Contenu du sommaire : Les migrations au Proche-Orient

Revue Maghreb-Machrek Mir@bel
Numéro no 199, printemps 2009
Titre du numéro Les migrations au Proche-Orient
Texte intégral en ligne Accès réservé
  • In memoriam Bruno Etienne - Jean-François Daguzan p. 5 accès libre
  • Dossier : Les migrations au Proche-Orient

    - p. 7
    • Le Moyen-Orient : un carrefour migratoire entre conflits territoriaux et mondialisation des circulations - Ali Bensaâd p. 9 accès réservé avec indexation
    • Construction nationale, territorialité et diasporisation : le cas palestinien - Jalal al-Husseini et Aude Signoles p. 23 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Alors que le processus de construction nationale palestinien semble en panne, cet article entend analyser l'évolution qu'ont subie, depuis 1948, les concepts de « territoire palestinien » et de « peuple palestinien », qui en ont constitué le fondement. En insistant sur la territorialisation du mouvement national palestinien en Cisjordanie et à Gaza depuis 1993, il s'agit plus particulièrement d'étudier comment les relations entre le centre politique en formation et les « périphéries » à caractère diasporique se (re)définissent : observe-t-on notamment une fragmentation des référents identitaires, ou assiste-t-on plutôt à leur renaissance à travers de nouveaux discours et pratiques ?
      Nation building, territoriality and diasporisation : the Palestinian case
      At a time when the Palestinian nation building process seems to be stalled, this article aims to analyze the evolution that has affected its ideological foundations since 1948. These have been intimately linked to the concepts of “Palestinian territory” and “Palestinian people”. Focusing on the anchoring of the Palestinian national movement in the West Bank and the Gaza Strip since 1993, it explores more particularly the way the relationship between the Palestinian state-in-the-making and the “diasporic” Palestinian communities have developed : are we witnessing the fragmentation of the “Palestinian identity” or, rather, its revival through the formation a new set of discourses and practices ?
    • La présence irakienne en Syrie et en Jordanie : dynamiques sociales et spatiales, et modes de gestion par les pays d'accueil, - Géraldine Chatelard et Mohamed Kamel Doraï p. 43 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      L'émigration des Irakiens, qui remonte aux années 1990, s'inscrit dans la longue liste des migrations forcées qui marquent la région du Moyen-Orient à chaque nouvelle crise géopolitique. Elle est aussi le fruit de relations migratoires plus longues, qui s'appuient sur des logiques plurielles. La Syrie et la Jordanie accueillent aujourd'hui l'essentiel des Irakiens qui quittent leur pays depuis le changement de régime, et jouent un rôle central dans l'architecture actuelle de la diaspora irakienne. Après avoir retracé les différentes phases d'arrivées des Irakiens dans ces deux pays, la question de la gestion de ce flux migratoire est traitée, en montrant les convergences et les spécificités propres des politiques d'accueil mises en place.
      The Iraqi presence in Syria and Jordan : social and spatial dynamics and management by host countries. The emigration of the Iraqis, which goes back to the 1990s, joins in the long list of the forced migrations which mark the Middle East at every new geopolitical crisis. It is also the result of longer migratory relations, which lies on plural logics. Syria and Jordan host today most of the Iraqis leaving their country since the regime change, and play a central role in the current architecture of the Iraqi Diaspora. After having related the various phases of Iraqis' arrival in these two countries, the question of the management of this migratory flow is treated by showing the convergences and the specificities of both reception countries policies.
