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Revue | Revue Française de Science Politique |
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Numéro | 49e année, n°4-5, 1999 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Articles
- Le grain et la grandeur : les origines économiques de la politique européenne du général de Gaulle (1ère partie) - Andrew Moravcsik p. 507-544 Les centaines d'ouvrages et d'articles publiés par des historiens, politistes ou commentateurs sur la politique du général de Gaulle à l'égard de l'intégration européenne accordent tous une valeur explicative prépondérante à l'idéologie géopolitique particulière du Général. Les explications de sa politique européenne n 'accordent qu 'un rôle secondaire - lorsqu 'elles lui en donnent un ?aux préoccupations d'ordre commercial. Le présent article entend renverser ce consensus historiographique à travers une analyse des quatre décisions majeures prises sous la présidence du général de Gaulle : le maintien de la France dans le Marché commun et la défense de la politique agricole commune (PAC), la proposition du plan Fouchet au début des années soixante, l'opposition à l'entrée de la Grande-Bretagne dans la CEE et le déclenchement de la crise de la « chaise vide » en 1965-1966 qui mènera au Compromis de Luxembourg. Dans chacun de ces cas, la masse énorme de documents de première main - discours, mémoires, entretiens privés et documents ministériels ? montre que le général de Gaulle poursuivait des intérêts plus commerciaux que géopolitiques. A l'instar de ses prédécesseurs et de ses successeurs, de Gaulle voulait promouvoir l'industrie et l'agriculture françaises en instaurant des marchés protégés pour l'exportation des produits français. S'il poursuivait des buts géopolitiques, les contraintes commerciales imposées par les industriels et surtout par les groupes de producteurs agricoles étaient si fortes qu 'elles rendaient ces buts quasiment impossibles à atteindre. De Gaulle était un homme de démocratie avant d'être un visionnaire dans le domaine géopolitique. Son expérience nous en dit long sur les limites que la politique démocratique moderne impose à l'homme d'État qui veut mettre son génie au service d'une vision géopolitique personnelle.Grain and grandeur : the economic origins of general de gaulle's european policy The thousands of books and articles on Charles de Gaulle's policy toward European integration, whether written by historians, political scientists, or commentators, universally accord primary explanatory importance to the General's distinctive geopolitical ideology. Explanations of his European policy place seondary significance, if any at all, on commercial considerations. This paper seeks to overturn this historic graphical consensus by examining the four major decisions toward European integration taken under de Gaulle's Presidency : to remain in the Common Market and promote the CAP, to propose the Fouchet Plan in the early 1960s, to veto British accession to the EEC, and to provoke the « empty chair » crisis in 1965-1966, resulting in « Luxembourg Compromise ». In each case, I argue, the overwhelming bulk of the primary evidence - speeches, memoirs, confidential discussions, and government documents -confirms that the interests de Gaulle pursued were more commercial than geopolitical. Like his predecessors and successors, de Gaulle sought to promote French industry and agriculture by establishing protected markets for their export products. Insofar as the General had geopolitical aims, commercial constraints imposed by industrial and, above all, agricultural producer groups were so tight that he was hardly able to realize them. De Gaulle was a democratic politician first and a geopolitical visionary second. His experience has much to tell us about the narrow limits modern democratic politics imposes on any effort to make statecraft serve an idiosyncratic geopolitical vision.
- Visions constructivistes et réalistes de la consolidation de la paix en Bosnie ou Quand Alice au pays des merveilles rencontre le monstre de Frankenstein - Charles-Philippe David p. 545-572 Ce texte reprend quelques notions de base du constructivisme et du réalisme pour expliquer la nature desconflits et la pertinence d'une mission de consolidation de la paix. Il applique ces deux visions théoriques à l'analyse et l'interprétation du conflit en Bosnie. Après une brève présentation de quelques bilans effectués sur les accords de Dayton, il examine la consolidation de la paix en Bosnie, sur les plans sécuritaire, politique et socio-économique, en appliquant et comparant les thèses constructivistes et réalistes et s'interroge en conclusion sur l'avenir de la Bosnie et la valeur explicative des grilles d'analyse conceptuelle.Constructivist and realistic visions of peace consolidation in bosnia or alice in wonderland meets the frankenstein monster This text takes up a few basic notions of constructivism and realism in order to explain the nature of conflicts and the relevance of a peace consolidation mission. These two theoretical visions are applied to the analysis and interpretation of the Bosnia conflict, and we propose a brief presentation of a few appraisals of the Dayton agreements. We then examine the consolidation of peace in Bosnia in the political, safety and social-economic areas by applying and comparing the constructivist and realist theses. We conclude on the future of Bosnia and the explanatory value of our conceptual analysis method.
