Contenu du sommaire : L'Italie
Revue | Pouvoirs |
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Numéro | no 103, 2002/4 |
Titre du numéro | L'Italie |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- À la recherche de la seconde république - Portelli Hugues p. 5-11 Peut-on parler de « Seconde République » alors que la révision constitutionnelle de 1997 a échoué et que les changements qui se sont produits ces dix dernières années sont des changements qui concernent la sphère politique (nouveaux partis, nouveau système d'alliance, nouveau style politique) et sa régulation (loi électorale) ? Le seul véritable changement institutionnel concerne l'organisation territoriale de l'État (qui évolue vers un modèle fédéral). Quant à l'avenir des institutions, il reste tributaire de la consolidation des changements politiques (dont les deux précédentes législatures ont montré la précarité) et de leur traduction en conventions politiques.Is it possible to refer to a « Second Republic » when the constitutional reform of 1997 has failed and the changes that have occurred in the last decade regard mainly the political sphere (new parties, new system of alliances, new political style) and its regulation (electoral law) ? The only genuine institutional change concerns the territorial organization of the state (which is moving in a federal direction). As for the future of the institutions, it depends on the consolidation of the political changes (whose fragility has been highlighted by the two previous legislatures) and on their translation into political conventions.
- Le gouvernement Berlusconi : une année après - Pasquino Pasquale p. 13-28 Après une analyse des résultats électoraux de 2001 en Italie, qui ont conduit à une bipolarisation claire du système politique et à la naissance d'un gouvernement stable, l'article essaie de décrire les transformations en cours du système parlementaire de la péninsule, en tant que mécanisme de production des normes qui régissent la vie de la société. L'article se concentre surtout sur les rapports entre gouvernement et Parlement en ce qui concerne le processus législatif et sur le nouveau rôle de l'opposition au sein des Assemblées à la lumière des modifications des règlements parlementaires.After analysing the results of the 2001 general election in Italy, which have led to a marked polarization of the political system and to the creation of a stable government, the article tries to describe the ongoing transformations of the parliamentary system considered as a mechanism producing norms which govern society. The article focuses mainly on the relationships between the government and the parliament regarding the legislative process and on the new role of the opposition in the two assemblies after the changes introduced in the parliamentary rules.
- Nouveaux acteurs politiques, nouvelles élites - Mastropaolo Alfio p. 29-43 L'Italie a connu au début des années quatre-vingt-dix une crise politique assez grave, qui a provoqué des transformations radicales de son système politique. Les partis traditionnels ont disparu, de nouveaux partis sont entrés en scène ; désormais, l'Italie est devenue une démocratie dualiste. De plus, le système ne réussit pas encore à se restabiliser. L'état des rapports entre majorité et opposition ne correspond pas encore au modèle d'une démocratie avancée, fondée sur l'alternance, car les acteurs se refusent à se légitimer réciproquement. Que nous disent les données sur le personnel politique parlementaire ? Quelle sorte de classe politique a pris le pouvoir depuis dix ans et surtout quelles couches sociales sont représentées par la majorité guidée par Berlusconi ?At the beginning of the 1990s Italy experienced a rather serious political crisis which has led to radical changes in its political system. The traditional parties have disappeared, new parties have appeared and Italy has now become a dualist democracy. In addition, the system has not yet succeeded in finding a new stability. The relationship between the majority and the opposition does not yet fit the model of an advanced democracy, based on alternation, because the actors still refuse to legitimate each other. What do the data about le parliamentary political personnel tell us? What kind of political class has taken power over the past decade and, more important, what social strata are represented by the majority led by Berlusconi?
- Électeurs et partis en italie un jeu ouvert - Diamanti Ilvo p. 45-64 Les élections législatives du 13 mai 2001 ont vu le triomphe de la coalition de centre-droit, mais cette victoire en sièges ne doit pas masquer un recul en voix. La victoire est moins la conséquence du charisme de Silvio Berlusconi, controversé jusque dans son camp, que de sa stratégie : il a réussi à fédérer des forces politiques contradictoires autour de son parti, devenu dominant, et à les soumettre tant sur son type de campagne que sur son projet au point d'imposer sa stratégie même à ses adversaires. Dans un système électoral marqué par la mobilité des électeurs et la complexité du mode de scrutin (mixte), la victoire va à celui qui est capable d'en tirer parti et surtout de partir uni à la bataille.The May 13, 2001 general election has witnessed the triumph of the centre-right coalition. However its victory as far as the number of seats is concerned should not mask a decline in the number of votes received. This victory is less the result of Berlusconi's charisma, which is contested even in his own camp, than of its political strategy : he was able to unite antagonistic political forces around his own dominant party, and to impose his style of campaign as well as his political project, succeeding in imposing his strategy even to his adversaries. In an electoral system characterized by the volatility of the electorate and the complexity of the ballot, victory will go to the candidate most able to take advantage of this complexity and, more important, to lead a united front in the campaign.