    • Migrants dans une banlieue beyrouthine - Marie-Antoinette Hily p. 61 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Cet article se propose de rendre compte, à partir d'enquêtes de terrain, des signes et des marques qu'inscrivent les nouveaux migrants dans le paysage urbain de Bourj-Hammoud. Présentée comme « le grand marché de Beyrouth », cette commune accueille depuis une dizaine d'années des migrants sri lankais, philippins, indiens, éthiopiens. Souvent en situation irrégulière, ils travaillent pour partie dans le quartier alors que d'autres s'emploient dans les familles aisées beyrouthines comme bonnes pour les femmes ; dans le bâtiment, la restauration-hôtellerie ou encore dans des petites entreprises pour les hommes. Il s'agit de donner à voir les pratiques des « nouveaux venus » et leurs usages du quartier. Ces résidents récents vivent dans la précarité, dans la peur du contrôle ; et pourtant c'est dans cette incertitude quotidienne que s'organise une vie sociale.
      Migrants in a Beirut suburb
      Based upon field research, the present paper aims at analyzing signs and landmarks which recent migrants leave in the urban scenery of Bourj Hammoud, which is considered as the “major market in Beirut” and has been housing for a decade migrants coming from Sri Lanka, Philippines, India, Ethiopia. They are often in an unregistered position, some of them work in the district, while others are employed in well-to-do Beirut families, women as maids, men in building, restaurants, hotels or small firms. Indian and Sri Lankan have also settled shops on the central street (jewellery or grocery shops, restaurants). Giving an account of'newcomers' practices and how they use the district. These recent settlers live precariously, afraid of each check. However, it is in such daily uncertainty that a form of social life is taking place. Here migrant men - and moreover women - are actively working at bringing together the necessity of remaining unnoticed and steering clear, with meeting'local national'people, those who claim to be Lebanese, Armenian, Lebanese Armenian.
    • Les « réfugiés soudanais » en Israël : discours, représentations, mobilisations - Lisa Anteby-Yemini p. 71 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Cet article porte sur le nouveau phénomène des migrations de demandeurs d'asile africains d'Égypte vers Israël et en particulier sur les Soudanais qui franchissent clandestinement la frontière israélo-égyptienne. L'État israélien mène une politique ambiguë vis-à-vis de ces migrants forcés, en tentant de contrôler les flux par des détentions et des expulsions tout en octroyant aux « réfugiés » du Darfour un statut particulier. En effet, la notion de « rescapés de génocide » prend une signification spécifique dans le contexte israélien, comme le prouve la mobilisation spontanée de la population et de nombreuses ONG, et comme le démontrent les discours des Soudanais eux-mêmes.
      « Sudanese refugees » in Israel : discourse, representations, mobilisations
      This article looks at the new phenomena of African asylum seekers migration from Egypt to Israel, and in particular at the Sudanese who cross illegally the Egyptian-Israeli border. The State of Israel has an ambiguous policy towards these forced migrants, on the one hand trying to control these fluxes by detentions and expulsions and on the other giving refugees from Darfur a special status. Indeed, the notion of genocide survivor has a specific meaning in the Israeli context, as the spontaneous mobilization of the population and the numerous NGOs prove and as shows the discourse of the Sudanese themselves.
    • Émergence et résorption annoncées d'un territoire de transit international au coeur d'Istanbul : le cas de Tarlaba ı (1987-2007) - Jean-François Pérouse p. 85 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Dans le cœur historique et touristique de la vaste métropole turque, Tarlabaşı fonctionne comme une zone active de transit international, abritant des candidats au passage en Europe, des candidats au statut de réfugié en attente d'une réponse du HCR ou des déboutés. Il s'agit d'étudier à la fois les facteurs et conditions favorables qui ont contribué à l'émergence de ce territoire de transit, la diversité des flux et trajectoires qui l'animent ainsi que le lien entre un projet urbain de « nettoyage » et les mouvements de transit. Par là, on voit combien le transit affecte un territoire déjà stigmatisé, marqué par une forte précarité et une présence de migrants de l'intérieur et en quoi un projet urbain de rénovation peut menacer l'économie du transit, voire trouver une de ces justifications dans la suppression de cette économie. Ainsi, en sortant de l'approche désincarnée et « macro » des migrations de transit, on tente d'approcher celles-ci dans leurs expressions « micro » et leurs interactions à un territoire et à des histoires et temporalités urbaines spécifiques.
