Contenu du sommaire : Stratégies d'entreprise : nouvelles contraintes et nouveaux enjeux
Revue | Horizons stratégiques |
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Numéro | no 7, 2008/1 |
Titre du numéro | Stratégies d'entreprise : nouvelles contraintes et nouveaux enjeux |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Éditorial - p. 2-5
- La rentabilité des entreprises en France selon leur taille et leurs potentialités de croissance - Delaveau Bertille, du Tertre Renaud p. 8-29 La détérioration de la profitabilité des entreprises en France, qui se manifeste depuis 1999 par une baisse progressive du taux de marge mesuré dans le cadre de la Comptabilité nationale, a jeté un doute sur la rentabilité des entreprises françaises, et notamment des PME. En effet, la croissance soutenue des profits des grandes entreprises depuis 2003 s'explique avant tout par leur dimension internationale, ce qui fait craindre que ce soit surtout les PME qui pâtissent d'une contraction de marge. La comparaison des performances de rendement entre les grandes entreprises et les PME menée dans cet article conduit à un jugement beaucoup plus nuancé. Certes, on assiste bien à un redressement de la rentabilité des grands groupes cotés en France depuis 2003, comparable à ce qui se passe pour leurs homologues étrangers. En revanche, il est nécessaire d'introduire des distinctions pertinentes dans l'analyse du comportement des PME. Toutes les PME ne disposent pas des mêmes potentialités pour croître, accéder aux marchés d'exportation, innover ou s'adosser à la dynamique des grands groupes. Ce constat est important parce qu'il conduit à recommander aux pouvoirs publics de moins considérer les PME comme un tout, et de s'intéresser davantage à leurs stratégies afin d'identifier les obstacles qu'elles rencontrent et les mesures susceptibles de les atténuer.
- Le profit contre la croissance ? Le dynamisme et la rentabilité des grandes entreprises cotées en France - du Tertre Renaud, Guy Yann p. 30-51 La croissance des profits réalisés par les grandes entreprises suscite de vifs débats ces dernières années. De nombreux commentateurs considèrent que les politiques dispendieuses de distribution de dividendes et de rachats d'actions qui bénéficient aux seuls actionnaires sont de nature à compromettre l'investissement et donc la croissance des entreprises. L'analyse du comportement des grands groupes cotés en France nuance fortement ce point de vue. On constate bien un basculement dans la répartition des gains au profit des actionnaires, mais il se fait surtout au détriment des créanciers, sans mettre véritablement en cause les ressources d'autofinancement. De fait, les directions d'entreprises cherchent à concilier les intérêts à court terme et à long terme des actionnaires, les premiers étant liés à la redistribution des bénéfices, les seconds à la croissance de l'entreprise. Et c'est surtout le poids de la contrainte de rentabilité qui pèse sur l'investissement, notamment à travers l'effet de levier fondé sur un écart entre le taux de rendement économique du capital et le taux d'intérêt à long terme. Dans ce contexte, la crise des subprimes risque de pénaliser plus encore l'investissement et au-delà la croissance des grandes entreprises.
- L'exclusion professionnelle : quelle implication des entreprises ? - Salognon Marie p. 52-71 L'hypothèse de départ de cette contribution est que les modes de gestion et de sélection de la main-d'œuvre opérés par les entreprises ont une influence forte sur la durée de chômage des individus et ont leur part de responsabilité dans la construction de l'« inemployabilité » des travailleurs. Reprenant les résultats de l'étude économétrique de Delattre et Salognon (2008) qui explore les liens entre pluralité des formes institutionnelles et allongement de la durée de chômage, cette étude identifie les modes de gestion de la main-d'œuvre susceptibles de déclencher le processus d'exclusion. Reconnaître le rôle des entreprises et de leurs pratiques dans ce processus, c'est admettre que l'employabilité des individus n'est ni individuelle ni naturelle, mais plutôt construite collectivement, ce qui pose la question de la logique d'intervention publique. Il s'agit de passer d'une logique adaptative à une logique plus intrusive, i.e. tournée davantage vers les entreprises et leurs pratiques, au niveau préventif (aménagement de la flexibilité externe et gestion prévisionnelle de l'emploi) comme curatif (insertion par la méthode d'intervention sur l'offre et la demande, dite méthode IOD).
- Internationalisation de la R & D des entreprises et attractivité de la France - Harfi Mohamed, Mathieu Claude p. 72-92 L'objet de cet article est d'analyser l'importance et les caractéristiques du processus d'internationalisation de la recherche et développement (R & D) des entreprises ainsi que l'attractivité de la France pour ce type d'activité. La R & D réalisée en France par des filiales étrangères représente 5,6 milliards d'euros en 2004, soit 25,3 % des dépenses de R & D totales des entreprises. Cette proportion est supérieure à la moyenne européenne qui s'établit à 13,8 %. À partir d'une typologie des centres de recherche, l'analyse montre que la France attire davantage des centres d'adaptation (des produits à la demande locale) que des centres globaux (réalisant des innovations à destination des marchés mondiaux). Les investissements de R & D étrangers en France représentent 22,8 % des dépenses de R & D totales dans les secteurs de haute technologie (contre 25,3 % pour l'ensemble des secteurs) alors que dans ces mêmes secteurs, 47,5 % des effectifs et 44,8 % de la valeur ajoutée sont le fait de filiales sous contrôle étranger (contre 33,1 % et 37,5 % pour l'ensemble des secteurs). Ces données traduisent une attractivité de la France pour les activités de haute technologie plus faible dans les domaines de la R & D et de l'innovation que dans celui de la production. Toutefois, cette analyse est à nuancer pour les grandes firmes européennes qui envisagent de s'implanter en France. En effet, l'enquête menée conjointement par le Commissariat général du Plan et l'EIRMA en 2004 auprès de ces grandes firmes, met en évidence des facteurs de localisation de centres de R & D globaux comme la qualité et la productivité des chercheurs, l'excellence des centres de recherche publics, et la qualité des infrastructures.
