Contenu du sommaire : Promouvoir l'Europe en actes. Une analyse des petits entrepreneurs de la cause européenne

Revue Politique européenne Mir@bel
Numéro no 34, octobre 2011
Titre du numéro Promouvoir l'Europe en actes. Une analyse des petits entrepreneurs de la cause européenne
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Légitimer l'Europe sans Bruxelles ? : Un regard sur les petits entrepreneurs d'Europe, entre décentrement et recentrages - Philippe Aldrin, Dorota Dakowska p. 7-35 accès libre
  • La Fédération française des maisons de l'Europe (1960-2000) : La trajectoire d'un militantisme européen de terrain - Julien Weisbein p. 37-62 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Depuis sa création en 1961, la Fédération française des maisons de l'Europe (FFME) se fixe pour objectif d'informer les populations sur la construction européenne avant tout dans leur environnement proche, la ville, et entend ainsi décliner le processus d'intégration au prisme des espaces locaux. Elle occupe aujourd'hui une place importante au sein de la configuration formée autour de l'information européenne. L'analyse de la trajectoire de cette organisation montre néanmoins que cet objectif de mise en proximité de l'Europe a pu fluctuer, en raison de dynamiques internes (liées au réseau des Maisons de l'Europe) mais aussi d'interactions externes, tant nationales (avec les autres groupes militants de promotion de l'Europe comme le Mouvement européen ou bien l'Union pour une Europe fédérale) qu'internationale (avec la Fédération internationale des maisons de l'Europe ou bien avec les institutions communautaires). Mais surtout, l'intégration de la FFME au sein de la configuration des pouvoirs qui se tissent autour de Bruxelles correspond à l'abandon d'une attitude militante politisée autour du schème fédéraliste au profit d'un alignement sur une lecture neutre du processus d'intégration communautaire.
    The Fédération française des maisons de l'Europe (1960-2000) : the career of a grass-rooted activism for Europe Since its creation in 1961, the French Federation of Europe's Houses (FFME) aims to inform populations about the European integration in their urban area, thus providing a local background for EU issues. Nowadays, the organization plays an important role within the actors dealing with EU information. Nevertheless, this emphasis on a local perspective has been challenged in the past by political and ideological views on federalism and since the beginning of the 1990's, has been significantly transformed by the increasing professionalization of the executives of the French Europe's Houses. Internal dynamics (i.e. the institutionalization of the network of Europe Houses) as well as external relations (with other associations aiming to promote the EU, such as the European Movement or the Union for a Federal Europe, but also with supranational actors such as the International Federation of Europe Houses or the European institutions) have shaped this dialectic between a politicized and neutral conception of European integration.
  • Parler(s) d'Europe sur le Web : Cafebabel ou les énonciations dispersées d'une parole européenne - Florence Le Cam, Jean-Michel Utard p. 63-93 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Au-delà des discours prophétiques sur les vertus de l'Internet à favoriser la formation d'un espace public européen, le web donne lieu à des investissements divers d'entreprises de promotion de l'Europe, de la part d'institutions comme de citoyens « ordinaires » de l'Europe. L'étude de cas du site Cafebabel.com met en évidence les ambiguïtés d'une position entre une démarche fondée sur la volonté déclarée de favoriser l'expression des citoyens européens, et la proximité avec les sources informationnelles et la relative dépendance aux ressources institutionnelles qui conditionnent son existence et sa survie. L'étude du dispositif énonciatif montre les difficultés à produire les normes d'une parole légitime, mais non institutionnelle sur l'Europe.
    Cafebabel and the various ways of formulating a “European discourse”Beyond the prophetic discourse on the Internet virtues to promote the emergence of a European public sphere, the Web gives rise to various investments to promote Europe, ranging from institutions to “ordinary” citizens. Our case study, Cafebabel. com, highlights the ambiguities of a paradoxical position between an approach based on the stated willingness to encourage the expression of European citizens, and a proximity to informational sources, combined with a relative dependence of institutional resources which determine its existence and survival. The study of enunciative situations shows the difficulties in producing the standards of a legitimate, but non institutional, speech about Europe.
