Contenu du sommaire : Tendances et mutations de la société française
Revue | Horizons stratégiques |
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Numéro | no 2, 2006/2 |
Titre du numéro | Tendances et mutations de la société française |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Éditorial - Boissard Sophie p. 2-5
- Les nouvelles inégalités et l'intégration sociale - Fougère Denis, Sidhoum Nadir p. 6-20 La montée continue du chômage et de la précarité a engendré une exclusion durable d'une part croissante de la population hors de la sphère de l'emploi et des revenus d'activité, favorisant l'apparition d'une nouvelle pauvreté et l'enkystement dans la société française d'un noyau dur de personnes, et parfois de ménages entiers, durablement privés d'emploi. Ces nouvelles formes de pauvreté sont de plus en plus concentrées dans certaines zones urbaines ou péri-urbaines. Face à ce constat, l'action publique, au-delà du renforcement de ses axes classiques, devrait davantage être ciblée sur des mesures ou des domaines fondamentaux pour l'avenir de la société française. À ce titre, des dotations beaucoup plus importantes sont nécessaires à l'éducation des enfants vivant dans des ménages pauvres ou dans des territoires caractérisés par un fort taux de non-emploi.
- Les évolutions du lien social, un état des lieux - Cusset Yves p. 21-36 Le « lien social » est le plus souvent évoqué sur le mode de la déploration. Il se déliterait sous la pression d'un individualisme triomphant. Pourtant, la grande majorité des sociologues estime que l'implosion ou l'atomisation de la société ne sont pas à l'ordre du jour. Si les modes de sociabilité évoluent, les liens ne sont globalement ni moins nombreux ni moins riches aujourd'hui qu'hier. Il reste que les diagnostics pessimistes peuvent s'alimenter d'un certain nombre de réalités telles que la déstabilisation de la famille, la croissance de l'isolement et de la dépression, le désinvestissement de la sphère politique, la hausse de la délinquance et des incivilités ou encore les difficultés rencontrées par notre modèle d'intégration. Certaines de ces évolutions peuvent se lire comme la contrepartie des libertés nouvelles portées par l'approfondissement – et peut-être l'accélération – du processus historique d'individualisation. Celui-ci a tendance à changer les caractéristiques d'un lien social qui devient davantage construit à partir de l'individu et moins hérité du passé ou imposé par le groupe. Tout bien considéré la bonne santé du lien social semble menacée par trois risques principaux. Premièrement, et pour des raisons à la fois démographiques et sociologiques, il existe un risque d'aggravation des situations d'isolement, tout particulièrement des personnes âgées. Deuxièmement, on pourrait voir se dégrader la qualité des interactions qui prennent place dans les espaces publics, alors même que c'est dans ces espaces que s'éprouve le plus directement notre capacité à vivre ensemble. Enfin, il est possible que l'on assiste à une forme de « calcification » du lien social, alimentée par l'aggravation des phénomènes de ségrégation résidentielle et scolaire et par l'accroissement des tensions entre groupes, qu'ils soient constitués sur une base ethnique, religieuse ou culturelle.
- Concilier mobilité résidentielle et mobilité professionnelle : cadrage statistique et pistes de réflexion - Vignal Cécile p. 37-47 Si les événements professionnels créent des ruptures répétées dans la relation entre l'habitat et l'emploi, ils ne conduisent pas systématiquement à un déménagement. Notre objectif est d'identifier les facteurs qui expliquent les comportements de mobilité ou d'ancrage résidentiels des salariés touchés par l'instabilité de leur emploi ou le chômage. Un cadrage statistique de l'articulation entre mobilité résidentielle et emploi, puis de l'articulation entre déménagement et chômage, suggère combien les contraintes professionnelles, résidentielles et familiales s'entrecroisent pour expliquer la faible mobilité résidentielle des salariés peu qualifiés, licenciés ou au chômage. Enfin, nous proposons de nouvelles pistes de réflexion forgées à partir d'une approche plus qualitative. La flexibilité de l'emploi et le chômage déstabilisent à la fois l'intégration professionnelle et les formes de l'intégration domestique mais peuvent aussi faire l'objet d'adaptations de la part des salariés.
