Contenu du sommaire : Changer la vie, changer la gauche

Revue Mouvements Mir@bel
Numéro no 69, printemps 2012
Titre du numéro Changer la vie, changer la gauche
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Éditorial

  • La gauche en débat

    • Sans les classes populaires, des chrysanthèmes pour la gauche en 2012 - Henri Rey p. 13-18 accès libre avec résumé
      Quel est l'électorat de la gauche aujourd'hui ? Les classes populaires sont-elles un appui pour les candidats de gauche ? Cet article propose d'aborder ce questionnement en répondant par la même occasion à la contribution du think thank Terra Nova qui affirme que l'électorat de gauche a changé et qu'il faut rompre avec la classe ouvrière. Mais la gauche peut-elle réellement exister sans les classes populaires ?
    • Échecs et recomposition de la gauche radicale - Stathis Kouvélakis p. 19-25 accès libre avec résumé
      Le quinquennat de Sarkozy a inauguré une ère de néolibéralisme ostentatoire et autoritaire, qui déporte vers la droite le paysage social et politique français. La gauche de gauche n'a pas su tirer profit des opportunités créées par les mobilisations sociales impulsées par le mouvement de décembre 1995, et oscille désormais entre le tropisme gestionnaire de la gauche de gouvernement et une nébuleuse de réseaux mouvementistes. La droite sarkozyste aurait-elle réussi à démanteler ce qui restait d'un mouvement ouvrier en crise depuis les années 1970 ?
    • Économie politique du social-libéralisme - Michel Husson p. 26-33 accès libre avec résumé
      « Pourquoi les partis sociaux-démocrates ne font-ils pas des politiques sociales-démocrates ? » L'objet de cet article est d'apporter des éléments de réponse à cette question pertinente, posée lors d'un débat public il y a quelques années à Harlem Désir, alors député socialiste européen. Cela suppose au préalable de définir sommairement ce qu'est une politique social-démocrate. On sait qu'elle ne vise pas à dépasser le capitalisme, mais à le réguler. Cela implique une intervention publique forte dont les objectifs sont de garantir une répartition équitable des revenus, le plein-emploi et un degré élevé de protection sociale. Cette politique nécessite un certain degré de compatibilité avec le mode de fonctionnement du capitalisme. Or cette condition n'est plus remplie dans sa phase néolibérale. La mise en oeuvre d'une politique social-démocrate implique alors un degré d'affrontement avec le capitalisme que les partis sociaux-démocrates ne sont pas prêts à assumer.
    • Quelle réforme fiscale pour la gauche ? - Vincent Drezet p. 34-40 accès libre avec résumé
      La proposition de fusionner la contribution sociale généralisée (CSG) et l'impôt sur le revenu (IR) est l'un des grands thèmes du débat fiscal. Des économistes et des responsables politiques d'horizons divers y sont favorables. Est-ce à dire qu'elle fait l'unanimité ? Rien n'est moins sûr. Cette fusion suscite également des doutes voire de franches oppositions. De surcroît, chez ses partisans comme chez ses opposants, elle suscite des débats passionnés, éminemment politiques et parfois polémiques. Car les avis divergent sur de nombreux points (progressivité, assiette, « familialisation », financement de la sécurité sociale...). Disons-le d'emblée, il est difficile de trancher sommairement un tel débat tant les scénarii sont nombreux et leurs implications multiples et complexes. Pour comprendre les enjeux, il est indispensable de disposer des termes de ce débat qui touche à l'évolution des finances de l'État et des finances sociales. Partant du principe que la réhabilitation du sens citoyen de l'impôt est nécessaire et qu'il faut rétablir davantage de justice fiscale, cet article, dont plusieurs éléments sont tirés de la note de la Fondation Copernic consacrée à la fiscalité, tente de faire le point sur les principaux enjeux auxquels le débat sur l'imposition des revenus est confronté.
