Contenu du sommaire : Revue de l'OFCE n°95
Revue | Revue de l'OFCE (Observations et diagnostics économiques) |
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Numéro | no 95, octobre 2005 |
Titre du numéro | Revue de l'OFCE n°95 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Dossier : perspectives 2005-2006
- Département analyse et prévisionPrévisions
- Croissance mondiale : essai transformé - Perspectives 2005-2006 pour l'économie mondiale p. 13
- France : un potentiel de croissance - Perspectives 2005-2006 pour l'économie française p. 37 Depuis près de dix ans, la France a des performances économiques supérieures à celles de ses partenaires européens, et en particulier l'Allemagne et l'Italie. Ainsi, en moyenne depuis 1997, l'économie française connaît un surplus annuel de croissance de 0,4 point par rapport à l'ensemble de la zone euro, et de plus d'un point par rapport à ses deux principaux partenaires. Cette meilleure performance trouve son origine dans un grand dynamisme de la demande intérieure et tout particulièrement de la consommation des ménages. Cette croissance de la consommation s'étant réalisée dans un climat peu porteur — pouvoir d'achat en berne dû à un marché du travail peu dynamique et à une accélération de l'inflation en raison des effets directs de la hausse des prix du pétrole — les ménages ont réduit leur épargne et ont eu recours à l'emprunt. Cette évolution a été favorisée par le bas niveau des taux d'intérêt. La première condition pour que la croissance dure à l'horizon de notre prévision est donc le maintien des taux d'intérêt à un niveau faible. Mais il faut aussi, pour que la croissance de la consommation et de l'économie soit durable, que s'enclenche une spirale vertueuse d'augmentation des investissements productifs, des créations d'emplois et des salaires. La bonne situation financière des entreprises et la réactivation de la politique de l'emploi permet d'envisager la réalisation de ce scénario. La croissance devrait atteindre 1,7 % en 2005 et 2,2 % en 2006. Elle devrait permettre, à terme, la baisse du chômage et la reprise de la hausse des salaires. Bien entendu, des risques existent qui pourraient conduire à une rechute en 2006. Pour l'essentiel, ils sont relatifs à l'environnement international : crise pétrolière majeure, ralentissement marqué de la croissance dans le monde, etc. Un scénario de dynamique interne plus noir est également envisageable (effondrement du prix de l'immobilier, enclenchement d'une spirale inflationniste...). Il suppose un enchaînement d'évolutions très négatives qui, pour l'heure, ne transparaissent ni dans les enquêtes de conjoncture ni dans les statistiques fournies par l'INSEE.French GDP growth has been higher than in the euro zone for the last 10 years. This better economic performance results from a more robust domestic demand. Considering sluggish gains in purchasing power, caused by negative developments on the labour market and by the acceleration of inflation under the direct effects of rising oil prices, French households have reduced their savings ratio and increased their borrowing. The scenario requires the persistence of low long-term interest rates and a virtuous cycle with an increase in wages, job creation and also an increase in the private investment ratio. The good financial situation of companies makes it possible for this scenario to take place, with GDP expected to grow by 1.7% in 2005 and 2.2% in 2006. Accelerating GDP growth would allow for an increase in wages and a decrease in the unemployment ratio. JEL code : F01.
- Fiches thématiques et fiches pays - p. 95
Etudes spéciales
- Pétrole : un choc sans traumatisme apparent - p. 161
- Politique monétaire : to be (restrictive) or not to be (accomodative) - p. 175 Parti de 1 % en mai 2004, le taux des Federal Funds se situe en octobre 2005 à 3,75 % et terminerait l'année à 4 %. Ce n'est qu'au tournant de 2005-2006 que la politique monétaire américaine deviendrait restrictive, soit au bout d'un an et demi. L'objectif de la Réserve fédérale de maintenir la croissance américaine autour de son rythme potentiel serait atteint, mais pas celui de son rééquilibrage, c'est-à-dire d'une moindre dépendance à l'endettement. Confrontée à la langueur de la croissance de la zone euro, la Banque centrale européenne (BCE) a fait montre de prudence et n'a pas modifié sa politique. Le taux d'intérêt sur les opérations principales de refinancement est à 2 % depuis juin 2003, et nos hypothèses de croissance et d'inflation justifieraient de le laisser à ce niveau jusque fin 2006. Si l'inflation s'avérait plus rapide que ce qui est anticipé dans notre scénario central, le resserrement monétaire américain irait au-delà d'un taux directeur figé à 4 %, et le statu quo monétaire européen serait vraisemblablement abandonné.Since the beginning of 2004, the Federal Reserve has been increasing its Federal Funds rate at a measured pace, from 1%, then, to 3.75%, now. We only expect one further increase to 4% and no move thereafter. At last restrictive, thanks to positive real interest rates, the monetary policy will successfully slow the pace of the American growth, but its balancing will only begin. The ECB has not changed its main refinancing rate yet because of the weaknesses of euro zone growth and no move is to be expected till the end of 2006. Indeed, while GDP growth will slightly accelerate, inflation will slowly recede below 2%. Real interest rates will then remain close to zero. The main risk within this scenario is inflation because of the high level of oil prices. JEL code : E4, F3.
