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PERCEPTION POLITIQUE ET THÉORIE DE LA CONNAISSANCE DANS L'OEUVRE DE JEAN-JACQUES ROUSSEAU, par TERENCE MARSHALL Les conceptions épistémologiques de Rousseau affectent ses perceptions et son discours sur la politique. L'accord de Rousseau avec la critique moderne des idées innées et son désaccord avec le monisme matérialiste dans la psychologie empirique ne rendent pas seulement compte de la manière (ou méthode) par laquelle Rousseau perçoit la politique, mais aussi du remplacement de l'idée classique de la raison pratique par les principes formels d'égalité et de liberté comme principes du jugement politique. La reconnaissance par Rousseau des limites du formalisme, comme étant le motif d'une pratique individuelle, explique son emploi d'artifices à la fois rhétoriques et poétiques, servant à donner une substance dynamique aux "formes" que son enseignement préconise. Sa vision politique devient ainsi une synthèse ingénieuse du formalisme mathématique et de l'aisthesis poétique. [Revue française de science politique XXIX (4-5), août-octobre 1979, pp. 605-664.]

LA DYNAMIQUE DES GRÈVES, par HUGUES LAGRANGE La puissance conflictuelle d'une branche d'industrie, liée à la concentration des travailleurs dans des entreprises de grande taille, évolue au cours du temps. Cette évolution est globalement parallèle à celle de la population active de la branche. Cependant, comme on l'a vu encore récemment à propos de la crise de la sidérurgie, le déclin démographique se traduit, dans les branches syndiquées et concentrées, par des flambées de grèves que ne connaissent pas les branches peu concentrées ou peu syndiquées. Cela explique que l'on constate, dans les années récentes, face à la montée des conflits dans les secteurs modernes, le développement, dans les branches touchées par le déclin de l'emploi, des mouvements de grèves qui prennent le caractère de drames sociaux. [Revue française de science politique XXIX (4-5), août-octobre 1979, pp. 665-692.] THE DYNAMICS OF STRIKES HUGUES LAGRANGE The conflict potential in branch of industry is linked to the degree of concentration of the workers in large scale companies and evolves over time This evolution is globally parallel to that of the active population involved in the given branch of industry Howe ver and this has been shown recently in the crisis in the steel industry in France demo graphic decline has its counter-part in unionised and concentrated industrial branches in outbreaks of strikes unexperienced in those industrial branches where concentration and unionisation are low This explains the phenomenon observable in recent years in the rise of industrial conflict in modern sectors of industry namely that those branches affected by the decline in employment experience strike movements which take on the character of serious social problems Revue fran aise de science politique XXIX 4-5) àî -î 1979 pp 665-692.

ITINÉRAIRE POLITIQUE ET CHEMINEMENT RELIGIEUX, par JEAN-MARIE DONEGANI L'étude d'histoires de vie de catholiques militant au Parti socialiste permet de mettre à jour les mécanismes de formation et de modification des attitudes politiques et religieuses de sujets échappant en partie à la liaison couramment établie entre foi religieuse et conservatisme. Pour ces sujets, il apparaît, tout d'abord, que l'appartenance religieuse est vécue comme un lien social, les variations constatées dans l'attachement religieux s'expliquant par des différences d'insertion dans un milieu. L'évolution des sujets d'origine ouvrière se fait sous le signe du collectif, la vie de travail et le syndicalisme conduisant à l'engagement à gauche. L'itinéraire des sujets d'origine bourgeoise se fait sous le signe de l'individuel et en termes de rupture, la découverte de l'alterné ou le sujet social de l'individu le conduisant à briser l'association mal vécue entre bourgeoisie-conservatisme politique-appartenance religieuse. Etre catholique de gauche ici, c'est préserver son identité en permettant par le changement d'un attribut politique de conserver les attributs religieux et de classe. L'attitude religieuse se révèle, à l'étude de ces récits de vie, singulièrement « compréhensive » en ce qu'elle tend à unifier les autres rôles de la personnalité sociale. Toutefois, ce caractère compréhensif de l'attitude religieuse apparaît ici non parce que le pôle religieux maintiendrait stable tous les autres aspects du comportement mais bien davantage parce qu'il les intègre toujours indépendamment de leur changement. [Revue française de science politique XXIX (4-5), août-octobre 1979, pp. 693-738.]

POUR UNE SÉMIOLOGIE POLITIQUE DES MONUMENTS AUX MORTS, par YVES HELIAS L'analyse du monument aux morts considéré comme « un système clos qui porte en lui-même son intelligibilité », permet de mettre à jour ses significations politiques intemporelles. Dans cette perspective, il est possible d'établir les trois propositions suivantes : 1. La pérennité idéologique des monuments aux morts est à rechercher au niveau d'un discours implicite des formes. 2. Leur efficacité idéologique est due au traitement symbolique de la mort qui double ce discours. 3. Leur caractère nécessairement politique est imputable au refoulement du pouvoir étatique d'envoyer à la mort qui s'y opère. [Revue française de science politique XXIX (4-5), août-octobre 1979, pp. 739-759.]

