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Revue de l'OFCE (Observations et diagnostics économiques) Titre à cette date : Observations et diagnostics économiques |
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Numéro | No 23, 1988 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Chronique de conjoncture
- Le krach : avertissement sans frais - Département des diagnostics de l'OFCE, Philippe Sigogne, Jacques Adda, Véronique Riches, Richard Wind, Françoise Milewski, Véronique Przedborski, Alain Gubian, Stéphane Corsaletti. p. 5-104 Le krach boursier du 19 octobre 1987 a manifesté de manière éclatante la perte de confiance en la coordination des politiques économiques. Il n'était plus question de financer, sans limites apparentes, les déficits américains, dès lors que l'inflation menaçait de res- surgir. D'autant que la reprise autonome du Japon offrait aux investisseurs des opportunités alternatives de placement, ôtant ainsi à la politique monétaire de la Réserve fédérale ses dernières marges de manœuvre. Le choix n'était plus alors qu'entre un tour de vis des finances publiques et la chute du dollar. La peur du cataclysme a eu le mérite de renforcer la coopération internationale. La RFA et le Japon ont assoupli leur position monétaire et les Etats-Unis ont fait quelques concessions budgétaires. Les taux d'intérêt ont pu baisser dans ces trois pays avec une décote modérée du dollar. La remontée du taux d'épargne des consommateurs américains et la baisse des cours du pétrole ont différé l'aggravation des tensions inflationnistes. Le délai de grâce supplémentaire qui en résulte doit impérativement être mis à profit par les Etats-Unis pour réduire significativement leur déficit commercial. Il se peut qu'il le soit d'ici à la fin de l'année. L'année 1988 est portée par l'expansion des trimestres récents. Celle-ci est spécialement visible dans les volumes d'échanges internationaux, tirés par les demandes européenne et asiatique. En Europe le pouvoir d'achat est soutenu par la surévaluation des monnaies, qui stimule la consommation ; en contrepartie la reprise de l'investissement est bridée par les pertes de parts de marché. Au Japon la politique économique expansive neutralise les effets de la stagnation des exportations, si bien que la croissance y apparaît mieux ancrée. Le poids de la surévaluation affectera de plus en plus l'activité européenne. La diminution de l'excédent des paiements courants européens est prévisible. Elle sera néanmoins très progressive, car les velléités de stimulation budgétaire seront étouffées par l'instabilité des marchés de capitaux ébranlés par l'accumulation des désordres passés. Dans la décennie quatre-vingt la politique de l'offre menée aux Etats-Unis en vue de restaurer leur hégémonie a nécessité des moyens financiers considérables. Elle a eu pour effet de porter l'endettement interne à un niveau inconnu jusqu'alors. Les entreprises en sortent fragilisées. Elles supporteraient mal un tassement de la demande. Les taux de rendement des obligations, dopés ces dernières années par des anticipations de rentabilité du capital très optimistes, pèseront à l'avenir sur l'investissement. Le krach a dissipé les illusions, mais pas les dettes. En France aussi la croissance de 1988 bénéficie d'un acquis appréciable. La confiance antérieure dans la Bourse a permis, en mobilisant l'épargne vers les sociétés nouvellement privatisées, de pratiquer une politique fiscale expansive, tout en réduisant le déficit de l'Etat. L'amenuisement de la trésorerie de la Sécurité sociale joue aussi dans le sens du soutien de la demande tant que des hausses de cotisations ne viennent pas le contrecarrer. Les exportations françaises ont regagné récemment une part du terrain perdu au premier semestre 1987, en profitant de la saturation des capacités de production de nos partenaires. Tous ces éléments ont permis que se résorbe le retard conjoncturel subsistant vis-à-vis des autres pays de la CEE. Cependant le déficit commercial s'est creusé, en raison des faiblesses de l'industrie, et la balance des paiements courants souffre aussi des performances décevantes des services. En dépit d'une désinflation persistante, qui situe honorablement la France dans la moyenne communautaire, la politique monétaire subit une contrainte externe qui en accroît la rigueur. Les taux d'intérêt réels de court terme restent élevés, ce qui ajoute aux inconvénients de taux de rendement obligataires eux-mêmes encore très tendus. Le fait est que la France supporte moins bien que la RFA, où le chômage est moindre et l'excédent courant massif, la surévaluation générale des monnaies européennes. Les stimulants de la croissance paraissent devoir s'affaiblir prochainement, ce qui nous fait envisager une activité très ralentie en 1989. Dans un commerce international qui cesserait d'être entraîné par la demande de nos voisins immédiats et où la concurrence américaine continuera de se renforcer, il est peu vraisemblable que les producteurs français arrivent à se maintenir aussi bien que dans le passé récent. sur la consommation des ménages. En effet, du fait de la concentration des valeurs mobilières, on assistera davantage à une réallocation privilégiant les placements moins risqués et l'épargne-logement qu'à un regain d'épargne destiné à reconstituer les patrimoines. De plus les disponibilités bancaires poussent à développer encore rapidement le crédit à la consommation. Mais la préférence pour la liquidité s'est accrue et risque d'entraver la suite du programme de privatisations, privant ainsi l'Etat de ressources propres à soutenir la demande. Enfin la consommation des ménages s'affaiblira en 1989 en raison d'une moindre croissance du revenu disponible réel, le déficit structurel des comptes sociaux imposant à la fois de réduire la croissance des prestations versées et