- Introduction à A. Alesina et E. L. Glaeser. La lutte contre la pauvreté et les inégalités des deux côtés de l'Atlantique : un monde de différences - Damon Julien p. 48-50
- Why are welfare states in the US and Europe so different ? What do we learn ? - Alesina Alberto, Glaeser Edward L. p. 51-61 Au siècle dernier, les Européens ont mis en place de grands États providence, alors que les États-Unis conservaient un système beaucoup moins généreux. Alors que les États-Unis consacrent près de 11 % de leur PIB aux politiques sociales, la France en dépense presque le double, et les pays nordiques encore plus. La réglementation du marché du travail diffère aussi de manière significative des deux côtés de l'Atlantique. Cet article examine les raisons de ces différences qui prennent leurs racines dans des effets directs et indirects de l'histoire institutionnelle et des problématiques raciales aux États-Unis. Il compare ensuite les degrés d'efficacité des modèles d'État providence, puis analyse les avantages et inconvénients des différents types de réglementations et de politiques redistributives.
- Perspectives sur les clivages sociaux en France, avec Olivier Galland, Pascal Gauchon et Laurent Mucchielli - Galland Olivier, Gauchon Pascal, Mucchielli Laurent, Damon Julien p. 62-74
- Promouvoir la mobilité sur le marché du travail - Asseraf George, Chassard Yves p. 76-85 Cet article présente et prolonge un certain nombre de réflexions émises lors d'un colloque organisé par le Centre d'analyse stratégique en juin 2006. Il s'articule en deux étapes. La première poursuit trois objectifs : i) cerner les caractéristiques de la mobilité professionnelle en France, par comparaison avec d'autres pays développés ; ii) évaluer les besoins de renouvellement de la main-d'œuvre dans le contexte du papy-boom et d'un maintien du trend actuel de croissance ; iii) spécifier les différentes sortes de tension susceptibles d'apparaître sur le marché du travail, afin de déterminer le type de mobilité qui pourrait y pallier. La seconde étape examine trois dimensions essentielles de la mobilité professionnelle : i) la mobilité interne et les stratégies d'entreprise capables de la stimuler ; ii) le rôle des branches pour développer la mobilité externe, même intersectorielle ; iii) le rôle des territoires qui constituent un cadre de référence primordial non seulement pour évaluer les besoins de formation, mais surtout pour organiser des mobilités qui permettent de remédier aux difficultés de recrutement rencontrées par les entreprises.
- Stratégie de Lisbonne : le défi de la cohérence entre politiques publiques pour dynamiser croissance et emplois en Europe - Wisnia-Weill Vanessa p. 86-99 La Stratégie de Lisbonne a été recentrée en 2005, autour de la croissance et de l'emploi. Mais les débats restent vifs quant au contenu de la feuille de route permettant de la concrétiser, en termes de priorités ou de niveau de mise en œuvre. Cet article retrace des éléments du débat économique sous-jacent à ces questions. Les principaux objectifs en termes de taux d'emploi et de niveau de productivité ne sont globalement pas contestés. Organisées autour de deux volets complémentaires, libéralisation et ouverture des marchés des produits et du travail d'une part, investissement centré sur le passage à l'économie de la connaissance d'autre part, ces priorités de réformes sont déclinées selon 24 « lignes directrices intégrées ». Mais le défi de cohérence entre les différents champs de réformes, entre les horizons temporels visés ou entre les États membres de l'Union reste posé, et avec lui le degré de concrétisation opérationnelle de la stratégie de Lisbonne. Dans cette perspective, plusieurs pistes paraissent déterminantes pour la réussite ou l'échec effectif de Lisbonne : coordination des volets libéralisation et investissement dans les secteurs innovants ; synergies entre l'investissement en capital humain, l'investissement en R & D et la solvabilisation de la demande ; accompagnement macro-économique des réformes structurelles ; appropriation politique nationale et « lisbonisation » du budget européen, dans une optique de responsabilité partagée entre UE et États membres. Ces différentes coordinations passent par des canaux divers d'harmonisation, de centralisation ou de mise en concurrence des politiques nationales ou européennes. Avec la révision des lignes directrices intégrées, le début d'un nouveau cycle de programmes nationaux de réforme et la clause de rendez-vous budgétaire, 2008 fournit une fenêtre d'opportunité pour jouer sur ces différents leviers et accélérer le succès de la stratégie de Lisbonne.