    • Travail, emploi, chômage : un PS sans souffle ? - Michel Maric p. 41-48 accès libre avec résumé
      Alors que les transformations contemporaines du travail et de l'emploi et les évolutions économiques et sociales appellent avec urgence une véritable reconstruction du modèle social français, le Parti socialiste manquerait-il de souffle pour définir et promouvoir des réformes ambitieuses dans ce domaine ? Se situe-t-il à l'excès, dans l'affirmation de son aptitude à être « bon gestionnaire », dans une démarche de simple concurrence avec son principal opposant ? N'est-il pas prisonnier d'une logique de démarcation bridée dans laquelle se trouvent deux partis de gouvernement devant éviter, l'un et l'autre, le risque d'ambitions incomprises susceptibles d'effrayer l'électorat médian ? La lecture du projet socialiste que fait ici Michel Maric apporte une réponse quelque peu nuancée à ces questions.
    • Au-delà de la parité - Catherine Achin p. 49-54 accès libre avec résumé
      Douze ans après la promulgation de la loi relative à la parité, le paysage politique français demeure majoritairement masculin. L'égalité des sexes en politique n'est-elle qu'une vaste illusion ? La loi sur la parité a conduit à une féminisation de certaines assemblées politiques, mais ses effets ont été largement « normalisés » au profit des acteurs politiques dominants. Catherine Achin nous propose dans cet article un état des lieux des rapports de genre en politique.
    • Institutions : Le renoncement - Bastien François p. 55-61 accès libre avec résumé
      Depuis la dernière élection présidentielle un sujet a fait son apparition : Il faut changer la Ve République ! La Constitution de 1958, qui laisse l'essentiel des pouvoirs du président de la République, n'est plus adaptée aux exigences de démocratie actuelles. Les différents partis en lice semblent tous être d'accord, mais quelles sont précisément leurs volontés de changement ? Sont-ce de réelles avancées ou simplement des changements cosmétiques en vue de l'élection ?
    • Une Europe de gauche est-elle encore possible ? - Antoine Schwartz p. 62-67 accès libre avec résumé
      Depuis la crise financière, devenue celle des dettes publiques, le discours européiste a perdu de sa superbe. Les contradictions qui minent la construction européenne apparaissent aux yeux de tous - notamment l'illusion de prétendre instituer une solidarité entre les peuples par la voie du libre marché. La critique de l'Union européenne a gagné une force nouvelle, à tel point que des thématiques qui, hier encore, relevaient de l'indicible, telle la remise en cause des missions de la Banque centrale européenne (BCE), voire la sortie de l'euro, ont désormais intégré le périmètre du possible. Et pourtant, malgré les mouvements de révolte qui s'affirment un peu partout sur le continent, l'horizon d'une « autre Europe », sociale et démocratique, paraît plus éloigné que jamais. Comment se situent les partis de la gauche face à cette situation ? Y a-t-il un espace possible entre l'adhésion enchantée à l'intégration européenne et un rejet régressif porté par l'extrême droite ? Quelle serait aujourd'hui la marge de manoeuvre d'un gouvernement qui prétendrait mener une « autre politique », sans rompre avec l'ordre européen ?
    • Le consensus de Bruxelles - Liêm Hoang Ngoc p. 68-74 accès libre avec résumé
      L'Europe connaît aujourd'hui une crise économique sans précédent, où ce qui réunit les États membres sont avant tout les dettes. Maintenant que l'UE dispose de l'euro, la spéculation sur les dettes a remplacé la spéculation sur les monnaies. La compétitivité est au plus bas, la stabilité est une illusion et les directives de la BCE ne sont pas opposables. Noyés dans ce marasme, où on ne sait pas qui gouverne réellement, les pactes budgétaires et financiers européens sont incapables d'endiguer la multiplication des plans d'austérité lancés par les États membres. Quelle est la réponse libérale ? Quelle est la réponse sociale-démocrate ? À travers cet article, l'auteur propose une relecture critique de l'Europe économique depuis les théories de Maastricht jusqu'aux abîmes du présent, où la déflation guette l'Europe.