- La négociation de l'action publique conventionnelle dans le contrat de plan État-région - Marc Leroy p. 573-600 Cet article de sociologie financière présente les résultats d'une recherche portant sur la négociation des contrats de plan (1994-1999) entre l'État et les régions françaises, La nouvelle donne institutionnelle de la décentralisation invalide les modèles déjà déclinants de la planification et de l'aménagement du territoire par l'État : désormais, selon la logique légitime de référence de la contractualisation, l'État et la région sont à égalité pour sélectionner les priorités territoriales à programmer financièrement dans les contrats de plan. Pourtant, l'État, recentré sur un rôle régulateur, tente d'imposer ses règles dans la négociation en déformant le « référentiel » à son avantage. En réalité, le processus central, mais largement occulté, de la négociation contractuelle est constitué par la régulation financière qui s'organise autour des enjeux et des normes de cofinancement, d'engagement et de préservation des crédits. Le modèle bipolaire de la négociation de l'action publique conventionnelle combine donc des règles qui sont finement répertoriées pour questionner la portée de la nouvelle approche - « globale », « transversale », « partenariale » et « territorialisée » -, des problèmes publics.Cet article de sociologie financière présente les résultats d'une recherche portant sur la négociation des contrats de plan (1994-1999) entre l'État et les régions françaises, La nouvelle donne institutionnelle de la décentralisation invalide les modèles déjà déclinants de la planification et de l'aménagement du territoire par l'État : désormais, selon la logique légitime de référence de la contractualisation, l'État et la région sont à égalité pour sélectionner les priorités territoriales à programmer financièrement dans les contrats de plan. Pourtant, l'État, recentré sur un rôle régulateur, tente d'imposer ses règles dans la négociation en déformant le « référentiel » à son avantage. En réalité, le processus central, mais largement occulté, de la négociation contractuelle est constitué par la régulation financière qui s'organise autour des enjeux et des normes de cofinancement, d'engagement et de préservation des crédits. Le modèle bipolaire de la négociation de l'action publique conventionnelle combine donc des règles qui sont finement répertoriées pour questionner la portée de la nouvelle approche - « globale », « transversale », « partenariale » et « territorialisée » -, des problèmes publics. Negotiating contractual public action [in france] : the planning contracts between the state and the regions This financial sociology article presents the results of research on the negotiation of planning contracts (1994-1999) between the French government and the regions. The new institutional decentralization regime has invalidated the already declining centralized patterns of planning and territorial development : from now on, according to the (legitimate) contractual logic of reference, the French state and the regions have equal roles in establishing the territorial priorities to be financed through planning contracts. But the state, in its central regulatory role, seeks to ompose its own rules in the negotiation by bending the « referential » to its advantage. The central but largely hidden process of contractual negotiation consists actually in financial regulation organized around stakes and norms of co-financing, commitment and preservation. The bipolar pattern of negotiation of contractual public action combines rules that are finely itemized so as to question the scope of the new approach ? « global », « transversal », « partnerized » and « territorialized » - to public problems.
- Le réajustement du rôle des populations dans la gestion des déchets ménagers. Du développement des politiques de collecte sélective à l'hétérorégulation de la sphère domestique - Yannick Rumpala p. 601-630 Cet article s'intéresse à la place prise depuis la fin des années quatre-vingt par le tri et les collectes sélectives dans la réorientation de la gestion des déchets ménagers. Le développement de ces pratiques suppose en effet une adhésion des populations qui touche non seulement le rapport qu 'elles entretiennent avec leurs ordures, mais aussi tout un ensemble de relations avec les sphères institutionnelles, tant administratives qu 'économiques. Il s'agit donc de revenir sur cette participation des usagers pour saisir comment une telle solution a pu devenir apparemment consensuelle. Pour cela, l'analyse proposée remet au jour les problèmes t'.t les enjeux à partir desquels a été engagée cette évolution dans l'amont de la prise en charge collective des déchets ménagers. Examiner les dispositifs utilisés pour modifier les attitudes et les comportement permet également de mieux saisir les conditions d'installation de cette nouvelle organisation. Dans le prolongement de ces perspectives, le recours à ce type de programme d'action amène à s'interroger sur les logiques sous-jacentes, dans la mesure où celles-ci peuvent apparaître non seulement comme une voie de rationalisation, mais surtout comme une voie de colonisation du monde vécu par des impératifs portés par les systèmes administratif et économique.Readjustment of the role played by people in domestic waste management : from the sphere This article deals with the place that sorting and selective collection have taken in the reorientation of domestic-waste, management since the end of the eighties. The development of these practices presupposes popular adherence, which not only has an effect on the relation people have with their rubbish, but also on a series of links with institutional, administrative as well as economic, realms. Therefore, it is a question of going back over this user participation in order to understand how such a solution could arouse an apparent consensus. To this end, the analysis which is put forward here brings to light the problems and stakes from which this evolution has got under way upstream from the collective commitment for household refuse. Examining the devices used to modify attitudes and behaviours also enables to better realize the conditions in which this new organization is set. As an extension of these perspectives, the resort to this type of programme of action induces to wonder about the underlying logic, inasmuch as this logic can appear not only as a form of rationalization, but especially as a form of colonization of the lifeworld by imperatives stemming from the administrative and economic systems.