- Politique des brevets : l'enjeu central de la qualité, face à l'évolution des pratiques - Lallement Rémi p. 93-110 Les entreprises sont de plus en plus incitées à se doter de brevets, pour mieux positionner leurs activités d'innovation face à celles de leurs concurrentes et parfois même pour des considérations d'ordre purement stratégique. Pour le système des brevets, ce succès grandissant risque de se retourner contre lui. Face au flot croissant des demandes de brevets, en effet, les offices de brevets sont de plus en plus engorgés. Par contrecoup, un faisceau d'indices convergents atteste d'une tendance à la prolifération, au détriment de la qualité d'ensemble des brevets, dans la plupart des pays industriels. Une telle dégradation de la qualité des brevets correspond à une situation dans laquelle sont délivrés des brevets qui n'auraient pas dû l'être. Elle menace globalement tant la concurrence que l'innovation. Pour contrer ces périls, diverses réformes ont récemment été envisagées ou engagées – en particulier aux États-Unis et en Europe – mais leur issue n'est pas encore acquise.
- Caractéristiques du marché des médicaments et stratégies des firmes pharmaceutiques - Abecassis Philippe, Coutinet Nathalie p. 111-139 Les modifications de l'environnement des firmes, tant du côté de l'offre (renforcement des droits de propriété intellectuelle, développement des génériques, évolutions technologiques) que de la demande (amélioration de l'information du patient et nouvelle régulation des systèmes de santé) ont eu un impact fort sur les déterminants de la compétitivité et le profit des firmes pharmaceutiques. Cette évolution s'inscrit dans un contexte d'émergence du marché du médicament découpé en trois segments distincts. Afin de s'adapter à ce que l'on peut qualifier de choc environnemental, les firmes ont profondément transformé leur organisation industrielle et ont développé de nouvelles stratégies commerciales.
- Retour sur un exercice de prospective : Réflexions pour 1985 - Colson Aurélien, Cusset Yves p. 142-150 Publié en 1964, le rapport Réflexions pour 1985 est un jalon important dans l'histoire de la prospective publique française. Après avoir rappelé les conditions dans lesquelles ce travail a été commandé, les auteurs reviennent en détail sur le contenu du document, sur les hypothèses pessimistes et optimistes formulées à l'époque ainsi que sur les grandes recommandations de politique publique. Pour finir, ils évaluent les points forts et points faibles de cette réflexion puis en tirent les principales leçons, tant théoriques que méthodologiques, pour la prospective.
- Interfuturs : une prospective de la mondialisation - Hérault Bruno p. 151-158 Cet article revient sur le grand exercice international de prospective mené à partir du milieu des années 1970 sous l'égide de l'OCDE. Après avoir rappelé le contexte et les caractéristiques de l'exercice, il présente les principaux scénarios globaux et les recommandations issues des réflexions. À sa sortie, en 1979, le rapport a été salué pour la qualité de sa démarche mais il a suscité une certaine méfiance politique. Trente ans plus tard, une relecture critique montre que si certaines évolutions ont été correctement perçues, d'autres hypothèses ont été au contraire infirmées.
- Les politiques familiales en France et en Allemagne. Quelles différences ? Quelles pistes de réforme ? - Greulich Angela p. 159-181 Cet article propose une analyse croisée des soutiens financiers apportés aux familles – prestations familiales et compensations de charges familiales – en France et en Allemagne. Il compare les principaux instruments mis en œuvre, le volume des dépenses et l'effet redistributif des dispositifs. Entre les deux systèmes, l'analyse fait ressortir des différences qui reflètent des divergences plus profondes de normes et de valeurs familiales. L'article contribue à expliquer les écarts constatés quant au volume de travail et au taux de fécondité des femmes, en mettant l'accent sur les incitations pour l'offre de travail des femmes. Il propose en conclusion quelques pistes de réformes possibles concernant les modes d'imposition des familles dans les deux pays.
- Entreprises socialement responsables : quel sens, quel avenir ? - Salanié François, Treich Nicolas p. 182-195 Cet article fait le point sur les comportements dits socialement responsables (CSR) des entreprises, en ce qui concerne l'environnement et le développement durable. Il se base sur une revue de travaux économiques pour examiner les raisons de l'émergence des CSR, leur efficacité sociale, et les façons dont les pouvoirs publics peuvent accompagner ce mouvement spontané. Il conclut à la nécessité d'une certaine prudence.
- Actualité des homologues étrangers - Mellul Corinne p. 198-209
- Comptes rendus de lectures et de colloques - p. 210-233
- Analyses critiques - p. 234-245