d'alourdir les prélèvements. Les dépenses d'équipement des entreprises pourraient augmenter moins dès 1988 et à nouveau en 1989. La reprise actuelle de l'investissement, essentiellement fondée sur les petites et moyennes entreprises, est sujette à retournement dès que l'activité se tassera, suivant en cela la demande extérieure. Le fait que les placements financiers aient perdu une partie de leur attrait n'implique pas que les investissement physiques aient retrouvé le leur. Un climat d'incertitude accru quant à la demande et aux rendements futurs renforce l'intérêt de la croissance externe par rachat d'entreprises concurrentes. Les profits accumulés par les entreprises ont progressé en dépit de la crise boursière, ce qui autorise la réalisation, sous couvert de restructurations, de gains de productivité rendus toujours plus nécessaires par /'exacerbation de la concurrence internationale.The Crash : A Note of Warning Département des diagnostics The stock market crash of October 19th strikingly demonstrated the loss of confidence in the coordination of economic policies. With inflation about to re-emerge, the financing of ever-growing American deficits no longer appeared viable. The upturn in Japan offered new investment opportunities, leaving the Fed with little room for manoeuvre. The choice was either to tighten the budget or to let the dollar fall. The fear of cataclysm had the beneficial effect of strengthening international cooperation. Japan and Germany relaxed their monetary stance, and the US made a few budgetary concessions. This enabled interest rates to fall in the three countries with the dollar only slightly lower. The rising household saving rate and the fall in oil prices postponed the intensifying inflationary pressures. This provides the USA with a respite during which to reduce the trade deficit, which may occur by the end of the year. Growth recorded in the preceding quarters will affect the year as a whole. The expansion of international trade boosted by Asian and European demand has turned out to be significant. In Europe currency overvaluation sustains purchasing power and consumption. But losses in market shares hold back the revival of investment. In Japan the effects of stagnating exports are being offset by an expansionary policy which fosters growth. However, the overvaluation of the European currencies will weigh more and more on activity. A reduction in the current account surplus is then foreseeable in Europe. But it will take time with any hint of expansionary fiscal policy likely to be smothered by the instability of still fragile capital markets. In the 80's the USA, in search of a renewed hegemony, resorted to a supply side policy which has required massive inflows of funds. Internal indebtedness has reached an unprecedented level. Firms appear in a fragile state, and could not easily withstand a further weakening of demand. Bond yields, held up in recent years by optimistic expectations of profitability, will in the future restrain investment. The crash dispersed illusions but not debts. Economic growth in France will also benefit from recent trends. Pre- crash confidence in the stock market channelled saving towards newly privatized firms.lt allowed the government to pursue an expansionary fiscal policy while cutting the deficit. The reduction in the Social Security cash flow will support demand as long as rising contributions do not counteract this. French exports have recently been performing better than in the first sixth months of 1987, taking advantage of the full capacity utilization recorded abroad. Due to these various factors, the growth gap between France and other EEC countries has been bridged. Nevertheless, the trade deficit has widened, due to industrial weakness. Poor performance in services has also burdened the current account. Disinflation has continued and places France on a par with other countries. However the external constraint hampered monetary policy, which became tighter. Short term real interest rates as well as bond yields are still high. France suffers more than Germany from the overvaluation of the European currencies. Indeed German unemployment is lower, and the current account still impressive. The growth impetus will soon fade, which means slack activity in 1989. Due to weak European demand and fiercer competition from the US, French producers will find it harder to perform as well as in the recent past. The fall in stock prices will have contractionary consequences. The direct effect on private consumption will admittedly be limited. Because of the concentration of securities, there should be only a reallocation of portfolio in favour of less risky assets rather than an increase in saving to rebuild the value of the financial wealth. Moreover, consumer credit is likely to grow, given the volume of liquid assets currently held by banks. But rising liquidity preference may slow down privatization, preventing the state from sustaining demand. Private consumption will slacken in 1989 because of the slow growth in real disposable income, attributable partly to the need to balance the Social Security accounts. Investment demand could increase less in 1988 and less again in 1989. The present revival of investment due to small and medium firms is liable to fall back as external demand and overall activity shade off. That financial investments have become less attractive does not imply that physical investments have become more attractive. Indeed, greater uncertainty concerning both demand and profits stimulates the external growth of firms by absorption of competitors. In spite of the crash, corporate profits indeed have increased. Provided sufficient restructuring occurs, this greater profitability should enable the productivity gains that the enhanced international competition requires.