- Trop peu d'enfants trop de famille - Livi Bacci Massimo p. 65-80 Cet article présente une analyse démographique, sociologique et économique du taux extrêmement bas de fécondité en Italie, ainsi que ses implications pour le système de transferts sociaux. Un des aspects particuliers de la situation italienne est ce que l'auteur appelle le « syndrome du renvoi » chez les jeunes, c'est-à-dire leur passage graduel et très lent à l'état d'adultes. Des choix essentiels – comme former un couple et avoir des enfants - sont repoussés à une phase bien plus tardive de la vie par rapport à la génération de leurs parents, et seulement après qu 'une série d'étapes eurent été franchies – souvent dans un ordre strictement chronologique – telles que l'achèvement des études, l'entrée sur le marché du travail, l'acquisition d'une source stable de revenu et d'un logement décent. Le contexte social et économique des années quatre-vingt et quatre-vingt-dix a fortement ralenti ce processus. L'auteur appelle à mener une guerre contre le « syndrome » qui retarde le passage à l'âge adulte et la prise de responsabilités telle que la décision d'avoir des enfants, car c'est là, à ses yeux, la pré-condition d'une reprise de la fécondité.Too few Children and Too Much Family The demography, sociology, and economics of the extremely low fertility of Italy is being addressed in this paper, as well as its implication for the welfare system. One of the peculiar aspects of Italian society is what the author calls the « delay syndrome » among young people, i.e. their gradual and slow passage into adulthood. Vital choices – forming a union and having children – are postponed at a much later phase of life in comparison to their parents, and only once a series of steps have been completed. These include completion of education, entry into the labor market, securing a stable source of income, adequate housing. Once both partners have taken these steps – often in a strict succession – then the decisions to leave the parents' household and to form a stable union and to have children are made. Contextual social and economic conditions prevailing in the 80s and 90s have greatly slowed the timing of these steps. The author advocates a war on the « syndrome » that delays adulthood and postpones the full assumption of responsibilities, including parenthood, as a prerequisite for a recovery of fertility from the current depressed levels.
- Du régionalisme au fédéralisme ? - Vandelli Luciano p. 81-91 La mise en place des autonomies régionales et locales prévues par la Constitution de 1948 a été lente et progressive, prenant la forme d'une décentralisation administrative malgré le pouvoir législatif délégué aux régions que prévoyait la Constitution. La phase contemporaine, à la suite des lois de 1993 (pour les collectivités locales) et de 1999 (pour les régions) qui ont créé des pouvoirs dotés d'une forte légitimité, est caractérisée par une mutation constitutionnelle (révision de 2001) qui dote les régions d'un pouvoir législatif propre et de moyens financiers, et qui garantit, par le principe de subsidiarité, l'autonomie des communes et métropoles. Mais la mise en œuvre de cette réforme, bien que freinée par des résistances centralisatrices, peut conduire à plusieurs types de fédéralisme, certains courants prônant même une « dévolution » qui poserait la question du maintien de la solidarité territoriale.The introduction of regional autonomy, as established in the 1948 Constitution, has been slow and gradual, taking the shape of an administrative decentralisation despite the legislative power granted to the regions created by the Constitution. Following the 1993 laws regarding the local authorities and the 1999 laws regarding the regions whose power has been granted a high level of legitimacy, the contemporary phase is being characterized by a constitutional change (revision of 2001) which has given the regions their own legislative authority, in addition to new financial resources, and has guaranteed, through the principle of subsidiarity, the autonomy of the communes and cities. However, the implementation of this reform, which is being delayed by centralizing resistance, may lead to different types of federalism, certain groups going as far as proposing a “devolution” that would challenge the permanence of territorial solidarity.
- Justice et politique quelques leçons tirées de la « parabole judiciaire » italienne - Vauchez Antoine p. 93-104 Plutôt que d'évaluer la portée des « grandes enquêtes » italiennes à leurs seuls « résultats » devant les formations de jugement, l'article se propose d'analyser ce qu'il en est de l'emprise judiciaire sur le politique en analysant tout à la fois l'évolution des « soutiens » des juges dans l'espace public, le sort des nouvelles pratiques judiciaires forgées dans la lutte contre la corruption politique, et enfin les transformations des rapports entre magistrature et politique. L'analyse montre ainsi que dix années d'âpres polémiques politico-judiciaires ont profondément transformé la profession judiciaire tant dans son rapport au politique que pour ce qui est de son « gouvernement ».Instead of assessing the impact of the great investigations only in the light of their judicial results, the author intends to evaluate the impact of the judiciary on Italian politics by analysing the evolution of the various supports the judges receive in the public sphere, the fate of the new judicial practices elaborated in the campaign against political corruption and, finally, the transformation of the relationship between judges and the political sphere. The analysis shows that ten years of bitter political and judicial polemics have deeply transformed the judicial profession with respect to its relationship with politics as well as its own governance.
