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Revue de l'OFCE (Observations et diagnostics économiques) Titre à cette date : Observations et diagnostics économiques |
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Numéro | No 40, 1992 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Chronique de conjoncture
- Reprises - Département des diagnostics de l'OFCE, Philippe Sigogne, Monique Fouet, Jacques Adda, Thomas Fricke, Christine Rifflart, Françoise Milewski, Bruno Coquet, Jean-Marc Daniel, Jacky Fayolle, Hervé Péléraux p. 5-86 Les ralentissements conjoncturels qui s'étaient amorcés en 1989 avaient été doublement perturbés : la crise du Golfe les avait amplifiés, la réunification allemande les avait amoindris ou différés dans certains pays européens. Aujourd'hui, le pire est derrière nous. L'année 1992 sera celle des reprises dans la quasi totalité des pays de l'OCDE. Aux Etats-Unis, il n'y avait plus aucune marge de manœuvre budgétaire et la politique monétaire accommodante ne pouvait pas à elle seule provoquer le redémarrage de l'économie. Il fallait attendre que l'assainissement de la situation financière des entreprises et des ménages soit suffisant pour autoriser un redémarrage des dépenses. C'est à présent chose faite. Au Japon, en revanche, l'apurement d'un surinvestissement fondé sur la spéculation est loin d'être achevé. Dans bon nombre de pays européens l'assainissement interne a été suffisamment ample pour autoriser une reprise. Le butoir y est d'ordre financier. Il imprimera aux redémarrages européens un caractère saccadé, mais il sera progressivement levé en raison des contraintes qui finiront par peser sur la Bundesbank. En Allemagne même, une quasi-stagnation caractérisera le premier semestre ; ce pays sera l'un des derniers à redémarrer en Europe, mais il évitera néanmoins le sous-emploi qu'ont connu ses partenaires. En France la reprise attendue pour 1992 tarde à se manifester. En effet, fin 1991, les chefs d'entreprise, inquiets de leurs résultats, ont freiné la production, réduit les effectifs et à nouveau les dépenses d'équipement. Au premier trimestre 1992 des signes de raffermissement de la demande tendent à accréditer l'idée que l'essentiel de l'ajustement physique est réalisé. Cependant la ten- sion monétaire persistante semble faire obstacle aux besoins de liquidité et fragiliser les équilibres financiers. Seule une détente monétaire négociée à l'échelle européenne peut déboucher sur une croissance française plus satisfaisante qu'en 1991. Celle retenue ici (+ 1,9 % en moyenne annuelle 1992) implique que cette détente, volontaire ou forcée par les événements intervienne d'ici à l'été. Entretemps, les entreprises vont continuer à réduire leurs effectifs. Ensuite, dégageant de nouvelles marges et améliorant leur autofinancement grâce à une productivité accrue et à la baisse des taux d'intérêt, elles vont se remettre à investir. Après une baisse en 1992, les dépenses d'équipement devraient s'accroître de 5 % en 1993 ; les capacités de production cesseront alors d'être sous-utilisées. La croissance, modérée, du revenu des ménages sera surtout liée à celle des prestations sociales. Forte contrainte sur les salaires, chômage élevé et dépenses de santé en augmentation vont une nouvelle fois poser le problème de l'équilibre des comptes des régimes sociaux et rendre inévitable une hausse des prélèvements. L'accélération de la consommation reposera pour moitié sur la baisse du taux d'épargne qui pourrait atteindre 0,8 point en deux ans. Le regain de compétitivité française contribuera à la reprise et limitera le creusement du déficit extérieur. Le déficit des paiements courants demeurera proche de 0,5 % du PIB sur la période 1992-1993. La reprise ira en s' amplifiant en 1993 où la croissance pourrait atteindre 3,5 % mais n'empêchera pas le chômage de s'étendre. Les 3 millions de demandeurs d'emplois seront proches.The slowdowns that had started in 1989 had been disrupted by two sorts of events. On one hand they had been magnified by the Gulf crisis ; on the other one they had been weakened or delayed in some european countries by the reunification of Germany. Today the worse is behind us. 1992 will be the year of the recovery in almost all OECD countries. In the United States the budgetary policy had no room of manoeuver left and the monetary policy, easy as it was, could hardly impulse the recovery all by itself. Firms and households had to be given enough time to recover a healthier financial situation before they could increase their spending again. This is done by now. In Japan by contrast a lot remains to be done in the field of mopping up the consequences of an excessive investment based upon speculation. In many european countries financial situations have recovered enough to support some growth. The obstacle here is a financial one. Upstarts will therefore be jerky, but things will get progressively easier owing to the constraints that will eventually force the Bundesbank to alter its attitude. In Germany itself the first half will be one of quasi- recession. This country will be one of the last ones to enjoy a recovery ; it will nevertheless be spared high unemployement. In France the recovery has been waited upon for many months now despite reasonable hopes. At the end of 1991 businessmen kept on worrying about their profits ; therefore they once again slowed production and diminished both employment and capital spending. Encouraging signs on the demand side during the first quarter probably mean that the bulk of physical adjustment is over. Still, the persistent monetary tension seems to block liquidity needs and to make financial balances more vulnerable. The only way for french economic growth to be faster than in 1991 would be to benefit from a monetary easing negotiated on the european level. Such an easing, be it feeely accepted or imposed by events, should become a reality before summertime and allow for a_1.9 % Gdp growth on an annual average basis. Meanwhile, firms will go on reducing employement. Next, seeing their profits and productivity increase while interest rates diminish, they will start investing again. Capital spending, which would still decline in 1992, should increase by 5 % in 1993. By then, productive capacities will cease to be underutilised. The growth of personal income will be moderate and largely due to that of transfer payments. Small increases in wages and salaries, high unemployment and soaring health expenditures will once more point to a deficit of the social budget. Social security contributions will then inevitably be raised again. A decrase of 0,8 % over two years of the savings rate will account for half of the acceleration in household consumption expenditures. French competitiveness is definitely improving. This will sustain the recovery and limit the deterioration of the trade deficit. Current account deficit will remain near 0,5 % of Gdp throughout 1992 and 1993. Despite the fact that economic growth will accelerate in 1993, reaching a 3,5 % annual rate, unemployment will increase further. The 3 millions figure might be reached soon.