- Du dualisme à la flexibilité du travail - Jean-Pierre Jaslin, Jocelyne Loos, Michel Forse p. 105-122 A la fin des années soixante-dix on a pu croire que le marché du travail se diviserait en deux, un marché où les travailleurs sont assurés de la stabilité et un autre dominé par l'insécurité. Le développement du chômage et la restructuration de l'appareil productif ont conduit à des formes nouvelles de contrats de travail et d'organisation des entreprises, qui aboutissent à des formes diverses de flexibilité. Curieusement les débats récents autour de ce mot ne sont pas fondés sur des analyses précises de la diversité des situations ni sur une évaluation économique des expériences en cours. La flexibilité qualitative, qui consiste à aménager les formes d'organisation du travail, a donné lieu à des expériences qui ne sont pas encore généralisées et qui n'ont pas, semble-t-il, entraîné une meilleure utilisation des équipements. En revanche la flexibilité quantitative s'est développée plus largement sous des formes diverses.From Dualism to Flexibility of Work Jean-Pierre Jaslin, Jocelyne Loos, Michel Forsé At the end of the seventies it seemed that the labour market would be divided into two parts : in the first workers would be assured of keeping their jobs ; in the second there would be a high level of insecurity. Higher unemployment and the new production processes have led to new kinds of labour contracts and new forms of organization within firms, which have led to varied forms of flexibility. Curiously, recent statements about flexibility have been based neither on detailed analysis of the diversity of the situation, nor on an economic evaluation of the experiences. Qualitative flexibility, which have led to new forms of work organization, has led to experiences which have not yet generalized and seem not to led to an optimal use of machines. Quantitative flexibility has however developed in various forms.
- Le krach : avertissement sans frais - Département des diagnostics de l'OFCE, Philippe Sigogne, Jacques Adda, Véronique Riches, Richard Wind, Françoise Milewski, Véronique Przedborski, Alain Gubian, Stéphane Corsaletti. p. 5-104
Enquêtes de conjoncture et modélisation
- Présentation - Pierre-Alain Muet p. 123-124
- Analyse rétrospective de l'enquête de conjoncture auprès des ménages - Françoise Charpin p. 125-150 L'enquête de conjoncture auprès des ménages est utilisée par les conjoncturistes pour analyser les comportements de consommation et d'épargne à partir de l'opinion des ménages sur leur situation financière, leurs intentions d'achat et d'épargne et leurs opinions sur l'opportunité d'acheter ou d'épargner. Cependant l'analyse conjoncturelle ne s'intéresse qu'aux évolutions très récentes; c'est pourquoi une étude rétrospective paraît souhaitable afin de confronter la pratique conjoncturelle aux évolutions de moyen terme. La méthode consiste à rapprocher les réponses de l'enquête à des variables de la comptabilité nationale trimestrielle. Cette optique limite le champ de l'étude aux seules variables de l'enquête pour lesquelles le rapprochement est possible. Il apparaît que l'enquête fournit des indicateurs utiles du revenu réel, de la consommation totale et de celle de biens durables, tant en niveau qu'en taux de croissance.A Retrospective Analysis of Qualitative Consumer Survey Françoise Charpin Qualitative consumer surveys are used by short-term forecasters to analyze consumption and saving behaviour, starting from people's opinions about their financial situation, their consumption and savings intentions, and consumption and savings opportunities. However short- term analysis studies only recent developments ; that is why retrospective surveys may be useful as a check on the short-term methods in the injection of developments over the medium term. The method consists of the comparison of opinion variables with economic variables in the quarterly accounts. This method of investigation narrows the field of study to opinion variables for which comparison is possible. The conclusion is that survey data give useful indicators of real income, total and durable goods consumption, in level terms as well as in rates of growth.
