Contenu du sommaire : Doutes européens, incertitudes françaises
Revue | Esprit |
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Numéro | No 2, février 2006 |
Titre du numéro | Doutes européens, incertitudes françaises |
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- Editorial - La sécularisation, une exception européenne ? - p. 5
Doutes européens, incertitudes françaises
- Introduction : Comment ne pas être « décliniste »? - Olivier Mongin et Marc-Olivier Padis p. 7
I. L'Europe sans constitution
- Introduction. Europe : que faire de la pause ? - Marc-Olivier Padis p. 10
- Fin de la constitution, fin du patriotisme constitutionnel? - Jan-Werner Müller p. 13 L'Europe peut-elle se poursuivre sans constitution ? Sans doute, car on aurait pu éviter de remuer les lourds symboles de l'idée constitutionnelle pour mettre de l'ordre dans les institutions. Mais s'il ne faut pas attendre d'une constitution l'adhésion des citoyens à l'Europe, alors quel type de sentiment d'appartenance le projet européen peut-il favoriser ?
- Le peuple français et la volonté générale européenne - Christian Bouchindhomme p. 19 Comment comprendre le rejet français du projet de traité constitutionnel européen ? Il faut repartir des malentendus d'un traité ratifié par des États, présenté aussi comme une constitution sollicitant l'adhésion d'un « peuple européen », sans vouloir pour autant le consulter en dehors de l'échelle nationale à l'occasion d'un référendum unique.
- Sur les craintes françaises d'une Europe espace - Christian Laquesne p. 28 Le « non » français attire l'attention sur la difficulté hexagonale à se situer dans la nouvelle géographie européenne. Pays de loin le plus hostile à l'élargissement, la France prend conscience tardivement du déphasage de sa conception de l'Europe.
- Des propositions françaises pour l'Europe ? (Table ronde) - Guy Coq, Gil Delannoi, Jacques Donzelot, Jean-Claude Eslin, Paul Garapon, Jérôme Giudicelli, Pierre Hassner, Marc-Olivier Padis et Joël Roman p. 36 À quelles conditions le rejet du traité constitutionnel par les Français peut-il constituer un « choc salutaire » pour l'Europe ? Cela revient à se demander si la France se trouve en position de relancer des propositions à ses partenaires et si le modèle national qu'elle représente peut inspirer une ambition commune aux membres de l'Union européenne.
- Le débat européen sur la Turquie. Quelle Europe ? Quel projet ? Quelle périphérie ? (Entretien) - Olivier Abel et Michel Marian p. 45 Alors que le processus définitif de candidature a commencé, quels sont les arguments pour ou contre l'entrée de la Turquie en Europe ? Au-delà de la question de savoir si le pays candidat répond aux critères imposés, nous sommes confrontés à nos incertitudes concernant la définition collective qui est donnée aux limites géographiques, culturelles et politiques du projet européen.
- Nouvelles puissances, nouvelles menaces. (Entretien) - Pierre Hassner et Bruno Tertrais p. 59 Avec la montée de la Chine et l'Inde parmi les acteurs internationaux importants et le déploiement de nouvelles stratégies américaines en réponse aux menaces terroristes, l'Europe ne se trouve plus au centre des relations internationales. Elle fait d'ailleurs preuve d'une difficulté à observer la hiérarchie des menaces et à organiser sa réponse en conséquence.
II. Les dilemmes politiques de la France
- Introduction. La politique orpheline… de Mitterrand et de De Gaulle - Olivier Mongin p. 74
A. Chocs électoraux
- Les quatre crises de la représentation politique - François Miquet-Marty p. 79 Le référendum de 2005 n'a pas révélé la crise de la représentation, mais il a accentué l'expression de quatre crises dont les cycles ne sont pas toujours en phase : discrédit des leaders politiques, défiance envers les représentants, difficile transcription du social en politique, sentiment d'une dépossession démocratique.
- Le « non » français : les messages d'un vote. Radioscopie du vote du 29 mai 2005. (Table ronde) - Guy Coq, Gil Delannoi, Jacques Donzelot, Jean-Claude Eslin, Antoine Garapon, Paul Garapon, Jérôme Giudicelli, Daniel Lindenberg, Michel Marian, Jean-Claude Monod, Marc-Olivier Padis et Joël Roman p. 90 Moment démocratique pour les uns, vote d'incompréhension pour les autres, le choix du 29 mai 2005 renvoie à des lectures parfois divergentes, parfois complémentaires, des attentes politiques et sociales des Français. Entre le choc d'avril 2002 et l'ouverture du prochain cycle présidentiel, qu'en est-il des attentes démocratiques du pays ?
- Discriminations et action publique : bilan et perspectives (1999-2006) - Lucile Schmid p. 104 La prise de conscience de la réalité des discriminations a largement précédé, dans l'action de l'État, les émeutes urbaines de l'automne. Mais la reconnaissance déclarative de problèmes n'a pas été suivie de décisions et de mises en œuvre politiques réelles de lutte contre les discriminations, ce qui a déjà démonétisé les interventions dans le registre symbolique.