- Centralité et déclin du parlement - Pegoraro Lucio p. 105-127 L'idée récurrente que le Parlement italien est en train de vivre une phase difficile, voire même de déclin, après des années de grand éclat – où il assumait un rôle « central » –, est vérifiée ici au moyen de la méthode de l'enquête de type analytique. L'auteur analyse les différents sens que la doctrine a donnés au terme « centralité » depuis les années soixante-dix pour parvenir à la conclusion que les différents commentateurs se réfèrent en l'employant à des concepts différents et dans la plupart des cas réfutent l'idée que le Parlement ait jamais été « central » dans le système politique et institutionnel italien. Cependant, la seconde partie de l'article constate aujourd' hui une deminutio du Parlement : d'abord parce que le changement de système électoral confère une légitimité quasi directe à l'exécutif ; ensuite, du fait de la mutation de ses rapports avec le gouvernement dans l'exercice de son pouvoir normatif en partie érodé par les régions, l'Union européenne, la législation déléguée et par le pouvoir réglementaire du gouvernement; et, enfin, dans l'exercice de son activité de contrôle et d'information (y compris à cause de la situation actuelle où le chef du gouvernement détient le quasi-monopole de l'information).With an analytic method the author examines the recurring idea that the Italian Parliament is going through a difficult period or is actually in decline after years of great splendour and occupation of a « central » role. The author considers the several meanings given by scholars during the 1970s to the word « centrality » coming to the conclusion that the various writers refer to very different concepts and in many cases they actually deny that Parliament has ever occupied a « central » role in the Italian political and legal system. However in the second part of the article the author claims that there is a deminutio of Parliament both because of the change to the electoral system that has given quasidirect legitimisation to the Executive and because of the change in the relationship with the Government in exercising legislative power. The latter has been eroded by the Regions, the European Union, delegated legislation and by the Government's regulamentary power as well as by the exercise of supervisory and communication activities (especially as, at present, the Premier has a monopoly over all instruments of communication).
- L'Italie et l'Union européenne - Caramani Daniele p. 129-142 Cet article met en évidence les rapports entre l'Italie et l'Union européenne depuis les élections législatives de 2001 qui ont porté à la formation d'un gouvernement de centre-droit dirigé par Silvio Berlusconi. Une série de divergences entre l'Italie et ses partenaires européens en matière de justice et de défense commune, que les différences à l'intérieur du gouvernement ont accentuées, ont conduit à une position nouvelle par rapport aux gouvernements précédents de centre-gauche qui avaient amené l'Italie dans le premier groupe adoptant la monnaie unique. Cette nouvelle position, toutefois, ne s'accompagne pas d'un changement au niveau de l'opinion publique qui reste fortement « européiste », et ne semble pas indiquer un changement radical de l'orientation italienne qui peut compter sur la grande crédibilité internationale du chef de l'État et sur son rôle de garant de la politique européenne italienne.The article focuses on the relationships between Italy and the European Union since the general election of 2001, which have brought to power the center-right coalition headed by Silvio Berlusconi. A number of disagreements between Italy and its European partners regarding the common judicial and defense policies – accentuated by a number of disagreements within the Italian government itself – have led to a different position from that of the previous center-left governments which had placed Italy among the first group of countries adopting the single currency. However, this new position is not accompanied by a change in public opinion which remains strongly pro-European, and it does not seem to indicate a radical change in the Italian attitude, which can count on the great international credibility of the Head of State and his role as guarantor of Italy's European policy.
- Les fièvres hexagonales. Élections présidentielle et législatives 2002 - Perraudeau Éric p. 145-157
- Pour une sociologie des votes périphériques. Le cas de l'élection présidentielle de 2002 à carpentras - Mabilon-Bonfils Béatrice, Saadoun Laurent p. 159-171
Chroniques
- Repères étrangers (1 er avril - 30 juin 2002) - Astié Pierre, Breillat Dominique, Hiscock-Lageot Céline p. 173-175
- Chronique constitutionnelle française. (9 mai - 30 juin 2002) - Avril Pierre, Gicquel Jean p. 177-197