Contenu du sommaire : Identifier, intégrer
Revue | Cahiers internationaux de sociologie |
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Numéro | vol. 125, juillet-décembre 2008 |
Titre du numéro | Identifier, intégrer |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- L'intégration : un concept en difficulté - Wieviorka Michel p. 221-240 Le concept d'intégration mérite-t-il toujours la place centrale que lui confère la sociologie classique, en particulier d'inspiration durkheimienne ou fonctionnaliste ? Trois raisons d'en douter sont proposées ici : la montée en puissance des approches centrées sur le Sujet ; la crise des modèles dits d'« intégration », anglais comme français ; la poussée d'identités collectives circulant dans d'autres espaces que celui d'État-nation.
- L'invention des sans-papiers. Récit d'une dramaturgie politique - Blin Thierry p. 241-261 Cet article s'interroge sur les ressources caractéristiques d'une mobilisation de sans-papiers. C'est au travail symbolique de présentation de soi et de sa cause qu'il faudra s'intéresser. Le tableau de ce type de lutte implique ainsi de souligner l'importance de l'obtention d'une « légitimité émotionnelle ». Autrement dit, le désespoir social et la faiblesse deviennent des armes dans une dramaturgie où s'affrontent la Morale et le Droit. Néanmoins, bien d'autres facteurs seront nécessaires à l'obtention d'un « succès public ». La spectacularisation du conflit, son florilège de personnalités de tous ordres, et son long cortège médiatique participeront activement à cette réussite. À tous les niveaux de la mobilisation, ce sera l'humanisme qui s'imposera comme code idéologique indépassable du soutien aux sans-papiers.
- Nouvelles techniques d'identification, nouveaux pouvoirs. Le cas de la biométrie - Dubey Gérard p. 263-279 Avec l'identification biométrique, nous passons imperceptiblement du contrôle à distance des populations pratiqué par les États modernes à des macro-systèmes techniques qui imposent de plus en plus leur propre logique. Du point de vue anthropologique ce déplacement de paradigme met en jeu la définition même de l'identité en renforçant le divorce entre l'identité civile et l'identité personnelle ou sociale. La frontière est désormais inscrite à même le corps biologique des individus au sein de l'espace géré depuis les terminaux du grand réseau mondial de gestion des flux disséminés sur la planète (zones aéroportuaires, consulats). Elle tend donc à se confondre avec les limites fonctionnelles du Macro-Système technique. Du point de vue du droit, la mise en place par les États de dispositifs d'identification biométriques s'exprime principalement par la restriction de la liberté de circuler accordée aux individus. L'un des constats apporté par la revue des législations nationales montre pourtant que le droit s'adapte globalement à cette nouvelle situation. Cet article interroge en conclusion quelques-unes des raisons permettant d'expliquer ces reculs successifs et propose, parmi elles, la définition implicite de l'individu sur laquelle fait fond le droit moderne.
- L'aventurier, une figure de la migration africaine - Bredeloup Sylvie p. 281-306 Loin de constituer une figure nouvelle dans l'histoire de la migration africaine, l'aventurier se pose en figure récurrente et connaît un regain de visibilité, dès lors que les politiques migratoires se durcissent un peu partout sur la planète et que la libre circulation des hommes est rendue de plus en plus problématique. À l'heure où les principes du salariat et de la fonction publique sont sérieusement contestés sur le continent africain, des itinéraires d'accumulation inédits prospèrent, tout comme de nouveaux modèles de réussite fondés sur la ruse, la bravoure et l'exploit sont célébrés. L'aventure migratoire s'identifie totalement aux risques encourus et à l'intensité de la vie vécue ; elle permet à l'homme d'advenir et de s'aguerrir. Si elle a un commencement, elle a aussi une fin : au temps des projets aventureux doit succéder la construction de sa carrière. L'aventure doit être aussi interrogée dans ses déterminations imaginaires. Pour les uns, c'est l'imaginaire de la prédation qui prime, pour d'autres encore c'est celui de la contestation, pour d'autres enfin l'aspiration à l'Ailleurs s'apparente à la geste épique.
- École d'aujourd'hui et savoirs traditionnels (Niger, Réunion, Brésil) - Meunier Olivier p. 307-329 À partir d'une analyse des diverses conceptions de l'éducation dans les contextes historiques et culturels du Niger, de la Réunion et de l'Amazonie brésilienne, nous allons nous focaliser sur leur interaction, et notamment sur la capacité du système scolaire à s'ouvrir à d'autres formes d'éducation, comme les savoirs et savoir-faire traditionnels. L'exemple du Niger montre comment un système qui ignore la diversité et refuse une dialectique des formes de connaissance conduit à l'échec scolaire et au rejet de l'école par une partie importante de la population. À la Réunion, si l'école coranique s'ouvre à la diversité, ce n'est pas le cas de la forme scolaire qui continue à rejeter et à exclure les élèves qui lui sont socialement et culturellement éloignés. Dans l'Amazonie brésilienne, nous constatons que c'est par la reconnaissance de la diversité culturelle et le métissage des différentes formes de savoir à l'intérieur de l'école qu'il est possible de favoriser la réussite scolaire et le désir d'école.
- Crise de la conscience contemporaine et expansion d'un savoir non cumulatif - Haroche Claudine p. 331-346 On examine dans cette étude les effets des flux sensoriels et informationnels continus et accélérés sur la conscience, sur les capacités de penser et de réfléchir. Ces flux conduisent – au-delà de l'inachèvement intrinsèque à toute science dont parlait Weber – à des formes instables, changeantes et illimitées, perçues comme telles par le sujet, et tendant dès lors à provoquer un état de crise de la conscience, d'insécurité psychique profonde dans la fluidité contemporaine.
- Les nouveaux intellectuels en Iran - Khosrokhavar Farhad p. 347-363 Depuis le début du XXe siècle, se sont succédé en Iran quatre générations d'intellectuels. La première a vu officiellement le jour sous la Révolution constitutionnelle (1906-1911), et se réclamait d'un pluralisme politique entretenant des relations ambiguës avec l'islam. La seconde, sous Réza Shah, dans les années 1930 et 1940, se réclamait du nationalisme ou du marxisme, l'islam étant marginal dans leur horizon intellectuel. La troisième génération, à partir des années 1960, revient à l'islam et y puise les ressources pour lutter contre l'autocratie du chah et l'impérialisme occidental. L'islamo-marxisme en est la conséquence pour la grande majorité d'entre eux. Enfin, après la Révolution islamique s'ouvre, dans les années 1990, une nouvelle période où les intellectuels « religieux » (rowshan fekran dini) présentent une version pluraliste de l'islam qui remet en cause la théocratie islamique au nom d'un islam spirituel ou qui laisse le champ politique à la société. Cette nouvelle version de l'islam remet en cause le gouvernement du Jurisconsulte Islamique (velayat faqih) sur lequel est fondée la République Islamique d'Iran. L'opposition intellectuelle au pouvoir se décline désormais pour la première fois de manière explicite à partir d'une vision qui entend concilier islam et démocratie.
Etude
- Le monde urbain et ses rencontres : entre délocalisation et réappropriations - Duteille Cécile p. 365-375
- Henri Janne aurait cent ans - Javeau Claude p. 377-378
- Notes de lecture, comptes rendus - p. 379-393