    • Au tournant du siècle, l'internationalisme à l'épreuve - Janette Habel p. 75-83 accès libre avec résumé
      L'année 2011 a connu de nombreuses contestations populaires à travers le monde. Des révolutions arabes aux mouvements des indignés de la Puerta del Sol et d'Occupy Wall Street en passant par les luttes des peuples latino-américains, les protestations internationales contre le néolibéralisme furent nombreuses. Pourtant ces combats n'arrivent pas à se fédérer dans un projet politique commun. Le mouvement altermondialiste marque le pas. Le divorce avec les partis politiques se creuse tandis que les gauches divergent sur l'articulation entre la lutte pour les droits sociaux, le combat pour un développement écologique et la mobilisation pour les libertés démocratiques. Janette Habel revient sur ces événements qui ont marqué l'année passée et esquisse le chemin qui reste à parcourir pour renouer les liens d'une solidarité internationaliste.
  • La gauche dans tous ses états

    • À quoi sert le Parti socialiste ? - Philippe Marlière p. 85-92 accès libre avec résumé
      En paraphrasant le titre d'un ouvrage consacré au Parti communiste français (PCF) au début des années 19801, il faut se poser la question : à quoi sert-il le Parti socialiste ? (PS) Comme toute structure partisane, le PS remplit un rôle ; encore faut-il définir avec clarté la fonction qu'il exerce aujourd'hui dans la société française. Poser la question indique que la réponse ne va pas de soi, qu'elle nécessite d'être qualifiée. La force électorale du PS, certes toujours aléatoire, n'est pas à démontrer. Le PS occupe une position hégémonique depuis trente ans dans ce que l'on appelle encore le camp « progressiste » ou la « gauche ». « De gauche », le PS l'est indéniablement, ne serait-ce que parce que l'électorat le perçoit ainsi, nolens volens. Pourtant, son utilité à la gauche est de plus en plus discutable et discutée.
    • Que faire et comment faire (encore) de l'écologie politique ? - Bruno Villalba p. 93-100 accès libre avec résumé
      Un parti s'est donné comme tache d'élaborer une véritable écologie politique, fondée sur une politique transversale. Comment c'est construit ce parti ? Bruno Villalba nous propose de revenir sur les racines historiques d'Europe Écologie Les Verts (EELV), afin de mieux comprendre les possibilités d'agir en autonomie de ce parti sur la scène politique actuelle.
    • Front de gauche, aube ou crépuscule ? - Roger Martelli p. 101-108 accès libre avec résumé
      La gauche de gauche a raté la grande occasion de 2005-2007. Depuis, rien de définitif n'indique qu'elle a fini d'en payer l'addition. Pourtant, les éléments ne manquent pas qui pourraient aider à sa relance. Mais cette gauche-là revient de loin...
    • NPA : les raisons d'un échec - Stéphanie Treillet p. 109-115 accès libre avec résumé
      L'échec du projet du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) suscite des questionnements dont les enjeux vont au-delà de l'histoire propre de ce parti. Cette histoire interroge tout-e militant-e qui pense aujourd'hui nécessaire la construction d'une nouvelle force politique anticapitaliste. Était-il envisageable de penser construire cette nouvelle force, une nouvelle représentation politique de la radicalité sociale, à partir d'une unique organisation attirant à elle de nouveaux militant certes nombreux mais dispersés, et de faire ainsi l'impasse sur une recomposition politique rassemblant différents courants et différentes histoires politiques et militantes ? Les ruptures historiques justifiaient-elles de faire table rase des constructions politiques antérieures, des cadres et des structures du « vieux » mouvement ouvrier, pour ne plus miser que sur les nouvelles formes de mobilisations et les nouvelles générations militantes, dégagées des expériences du passé ?
