Contenu du sommaire : Amérique latine (I)

Revue Revue Française de Science Politique Mir@bel
Numéro 19e année, n°3, 1969
Titre du numéro Amérique latine (I)
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Avant-propos - Jean Meyriat p. 533-535 accès libre
  • Populismes ou césarismes populistes ? - Hugo Neira p. 536-573 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Populismes ou césarismes populistes ? par Hugo Neira Le vocable « populisme » est couramment utilisé pour désigner certains partis de masse apparus au xxe siècle en Amérique Latine (gétulistes au Brésil, péronistes en Argentine, apristes au Pérou, A.D. au Venezuela, vélasquistes en Equateur, etc.) qui se sont révélés irréductibles aux schémas politiques classiques. Les interprétations divergentesdonnées de ce terme illustrent la complexité du phénomène populiste. Ces divers partis ou mouvements ont néanmoins des fondements économiques, sociaux et culturels semblables ; leur apparition quasi simultanée en divers points du continent, consécutive à la crise de 1929, la similitude de leurs méthodes d'accès au pouvoir, de leur conception de l'Etat et du développement national montrent clairement leur appartenance à une même famille politique. Mais, au-delà de ces coïncidences, ce qui caractérise ces populismes, c'est la mobilisation et la prise en charge des clientèles politiques nouvelles, essentiellement populaires, auparavant en marge du processus politique ; et plus encore, c'est la canalisation des aspirations de celles-ci par un leader charismatique. Des trois dimensions du mouvement populiste : parti, programme, leader, la dernière est essentielle. C'est pourquoi le terme de « césarisme », entendu comme une combinaison du pouvoir personnel et du consentement populaire, serait plus apte à rendre compte de la véritable nature de ces mouvements que le vocable « populisme » actuellement utilisé.
    Populisms or populist caesarisms? by Hugo Neira The term "populism" is currently used to designate certain mass parties born in the 20th century in Latin America (getulists in Brazil, peronists in Argentina, aprists in Peruvia, A.D. in Venezuela, velasquists in Equador, etc.) which could not be fitted into standard political frames. The different interpretations given to this term illustrate the complexity of the populist phenomenon. These different parties or movements have nevertheless similar economic, social and cultural foundations; their apparition at almost the same time in different parts of the continent, following the 1929 crisis, the similarity of the means they used to come to power, of their conception of the States and of national development clearly show that they belong to the same political family. But, over and above these coincidences what characterizes these populisms is the mobilization and the political socialization of new political clienteles, drawn for the most part from the lower classes, formerly outside the political process; and it is also the canalisation of their aspirations by a charismatic leader. Of the three elements which compose the populist movement: party, programme and leader, the last is essential. That is why the term "caesarism" indicating a combination of personal power and popular consent, would be more apt to characterize the true nature of these movements than the term "populism" which is used at present.
  • L'Église catholique et la politique en Amérique latine - Pierre Gilhodes p. 574-603 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    L'église catholique et la politique en Amérique latine, par Pierre Gilhodes Le poids du clergé latino-américain dans l'Eglise catholique est-il aussi grand que le laissent croire les statistiques ? Depuis quelques années, au sein de l'Eglise en Amérique Latine et dans les forces politiques qui se réclament de la pensée chrétienne, des divisions se font jour, revêtant parfois un caractère dramatique. Quel est le sens et quel pourrait être le destin des courants nouveaux, comment peuvent-ils être classés ? Dans leur masse, le clergé, les fidèles conservent encore les attitudes les plus traditionnelles.
    Is the influence of the Latin American clergy as strong within the Church as statistics would have us believe? Over the last few years divisions, sometimes of a dramatic nature, have corne to the fore within the Church in Latin America and within the different political forces stemming from Christian thought. What the significance, what could be the future of these new currents? How may they be classified? The vast majority of the clergy and of the faithful conserve extremely traditional attitudes.
  • La longue marche de l'Amérique latine vers l'intégration - Hélène Graillot p. 604-644 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    La longue marche de l'Amérique latine vers l'intégration, par Hélène Graillot Les aspirations unitaires se manifestent en Amérique Latine dès la fin des guerres de libération. L'échec des tentatives d'unification politique aux lendemains de l'indépendance conduit les Etats latino-américains à choisir une approche moins directe et à développer des procédures de concertation qui se traduisent par l'institution du système panaméricain. Le moteur du mouvement d'intégration est essentiellement politique et répond à des préoccupations de sécurité. Après la deuxième guerre mondiale, les nécessités du developpement politique et économique ramènent la question de l'intégration au centre des préoccupations des Etats latino-américains. Instruits par les échecs du passé, ceux-ci délaissent la voie de l'intégration politique pour faire porter leurs efforts sur la mise en place d'un système d'intégration économique. Les questions déjà soulevées par les tentatives des périodes antérieures se reposent malgré tout avec acuité, particulièrement celles qui concernent l'extension, l'intensité, la nature de l'intégration et ses rapports avec les Etats-Unis. D'autre part, les problèmes politiques et économiques hérités du passé et la renaissance du sentiment national limitent sérieusement la portée des organismes mis en place. Les tentatives faites pour surmonter la crise actuelle du processus d'intégration ont conduit à la relève des techniciens par les hommes politiques et à la recherche de solutions nouvelles dont la plus prometteuse pourrait être celle de l'intégration « parcellaire ».
