Contenu du sommaire : Police, ordre et sécutité. Etudes réunies et présentées par Dominique Monjardet et Jean-Claude Th?nig
Revue | Revue Française de Sociologie |
---|---|
Numéro | 1994, 35-3 |
Titre du numéro | Police, ordre et sécutité. Etudes réunies et présentées par Dominique Monjardet et Jean-Claude Th?nig |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Présentation - Dominique Monjardet, Jean-Claude Thoenig p. 351-355 Dossier regroupant 5 études sur la gestion systémique de la sécurité publique (J.C. Thoenig), sur la culture professionnelle des policiers (D. Monjardet), sur les polices des villes dans l'entre-deux-guerre (M. Vogel), sur le pouvoir politique et le maintien de l'ordre (P. Mann) et sur la coercition policière (J.P. Brodeur).
- La gestion systémique de la sécurité publique - Jean-Claude Thoenig p. 357-392 La politique menée en France en matière de sécurité publique est caractérisée par des traits tels que la prééminence d'un noyau « dur » de services de l'Etat (police, gendarmerie, parquet, préfecture), la subordination aux impératifs de l'ordre public, la primauté de la répression, l'extrême variabilité des priorités en matière de petite et moyenne délinquance, etc. L'article explique comment une telle politique est produite et pourquoi. Elle résulte largement de propriétés liées à la manière dont, au quotidien et sur le terrain, les divers acteurs gèrent les interdépendances que structure le problème dit de la sécurité publique et génèrent ou non des modes de coopération entre eux. La perspective adoptée pour traiter les observations récoltées lors d'une enquête dans trois départements est celle de l'analyse systémique (qui est confrontée à l'analyse dite institutionnelle) de l'action collective. Elle suggère combien restreinte demeure la marge actuelle dont disposent les directions des services publics de l'Etat pour imposer des priorités nationales et homogènes, et combien timides restent les formules dites partenariales et tendues vers la prévention ou le traitement non judiciaire des problèmes.Jean-Claude Th?nig : Systemic management of public security. France's policy in matters of public security is based on the following elements : the government (public and military police force, public prosecutor's office, prefecture) firmly placed at the centre, a subordination to the imperatives of law and order, the primacy of repression, an extreme variability in the priorities for petty and middle crime, etc. The article explains how and why this type of policy came to exist. It is mainly the result of a day-to-day, on-the-job development of the interdependence of rights between the various actors when dealing with public security issues ; in some cases leading to certain modes of cooperation, but not in all. The method adopted to analyse the observations collected during a survey in three departments in France was that of systemic analysis of collective action (confronted with what is known as institutional analysis). First, it makes clear the narrow margin which the heads of public service currently have in order to impose national, homogenous priorities. Secondly, it shows the lack of development of the supposed partnerships and their tendency towards prevention or non-judicial handling of problems.
- La culture professionnelle des policiers - Dominique Monjardet p. 393-411 Les descriptions et analyses disponibles de la culture professionnelle des policiers définissent celle-ci comme un ensemble de traits qui seraient à des degrés divers partagés par tous les membres du groupe. Les données empiriques suggèrent au contraire un très grand pluralisme des opinions, attitudes et valeurs, qui conduit à proposer une autre acception de la culture professionnelle en termes d'espace commun interne, défini par deux enjeux majeurs, propres au groupe policier mais sur lesquels celui-ci est profondément divisé : le rapport à la loi et le rapport à l'autre.Dominique Monjardet : Professional culture in the police force. The descriptions and analyses which are available on the subject of professional culture in the police force, define it as an assembly of characteristics shared by all members of the group at varying degrees. Empirical data however point out a great pluralism in opinion, attitude and values. This leads to proposing a different interpretation of professional culture in terms of internal common space, based on two major notions which deeply divide the group : the relation with the law and with others.
- Politiques policières et systèmes locaux. Les polices des villes dans l'entre-deux-guerres - Marie Vogel p. 413-434 Les études sur l'administration policière française se départissent difficilement d'un cadre interprétatif où l'Etat occupe une place à la fois centrale et quasi exclusive et qui construit un modèle policier auquel est accordée une valeur rétrospective. A partir des acquis de la sociologie de l'action publique, l'étude des polices urbaines dans l'entre-deux-guerres conduit à des observations fort éloignées de cette représentation globalisante. Le développement des polices urbaines, leur mode d'administration et la définition des politiques policières, loin d'être le résultat d'une impulsion centrale, correspondent à des systèmes et à des dynamiques d'acteurs locaux, et la distinction entre police municipale et police d'Etat n'apparaît pertinente que sur la question du maintien de l'ordre.Marie Vogel : Policies of the police force and local systems in towns between world wars. Studies made on the French police administration tend to indicate the existence of an interpretative frame in which the State occupies both a central and almost exclusive position and which serves as a model for the police force, playing a retrospective role. The study of town police forces between the two world wars, based on information drawn from sociological sources on public action, produces a different impression to this. The development of town police forces, their administration and the definition of their policies is not the result of central control, rather it corresponds to the actions of local actors and systems. In addition, the distinction between local police forces and government police forces is only relevant as regards the upholding of law and order.