- Reprises - Département des diagnostics de l'OFCE, Philippe Sigogne, Monique Fouet, Jacques Adda, Thomas Fricke, Christine Rifflart, Françoise Milewski, Bruno Coquet, Jean-Marc Daniel, Jacky Fayolle, Hervé Péléraux p. 5-86
- Fédéralisme budgétaire et unification économique européenne - Dominique Bureau, Paul Champsaur p. 87-99 Avec l'achèvement du marché unique et l'adoption du traité sur l'union économique et monétaire, qui se fixe l'horizon 1999 pour le passage à la monnaie unique, la nature de la Communauté européenne se transforme. Celle-ci devient progressivement une fédération. Cependant l'évolution vers le fédéralisme peut être plus ou moins rapide selon les domaines, et il y a débat quant au rôle budgétaire et fiscal confié à la Communauté. L'actualité de ce débat est renforcé par la nécessité de tirer rapidement les conséquences budgétaires du Traité de Maastricht, l'accord interinstitutionnel entre le Conseil, le Parlement et la Commission qui encadre actuellement la procédure budgétaire communautaire arrivant à échéance. Or, ce Traité en renouvelle les données de base, compte tenu du renforcement des pouvoirs du Parlement, de l'extension du champ des politiques communautaires, de la création prochaine d'un Fonds de cohésion, enfin de la correction annoncée des éléments régressifs du système de ressources propres de la Communauté. Ainsi il apparaît opportun de clarifier le cadre de réflexion économique adapté à l'analyse de ces questions. Dans cette perspective, nous nous proposons de discuter l'idée suivant laquelle l'imitation progressive par le budget communautaire des mécansimes budgétaires et fiscaux à l'œuvre dans les fédérations existantes est inévitable, voire souhaitable.The completion of the Single Market together with the monetary union perspective are transforming the EEC into an emerging federation. However federalism has several components and may advance in certain areas without taking off elsexhere. Therefore, whether such an evolution towards federalism will concern the EEC fiscal rotle is open to question. This article examines the constraints imposed by the european integration on national fiscal policies and the development of redistributive actions at the EEC level. It concludes that the reference to fiscal federalism does not seem to be well adapted to the description of the present EEC fiscal role and of its predictable evolution in the near future.
- Les stratégies économiques et financières de la protection de l'Environnement et du Développement durable: enjeux et perspectives - Roland Colin p. 101-139 La protection sur long terme de l'Environnement ainsi que le Développement durable deviennent des préoccupations planétaires sur lesquelles débattra la Communauté internationale lors du « Sommet de la Terre » qui se réunit à Rio de Janeiro en juin 1992. Une problématique nouvelle, exprimée par le << Rapport Brundtland » à la demande des Nations Unies met en évidence les liens entre les exigences scientifiques, politiques et économiques pour soutenir à la fois l'éthique et l'opérationnalité d'un tel projet. Le présent article analyse les problématiques différenciées, les principes qui les sous-tendent, et les outils techniques d'évaluation et de comptabilisation qui permettent leur application. S' appuyant sur ces références, il décrit, dans les grands ensembles géopolitiques actuels, l'état des stratégies économiques et financières s'appliquant à la préservation de l'environnement et au Développement durable, en faisant le compte, dans la mesure du possible, des moyens engagés et de leur impact. Cette démarche permet alors de mesurer le chemin à parcourir pour que l'on puisse établir de véritables comptes globaux des financements de l'environnement et du développement, en esquissant les perspectives d'une allocation mondiale des ressources à la mesure des défis présents à venir.The protection of Environment and the Sustainability Development in the long term have become planetary concerns which will be debated next june in « Earth Summit » in Rio de Janeiro. A new problematic, exposed in the Brundtland Report, written upon the United Nations' request, throws light on the various links between scientific, political and economic requirements in order to ensure ethics and feasability of these policies. The present article highlights the differential problematics, the underlying principles and the evaluation and accounting tools making such strategies possible. Relying on these references, the author describes, in different geopolitical areas, the present state of economic and financial strategies aiming at environment protection and sustainable development. An evaluation of means invested and outcomes obtained is attempted. This approach permits to assess the methods for building reliable accounts of global environment and development financing, and to suggest perspectives for a worldwide allocation of resources that could meet the present and future world challenges.