  • « Devenir les ambassadeurs de l'Europe » : Une lecture politique de la première expérience de démocratie délibérative européenne - Philippe Aldrin, Nicolas Hubé p. 95-134 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    À partir de l'observation in situ du « premier sondage délibératif paneuropéen » – Tomorrow's Europe – qui s'est déroulé dans les bâtiments bruxellois du Parlement européen un week-end d'octobre 2007, les auteurs se proposent d'analyser les conceptions des divers entrepreneurs d'Europe qui ont imaginé, organisé et opérationnalisé par cette expérience un échantillon physique de l'espace public européen. Pendant trois jours, ils ont regardé comment les quatre cents citoyens venus des vingt-sept États membres de l'Union européenne s'y prenaient pour « discuter de l'Europe de demain » dans un dispositif présenté comme scientifiquement éprouvé. Au-delà du débat intellectuellement et politiquement toujours signifiant sur l'artificialité ou la non-représentativité de cette incarnation de la citoyenneté européenne, les auteurs s'intéressent surtout aux représentations d'institution – ici les institutions de l'Union européenne, les think tanks et d'autres partenaires des affaires publiques européennes – relatives aux perceptions populaires de l'Europe. En rapprochant dans une même analyse les emprunts aux théories et aux méthodes de la science (et en premier lieu de la science politique), le protocole prescrit pour la « délibération », la mise en scène de l'interculturalité europhile et la stratégie médiatique de Tomorrow's Europe, l'expérience apparaît davantage sous le jour d'un instrument politique au banc d'essai ; un instrument politique capable de figurer la société civile européenne et de rendre son opinion prédictible.
    “Become Europe's ambassadors” A political analysis of the first pan-European Deliberative Poll experiment The “first pan-European Deliberative Poll” – Tomorrow's Europe – took place in the European Parliament buildings in Brussels in October 2007. Using their in situ observations, the authors propose to analyze the various representations of the “Europe entrepreneurs” who imagined and organized this European public space in miniature. For three days, they watched how four hundred people from the twenty-seven EU member-states managed to “talk about the future of Europe” within a “scientifically proven” framework. Beyond the intellectual and political debate on the artificialness or non-representativeness of this incarnation of “European citizenship”, the authors are primarily interested in the representations of institutions – here the EU institutions, think tanks and other partners of European public affairs – on people's perceptions of Europe. In the analysis, the authors use scientific theories and methods (primarily political science), the prescribed protocol for the “deliberation”, the communication and media strategies of Tomorrow's Europe presenting Europhile interculturalism as a way of building a European public sphere. In the end, the experiment can be likened to an experience of a new policy instrument ; a policy instrument able to construct “the” European civil society and make its opinion predictable.
  • Participer... et après ? : L'expérience des Consultations européennes des citoyens 2009 - Stéphanie Wojcik p. 135-166 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Cet article propose d'appréhender les enjeux politiques des Consultations européennes des citoyens (CEC) 2009, pour la communication européenne. À l'initiative de la Commission européenne et mobilisant diverses catégories d'entrepreneurs d'Europe (associations, entreprises, think tanks, ONG...) pour leur conception et leur organisation, les CEC constituent un dispositif sophistiqué articulant des consultations nationales en face-à-face, sur le principe du « mini-public », et des plateformes de débat en ligne dans chacun des 27 pays membres. L'objectif affiché était la production, par les citoyens, de recommandations, sur le thème de l'avenir économique et social de l'Europe, à l'attention des députés européens à la veille des élections de juin 2009. L'analyse d'une telle expérience met en lumière le caractère contraignant de l'architecture politique de l'UE sur la mise en œuvre d'une démocratie délibérative à l'échelle européenne, qui conduit à brouiller les limites conceptuelles et pratiques entre communication institutionnelle et délibération publique en vue de produire de l'adhésion au projet communautaire. Elle illustre également les limites et présupposés inhérents aux politiques européennes de communication, le poids des médiateurs dont les actions peuvent s'avérer contradictoires dans l'opérationnalisation du dispositif ou encore les appropriations inattendues de la procédure par les citoyens eux-mêmes. Dans les différentes phases des CEC, ces derniers se montrent en effet parfois rétifs aux cadres imposés à leur expression et à la conception d'entrepreneurs qui visent autant à les éduquer aux vertus de l'Europe qu'à mettre en scène la construction fragile et ponctuelle de leur sentiment d'appartenance.
