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Revue de l'OFCE (Observations et diagnostics économiques) Titre à cette date : Observations et diagnostics économiques |
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Numéro | No 28, 1989 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Du bon usage des modèles - Jean-Marcel Jeanneney p. 5-14 Le mérite des modèles économétriques est d'expliciter les interdépendances, d'en mesurer quantitativement les effets et de permettre ainsi de réaliser des projections ou de tracer des perspectives, sinon de formuler de véritables prévisions. Ils permettent en outre des analyses rétrospectives riches d'enseignements. Il faut toutefois avoir conscience de leurs limites. Le passé le plus récent, point de départ de leurs projections, est souvent mal connu. L'introduction nécessaire de données exogènes restreint le champ de leur valeur explicative et rend incertain l'avenir qu'ils décrivent. Les relations sur lesquelles ils sont fondés ne prennent qu'imparfaitement en compte des changements structurels susceptibles d'agir, lentement le plus souvent, mais parfois avec brusquerie, sur la marche des affaires. Considérant certains facteurs actuellement favorables, on est en droit de penser que la croissance pourrait être plus vive prochainement qu'il n'est indiqué par les modèles. Des risques d'accidents existent cependant.The merit of economic models is that they make interdependencies explicit, and measure their effects quantitatively, thereby making it possible to make conditional projections, if not to make true predictions. They also permit retrospective analysis, which can be rich in information. It is always necessary to take account of their limitations. The recent past, the point of departure for their projections, is often not well known. The unavoidable introduction of exogenous data restricts the extent of their explanatory power and renders uncertain the projections they make. The relationships on which they are based do not take into account likely structural changes, which are usually slow but which can be sudden. On the basis of these considerations, it could be that growth will be significantly more lively than is suggested by the models. Nevertheless, there is the possibility of accidents, which could reduce growth.
- Croissance et déséquilibres de l'économie mondiale. Une projection CEPII-OFCE à l'horizon 1993 - Equipe MIMOSA, Jean Pisani-Ferry, Henri Sterdyniak, CEPII, OFCE, Marie-Hélène Blonde, Virginie Coudert, Henri Delessy, Murielle Fiole, Hélène Harasty, Jérôme Henry, Jean Le Dem, Sébastien Paris- Horvitz, Monique Fouet, Evelyne Dourille, Olivier Passet, Vé p. 15-70 L'article présente la première projection à moyen-terme de l'économie mondiale réalisée à l'aide du modèle MIMOSA construit en commun par le СЕРП et l'OFCE. Après l'heureuse surprise de 1988 et une phase de ralentissement en1989-1990 provoquée par la vigueur des politiques antiinflationnistes, la croissance de la zone OCDE rejoindrait d'ici 1993 un rythme de 3 % par an environ. Cette croissance serait inégalement répartie : médiocre aux Etats-Unis (2,2 % l'an sur la période 1 988-1993), toujours forte au Japon (4,5 %), elle serait d'un point supérieure à celle des années 1979-1 987 dans la CEE, mais néanmoins décevante (2,7 %). La performance de la France (2,6%) serait proche de la moyenne communautaire, après lui avoir été régulièrement inférieure de 1983 à 1987. L'évolution serait plus favorable pour les pays en développement d'Amérique latine et d'Afrique qui retrouveraient progressivement le chemin de la croissance, tandis que l'ensemble de l'Asie connaîtrait une expansion particulièrement vigoureuse. L'inflation demeurerait globalement sous contrôle, avec cependant des performances contrastées : faible au Japon, en Allemagne et en France (respectivement 1,4, 1,1 et 2,5 % en fin de période de projection), elle serait sensiblement plus forte aux Etats-Unis (5,4 %). Le prix du pétrole se stabiliserait en termes réels avant de connaître une hausse modérée au début des années quatre-vingt-dix. En dépit d'une dépréciation nominale du dollar, jusqu'à 1,5 mark et 95 yen, et du ralentissement de la croissance américaine, les déséquilibres se maintiendraient : le déficit des paiements courants des Etats-Unis atteindrait en fin de période 3,2 % du PIB, tandis qu'en contrepartie les excédents du Japon et de l'Allemagne perdureraient. Enfin les disparités de situations en Europe s'accentueraient progressivement. Tandis que le taux de chômage serait seulement stabilisé à un haut niveau en France et en Italie (1 1 %), il baisserait régulièrement en Allemagne pour atteindre 5,3 % en fin de période, et resterait bien en dessous du niveau de 1987 au Royaume-Uni. Parallèlement des écarts considérables se maintiendraient en matière de finances publiques — la vertu française contrastant avec un déficit persistant en Italie — et de déficit extérieur, celui du Royaume- Uni se creusant particulièrement. Malgré le maintien d'une faible inflation (l'Italie