Contenu du sommaire : numéro spécial, Les modèles sociaux européens face au défi de l'emploi : Allemagne, France, Royaume-Uni, Suède

Revue La Revue de l'IRES Mir@bel
Numéro no 58, 2008/3
Titre du numéro numéro spécial, Les modèles sociaux européens face au défi de l'emploi : Allemagne, France, Royaume-Uni, Suède
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • numéro spécial, Les modèles sociaux européens face au défi de l'emploi : Allemagne, France, Royaume-Uni, Suède

    • Avant-propos - Michel Husson p. 3 accès libre
    • Performances d'emploi : macroéconomie et marchés du travail - Michel Husson p. 9 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les performances d'emploi s'expliquent-elles principalement par les caractéristiques des marchés du travail ? Cette étude comparative essaie d'éclairer cette question. Elle porte sur quatre pays européens (Allemagne, France, Royaume-Uni, Suède) et montre d'abord que les performances d'emploi ne peuvent être mesurées par le seul taux de chômage. Les déterminants macroéconomiques (croissance, évolution relative du salaire et de la productivité) rendent compte de l'essentiel des dynamiques d'emploi qui ne peuvent dès lors être mises en correspondance avec le degré de flexibilité. Mais l'organisation du marché du travail peut être plus ou moins en adéquation avec le mode d'articulation des grands secteurs, industrie et services.
      Employment performances: macro-economy and labour markets
      Can we explain employment performances mainly by the characteristics of labour markets ? This comparative study will try to clarify this issue. It focuses on four European countries (i.e. Germany, France, Great Britain and Sweden) and first shows that employment performances cannot be measured solely by the unemployment rate. The macroeconomic determinants (growth, relative wages and productivity) account for most of the employment dynamics, which cannot therefore be matched with the degree of flexibility of the labour market. Nevertheless, the organisation of the labour market can be more or less in line with the mode of articulation of the major sectors, manufacturing and services.
    • Retour sur les réformes du marché du travail en Allemagne - Odile Chagny p. 65 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les très bonnes performances macro-économiques de l'Allemagne au cours de la période de reprise des années 2005-2007 qui ont précédé le retournement de l'économie mondiale ont soulevé de nombreuses interrogations sur leur articulation avec les réformes du marché du travail mises en œuvre au début des années 2000. Dans leur logique, ces réformes visent à abaisser le coût du travail, à miser sur le développement du secteur des bas salaires pour favoriser l'emploi des travailleurs non qualifiés, à introduire davantage de responsabilité dans les revenus non liés à une activité dans une logique de droits et de devoirs, à rompre avec les politiques de retrait précoce du marché du travail des seniors, à accroître la flexibilité du marché du travail. L'article s'attache à mettre en évidence que l'une des clefs de lecture des réformes réside dans le fait qu'elles ont révélé et poursuivi une dynamique de moyen terme de transformation de l'état social. Il en résulte qu'il est difficile d'isoler leurs effets de ceux de la correction du choc de la réunification, des mutations du système productif, des politiques de déréglementation des services publics, des réformes des autres branches la protection sociale, de l'affaiblissement du pouvoir syndical, ou encore du policy mix.
      Review of the reforms of the labour market in Germany
      During the upturn of 2005-2007 and before the turn around of the world economy, the relation between the very good macroeconomic performances of Germany and the reforms of the labour market that took place at the beginning of the decade has been largely questioned. They aim at lowering the cost of work, at expanding low salary work – thus favouring non-qualified work –, at involving more responsibilities into the revenues that are not linked to an activity, in a perspective of rights and duties, at challenging the policies that facilitate the early retirement of senior workers, at encouraging flexibility in the labour market. We will try to point out in this article the importance, when reading those reforms, of the fact that they have revealed and furthered a mid-term dynamics in the transformation of the social State. The result is that it is difficult to isolate their effects from those of the rectification of the post-reunification shock, of the mutations of the productive system, the policies about the deregulation of public services, the reforms of other branches of social protection, of the weakening of unions' power, or of the policy mix.
    • Le marché du travail britannique : Mythe et réalité du modèle néo-libéral - Iain Begg, Florence Lefresne p. 111 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La décrue sensible du chômage, à partir de 1993 et l'augmentation du taux d'emploi font du Royaume-Uni une référence incontournable dans les débats sur l'emploi. La tentation existe – et nombreux y succombent – d'imputer ces performances à la flexibilité du marché du travail. Mais peut-on établir le lien de cause à effet ? Plus que de la souplesse du contrat de travail, les créations d'emploi ont surtout résulté d'une politique monétaire et budgétaire active. La baisse du chômage a pour beaucoup découlé de retraits d'activité alimentant la montée spectaculaire du régime d'invalidité. Par ailleurs, les réformes introduites sur le marché du travail n'ont pas eu un sens univoque. Si le contrat de travail ou encore la durée du travail demeurent peu réglementés, la part des salaires a progressé dans la valeur ajoutée. Dès lors, l'article suggère, à l'inverse de la thèse néo-libérale, que ce sont davantage les éléments de re-régulation du marché du travail (comme le salaire minimum désormais au-dessus du SMIC) qui, couplés à une politique macroéconomique dégagée des contraintes du pacte de stabilité, ont constitué les atouts de l'économie britannique. En revanche, l'ampleur des inégalités sociales et les pénuries de qualifications fragilisent son modèle de croissance aujourd'hui fortement déstabilisé par la crise financière.