- Opinions, anticipations et consommation des ménages - Henri Sterdyniak p. 151-174 L'analyse des réponses des ménages à l'enquête de conjoncture qu'effectue l'INSEE auprès d'eux permet de comprendre comment ils anticipent les évolutions de l'emploi, des prix ou de leur revenu et prévoyent de consommer ou d'épargner. Il serait dangereux d'essayer de prévoir l'évolution du taux d'épargne en utilisant uniquement cette enquête, car les réponses des ménages diffèrent souvent de leurs comportements effectifs. Cependant certaines réponses permettent d'affiner, pour le court terme, une prévision du comportement des ménages fondée sur l'analyse économétrique des données comptables.Opinions, Anticipations and Household Consumption Henri Sterdyniak The analysis of household responses recorded in the business survey carried out by INSEE, can explain how households foresee the evolution of employment, prices or incomes, and how they foresee their consumption or saving. Forecasting the saving rate, using this survey alone, would be dangerous, however because the answers often differ from households' actual behaviour. However, in a short run, some answers permit an improvement in a household consumption forecasts based on econometric analysis of accounting data.
- Offre, demande et compétitivité industrielle : les apports d'un modèle économétrique de déséquilibre intégrant des données d'enquêtes - Eric Bleuze, Véronique Leroux, Pierre-Alain Muet p. 175-191 L'intégration des données d'enquêtes dans les modèles économétriques de déséquilibre s'est beaucoup développée ces dernières années. Elle permet d'enrichir l'analyse conjoncturelle en bénéficiant à la fois du cadre d'analyse cohérent de la théorie des équilibres avec rationnement et de l'information directe sur les goulots de production issue des enquêtes de conjoncture. L'estimation d'un modèle de ce type appliqué au secteur industriel français montre que, lorsque la capacité de production est insuffisante pour satisfaire la demande potentielle, le déséquilibre est résorbé principalement par une réduction des stocks et un accroissement des importations, plus marginalement par une réduction des exportations, tandis que la demande intérieure n'est jamais rationnée.Supply, Demand and Industrial Competitiveness : A Disequilibrium Econometric Model, Integrating Survey Data Eric Bleuze, Véronique Leroux, Pierre-Alain Muet The integration of survey data in disequilibrium econometric models has been developed intensively during recent years. This enables the improvement of short term economic analysis, due to the coherent framework of disequilibrium theory on the one hand, and direct information on production bottlenecks provided by opinion surveys on the other. The estimation of such a model for the French industrial sector yields the following conclusion : when production capacity is insufficient to satisfy potential demand, equilibrium is restored mainly through a reduction of inventories and a rise of imports, and less significantly through a diminution of export, with no rationing of overall domestic demand.
- La société française entraînée par sa constellation centrale - Henri Mendras p. 193-206 La vision hiérarchique et pyramidale de la société paraît aujourd'hui aussi dépassée que la vision marxiste. Une vision « cosmographique » semble mieux convenir pour rendre compte des transformations récentes de la société française. Une constellation centrale en expansion et une constellation populaire en régression sont entourées par des constellations périphériques : dirigeants, pauvres et exclus, professions indépendantes. Au sein de la galaxie des constellations dynamiques lancent les modes, diffusent des innovations. Ainsi le pouvoir social et culturel se dissocie du pouvoir politique et du pouvoir économique.French Society Carried Along by its Central Constellation Henri Mendras Today the hierarchical and pyramidal vision of society seems to be out of date as does the marxist vision. A « cosmographie » vision seems more relevant in accounting for the recent transformations of French society. An expanding central constellation and a shrinking popular constellation are surrounded by peripheral groups : managers, the poor and the excluded, and the indépendant professions. Within the galaxy, dynamic constellations launch fashions and spread innovations. Hence social and cultural power is becoming distinct from political and economical power.
- Summaries in English - p. 207-210
- Cahier de graphiques - p. 212