se signalant toutefois par une moins bonne performance), l'objectif de convergence macroéconomique au sein de la CEE serait donc loin d'être atteint à l'horizon de 1993. Après une présentation de l'ensemble de la projection, des fiches la détaillent par pays.The article presents the first medium-term projection of the world economy made using MIMOSA, a model built jointly by the CEPII and the OFCE. After the unexpectedly good performance of the world economy in 1988, a period of slow down could take place in 1989/1990, resulting in part from strong anti-inflationary policies. Growth in OECD countries would settle at around 3 % a year until 1 993. There would nevertheless be significant differences : growth would be moderate in the United States (2 % a year over the 1988-1993 period), while still vigorous in Japan (4,5 %) ; growth in the EEC would be one point higher than it was between 1979 and 1987, but still disappointing (2,7 %). After a period of lower growth rates than its Européen partners (1983-1987), France would reach the 2,6 % EEC average. The situation would be more propitious for developing countries in Latin America and Africa, which would gradually begin growing again, while Asia as a whole would see particularly strong growth. Inflation would remain under control : it would be weak in Japan, West Germany and France (respectively 1,4, 1,1 and 2,5 % in 1993). It would be significatly higher in the United States (5,4 %). Oil prices would stabilise in real terms before increasing slowly at the beginning of 1 990. In spite of the dollar's nominal depreciation, (1 ,5 mark and 95 yen) and of the slow down of American growth, imbalances would remain : the United States current account deficit would reach 3,2 % of GNP by the end of the period, while Japaneese and German surpluses would persist. Finally, disparities in Europe would gradually worsen. Whereas the unemployment rate would remain at a high level in France and Italy (1 1 %), it would decrease steadily in Germany, to reach 5,3 % in 1993, while remaining below its 1987 level in the United Kingdom. Meanwhile, large gaps would remain as far as public accounts are concerned, French discipline contrasting with a persistant deficit in Italy, and the external debt of the United Kingdom would grow. Even though a low inflation rate could be maintained (except for Italy), the objective of macroeconomic convergence within the EEC would still be far from being achieved in 1993.
- Pourquoi ce renouveau de croissance ? - Département d'économétrie de l'OFCE, Pierre-Alain Muet, Alain Gubian, Véronique Leroux, Gérard Cornilleau p. 71-121 Cet article analyse l'évolution de l'économie française depuis le contre-choc pétrolier. La reprise de la croissance économique, amorcée en 1986, résulte principalement de l'amélioration de l'environnement international due à la baisse du dollar et du prix du pétrole. Cela a permis un assouplissement de la politique économique qui a, ainsi, accompagné la reprise. Au total, environnement international et politique économique expliquent bien les bons résultats enregistrés en 1988 : forte croissance et amélioration notoire de l'emploi, développement rapide de l'investissement, augmentation du pouvoir d'achat des ménages et réduction des déficits publics, sans que la faible inflation se trouve remise en cause.An analysis of the way the French economy has evolved since 1986 is presented in this article. The recovery of economic growth is due mainly to a more favourable international environment, resulting both in the fall of the dollar and in the decrease in oil prices, which has allowed economic policies to be less restrictive, thereby supporting the recovery. As a consequence, good performances have been recorded in 1988 : strong economic growth leading to significant job creation, a rapid growth of investments, an increase in households' purchasing power and a reduction in budget deficits, without involving a rise in the moderate inflation rate.
- Perspectives de l'économie française en 1989 et 1990 - Département d'économétrie de l'OFCE, Pierre-Alain Muet, Alain Gubian, Véronique Leroux, Gérard Cornilleau p. 123-141 Selon la prévision présentée dans cet article, la croissance de l'économie française resterait supérieure à 3 % en 1989, mais s'infléchirait en 1990 à cause du ralentissement envisagé de l'économie mondiale. Le chômage, qui serait encore stabilisé en 1989, augmenterait à nouveau par la suite. L'inflation resterait modérée malgré une légère accélération en 1989. Une variante à la prévision centrale mesure l'impact d'une demande étrangère plus soutenue en 1990. Selon celle-ci la croissance atteindrait 3 % au lieu de 2,5 %.According to the forecasts presented in this article, the growth rate of the French economy will remain above 3 % in 1 989, then fall somewhat in 1990 as a result of a slowdown of the world economy. The unemployment rate, steady in 1989, would thereafter increase. The inflation rate would remain moderate, although rising a little more rapidly in 1989.
