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Le projet européen, conçu dans les années 1950, et mis en œuvre dans la décennie suivante, se trouve condamné à une remise en question profonde. Ses trois objectifs sont à la fois à demi atteints, à demi déformés : (1) un espace intégré qui ne parvient pas à être pleinement transparent ; son identité face à l'extérieur n'a pas su se consolider ; (2) un système industriel efficace dont la constitution n'a jamais pris forme ; aujourd'hui, l'espace européen « idéal » est soit étriqué, soit utopique ; (3) une légitimité européenne que veulent incarner les Communautés et qui se heurte inexorablement aux Etats, à leur vision propre. Dans ces conditions, il faut, au moins temporairement, accepter un éclatement de l'idée européenne, identifier plusieurs voies d'évolution : le développement de l'Europe juridique par l'harmonisation (dont la réalisation permettrait au Parlement européen d'accéder au pouvoir législatif) ; la création d'une Europe technologique par la multiplication des formules pragmatiques associant, aux côtés des pays membres, les nations tierces ; enfin l'Europe politique, toujours fondée sur la concertation.

L'équilibre institutionnel de la Communauté économique européenne a été, et reste, fondé sur l'alternative : intégration ou coopération. Le système initial, établi par les traités, créait un compromis entre ces deux options, centré sur l'organe de direction bicéphale Conseil-Commission. L'absence de contrepoids institutionnel à celui-ci des­sinait un système de confusion des pouvoirs. Cependant, peu à peu, s'est créé un nouvel équilibre de fait, modelé par la confrontation des deux options pendant que s'opérait parallèlement la transformation du régime de confusion en un système de séparation des pouvoirs adapté au contexte communautaire.

Dans les villes de plus de 9 000 habitants, la période qui sépare les élections municipales de 1971 de celles de 1973 forme une séquence d'évolution politique homogène. Sous la pression des grands partis, les systèmes politiques locaux perdent progressivement leur autonomie par rapport au système politique national. Bipolarisation et « partisanisation » entraînent un ajustement des structures électorales locales sur les structures nationales. Ces observations incitent à discuter le modèle des élections intermédiaires - élections sans obligation ni sanction - appliquées aux scrutins municipaux de 1977 et 1983. Quel que soit le degré de spécificité des élections municipales, ces scrutins marquent des étapes importantes et significatives de l'évolution générale du système politique et des rapports de force électoraux, dans la France urbaine.

politique est bien liée à un ensemble de conditions sociales (niveau culturel, niveau social, position occupée dans la division du travail). Cependant, la connaissance politique ne peut être seulement comprise à partir de ses conditions sociales de production. En fonction de la distance temporelle, géographique, socio-professionnelle ou idéologique existant entre l'individu et l'objet politique à connaître, le niveau de connaissance politique peut varier sensiblement quelle que soit la place de l'individu dans la structure sociale.

Par les lois adoptées en 1919 et 1924 fut officialisé en France un urbanisme de plan, visant une gestion prévisionnelle des usages du sol. Pour évaluer les significations socio-politiques de cette première planification urbaine moderne, deux perspectives d'analyse sont successivement envisagées. La première concerne la portée des dispositifs juridiques réglant l'appropriation publique des sols : un décalage persistant, durant 1'entre-deux-guerres, entre les nouveaux principes posés par les lois et l'interprétation jurisprudentielle du Conseil d'Etat révèle l'audience persistante des intérêts fonciers. La seconde perspective d'analyse examine comment la critique des coûts de l'aménagement s'élargit, dès cette époque, en une réflexion d'ensemble sur le rôle des finances locales dans la naissance et la circulation des richesses.