    • (S')occuper (de) la gauche, ou l'ignorer ? - Christophe Aguiton, Nicolas Haeringer p. 116-127 accès libre avec résumé
      Le 22 novembre, des militants d'Occupy Wall Street (OWS) ont interrompu un discours de Barack Obama, dans le New Hampshire, pour lui demander (au moyen du fameux microphone humain popularisé depuis l'occupation débutée le 17 septembre au Sud de Manhattan) de s'attaquer aux banques qui « détruisent l'économie » et l'exhorter à sortir de son silence, qui « envoie le message que la brutalité policière1 est acceptable ». Après avoir obtenu le calme de ses propres partisans, qui tentaient de noyer les revendications des militants d'OWS en lançant des slogans de soutien à sa politique, il a conclu son discours en affirmant : « les familles comme les vôtres, les jeunes comme ceux qui étaient là aujourd'hui - ça inclut ceux qui m'ont interrompu en chantant -, vous êtes la raison pour laquelle j'étais candidat ». À l'aube de la campagne présidentielle, il tendait ainsi explicitement la main aux militants d'Occupy Wall Street, et laissait entendre que leurs revendications seraient au centre de son éventuel second mandat. Mais les militants d'OWS se sont bien gardés de répondre à l'invitation. Les mouvements Occupy, Indignad@s, ou encore Uncut, entretiennent en effet un rapport très distant aux acteurs de la sphère politique, qu'ils soient républicains ou démocrates, de droite comme de gauche : s'ils cherchent à les faire fléchir, ils n'entendent pour autant pas risquer la compromission ; et refusent de participer à toute forme de dialogue direct. Ces mouvements font tous l'objet d'une abondante production intellectuelle, par leurs acteurs eux-mêmes - une littérature, un ensemble de films, de flyers, de posters, dont la réflexivité, la lucidité et la maturité sont tout à fait remarquables. Le lecteur ou la lectrice ne perdrait ainsi rien à s'arrêter ici, pour se tourner vers les sites qui relaient et diffusent ces éléments. Si elle ou s'il décide de poursuivre, il/elle trouvera ci-dessous (après un bref développement sur l'émergence de ces mouvements) quelques éléments de réflexion sur les questions qu'ils posent à l'ensemble de la gauche (sociale-démocrate comme radicale ; partidaire comme associative ou syndicale), en examinant successivement les raisons et conséquences de leur distance vis-à-vis de la gauche traditionnelle ; l'importance de l'action directe et de la préfiguration ; la portée micropolitique de ces expériences ; pour finir par une analyse des ruptures que proposent ces dynamiques avec les acteurs de l'altermondialisation. Cet article se base sur de longues conversations et rencontres avec des militants d'Occupy Wall Street, Occupy London, des Indignés français, espagnols et israéliens, et des animateurs du mouvement sénégalais « y'en a marre ». Nous avons ici fait le choix d'insister sur ce que ces mouvements portent de commun, même si nous sommes conscients qu'il y a un risque à se bercer de l'illusion que ces mouvements auraient des connexions naturelles (alors qu'elles doivent être construites).
    • La gauche et les intellectuels : D'un non-rapport entre deux mots morts - François Cusset p. 128-133 accès libre avec résumé
      Jamais la politique électorale, y compris à gauche, et le travail intellectuel, y compris critique, n'avaient été à ce point déconnectés l'un de l'autre. Les facteurs en sont nombreux : désenchantement politique, démocratisation intellectuelle, essor des mouvementismes et d'une protestation éclatée, obsolescence du mot de « gauche » sinon même de sa promesse d'émancipation. Il faut dire que la gauche officielle comme la caste intellectuelle sont toutes les deux à la traîne d'une année de feu, face à la vague contestataire mondiale inédite de l'an 2011.
  • Itinéraire

    • « De fil en aiguille » : itinéraire d'une intellectuelle militante : Entretien avec Susan George - Nicolas Haeringer p. 135-150 accès libre avec résumé
      « De fil en aiguille », tel pourrait être le titre d'une biographie de Susan George. Son parcours est en effet marqué par une curiosité constante, qui la pousse à « tirer les fils » d'une injustice, pour remonter à sa cause, puis au système, aux institutions et aux acteurs qui l'engendrent et la maintienne. De ses premiers travaux sur la faim à l'altermondialisme des années 1990 et 2000, de la crise de la dette (dès les années 1980) à la justice climatique (ces dernières années), l'itinéraire de Susan George est celui d'une infatigable militante, guidée par des rencontres, des analyses, des mobilisations... Un parcours au long duquel elle a toujours cherché à lier (contre-)expertise et militantisme, soucieuse de pouvoir porter une critique solide et acerbe des élites et des institutions financières internationales.
  • Thèmes et Livre