïz Gallouj p. 169-213 Les théories du cycle long accordent peu de place aux services et à l'innovation de service. Pourtant, l'oeuvre de Schumpeter fournit des concepts très suggestifs à cet égard. Elle offre notamment une définition large et ouverte de l'innovation. Elle permet en outre de soulever les questions suivantes: quelle est la place des services et de leur innovation dans les cycles longs? La tendance à la désindustrialisation des économies développées ne peut- elle être aussi interprétée comme un processus de destruction des vieilles structures industrielles et de création de firmes de services selon le processus schumpéterien de destruction créatrice? L'esprit schumpéterien d'entreprise, ensuite, n'est-il pas également présent dans les services, et l'esprit d'entreprise des firmes industrielles, elles-mêmes, n'est-il pas partagé en partie avec certaines catégories de services notamment de type conseil?Long-wave theories generally neglect service activities and service innovations. Nevertheless Schumpeter's analysis provides us with very suggestive concepts. It provides in particular a large and open definition of innovation. Moreover it enables us to ask following questions: What is the place of service activities and of their innovations in the long-waves? May we interpret de-industrialization tendancies of developed economies as a process of destruction of old industrial structures and of their replacement by new service firms, respective to the schumpeterian mechanism of creative destruction? Is the schumpeterian entrepreneurial function involved in service activities and isn't the entrepreneurial function of industrial firms itself partly shared with some special service activities namely consultancy activities?
- Résumés - p. 215-219
- Auteurs - p. 221-222