- États-Unis : la fin d'un cycle - Véronique Riches p. 143-186 Lorsqu'au dernier trimestre 1986 la croissance redémarra aux Etats-Unis, bien des composantes de l'activité semblaient au point mort depuis deux années. La reprise qui avait été vive au lendemain de la récession de 1982, s'était amortie, et plusieurs indicateurs signalaient déjà une fin de cycle. Les déséquilibres apparus se creusaient et appelaient des mesures de restrictions, notamment budgétaires, qui augmentaient les risques de récession. Les événements intervenus en 1986 ont non seulement permis d'éviter le retournement prévu par nombre d'observateurs, mais redonné à l'économie une vigueur exceptionnelle en 1987, encore amplifiée en 1988. La demande, intérieure et extérieure, revigorée, profitait à nouveau aux entreprises américaines, qui engrangeaient alors les fruits d'une compétitivité retrouvée. La résorption des déficits, fédéral et extérieur, s'amorçait simultanément, ce qui réduisait les risques de perturbation sur le marché des changes. Les fluctuations du cours du dollar, sous le contrôle vigilant des autorités monétaires, semblaient maîtrisées et conformes aux souhaits des principaux pays industrialisés, tels qu'ils les avaient formulés lors des Accords du Louvre de février 1987. Mais précisément parce qu'elle recommença à croître sans récession préalable, l'économie mettait rapidement en évidence des signes de saturation. Le taux élevé d'utilisation des capacités et le taux de chômage proche du niveau de plein emploi risquaient d'induire des tensions inflationnistes que le Fed tentait de juguler par un resserrement de sa politique. Durant la première moitié de 1989, après que l'annonce de résultats inquiétants des hausses de prix ait provoqué un nouveau relèvement du taux d'escompte, l'activité ne tarda pas à donner les premiers signes d'essoufflement, que confirmèrent les chiffres du PNB du premier trimestre. Moins brutale que les précédentes, la fin du cycle actuel est enclenchée : la croissance américaine sera vraisemblablement inférieure à 3 % cette année et proche de 2 % en 1990, mais évitera une récession. Une politique économique modérément restrictive permettra d'écarter des perturbations financières majeures et les déficits continueront à se résorber lentement.By mid-1986, the buoyant recovery following the 1982 recession had slowed down, marking the end of the cycle. Most economic indicators had been flat for two years. Then growth rebounded. But the persistant imbalances called for policy restrictions, especially budgetary ones, which increased fears of recession. The events of the year 1986 prevented the slowdown, foreseen at the time by most forecasters, from occuring. Furthermore, conditions were restored for exceptionnal growth in 1987 and even more so in 1988. Both internal and external demand increased, benefiting American firms which were also enjoying increased competitiveness. At the same time, federal and external deficits began to shrink, thereby reducing the risks of a major currency breakdown. But the very fact that growth rebounded on the basis of a slowdown, and not of a recession, soon led to over-utilization of capacity. High capacity utilisation rates, and an unemployment rate approaching the full employment level, highlighted inflationary pressures. The Fed tended to damp them with tightened monetary policy. During the first half of 1989, unfavourable inflation figures triggered a surge of the discount rate; then began to appear the first signs of a slowdown in activity, confirmed by the GNP growth numbers of the first quarter. The end of the present cycle will be less abrupt than the previous ones; but it will occur. Economic growth should be lower than 3% this year, and near 2% in 1990, but without any recession. The slighly restrictive policy stance should be able to prevent financial disturbances, and the twin-deficits will continue to shrink gradually.
- Pétrole : le retour aux sources - Jacques Adda p. 187-211 Trois ans et demi après le début du contre choc pétrolier, la stratégie de reconquête du marché lancée par les pays arabes du Golfe semble en bonne voie de porter ses fruits. Au delà de la vive remontée récente des cours du pétrole, le phénomène le plus marquant de la période en cours est incontestablement la nette reprise de la consommation mondiale de pétrole et la lente transformation des conditions d'équilibre du marché qui l'accompagne. L'étude dresse un bilan de ces transformations et propose une interprétation des mouvements de prix à court terme à partir du calcul d'un indicateur de déséquilibre du marché. Une projection est ensuite établie à horizon 1993. Si aucun nouveau choc pétrolier (haussier) n'est à attendre d'ici là, sauf nouvel événement politique majeur dans le Golfe, l'augmentation régulière de la demande de brut adressée aux pays de ГОРЕР est de nature à favoriser un redressement progressif des prix en termes réels, sous le contrôle vigilant de l'Arabie Saoudite. En dollars courants, le prix du pétrole pourrait atteindre 25 dollars en 1993.Three and a half years after the beginning of the oil counter-shock, the new strategy of increasing market shares launched by the Gulf Arab countries seems to be on the road to success. Beyond the sharp increase of prices that occured during the first half of the year, the most noteworthy phenomenon of the present period is the clear upsurge of world oil consumption and the accompanying progressive transformation of market equilibrium conditions. This article sums these events up and suggests an interpretation of short-term price fluctuations based on the evaluation of a market desequilibrium indicator. A projection is then made up to the year 1993. No new oil shock is to be expected during this period, provided no major political event erupts in the Gulf region. Nevertheless, the regular increase of oil demand directed towards OPEC countries is likely to provoke a progressive recovery of prices in real terms, under the vigilant supervision of Saoudi Arabia. In nominal terms, North Sea oil price could reach 25 dollars in 1993.
- Summaries in English - p. 212-214