- Classement de Shanghai et image internationale des universités : quels enjeux pour la France ? - Harfi Mohamed, Mathieu Claude p. 100-115 Pour les établissements d'enseignement supérieur, disposer d'une bonne image à l'international leur permet d'assurer un niveau suffisant d'attractivité pour les étudiants et les enseignants-chercheurs (nationaux et étrangers), de développer des programmes d'échanges, de reconnaissance de diplômes et des coopérations scientifiques avec les meilleurs établissements étrangers. Il s'agit également pour ces établissements de justifier l'utilisation des financements publics et privés qu'ils reçoivent pour accomplir leurs missions. Au-delà, dans une économie fondée sur la connaissance et sur l'ouverture à la concurrence internationale, les systèmes nationaux d'enseignement supérieur et de recherche sont de plus en plus soumis à des comparaisons et à des évaluations systématiques. C'est dans ce contexte que se développent les classements internationaux des établissements. Celui dit « de Shanghai » a fait l'objet d'une grande attention de la part des médias et de réactions très partagées de la part des responsables d'établissement en France et à l'étranger. Cet article analyse l'image et les performances des universités au regard du classement de Shanghai. Il s'efforce d'en tirer les enseignements pour le système d'enseignement supérieur français, tout en évaluant la portée et les limites de la méthodologie utilisée. Enfin, il analyse les enjeux liés aux classements internationaux dans une perspective d'efficacité et d'équité du système d'enseignement supérieur français en s'interrogeant sur la pertinence et les voies possibles d'une intervention publique dans ce domaine.
- Classements internationaux des établissements d'enseignement supérieur et de recherche - Quelques perspectives pour améliorer l'image des universités françaises - Chapuisat Xavier, Laurent Claudine p. 116-120 En contrepoint de l'article de Mohamed Harfi et Claude Mathieu, publié dans ce même numéro, les auteurs proposent des évolutions à visée stratégique qui permettraient aux établissements d'enseignement supérieur et de recherche français d'être considérés à leur juste valeur dans les comparaisons internationales. Dans un premier temps, des mesures d'ordre réglementaire pourraient être rapidement prises, sans préjuger d'une réforme plus profonde du système dans son ensemble qui, elle, nécessite de réviser la loi n? 84-52 du 26 janvier 1984 sur l'enseignement supérieur.
- Présentation du Centraal Planbureau néerlandais et du Bureau fédéral du Plan belge, Actualités du WRR néerlandais et de la Strategy Unit britannique - Rousselot Aude p. 122-134
- Colloques - p. 135-137
- Comptes rendus - Bassaler Nathalie, Bertoncini Yves, Boisson Marine, Chassard Yves, Cusset Yves, Damon Julien, Duclos Laurent, Hassid Olivier, Hérault Bruno, Lallement Rémi, Lecerf Marie, Mareuge Céline, Mazars Michel, Milliat Marie-Cécile, Pujol Jean-Luc, Sangaré Jean-Lo p. 138-152
- Analyses critiques - de Broca Olivier, Milliat Marie-Cécile, Winock Julien p. 153-166