- Mosaïque : la nouvelle version du modèle OFCE trimestriel - Alain Gubian, Gérard Cornilleau, Catherine Mathieu, Marie-Ange Veganzones p. 141-200 Le modèle Mosaïque (MOdèle pour la Simulation, l'Analyse et l'Interprétation QUantitative de l'Economie) est la nouvelle version du modèle macroéconométrique trimestriel de l'économie française de l'OFCE. Il est utilisé à la fois pour la prévision, notamment de court terme, et l'étude des politiques économiques. D'inspiration néokeynésienne, ce modèle distingue sept branches (agriculture et IAA, énergie, industrie manufacturière, BTP, commerces, services marchands et secteur non marchand) et cinq agents. La désagrégation retenue, y compris pour les opérations de répartition, permet une analyse précise de nombreuses mesures de politique économique et des chocs extérieurs. La description du chômage tient compte des différentes composantes de la politique de l'emploi. Par ailleurs l'investissement du secteur industriel, décrit par un modèle de déséquilibre, prend en compte simultanément les contraintes de débouchés et de profitabilité. Cet article présente la logique et les principales relations du modèle ainsi que les résultats de plusieurs variantes de base (hausse des dépenses publiques, baisse de la fiscalité, chocs externes, hausse des taux d'intérêt...).In this article the new version of the OFCE quarterly macroeconomic model of the French economy is presented. This model is used both for forecasts and economic policy analyses. The model basicallly of the neo-keynesian type, is desaggregating the economy into five sectors and six products. First the overall model properties are described, then a set of ten standard simulations is released, covering areas of domestic policy as well as changes in the external environment.
- De la flexibilité des taux de change et de ses conséquences macroéconomiques - Agnès Bénassy, Murielle Fiole, Emmanuel Fourmann, Henri Sterdyniak p. 201-247 Cet article présente une première tentative pour rendre endogènes les taux d'intérêt et les taux de change du modèle macroéconomique multinational MIMOSA, construit et géré conjointement par le СЕРН et l'OFCE. Les hypothèses, la structure et les propriétés des principaux modèles proposés par la théorie économique pour expliquer l'évolution des taux de change sont d'abord discutées : formation des anticipations, description de la politique monétaire, prise en compte de la contrainte extérieure et des effets de richesse... Les solutions choisies dans les autres modèles multinationaux sont exposées. Nous justifions alors le choix pour MIMOSA d'une spécification combinant un modèle de portefeuille, des fonctions de réaction des autorités monétaires et des anticipations semi-rationnelles des agents privés. Par la suite sont présentés les résultats des estimations économétriques des comportements financiers et les nouvelles propriétés variantielles du modèle MIMOSA intégré financièrement. Enfin, sont évaluées grâce au modèle intégré les hypothèses exogènes retenues pour la projection MIMOSA en 1991 pour les taux de change et les taux d'intérêt.This paper presents a first attempt to endogenize exchange rates and interest rates in the MIMOSA multinational macroeconometric model, jointly built and used by the CEPII and the OFCE. We briefly survey the hypothesis, structure and properties of the main models proposed by the economic theory : expectations specification, monetary policy description, wealth effect and external constraint. Others multinational models specifications are classified. Then, we justify the choice of a specification combining a portfolio approach, monetary authorities reaction functions and semi-rational expectations by private agents. Estimation results for the financial behaviors and new simulation properties for the integrated MIMOSA model are then presented. At last, exogeneous financial hypothesis made by the MIMOSA team for its 1991 forecast are evaluated using the new integrated model.
- Chronique des tendances de la société française - CESEM, Jacques Antoine, Marie-Thérèse Antoine-Paille, Hélène Valade p. 249-263 La chronique de Louis Dirn porte sur des tendances de la société. Nous avons pensé utile de proposer une chronique sur l'état de l'opinion française qui a été établie par le CESEM. Le «coup de cafard » des Français en 1991 n'est pas justifié par la conjoncture économique, sauf la montée du chômage. Il avait déjà commencé en 1990 et il est partagé par tous les pays du monde développé (sauf les Britanniques). Cette morosité peut avoir plusieurs explications : la baisse de confiance dans la classe politique et la disparition des repères stables internationaux.
- Summaries in English - p. 265-267
- Cahier de graphiques - Département des diagnostics de l'OFCE, Amel Falah p. 268