- Le bas niveau des taux longs : exception ou normalisation ? - p. 185 Entérinée dans un discours d'Alan Greenspan le 16 février 2005, l'énigme de l'inertie des taux d'intérêt longs publics américains face au resserrement de la politique monétaire n'est toujours pas résolue. L'évaluation des forces en présence (faiblesse de l'aversion au risque, interventions massives sur le marché des changes, ...) ne permet pas d'avoir un diagnostic rétrospectif tranché, mais leur normalisation supposée à l'horizon 2 006 nous amène à privilégier l'hypothèse d'une remontée progressive et modérée des taux d'intérêt longs. Dans un environnement moins inflationniste et malgré l'ampleur des déséquilibres à résoudre, ce scénario suppose que la référence pertinente pour juger du niveau et de l'évolution des taux longs est celle des années 1960 et non plus celle des années 1970-1980.The conundrum is alive and well: interest rates on 10-year Treasury bills are still lower today than they were at the beginning of the tightening cycle. European interest rates are also lower and declining, but they more rightly reflect a looser monetary policy and a slower growth. The credibility of central banks has translated into a low level of risk aversion. The huge increase in foreign reserves has made it easy for financing of American deficits. These are the usual arguments to explain the unexpected stability of long term interest rates. Over our forecasting horizon, both forces should be slightly less powerful, thanks to lower profligacy in the United States and less parsimony in Asia. Moreover, long term interest rates have recently increased. We expect American rates to finally reach 4.6 % and European 3.5 %.JEL codes: E4, F3, F0.
- La politique budgétaire stabilisée - p. 211 En 2005, la politique budgétaire n'apparaît plus comme l'élément dominant de la différence des performances de croissance entre les États-Unis et la zone euro. Après des impulsions budgétaires de 1,2 point de PIB en moyenne depuis 2001, la contribution de la politique budgétaire américaine à la croissance serait négative en 2005. En 2005, le déficit budgétaire de la zone euro se détériorerait légèrement, avec l'abandon d'une politique discrétionnaire restrictive, l'impulsion devenant légèrement positive. Cinq pays appartenant à la zone euro, la France, l'Allemagne, l'Italie, le Portugal et la Grèce, présenteraient un déficit encore supérieur à 3 % en 2005 et en 2006. L'assouplissement du volet répressif du Pacte de stabilité, lors de la réforme intervenue en mars 2005, n'aurait pourtant pas engendré en 2005 un écart du déficit par rapport aux objectifs des Programmes de stabilité supérieur à celui réalisé sur la période 2001-2004. Mais le cycle électoral s'annonçant en Italie en 2006 et en France en 2007 constituerait un risque de dérive par rapport aux objectifs affichés dans les lois de Finances pour 2006. Aux États-Unis, en revanche, l'abandon d'une orientation budgétaire restrictive interromprait la réduction du déficit public, rendant plus risquée la gestion des déséquilibres internes et externes.In 2005 diverging growth performances in the United States and in the Euro area are no more accounted for by the fiscal stance. Fiscal policy tightens for the first time since 2001 in the United States, while a weak but positive fiscal impulse contributes to the worsening of the budget deficit in the Euro area. Budget deficit in France, in Germany, in Italy, in Portugal and in Greece, still breaches the 3 % limit in 2005and probably will in 2006 as well, when forecasted return to fiscal discipline in the Euro area may be challenged by an eventual electoral fiscal cycle in Italy and France. On the contrary, in the United States, fiscal loosening will interrupt the fall in the budget deficit, thus challenging the macro-economic management of domestic and external unbalances. JEL codes : F01, E6.