    Latin America: the long road to integration, by Hélène Graillot A desire for unity emerged in Latin America after the wars of independance. The failure of attempts at political unification during this period led the Latin American states to choose a less direct approach and to develop procedures which have led to the setting up of the panamerican system. The force behind the integration movement is essentially political and comes from the need for security. After the second world war, the necessities of the political and economic development brought the question of integration to the centre of the preoccupations of the Latin American states. Warned by past failures they have abandoned political integration for the time being to concentrate on economic integration. Nonetheless the problems already raised by the trials and errors of the past remain acute - in particular the question of the limits, the degree and the nature of integration and the relationship an integrated unit would have with the United States. Moreover the political and economic problems inherited from the past and the revival of nationalism seriously limit the power of the institutions that have been established. The attempts made to weather the present crisis in integration have led to the replacement of technocrats by politicians and to the search for new solutions, the most promising of which could be that of gradual integration.
  • Les États-Unis et le secteur caraïbe de l'Amérique latine - Leslie F. Manigat p. 645-683 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Les États-Unis et le secteur caraïbe de L'Amérique latine, par Leslie F. Manigat L'expression « Nord-Sud » pour caractériser le type de relations entre « centres » développés et dominateurs et « périphéries » sous-développées et dépendantes du monde, trouve un champ privilégié d'application dans le cas des rapports entre les Etats-Unis et le secteur caraïbe de l'Amérique Latine. Les fondements de ce type particulier de relations résident d'une part dans la spécificité d'une sub­région qui, dans sa discontinuité et dans l'expression multiforme de sa complexité, est un monde à part en Amérique Latine, et peut être considérée comme une miniature du monde, et, d'autre part, dans la spécialité et la constance des intérêts dont la grande puissance nord-américaine a ici poursuivi la recherche à travers une politique active d'intervention échelonnée du xixe au xxe siècle. De tels rapports ne sont pas vraiment représentatifs des relations entre les Etats-Unis et l'Amérique Latine en général, mais celle-ci s'approprie émotivement et solidairement ce qui relève de la problématique particulière des relations entre les Etats-Unis et la région des Caraïbes. De ce fait, cette dernière a développé une conscience aiguë d'être la zone de front dans le cadre des relations conflictuelles entre Nord et Sud du continent plutôt que de réaliser une vocation de pont. C'est dans la ligne de sa tradition d'épicentre des seules vraies révolutions d'Amérique Latine que la région des Caraïbes abrite aujourd'hui la révolution cubaine de Fidel Castro, ce qui fait d'elle le lieu de croisement des lignes de front résultant des deux grands clivages du moment : Est-Ouest et Nord-Sud. Compte tenu, d'une part, des exigences d'ouverture aux courants transnationaux contemporains et, d'autre part, de la pression des relations avec les Etats-Unis, une prospective caraïbe réaliste ne semble offrir aux pays de la région, pour éviter l'alternative entre l'absorption aliénante et le fier dépassement dans la singularité nationale, que la voie difficile d'une intégration que leur dispersion et les toxines de la géohistoire rendent à la fois incertaine et nécessaire.
    The United States and the Caribbean region of Latin America, by Leslie F. Manigat The expression "North-South" used to characterize the style of relationship between the developed, dominating "centres" and the underdeveloped, dependant "outskirts" is particularly apt when applied to the relationship between the U.S.A. and the Caribbean sector of Latin America. The basis of this particular sort of relationship is both the specific nature of a sub-region which, by its discontinuity and the many-sided expression of its complexity, is a world apart in Latin America and may be considered as a sort of world in miniature, and the special interests which the great North American power has persistantly sought here via an active policy of intervention throughout the 19th and 20th centuries. Such a relationship is not truly representative of the relationship between the U.S.A. and Latin America in general, but Latin America emotionally and by solidarity considers the relationship of the United States and the Caribbean region as a relevant model for itself. Because of this the Caribbean region has developed an acute consciousness of its situation as a zone of combat between the northern and southern parts of the continent rather than as a link between them. It is typical of its tradition as the epicentre of the only real revolutions in Latin America that the Caribbean region should foster within it the Cuban revolution of Fidel Castro, which makes it the centre of the lines which divide the world today: East-West and North- South. If we take into account the necessity to keep in touch with all contemporary international trends and the difficult relationship with the U.S.A., the only realistic Caribbean policy for the future, - to avoid absorption and alienation on the one hand and the proud closing-in of the nation on itself on the other - would offer the countries concerned the narrow path of integration, uncertain though it be on account of their scattered nature and the problems inherent to them on account of their history and geographical situation.
  • Notes de recherche sur la vie politique française

  • Notes bibliographiques

  • Informations bibliographiques - p. 715-763 accès libre
  • Ouvrages reçus - p. 764-768 accès libre