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Revue | Revue historique |
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Numéro | no 637, janvier 2006 |
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L'Ecrit en angleterre au moyen âge
- L'écrit, les archives et le droit en Angleterre (IXe-XIIe siècle) - J. Hudson p. 3 Cet article a pour objet la relation entre l'écrit, la conservation d'archives et le développement du droit au cours de la période 870 à 1220 environ. L'argument développé ici est qu'il y eut un usage important de l'écrit dans l'Angleterre anglo-saxonne, par exemple pour légiférer et pour communiquer. Rien ne permet, toutefois, de se prononcer en faveur de l'archivage systématique des décisions judiciaires. L'usage de l'écrit continua sans doute, inchangé, dans l'Angleterre anglo-normande, alors même que les développements contemporains, par exemple la constitution de collections de droit canon, montrent une prise de conscience des possibilités offertes par les technologies de l'écrit. Ce fut au cours de la période angevine que l'usage de l'écrit dans des contextes juridiques montre les vrais débuts d'une bureaucratisation, avec la standardisation et la multiplication des formes écrites pour la communication et les archives. De tels développements ne purent qu'encourager une standardisation juridique plus importante.This article examines the relationship between writing, record keeping, and legal development in the period from c. 870 to c. 1220. It argues that there was a significant use of writing in late Anglo-Saxon England, for example for legislation and communication. However, there is no evidence for routine record keeping arising from litigation. Use of writing may have continued in similar fashion in Anglo-Norman England, while contemporary developments, for example, in the form of canon law collections show a growing awareness of the possibilities of literate technologies. It was in the Angevin period that use of writing in legal contexts shows the real start of bureaucratisation, with the standardisation and multiplication of written forms for communication and for record keeping. Such developments themselves encouraged greater legal standardisation.
- Langues, cultures et autorités dans l'Angleterre du XIVe siècle - A. Mairey p. 37 Dans l'Angleterre de la fin du Moyen Âge, la production textuelle en anglais a connu un essor considérable, aussi bien sur le plan littéraire que sur les plans dévotionnel ou didactique, dans le cadre plus général d'une expansion de l'aptitude à lire et à écrire. Cette production constitue à la fois un symptôme et un moteur de la formation d'une culture spécifique, à dominante laïque, mais de caractère non chevaleresque. L'étude de cette mise en place passe non seulement par l'analyse des contenus des textes et de leur diffusion, mais aussi par celle des transformations linguistiques. On peut se demander, notamment, comment l'anglais acquiert peu à peu un statut d'autorité par rapport à la langue savante par excellence, le latin. À la fin du XIVe siècle, le poète anglais Geoffrey Chaucer a mené une importante réflexion sur cette question, en particulier dans deux de ses œuvres, le Treaty of the Astrolabe et The House of Fame. Leur étude suggère que Chaucer, par un questionnement conscient des autorités médiévales, a voulu légitimer à la fois son œuvre et l'anglais, afin de participer à la création d'un espace intellectuel plus ouvert, correspondant à une société dynamique.In late medieval England, textual production in English developed considerably, in literary, devotional or didactic areas, in the context of the extension of literacy. This production is both a symptom and a driving force of the formation of a specific culture, mostly lay and non-chivalric. It can be studied through the analysis of textual contents and diffusion, but also through linguistic transformations. One can enquire, especially, into how the English language comes to have a status of authority, relative to the scholarly language of the time, Latin. At the end of the fourteenth century, the English poet Geoffrey Chaucer preoccupied himself with this question, notably in two of his works, the Treatise on the Astrolabe and The House of Fame. Their study suggests that Chaucer, in consciously questioning medieval authorities, wanted to legitimate both his work and the English language, to contribute to the creation of a more open intellectual space, one which would correspond with a dynamic society.
