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Revue | Revue française d'économie |
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Numéro | Vol. XXIII, no 4, avril 2009 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- La neuroéconomie dans l'agenda de l'économie comportementale. - Benjamin Pelloux, Jean-Louis Rullière et Frans van Winder p. 3 L'économie des comportements a connu un succès grandissant en grande partie grâce au développement des expérimentations en économie. La poursuite de ce succès apparaît pour beaucoup devoir être misée sur les perspectives de la neuroéconomie, qui n'en serait donc rien d'autre qu'un prolongement naturel. Cet article montre qu'il ne s'agit pas d'un prolongement mais d'un véritable choix méthodologique fondé sur une vraie rupture. Cette question peut d'ailleurs être parfaitement résumée par le principe de Camerer, Loewenstein et Prelec, énoncé dès 2004 : enquêter directement sur le cerveau et pas sur la personne. Pour l'économiste, observer l'activité cérébrale serait donc plus pertinent pour comprendre le comportement que de l'observer directement.Neuroeconomics in the Behavioral Economics Agendum. The behavioral economics was successful and this success was increasing firstly due to the development of the experiments in economics. The pursuit of this success appears to have a lot to be bet on the perspectives opened by neuroeconomics, which would thus be nothing else than a natural continuation of the behavioral economics research program. This paper shows that it is not at all about a simple continuation but about a real methodological choice based on a strong break. This question can be perfectly summarized by the stated principle by Camerer, Loewenstein and Prelec : asking the brain, not the person. As a consequence, for the economist, observing the brain activity would thus be more relevant to understand the human being behavior than to focus directly on it.
- Neuroéconomie et sciences économiques. - Kevin A. McCabe p. 37 La neuroéconomie constitue une nouveauté dans les sciences économiques avec un intérêt particulier pour la façon dont le cerveau humain interagit avec son environnement institutionnel et social pour prendre des décisions économiques. Cet article présente une vue d'ensemble des méthodes de la neuroéconomie et passe en revue un certain nombre de résultats de ce domaine d'étude émergent.Neuroeconomics and the Economic Sciences. Neuroeconomics is the newest of the economic sciences with a focus on how the embodied human brain interacts with its institutional and social environment to make economic decisions. This paper presents an overview of neuroeconomics methods and reviews a number of results in this emerging field of study.
- Neuroéconomie: une relecture critique. - Glenn W. Harrison p. 77 Mieux comprendre la manière dont fonctionne le cerveau devrait nous aider à mieux comprendre le comportement économique. Mais certains voudraient nous faire croire que cela est déjà le cas et que des connaissances venant des neurosciences ont déjà apporté de nouvelles connaissances en économie qu'il n'aurait été possible de découvrir sans elles. Pour la plupart il ne s'agit que de marketing académique, et afin de revenir vers des considérations de fond, il nous faut apprécier l'écume des choses pour ce qu'elle est. Débarrassé de cette écume, que reste-t-il ? La réponse est qu'il reste beaucoup d'éléments sur la table, mais que tout ceci n'est que potentiel. Ce n'est pas une mauvaise chose ou même une raison pour arrêter ici l'effort, mais cela nous montre la nécessité d'une sérieuse reconsidération de ce qu'est la neuroéconomie et de son pouvoir explicatif dans la littérature. La neuroéconomie peut être une discipline précieuse, mais pas de la façon dont elle est pratiquée et « vendue » aujourd'hui. Ceci est vrai plus généralement de l'économie comportementale, qui partage beaucoup de défauts méthodologiques de la neuroéconomie. explicatif dans la littérature. La neuroéconomie peut être une discipline précieuse, mais pas de la façon dont elle est pratiquée et «vendue» aujourd'hui. Ceci est vrai plus généralement de l'économie comportementale, qui partage beaucoup de défauts méthodologiques de la neuroéconomie.Neuroeconomics : A Critical Reconsideration. Understanding more about how the brain functions should help us understand economic behaviour. But some would have us believe that it has done this already, and that insights from neuroscience have already provided insights in economics that we would not otherwise have. Much of this is just academic marketing hype, and to get down to substantive issues we need to identify that fluff for what it is. After we clear away the distractions, what is left ? The answer is that a lot is left, but it is still all potential. That is not a bad thing, or a reason to stop the effort, but it does point to the need for a serious reconsideration of what neuroeconomics is and what passes for explanation in this literature. Neuroeconomics can be a valuable field, but not the way it is being developed and "sold" now. The same is true more generally of behavioural economics, which shares many of the methodological flaws of neuroeconomics.