- Les quatre crises de la représentation politique - François Miquet-Marty p. 79
B. Les dilemmes doctrinaux de la gauche
- Les socialistes et le pouvoir. (Entretien) - Alain Bergounioux et Gérard Grunberg p. 115 Sur la période d'un siècle, le parti socialiste français continue de se débattre entre son aspiration à gouverner et son sentiment de trahir ses idéaux dans l'exercice du pouvoir. Peut-il échapper à sa contradiction fondatrice ? Sans doute pas en menant une campagne « contre le libéralisme » qui ne pourra être, comme par le passé, que porteuse de désillusions.
- Le « tournant » de 1983 : un remords socialiste ? (Entretien) - François Stasse p. 130 Symbole du passage du programme commun à une gestion réaliste, les semaines déterminantes de 1983 méritent d'être mieux comprises en détail. Quels en étaient les enjeux principaux ?
- La deuxième gauche, une histoire inachevée. (Entretien) - Michel Rocard p. 140 La rénovation doctrinale du parti socialiste pouvait-elle être déclenchée par la deuxième gauche ? La naissance du Psu dans le refus de la guerre d'Algérie, sa place au sein de la gauche avant la naissance du parti socialiste puis la nécessité de s'intégrer au fonctionnement du parti éclairent les contraintes qui encadraient sa stratégie politique.
- Les socialistes et le pouvoir. (Entretien) - Alain Bergounioux et Gérard Grunberg p. 115
III. Le roman national face aux guerres mémorielles
- Une précipitation à retardement. Quelques perplexités sur le consensus historien - Olivier Mongin p. 148 Les pétitions de la fin de l'année 2005 s'opposant au sujet de l'abrogation des quatre lois mémorielles (loi Gayssot de 1990 réprimant le négationnisme ; loi sur le génocide arménien de 2001 ; loi Taubira de 2001 qui qualifie l'esclavage et la traite négrière de crimes contre l'humanité ; loi de février 2005 en faveur des harkis) ont soulevé des polémiques utiles. Mais la demande d'abrogation recouvre un certain nombre de difficultés à prendre en compte. On en évoque ici cinq : la marginalisation du Parlement dans un régime où seul le président a le droit de faire des déclarations symboliques ; la différence de nature juridique de ces quatre lois ; la singularité de la Shoah indissociable de la loi Gayssot ; la confusion entre l'espace public de discussion et l'espace académique des historiens ; le divorce institué entre la mémoire et l'histoire qui ne favorise guère l'appréhension sereine d'un roman national confronté à ses « lieux de mémoire ».
- Pour une lecture juridique des quatre lois « mémorielles » - Sévanne Garibian p. 158 Cette analyse des textes distingue leur fonction, allant d'un simple texte déclaratif (sur le génocide arménien) à charge juridique nulle, à une loi (Gayssot) créant un délit pénal. Elle permet également d'affirmer que les lois de 1990 et de 2001 ne portent en elles aucune interprétation législative de l'histoire, mais aussi que la loi Gayssot ne permet pas aux juges d'écrire l'histoire et n'empêche pas non plus les historiens de faire leur travail.
- Certitudes et quiproquos du débat colonial - Jean-Pierre Chrétien p. 174 Historien, africaniste, l'auteur revient sur l'histoire de la traite et de l'esclavage mais aussi sur les interprétations contrastées de la colonisation. Au nom de ce qu'il nomme « un débat historique authentique », il fournit des pistes destinées à sortir des apories de la polémique française sur la colonisation et à échapper aux manichéismes confortables dont elle se nourrit.
- Au-delà de la concurrence des victimes - Frédéric Worms p. 187 Le philosophe s'interroge : comment passer d'une conception négative de la reconnaissance (des victimes) à une conception positive ? Comment échapper à la concurrence des victimes ? Trois conditions sont requises selon lui : reconnaître des actes et non pas des essences identitaires ; reconnaître ces actes « indirectement » par un tiers (public) et non pas directement en exacerbant la concurrence victimaire ; lutter contre la surenchère de l'affirmation qui est le double de la surenchère de la négation.
- Une précipitation à retardement. Quelques perplexités sur le consensus historien - Olivier Mongin p. 148
Journal
- La Syrie affaiblie - Joseph Maïla p. 194
- Biélorussie : un régime autoritaire en quête d'une idéologie d'État - Jean-Charles Lallemand p. 200
- Le gaz russe, l'Ukraine et nous - Marie Mendras p. 209
- Tempête chez les Lib-Dems - Alexis Tadié p. 212
- De la résurrection de Mitterrand au désir d'avenir de Ségolène Royal - Michel Marian p. 214
- « Racaille » ? Quel langage politique pour les banlieues ? - Olivier Mongin p. 216
- Lutter contre les discriminations à l'embauche - Jacques Le Goff p. 218
- La double vie de Véronique, de Krzysztof Kieslowski - Claude-Marie Trémois p. 221
Repères
- Controverse - Questions autour d'une greffe du visage - Daniel Perron p. 225
- Coup de sonde - Le livre francophone au Maghreb. Comment sortir de la pénurie ? - Pierre Vermeren p. 234