- L'écrit, les archives et le droit en Angleterre (IXe-XIIe siècle) - J. Hudson p. 3
Deux nécropoles royales à l'âge moderne : Saint-Denis et Westminster
- Parallèle de Paris et de Londres, chapitre 63, "Westminster et Saint-Denis" - L.-S. Mercier p. 59
- La nécropole dynastique des Bourbons à Saint-Denis ou l'impossible corps du roi - J.-M. le Gall p. 61 Les Bourbons ont projeté de bâtir à Saint-Denis une chapelle funéraire pour imiter les derniers Valois mais aussi pour honorer les restes des enfants et petits-enfants de France qui y sont de plus en plus systématiquement réunis. Sous les Bourbons, la nécropole royale devient un sanctuaire dynastique qui illustre la perpétuité du sang de France. Ce lieu de mort illustre en fait la naissance. Pourtant rien ne fut réalisé : les cercueils s'entassèrent dans la crypte tandis que celui du dernier roi resta en représentation dans le chœur jusqu'à la mort de son successeur. L'article montre que ce système n'a rien de provisoire et répond de manière performante au souhait de la monarchie d'établir la transcendance royale dans sa seule descendance et de priver tout autre pouvoir de représenter la majesté royale en présence des restes princiers. La théologie dionysienne des images explique le dispositif dépouillé de présentation funéraire des Bourbons. L'humilité déployée en ce lieu qui leur est réservé et interdit à tous les autres hommes consacre avec tout autant d'efficacité leur sacralisation et leur distinction que les fastes des éphémères pompes funèbres.The Bourbons intended to build in Saint-Denis a funeral chapel as had been done by the last of the Valois, to honourate the remains of the children of the French royal family who were more and more systematically gathered there. Under the Bourbons, the royal necropolis was to become a dynastic sanctuary in order to illustrate the perpetuity of royal blood. This place of death was to illustrate birth. Nevertheless, nothing was really done : coffins were to be piled on in the crypt and the coffin of the last king stood in the choir until this successor's death. This paper demonstrates this was not provisory, but was the right way to mean royal transcendancy through one's descend, and to prevent any other form of power to represent royal majesty. The dyonisian theology of images implied the very simple way of the funeral representation of the Bourbons. The humility which was shown in this place where they were the only one to be buried, did in fact sacralize them much more than ephemerical funeral pomps.
- Westminster, nécropole royale, ou la disparition des trois corps du roi (début du XVIIe-début du XIXe siècle) - F.-J. Ruggiu p. 81 Jusqu'au début du XIXe siècle, l'abbaye de Westminster, près de Londres, a accueilli la dépouille mortelle de la plupart des rois et de reines d'Angleterre. Jusqu'au début du XVIIe siècle, les funérailles royales, dont l'abbaye est demeurée le cadre, mettaient en scène la fameuse effigie représentant le défunt qui a inspiré les travaux d'Ernst Kantorowicz et un tombeau monumental était généralement érigé en l'honneur du souverain décédé. À partir du règne de Jacques Ier, ces trois corps du roi ont progressivement disparu de l'abbaye de Westminster. L'évolution de la pensée et des pratiques politiques anglaises a joué un rôle dans ce phénomène, mais la commercialisation accrue de l'abbaye, que sa fonction de nécropole royale puis nationale a transformé en l'un des principaux lieux touristiques de la capitale pour le plus grand profit de ses administrateurs, n'a pas été sans un effet parfaitement perçu par les contemporains.Until the beginning of the nineteen-century, Westminster Abbey, in the surroundings of London, have been the site where the corpses of almost all the kings and queens of England have been buried. Until the beginning of the seventeenth-century, the Abbey have also been the place of the royal funerals, which used the famous effigy representing the dead king, which have inspired Ernst Kantorowicz with his major work. A splendid monument was built to celebrate him as well. By the reign of James the First, these three bodies of the king have disappeared one by one from Westminster Abbey. It is partially linked with the evolutions of the political thought and of the political life of the kingdom of England but the process of commercialisation, due to its very function of royal repository, which has transformed the Abbey in a tourist place, could have also played a major role.
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