    Participatory Deliberation... and then ? The European Citizen Consultation Experiment in 2009 This paper sketches out the political issues raised by the European Citizen Consultations (ECC) 2009 for European communication. Under the aegis of the European Commission, various kinds of “Europe entrepreneurs” (associations, businesses, think tanks, NGOs...) were involved in designing and organizing the ECC. This process involved both national face-to-face consultations based on the “mini-public” principle, and web-deliberation platforms in each 27 member country. Citizens were invited to produce recommendations on the economic and social future of Europe, intended for MEPs before the European elections in June 2009. The analysis of such experience highlights the binding nature of the political architecture of the EU on the implementation of deliberative democracy at a European level, which leads to the blurring of boundaries between public communication and participatory deliberation to generate EU Community support. It also shows the drawbacks of European communication, the importance of mediators whose actions may be contradictory in practice, or the unexpected behavior of citizens when taking part in the various phases of ECC. They were indeed sometimes reluctant to express their opinions within the framework defined by the entrepreneurs who sought as much to educate them on the virtues of Europe as to reveal the ephemeral and fragile development of their sense of European belonging.
  • Vers une politisation du débat public européen ? : L'institutionnalisation des « fondations politiques européennes » - Dorota Dakowska p. 167-199 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    La création de fondations politiques au niveau européen, rendue possible par un règlement adopté en décembre 2007, marque une rupture dans la position de la Commission vis-à-vis des organisations affiliées aux partis politiques au niveau national et européen. Cette évolution s'inscrit dans la réorientation des politiques de communication européenne, avec la recherche de nouveaux dispositifs à même d'atteindre un public désinvesti des enjeux communautaires. La présente contribution se propose d'explorer les mobilisations d'entrepreneurs politiques au Parlement européen et des réseaux des fondations nationales, notamment auprès de la Commission et du Conseil. Le fait que la Commission se saisisse, au plus haut niveau, de cet enjeu, doit être replacé dans la conjoncture politique du moment, au lendemain de l'échec des référendums constitutionnels. L'article propose une appréciation critique de la contribution des fondations politiques européennes à la politisation, souhaitée par certains, du débat public européen. Enfin, il se penche sur les stratégies communicationnelles de ces structures pour voir de quelle manière elles répondent aux injonctions communautaires de proximité et de dialogue.
    Towards a Politicisation of the European Public Debate ? The Institutionalisation of the “European Political Foundations” The creation of political foundations at the EU level, made possible thanks to a Regulation adopted in December 2007, is a breakthrough compared to the European Commission's previous position on party affiliated organisations at both national and European levels. This evolution is part of the reorientation of the European communication policies, which seems to be an attempt to reach citizens who are somewhat indifferent to European affairs. This article analyses the mobilisation of political entrepreneurs in the European Parliament and of national foundations' networks, lobbying the Commission and Council representatives. The Commission's initiative needs to be considered in the political context of the aftermath of the 2005 constitutional referenda defeat. The article proposes a critical analysis of the foundations' contribution to the politicisation of the European public debate. It analyses their communication strategies to see how they respond to the European objectives of proximity and dialogue.
  • Varia

    • Adaptation, projection, convergence ? : L'européanisation de la défense et l'intervention militaire EUFOR Tchad/RCA - Antoine Rayroux p. 201-230 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      En appliquant le concept d'européanisation à la Politique de sécurité et de défense commune (PSDC) de l'UE, cette recherche postule que l'articulation de la PSDC avec les politiques de défense des États membres procède d'un mouvement simultané de projection et d'adaptation des politiques nationales. Une étude comparative de l'engagement français et irlandais dans l'intervention militaire EUFOR Tchad/ République centrafricaine illustre cette logique d'européanisation, qui consiste pour la France à inscrire sa politique de sécurité en Afrique dans un cadre multilatéral, et pour l'Irlande à renoncer à certains éléments constitutifs de sa neutralité.
      Adaptation, projection, convergence ? Europeanisation of defense and the EUFOR Chad/CAR Intervention This research applies the concept of Europeanisation to the EU Common Security and Defense Policy (CSDP) in order to argue that the latter's articulation with member states' defense policies stems from a simultaneous move of projection and adaptation of national policies. This logic of europeanisation is illustrated by a comparative study of French and Irish involvement in the military intervention EUFOR Chad/Central African Republic : While France increasingly places its security policy towards Africa in a multilateral framework, Ireland is giving up parts of the constitutive elements of its neutrality policy.
  • Chantiers de recherche

  • Lectures croisées

  • Lectures critiques