LA SOCIALISATION POLITIQUE DES MILITANTS COMMUNISTES, par JACQUES DERVILLE ET MAURICE CROISAT Un parti politique exerce une fonction de socialisation auprès de ses militants. Pour le Parti communiste cette fonction a une importance décisive puisqu'il doit assurer une pédagogie du marxisme-léninisme, veiller à la prééminence de sa ligne politique, tout en maintenant l'unité idéologique de la communauté communiste, afin d'éviter l'apparition d'une coupure entre intellectuels et militants de base, voire le développement de tendances et de fractions. L'enquête entreprise auprès des militants appartenant à trois cellules de la région grenobloise apporte quelques éléments de réflexion en cette matière, en particulier sur l'importance des facteurs de socialisation communiste antérieure à l'adhésion (famille, milieu du travail, organisation syndicale), sur le rôle des réunions de cellule et la manière dont les militants ont intériorisé la ligne politique du XXIIe congrès. [Revue française de science politique XXIX (4-5), août-octobre 1979, pp. 760-790.] THE POLITICAL SOCIALISATION OF COMMUNIST MILITANTS JACQUES DERVILLE ET MAURICE CROISAT political party has socialisation function in regard to its members For the French Communist Party this function has decisive importance since it has to ensure the tea ching of Marxism-Leninism keep watch over the party Hne and at the same time main tain ideological unity in the Communist community in order to avoid break between Communist intellectuals and the grass roots or even the development of fractions and tendencies within the party This survey of party militants in three cells in the Grenoble area provides some elements for thought in particular on the importance of communist socialisation factors before joining the party family work environment trade union) on the role of cell meetings and the way in which militants have made their own the politi cal line of the 22nd Congress Revue fran aise de science politique XXIX 4-5) août-octobre 1979 pp 760-790.

LES COMMUNISTES PARISIENS EN 1977, par FRANÇOISE SUBILEAU Une enquête réalisée par la fédération de Paris du Parti communiste français auprès de militants présents aux conférences de section réunies en juin 1977 permet de les comparer, d'une part à la population parisienne dans son ensemble telle qu'elle est définie par le recensement de 1975, et, d'autre part, à la même population militante telle qu'elle a été étudiée en 1974. On constate, en premier lieu, que cette fraction la plus active des militants parisiens se caractérise notamment par un niveau culturel élevé associé à une position également élevée dans la hiérarchie socioprofessionnelle. En second lieu, la conjoncture politique semble se traduire de deux façons : une évolution du recrutement militant car les tout derniers adhérents sont plus souvent ouvriers, ce qui va de pair avec le durcissement du parti à l'égard du PS ; un renforcement de l'appareil du parti, le poids des responsables s'exerçant de façon plus nette dans les conférences de section de 1977 par rapport à celles de 1974. [Revue française de science politique XXIX (4-5), août-octobre 1979, pp. 791-811.]

LE PARTI POLYMORPHE EN EUROPE DE L'EST, par THOMAS LOWIT On suppose couramment que les régimes de l'Est européen présentent une multiplicité d'institutions. Il n'en est rien et les organismes administratifs et économiques d'Etat ainsi que les organisations sociales, qui sont apparemment des appareils fonctionnellement différenciés, ne sont, en fait, que des « branches » de l'institution unique du Parti. La notion de parti polymorphe rend compte du système qui ne va pas sans dysfonctions et crises. [Revue française de science politique XXIX (4-5), août-octobre 1979, pp. 812-846.]

Y A-T-IL UNE FRONTIERE CHINOISE ?, par JEAN-LUC DOMENACH Malgré les puissantes barrières édifiées par le régime communiste, il semble que la population chinoise ne se trouve pas complètement privée d'informations sur le reste du monde. Ainsi, trois grands flux d'informations transitent par la colonie de Hong Kong qui, bien que chinoise par le peuplement, sert de sas entre la Chine populaire et l'Occident. Ils sont véhiculés par les mass média, les voyageurs en Chine et l'appareil communiste de la colonie. Ces informations contiennent une image très positive de Hong Kong et une appréciation plus nuancée de l'Occident. Elles atteignent en Chine deux minorités : ceux qui, Cantonais ou Chinois d'outre-mer, possèdent des parents dans la colonie, et surtout les cadres supérieurs. Bien que leur effet soit mal connu, ces informations semblent avoir influé sur l'opinion publique chinoise et peut-être même sur la formation de la politique d'ouverture de Pékin. [Revue française de science politique XXIX (4-5), août-octobre 1979, pp. 847-876.]

RACES ET CLASSES AU BRÉSIL, par CLAUDETTE SAVONNET-GUYOT Que penser du modèle brésilien des relations inter-ethniques ? Tandis que, de la « race unique » (Toynbee) à la « civilisation luso-tropicale » (Bastide), les observateurs étrangers ne lui ménageaient guère leur admiration, à l'intérieur même du pays, la « démocratie raciale » persistait comme l'idéologie sociale de tous les régimes depuis plus de quarante ans. Parce qu'elle remplissait une fonction essentielle, la défense de l'unité ethnique brésilienne ; parce qu'elle s'appuyait sur une brillante argumentation, celle de Gilberto Freyre, elle restait l'objet principal de la fierté nationale. Depuis une dizaine d'années, pourtant, se dessine, à l'intérieur des sciences sociales brésiliennes, un courant d'études plus critiques qui nous invitent à réviser les idées reçues, à jeter un regard plus objectif sur le contenu réel des relations inter-ethniques, et à entreprendre une réévaluation du rapport races-classes dans le plus grand pays d'Amérique latine. [Revue française de science politique XXIX (4-5), août-octobre 1979, pp. 877-894.]