- Débat sur les perspectives économiques - p. 231
- Politique budgétaire et taux d'intérêt - Bruno Ducoudré p. 243 Depuis les années 1970, la montée des déficits et des stocks de dette publique a conduit les économistes à soulever la question de leurs effets sur les taux d'intérêt. La dette croissante et les déficits récurrents auraient engendré des pressions inflationnistes, ce qui aurait contraint les banques centrales à augmenter le taux de court terme. Les marchés financiers anticipant la persistance de ces tensions, cela conduirait à une hausse des taux longs et à des effets d'éviction. Cet article analyse les effets de la politique budgétaire sur les taux d'intérêt d'un point de vue théorique et empirique. Ces effets reposent principalement sur l'hypothèse de plein emploi, le type de politique budgétaire menée et les anticipations des agents la concernant. L'estimation des effets des variables de politique budgétaire dans les fonctions de réaction des banques centrales et dans les équations de taux de long terme pour les États-Unis, le Royaume-Uni, l'Allemagne et le Japon sur la période 1980-2003 montre que ces effets ne sont pas automatiques et varient d'un pays à l'autre. Globalement, les politiques budgétaires n'auraient pas provoqué de hausse des taux d'intérêt réels sur la période.Increases in public debt and deficits since the seventies are accused of having contributed to the increase of interest rates level. According to this view, fiscal policies have induced inflation pressures that have forced central banks to raise the short-term interest rate; expectations of these policies by financial markets have entailed a rise in long-term interest rates and crowding-out effects. Theoretically, the impact of fiscal policy depends on the economic situation, on the adequacy of economic policy, and on agents' expectations. The introduction of fiscal policy variables in short and long-term interest rate equations for the United States, the United Kingdom, Germany and Japan for the 1980-2003 period shows that role of fiscal policies on interest rates is not mechanical and vary from one country to another. On balance, fiscal policies have not induced a generalized increase in real interest rates over that period. JEL codes : E44, E52, E6.
- La gestion des taux de change dans les pays émergents - La leçon des expériences récentes - Hanen Gharbi p. 279 Après les crises monétaires des années 1990, les pays émergents se sont ralliés à la flexibilité du taux de change. Celle-ci est-elle effectivement mise en pratique ? Ces pays ont-ils définitivement abandonné la gestion de leur taux de change ou s'agit-il en fait d'une gestion déguisée ? L'analyse des politiques de change d'un groupe de pays émergents récemment passés au flottement montre que, malgré les déclarations officielles, la gestion du taux de change reste le système de change dominant. La flexibilité de leur taux de change a certes augmenté après leur passage au flottement, mais leur système est plus proche du flottement géré que du flottement libre officiellement annoncé. Très ouverts aux marchés internationaux de capitaux, les pays émergents sont condamnés à la flexibilité de leur taux de change, mais, souvent, leur tendance à l'inflation, la dollarisation de leur dette (le péché originel) ou la fragilité de leur système bancaire les obligent à la gestion. Aussi n'ont-ils d'autre choix que de se déclarer en flottement et de continuer à gérer de facto leur taux de change. L'article met ainsi en évidence la peur du flottement, la peur de la gestion, la peur de l'appréciation et la peur de la dépréciation qui caractérisent les politiques de change des pays émergents dans un univers instable. Avec la généralisation des stratégies de ciblage d'inflation parmi les pays émergents, le débat ne porte plus sur le régime de change optimal, mais sur la politique monétaire optimale. Dans un régime de flottement, même si elle prétend viser un ciblage de l'inflation, la politique monétaire d'un pays émergent doit tenir compte des évolutions du taux de change.This article studies if the recent de jure conversion of most emergent countries to exchange rate floating is verified de facto. The analysis of exchange rate evolutions of a group of emergent countries reveals that, in spite of official declarations, exchange rate management remains the norm. Open to international capital markets, emergent countries are condemned to flexible exchange rates. However, a high inflation, a dollar debt (the original sin) and a fragile banking structure condemn them to the management. They must pretend to be in a flexible regime and continue to manage their exchange rates. The article thus highlights the fear of floating, the fear of management, the fear of appreciation and the fear of depreciation that characterize exchange rate policies of most emergent countries in an unstable world. JEL codes : F31, O24.
- Analyse économétrique et compréhension des erreurs de prévision - Guillaume Chevillon p. 327 Cet article présente des résultats récents de l'approche économétrique de la prévision économique. Il s'agit, ici, de déterminer ce qu'on nomme une « bonne » prévision. Nous suggérons une taxinomie des erreurs de prévision afin de comprendre comment obtenir des prédictions robustes vis-à-vis des sources d'erreur les plus pernicieuses : les chocs déterministes affectant la manière dont sont générées les variables. À l'aide des concepts d'exactitude, de précision et de certitude dans le cadre des modèles de prévision, nous montrons que le critère d'évaluation de leur qualité est un élément essentiel qu'on ne peut séparer de la construction du modèle. Une application à la prévision des importations françaises de biens et services illustre notre propos.This article presents recent results regarding the econometric approach to economic forecasting. We aim to establish here what constitutes a "good" forecast. A forecast taxonomy helps understand how to obtain forecasts that prove robust to the most detrimental source of error: structural breaks that affect the data generating process. The concepts of accuracy, precision and certainty applied to forecast models show that evaluation criteria are paramount in the model design stage. An empirical application to forecasting French imports of goods and services provides an illustration. JEL codes : E3, E5, G18, G21.