- Le grain et la grandeur : les origines économiques de la politique européenne du général de Gaulle (1ère partie) - Andrew Moravcsik p. 507-544
Coups de projecteur sur les élections européennes du 13 juin 1999
Eclairage sur les grandes forces politiques en France et leurs résultats aux élections européennes du 13 juin 1999.- L'extrême droite éclatée - Pascal Perrineau, Annie Laurent p. 633-642 Aux élections européennes de juin 1999, l'extrême droite se présente éclatée aux suffrages des électeurs. La liste de Jean-marie Le Pen affronte celle de Bruno Mégret. Cette fracture a marqué le recul de l'extrême droite en France et a des répercussions sur la composition des conseils régionaux issus des élections de 1998.
- La liste Pasqua-Villiers - Gilles Ivaldi p. 643-652 Le succès électoral du duo Pasqua-Villiers puise ses racines au coeur du peuple de droite. Irréductibles de la souveraineté nationale les deux leaders luttent contre l'Europe de Maastricht et d'Amsterdam. Leur liste a par ailleurs bénéficié de la scission du F.N. Le RPF saura-t-il occuper longtemps l'espace politique qu'il s'est approprié?
- L'union RPR-DL au plus bas - Pierre Bréchon p. 653-662 La liste "l'Union pour l'Europe", conduite par Nicolas Sarkozy et Alain madelin a, contre toute attente, réalisé de très mauvais scores aux élections européennes de juin 1999. L'examen de ces résultats par département montre que l'électorat Madelin-Sarkozy représente le coeur d'un électorat de droite fidèle, fidèle à son parti et fidèle au Président de la République.
- La liste Bayrou ou la résurgence du courant démocrate-chrétien - Bernard Dolez p. 663-674 Avec 9,2% des voix aux élections européennes, F. Bayrou a rendu aux centristes une identité politique et a tracé des perspectives électorales. Le vote Bayrou équivaut à la France du MRP des années 60. Les électeurs de François Bayrou sont-ils des centristes d'opposition?
- Les Verts, Cohn-Bendit, l'environnement et l'Europe - Daniel Boy p. 675-686 La liste des Verts mené par D. Cohn-Bendit a atteint presque 10% des voix aux élections européennes de juin 1999, c'est-à-dire plus que prévu et plus que la moyenne européenne. Malgré des résultats en dents de scie depuis 1974, les Verts sont en progression et cela grâce à 3 facteurs: les enjeux environnementaux, l'apport personnel de Cohn-Bendit et l'image des Verts au sein de la majorité plurielle.
- Le Parti socialiste : l'idéal et le réel - Jérôme Jaffré p. 687-694 Pour la première fois depuis 1979 le P.S. devance toutes les autres forces politiques dans un scrutin européen. Politiquement idéal, ce résultat est électoralement moyen. Il faut dire que le P.S. a du mal à retrouver le vote des catégories populaires.
- La gauche communiste plurielle - Marc Lazar p. 695-706 -Le P.C.F.: un échec au regard de ses espérances. -Le défi de l'extrême gauche.
- Les quinze pays de l'Union : une consultation de « second ordre » ? - Stéphanie Abrial, Christine Pina p. 707-718 -L'abstention, serpent de mer des élections européennes. -Une consultation européenne particulièrement sensible aux cycles électoraux nationaux. -Recomposition des systèmes de partis.
- L'extrême droite éclatée - Pascal Perrineau, Annie Laurent p. 633-642
Comptes rendus
- Olivier Borraz, Gouverner une ville. Besançon 1959-1989 - Vincent Hoffmann-Martinot p. 719-721
- John Crowley, Sans épines, la rose. Tony Blair, un modèle pour l'Europe ? - Jacques Leruez p. 721-723
- Marie-Christine Kessler, La politique étrangère de la France. Acteurs et processus - Jean-Louis Quermonne p. 723-725
- Robert Elgie, Political Leadership in libéral démocraties. Daniel-Louis Seiler, La vie politique des Européens. Introduction aux pratiques démocratiques dans les pays de l'Union européenne - Guy Hermet p. 726-727
- Revue des revues - p. 729-734
- Informations bibliographiques - p. 735-751