- Commentaires sur "Neuroéconomie: une relecture critique" - Angela A. Stanton p. 139 Le champ exploré par la neuroéconomie montre qu'elle est à peine entrée dans son adolescence : qu'est-ce que la neuroéconomie est en train de réaliser ? Reconcevoir la science économique qui a été développée depuis plus de 100 ans jusqu'à maintenant ? Non, la neuroéconomie ne prend pas cette direction, nonobstant tous les efforts de quelques économistes pour vite la ranger dans une boîte à chaussure (voir dans le détail cet argument développé par Caplin et Schotter [2008]). La neuroéconomie se conçoit plutôt comme une espèce d'économie « à la Mendel » ; elle est une science capable de produire des données en fixant, dans une certaine mesure, l'environnement et en observant les choix individuels du début du processus de décision jusqu'à sa réalisation. L'économie dominante, en revanche, regarde la moyenne des résultats obtenus par plusieurs individus et propose une explication de la raison pour laquelle les agents économiques ont pu choisir en moyenne ce résultat. Ces deux domaines théoriques, la neuroéconomie et l'économie dominante, sont en train d'évaluer en fait les deux faces de la même pièce ; l'une avec et l'autre sans la condition ceteris paribus ; et en toute hypothèse on ne peut pas conclure à un conflit entre ces deux champs théoriques.Neuroeconomics : A Critique of « Neuroeconomics : A Critical Reconsideration ». Some economists believe that the work of neuroeconomists threatens the theory of economics. Glenn Harrison's paper "Neuroeconomics : A Critical Reconsideration" provides some support for this threatened view, though some of the points he makes are disguised (Harrison, 2008). The field of neuroeconomics is barely into its teenage years ; and it is trying to do what ? Criticize and redesign the field of economics developed over hundreds of years ? But that is not what neuroeconomics is trying to do, in spite of all the efforts of some economists trying to place it into that shoebox (see the argument in great detail in Caplin and Schotter (2008)). Neuroeconomics is a Mendelian-Economics of sort ; it is a science that is able to generate data by fixing the environment to some degree, varying a single independent variable for its affects, and is able to see each individual's choices from initiation of the decision-making process to its outcome. Mainstream economics, on the other hand, looks at the average of the outcomes of many individuals and proposes how people chose those outcomes, retroactively. The two fields, neuroeconomics and mainstream economics, are evaluating two sides of the same coin : one with and the other without ceteris paribus ; they are not necessarily in conflict with one another.
- Commentaires sur la neuroéconomie. - Ariel Rubinstein p. 159 La neuroéconomie est examinée d'une façon critique en utilisant des données sur les temps de réponse des sujets à qui on a demandé de s'exprimer quant à leurs préférences dans le contexte du Paradoxe Allais. Différentes formes de décisions sont mises en évidence en fonction de la vitesse de prise de décision. Ce résultat suggère que l'on puisse tenter d'identifier divers types d'agents économiques en fonction de leur appréhension du temps de la décision. A partir de cela, il est discuté de l'étendue de l'apport de la neuroéconomie à la science économique.Comments on Neuroeconomics. Neuroeconomics is examined critically using data on the response times of subjects who were asked to express their preferences in the context of the Allais Paradox. Different patterns of choice are found among the fast and slow responders. This suggests that we try to identify types of economic agents by the time they take to make their choices. Nevertheless, it is argued that it is far from clear if and how neuroeconomics will change economics.
- Refus de la simplicité et individualisme cognitif. - Nathaniel T. Wilcox p. 175 La neuroéconomie est un bel exemple d'investigation approfondie de la connaissance de l'individu. Cet outil est soutenu par l'hypothèse implicite selon laquelle « l'homme individuel » est le fameux « agent » de l'économie néoclassique. Nous soutenons ici que cette supposition n'est ni simplement correcte, ni d'une importance primordiale pour la société économique des hommes. En particulier nous suggérons que le principal génie du genre humain tient dans sa capacité à accumuler des artefacts cognitifs physiques et sociaux qui échouent en grande partie aux limitations biologiques innées des individus. C'est essentiellement pourquoi nos économies s'accroissent, et par conséquent nous devrions être plus intéressés par la connaissance distribuée dans des groupes que par la connaissance individuelle. Nous devrions aussi être davantage concernés par l'accumulation culturelle d'artefacts cognitifs comme les dispositifs computationnels et les médias, les structures sociales et les institutions économiques.Against Simplicity and Cognitive Individualism. Neuroeconomics illustrates our deepening descent into the details of individual cognition. This descent is guided by the implicit assumption that "individual human" is the important "agent" of neoclassical economics. I argue here that this assumption is neither obviously correct, nor of primary importance to human economies. In particular I suggest that the main genius of the human species lies with its ability to distribute cognition across individuals, and to incrementally accumulate physical and social cognitive artefacts that largely obviate the innate biological limitations of individuals. If this is largely why our economies grow, then we should be much more interested in distributed cognition in human groups, and correspondingly less interested in individual cognition. We should also be much more interested in the cultural accumulation of cognitive artefacts : computational devices and media, social structures and economic institutions.