      Labour market in the UK : myth and reality of the neo-liberal model
      The obvious decrease of unemployment from 1993 onward and the raise of the employment rate have established the UK as a key reference in the debates on employment. Many people choose the easy option and explain the UK's good performances by the mere flexibility of its labour market. Is it possible yet to clearly establish the cause-effect relationship ? Rather than just a consequence of employment contract flexibility, job creation results from an active use of monetary policy and budgetary policy. The decrease of the unemployment rate has been mainly due to withdrawals from the labour market, which favoured the spectacular growth of incapacity benefit regime. Furthermore, labour market reforms have been rather ambiguous. Although employment contracts and working time duration remain weakly regulated, the share of wages in value added has increased. Therefore this article suggests, hence confronting the neo-liberal thesis, that labour market regulation (as for example the Minimum National Wage, now above the level of the French SMIC), coupled with macroeconomic policy freed from the stability pact restraints, have benefited British economy. On the other hand, the scale of social inequalities and the lack of qualifications weaken the UK's model, which is largely challenged by the current financial crunch.
    • La Suède à la recherche de son modèle social - Iain Begg p. 145 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'économie suédoise s'est remise avec brio de la profonde dépression qu'elle a subie au début des années 1990 et a par la même occasion refondu son modèle social, revenant en quelques sortes au modèle Rehn-Meider qu'elle avait suivi avec succès jusqu'aux années 1980. Les partenaires sociaux jouent un rôle significatif dans la régulation du marché du travail, comme dans d'autres pays nordiques, mais contrairement au Danemark, la Suède jouit d'une protection de l'emploi relativement solide. Depuis le milieu des années 1990, le pays a suivi une politique macroéconomique visant sa stabilité et les inégalités salariales y sont faibles. Un marché du travail aux politiques actives et un engagement fort vis-à-vis de l'égalité des sexes font aussi partie du policy-mix. La Suède bénéficie d'un taux d'emploi élevé et d'industries fortement exportatrices, et pourtant le nombre d'heures travaillées y est relativement bas : ce paradoxe apparent s'explique en partie par les possibilités étendues de congés rémunérés et par les mécanismes d'incitation du système de protection sociale. Depuis les années 1960, pratiquement toute la croissance de l'emploi s'est produite dans le secteur public, une tendance non viable sur le long terme, et certaines critiques posent la question de la rentabilité des politiques actives d'emploi. Cet article conclut néanmoins que la Suède a prospéré dans la globalisation, créant par là une base solide pour une prospérité durable et la justice sociale du pays. On peut malgré tout se demander si la transformation d'un modèle, aussi réussie soit-elle pour l'instant, pourra résister au temps.
      Sweden, looking for its social model
      The Swedish economy has made a successful recovery from the deep recession it endured in the early 1990s, and has reshaped its social model in the process, to some extent returning to the successful Rehn-Meidner one that had been followed up to the 1980s. The social partners have a significant role in labour market regulation, as in other Nordic countries, but in contrast to Denmark, Sweden has relatively strong employment protection. Sweden, since the mid-1990s, has pursued a stability orientated macroeconomic policy and has a quite compressed wage structure. Active labour market policies and a strong commitment to gender equality are also part of the policy mix. Sweden has a high employment rate and is successful in export industries, yet has comparatively low working hours, an apparent paradox partly explained by generous leave arrangements and the structure of incentives in the social protection system. From the 1960 onwards, nearly all the growth in employment was in the public sector, a trend that eventually became unsustainable, and some critics question whether the active labour policies have been cost-effective. Nevertheless, the conclusion of this study is that Sweden has prospered under globalisation and, in doing so, has created a platform for continued prosperity and social justice. It is, however, an open question whether a model that may have been successfully reinvented for now, can stand the test of time.
    • Diagnostics et réformes en France - Jacky Fayolle p. 167 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Au printemps 2006, plusieurs personnalités françaises, acteurs et experts de la vie économique et sociale, ont été rencontrées afin de recueillir leur point de vue sur les performances de la France en matière de croissance et d'emploi. Une synthèse de ces entretiens est proposée dans cet article. La médiocrité des performances françaises est largement ressentie par les personnalités rencontrées comme un fait admis. Elle est perçue comme une inquiétante tendance au décrochage, comparativement aux pays industrialisés les plus dynamiques et à l'intensité de la croissance mondiale. Différents courants explicatifs de cette situation sont repérables parmi les personnalités interviewées.Cette synthèse est rapprochée de travaux publiés au cours des dernières années, qui abordent les mêmes thèmes. Enfin, les éléments de diagnostic qui en découlent sont mobilisés pour exprimer un point de vue sur la politique de réformes menée en France depuis le printemps 2007. Cette politique couvre en effet un front large, qui recoupe les différents domaines de diagnostic et d'action évoqués au cours des entretiens.
      Diagnostics and reforms in France
      Following their interviews in spring 2006, several French personalities, actors and experts in economic and social sciences have given their points of view on France's performances in matters of growth and employment, which have been summarised in this article. The poor performances of France have clearly been established by all interviewees. They are perceived as the country's tendency to drop out, in comparison to the most dynamic industrialised countries as well as to international growth. We can identify different explanations to this situation among the personalities interviewed. This synthesis is compared with works published in recent years about this very theme. The diagnostic obtained help formulate one point of view on the reforms French politics have been aiming at since spring 2007 – dealing with the various domains of diagnostics and action discussed during the interviews.