      Emergence and announced resorption of an international transit zone in the heart of Istanbul : TarlabaI (1987-2007)In the historic heart of the huge Turkish metropolis, popular with tourists, Tarlabaşı is like a transit zone which hosts applicants to the passage in Europe, applicants to the refugee status waiting for an answer from the UNHCR or even non-suited applicants. The purpose of this article is to study the factors and favourable conditions that contributed to the emergence of this transit zone, the diversity that animates its flux, and the link between an urban project of “cleansing” and the transit movements. Obviously, the transit affects a zone already stigmatized, which shows a great precariousness and the presence of inland migrants, as well as the fact that such a project could jeopardize the transit economy, or even find its justification in the suppression of it.
    • Les pays du Conseil de coopération du Golfe : à nouvelles tendances migratoires, nouvelles politiques ? - Philippe Cadène et Brigitte Dumortier p. 101 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Les pays arabes du Golfe sont devenus l'un des grands pôles mondiaux de réception des migrations internationales. Après un exposé de la bibliographie et un bilan critique des sources, cet article actualise les travaux existants et analyse les évolutions en cours marquées par un élargissement des aires géographiques de recrutement et l'amorce d'un changement d'attitude des gouvernements sur le statut des migrants, en dépit de mesures visant à renforcer la participation des nationaux dans les économies. La réflexion proposée, appuyée sur un travail de terrain, vise à remettre en cause une vision manichéenne de réalités sociales complexes et à expliciter les différenciations d'un État à l'autre.
      The Gulf Cooperation Council : new policy for new migratory trends ?
      Arab Gulf countries are now one of the main reception areas for international migration. After a review of the literature on the subject and a critical survey of the sources available, this article updates the existing publications and presents recent trends. The enlargement of the recruiting areas and the signs of an evolution of the Gulf States position towards the foreign workers despite the stress on the policy of nationalisation of the workforce are pointed. The analysis proposed, founded on fieldwork, shows that today's social realities in the Gulf are far from being as simple as often believed and try to make clearer the differences from a Gulf country to another.
    • Stratégies d'ancrage des immigrés kéralais (Inde du Sud) dans les villes des Émirats arabes unis - Philippe Venier p. 121 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Aux Émirats arabes unis, les étrangers constituent une très large majorité de la population. Depuis plus de deux décennies, ce sont les pays d'Asie du Sud qui fournissent l'essentiel des flux de travailleurs immigrés. Les ressortissants de l'Union indienne, et plus particulièrement ceux originaires de l'État du Kérala, représentent ainsi une importante communauté dans les villes des Émirats arabes unis. À l'instar des autres pays du Golfe Arabo-persique, l'immigration y est intrinsèquement conçue comme contractuelle et temporaire. Néanmoins, depuis quelques années, on assiste à une remise en cause de ce principe par une minorité de migrants. De nouvelles stratégies migratoires font émerger des logiques d'ancrage qui s'expriment notamment par un accroissement des regroupements familiaux dans le pays d'accueil. L'analyse géographique de ces logiques d'ancrage des immigrés kéralais montre qu'elles sont à la fois tributaires et révélatrices des dynamiques économiques et des processus de métropolisation propre à chaque cité-État des Émirats arabes unis.
      Changes in migration strategies within the Keralite community (South India) living in the UAE cities
      A very large majority of the population living in the United Arab Emirates are foreigners. For the last couple of decades, the migration flux from South Asia has prevailed. In this part of the world, the immigrants coming from the State of Kerala in South India constitute an important community living in the UAE cities. Like in other Gulf countries, the migration is based on a temporary expatriation linked with a working contract. Nevertheless, such a principle is now questioned by a minority of Keralites which consider emigration as an opportunity to live with their family and stay a longer time as expatriates. A spatial analysis shows that longer settlements of some migrants are dependent of the globalization and the metropolisation processes occurring in the UAE.