Contenu du sommaire

LES GRANDES VILLES : AUTONOMIE LOCALE ET INNOVATION POLITIQUE, par BRUNO JOBERT ET MICHÈLE SELLIER Traditionnellement l'autonomie de grandes villes est conçue en termes de moyens et spécialement de moyens financiers, et l'innovation et le changement sont perçus comme émanant toujours de Paris. On peut, au contraire, poser l'hypothèse de la commune innovatrice qui, dans certaines conditions, défend sa spécificité locale et élabore des normes nouvelles. Dans cette perspective, on distinguera trois types possibles, n'existant jamais à l'état pur, de gestion des grandes villes. 1. Le type bureaucratique de l'administration exécutante qui s'impose après la deuxième guerre mondiale et centralise les innovations intervenues précédemment au niveau local. Cet appareil municipal, par ailleurs fortement politisé, apparaît comme dominé par le secrétaire général qui, en fait, coordonne plutôt l'activité des professionnels spécialistes intervenant chacun dans des secteurs cloisonnés de l'administration locale. 2. Le type technocratique des municipalités hétéronomes, qui se caractérise par la pénétration de normes centrales au niveau local, à la faveur d'efforts nouveaux de coordination rendus nécessaire par la crise de l'administration exécutante. Ce type est dominé par des élites qui appliquent des normes centrales sans prise en compte des spécificités locales. 3. Le type politique des municipalités innovatrices qui cherchent à élaborer leurs propres normes face à l'Etat et se dotent d'un appareil technico-politique local placé sous la tutelle directe du maire. Cet appareil, baptisé « cabinet occulte du maire » est fortement contesté par le personnel communal et échappe souvent à un contrôle démocratique. Ce type révèle les conflits et les contradictions d'un système décentralisé qui doit encore inventer ses propres instruments de contrôle. [Revue française de science politique XXVII (2), avril 1977, pp. 205-227.]

LÉGITIMITÉ ET POUVOIR LOCAL, par JEANNE BECQUART-LECLERCQ Le concept de légitimité doit être saisi à deux niveaux : théorique et concret. Du point de vue théorique, la légitimité est définie comme notion charnière entre le plan sociologique de l'exercice d'un pouvoir concret, et le plan psychologique des normes intériorisées formant un paradigme de pouvoir. La concordance entre ces deux plans produit la légitimité. Il convient ensuite de confronter ce cadre conceptuel à une étude empirique du pouvoir local, l'objectif étant, à partir d'une pré-enquête, d'élaborer des outils scientifiques utilisables ultérieurement pour des analyses approfondies du pouvoir local. [Revue française de science politique XXVII (2), avril 1977, pp. 228-258.]

LA CRISE D'UN RÉGIME LIBÉRAL-DÉMOCRATIQUE : L'ITALIE, par LUIGI GRAZIANO L'examen du rôle du clientélisme dans la société italienne met en lumière la faiblesse des partis, surtout de la DC, comme instrument de médiation générale entre la société et l'Etat. Pour comprendre les carences structurelles qui sont à la base de la crise italienne, la définition du système politique en termes fonctionnalistes n'est pas d'un grand secours car elle ne précise pas le rôle des agents historiques du développement (le marché, l'Etat, les partis). D'où la nécessité d'une nouvelle définition du système politique comme une formation historique qui se développe dans la mesure où elle se crée ses structures propres (administration, classe politique, etc.). Dans la mesure aussi où ces structures et ces institutions sont prêtes à intervenir par une action d'intervention politique pour remédier aux principaux clivages (territoriaux, sociaux, etc.) de la société civile. C'est ainsi que l'Etat s'émancipe de la société civile et se construit une base propre de légitimité. [Revue française de science politique XXVII (2), avril 1977, pp. 259-289.] help in understanding the structural failings at the origin of the Italian crisis because such definition does not explain the role played by the historic instruments of development the market the State the parties Whence the need for new definition of the political system as historic formation which develops inasmuch as it creates its own structures administration political class etc.) and its own institutions mass suffrage compulsory education etc. inasmuch also as these structures and institutions are ready to intervene with political action in order to remedy the main cleavages territorial social etc. in civilian society In this way the State frees itself from civilian society and builds its own legitimacy base Revue fran aise de science politique XXVII 2) avril 1977 pp 259-289.

LA PHILOSOPHIE POLITIQUE DE L'HELLÉNISME MUSULMAN : L'OEUVRE DE NASERED-DIN TUSI, par BERTRAND BADIE Toute une école de la philosophie islamique s'est étroitement inspirée de la pensée grecque et singulièrement du platonisme et du néo-platonisme. Dans le domaine politique, elle a été à l'origine de travaux qui ont opéré une synthèse intéressante entre les conceptions hellénique et musulmane des rapports sociaux, de la loi et de la cité. Il est important de noter que ces constructions ont finalement débouché sur une théorie du contrat qui annonce de façon déjà précise certaines orientations de la philosophie politique européenne qui prendra corps quelques siècles plus tard. [Revue française de science politique XXVII (2), avril 1977, pp. 290-304.]