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Aristote accorde une importance telle à la prudence qu'elle est le véritable lien de la politique et de l'éthique à travers toute sa philosophie de l'action. Pourtant, et à cause de cette importance, il ne peut guère la définir. Il ne la cerne pas par approximation comme une vertu morale ni par classification comme un régime politique. La prudence est la vertu intellectuelle, le concept imposé par le fait que la politique et l'éthique ne sont jamais entièrement liées et jamais entièrement déliées. La prudence machiavélienne radicalise cet enseignement ; elle ne le rompt pas : là où la prudence aristotélicienne indique que politique et éthique ne peuvent être très séparées, l'habileté machiavélienne indique qu'elles ne peuvent être très liées. Ce n'est qu'avec Hobbes qu'on est en présence de la construction systématique d'une théorie dans laquelle la politique l'emporte entièrement sur l'éthique. Kant renverse cette priorité au seul profit de l'éthique. La recherche aristotélicienne fait finalement figure de moins mauvaise solution. Elle sort l'éthique du purisme et la politique de la pure force. En tout cas, sans référence à une relation entre la politique et l'éthique, la recherche de la prudence est peu probable. La croyance récente en la toute-puissance de l'histoire l'a montré.

Contrairement à l'analyse dominante depuis son échec, la politique de l'Indulgence exprimée par Camille Desmoulins dans Le Vieux Cordelier ne rejette ni le gouvernement révolutionnaire ni même la politique de répression. Desmoulins veut seulement avertir le Comité de salut public que la transformation de cette politique en terreur sous la pression du mouvement populaire et des Enragés conduit la politique révolutionnaire à l'irréalité dont le symbole le plus parfait est l'inflation démesurée de la catégorie du suspect, cause autant qu'effet de cette dissolution progressive du sens de la réalité politique. Sous le signe d'un retour à Machiavel, Desmoulins adjure le Comité de sauver le seul principe de constitution du réel politique : la liberté de parole. Mieux qu'une politique, l'Indulgence est donc avant tout le rappel des conditions de toute politique véridique, du moins lorsqu'elle se veut républicaine.

Dans les fluctuations des conceptions socio-politiques de Renan, domine une conception de la nation de type subjectif rationnel. Cette conception, en reflétant les contradictions qui la fondent, devient un modèle du genre : elle tend à légitimer un ordre social existant sur ces contradictions. La postérité retient plus le subjectif que le rationnel et méconnaît trop souvent que ce modèle, pas unique mais exemplaire, d'éloge d'un hypothétique équilibre social sous l'image de la nation, comprend, malgré lui, des éléments contraires à son dessein.

Pour analyser les relations entre la communication et la dualité public/privé, deux modèles théoriques sont en concurrence. Le modèle de la dissociation projette une définition technique de la communication sur une conception empirique de la dualité. Le modèle de la consubstantialité part de la nature indissociablement langagière et politique de l'homme. La théorie classique réactualisée par H. Arendt et J. Habermas fournit des repères pour comprendre l'histoire de l'espace public et sa dégradation dans la société de masse. Ces modèles théoriques génèrent deux discours possibles sur la libération de la communication. Du premier dérive le mythe de la société informationnelle où les innovations technologiques libèrent la communication de toute contrainte au prix d'une dilution de la qualité public/privé. Du second procède la critique de la rationalité technique et la théorie de l'agir communicationnel qui réhabilite l'espace public.

Les militants du RPR se sont beaucoup renouvelés depuis 1981, l'opposition au gouvernement de gauche se révélant être un puissant facteur de mobilisation. Ces militants continuent à se référer symboliquement au gaullisme mais leur univers idéologique a évolué vers le libéralisme économique. Dans le même temps, ils revendiquent leur appartenance à la droite et considèrent leurs alliés de l'UDF comme des centristes, cultivant ainsi leur différence. Le parti apparaît divisé par rapport au Front national mais plus tolérant à son égard qu'en 1978. L'image dominante du RPR est celle du dynamisme et de la responsabilité alors que l'UDF est considérée de manière négative comme une nébuleuse floue et molle de mauvais partenaires.

L'ouvrage publié sous la direction de Daniel Gaxie ne constitue pas un bilan exhaustif des études électorales en France, mais vise à reformuler l'explication sociologique du vote. Il inscrit l'étude de ce dernier dans la sociologie politique et l'histoire sociale. Après avoir exposé les trois parties dont le livre est composé (« La mobilisation électorale », « Vote et position dans le monde social », « Vote et configurations des marchés politiques »), l'article revient sur trois notions : « entreprises et biens politiques », « systèmes symboliques et sous-cultures », « instabilité électorale ». Sont évoquées à cette occasion d'autres études portant sur l'évolution des comportements électoraux et plus particulièrement sur la représentation politique en France.