- Pouvoir politique et maintien de l'ordre. Portée et limites d'un débat - Patrice Mann p. 435-455 La police, « bras armé de l'Etat » ou « Etat dans l'Etat » ? La plupart des sociologues reconnaissent que la nature des relations entre l'appareil policier et l'Etat ne peut pas se réduire à la simple alternative : instrumentante ou insularité. Plusieurs études ont ainsi permis, ces dernières années, d'enrichir substantiellement le débat ; mais elles restent trop axées sur la dimension institutionnelle du problème et, lorsqu'elles parviennent à dépasser cette dimension, tendent à se limiter au travail quotidien de police dans le cadre des missions dites de sécurité publique. S 'inscrivant dans une perspective socio-historique et s 'appuyant sur des données empiriques empruntées au cas français, le présent article se propose de replacer ce débat dans le cadre des opérations dites de « maintien de l'ordre ».Patrice Mann : Political power and maintaining law and order. The scope of this debate and its limits. The police force : « Weapon of the State » or « State within a State » ? The majority of sociologists realize that the relationship between the police body and the State cannot be made as simple as the alternative : instrumentality or insularity. Numerous studies over the last few years have greatly helped to enrich the debate. Nevertheless these studies concentrate on the institutional aspect of the issue, and once they go beyond this point they tend to go no further than the daily work in the police force on missions concerning public security. Looking at this topic from a socio-historical point of view, this article, based on empirical data from situations in France, repositions the debate in relation to operations involving the maintaining of law and order.
- Police et coercition - Jean-Paul Brodeur p. 457-485 Cet article soumet à un examen critique la définition du rôle de la police, proposée en 1970 par le sociologue américain Egon Bittner, qui l'énonce comme « un mécanisme de distribution d'une force coercitive non négociable, mis au service d'une compréhension intuitive des exigences d'une situation ». On montre d'abord que cette définition, influencée par l'ethnométhodologie, a le statut d'un paradigme pour la sociologie de la police. Puis on souligne que Bittner définit la police par sa capacité à recourir à la force plutôt que par son recours effectif aux mesures coercitives. Le caractère d'urgence des situations auxquelles elle est sommée de réagir, selon cette théorie, est ensuite discuté, de même que les traits particuliers de l'intervention policière. L'article critique enfin les propositions de Bittner et démontre qu'elles sont essentiellement normatives, donc non susceptibles de validation empirique, trop restrictives pour rendre compte de la majorité des actions policières et incorrectes sur un ensemble spécifique de points, comme le monopole de la police de la force physique, son obligation de rendre des comptes et sa relation avec la loi.Jean-Paul Brodeur : The police force and coercion. This article places the definition of the role of the police force, put forward by the American sociologist Egon Bittner, under critical examination. The role is defined as "a mechanism used to distribute non-negotiable coercive force with intuitive understanding of the requirements in a given situation". Firstly, it is shown that this definition, under the influence of ethnomethodology, has gained status as a paradigm in police sociology. Then, it is pointed out that Bittner defines the police force in terms of its capacity to use force rather than in terms of its actual resorting to coercive measures. The urgent nature of the situations to which the police is required to react according to this theory is then discussed, along with the characteristics of police intervention. Finally, the article criticizes Bittner's proposals and points out that they are for the most part normative, and therefore, cannot be validated empirically, too restrictive to take into account the majority of police actions and lastly incorrect on a number of points, such as police monopoly as regards physical strength, its obligation to deal in certain ways, and in its relation to law.
Les livres
- Loubet del Bayle Jean-Louis, La police. Approche socio-politique. - Patrice Mann p. 487-490
- Dieu François, Gendarmerie et modernité. Etude de la spécificité gendarmique aujourd'hui. - François Gresle p. 490-493
- Monet Jean-Claude, Polices et sociétés en Europe. - Patrice Mann p. 493-495
- Polices d'Europe. - Patrice Mann p. 495-498
- Résumés (anglais, allemand, espagnol) - p. 499-504