Contenu du sommaire : Qui veut la peau de la recherche publique ?

Revue Mouvements Mir@bel
Numéro no 71, automne 2012
Titre du numéro Qui veut la peau de la recherche publique ?
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Dossier

    • Qui veut la peau de la recherche publique ? - Jean Frances, Stéphane Le Lay p. 7-11 accès libre
    • Le financement sur projet : quelles conséquences sur le travail des chercheurs ? - Matthieu Hubert, Séverine Louvel p. 13-24 accès libre avec résumé
      Matthieu Hubert et Séverine Louvel expliquent combien « faire du contrat » devient une activité commune pour les chercheurs. En plus de redéfinir les modes de gestion et d'administration des laboratoires, celle-ci transforme le travail de recherche, les solidarités de métier et les hiérarchies professionnelles. Aussi, mettent-ils au jour, cette nouvelle injonction empêche en partie les scientifiques et les équipes d'élaborer et de poursuivre des stratégies de recherche au long cours.
    • Contractualisation et contrôle de la recherche : une lecture critique du programme-cadre de recherche et de développement technologique de l'Union européenne - Isabelle Kustosz p. 25-35 accès libre avec résumé
      À la veille du lancement du 8e programme-cadre de recherche et de développement technologique (PCRDT), baptisé Horizon 2020, qui couvrira la période 2014-2020, Isabelle Kustosz propose une lecture critique des PCRDT successifs. Ils ont généralisé des dispositifs gestionnaires qui ont un impact sur la façon de travailler des chercheurs impliqués dans des projets européens. Dans une relation partenariale contractualisée, une obligation de résultats orientée par la résolution de problèmes, et un rapport au temps contrôlé, les chercheurs voient leurs activités quotidiennes évoluer d'autant que le PCRDT a fini par influencer durablement les politiques nationales, voire régionales.
    • À vos marques®, prêts cherchez ! La stratégie européenne de Lisbonne, vers un marché de la recherche, Éditions du croquant, Paris, 2008 - Isabelle Bruno p. 36-39 accès libre avec résumé
      La stratégie de Lisbonne ne concerne pas uniquement la recherche et l'enseignement supérieur. Ses visées sont bien plus larges et ambitieuses. Elle incite les pays de l'Union européenne à réformer leur économie et leurs services publics pour promouvoir l'avènement du capitalisme cognitif. Les chercheurs, les enseignants-chercheurs et leur travail sont des éléments fondamentaux d'un tel programme. Mais l'élaboration et l'application de la stratégie de Lisbonne ne sont pas de leur ressort ; l'élaboration et l'application de la stratégie de Lisbonne impliquent de transformer les modes de financement et de gestion du travail de recherche pour « inviter » les chercheurs et les enseignants-chercheurs à devenir des acteurs efficaces et engagés dans le projet de faire de l'Union européenne la première économie mondiale fondée sur la connaissance. Cestransformations passent par des réformes des administrations nationales dont la LOLF, le Pacte pour la recherche et la LRU sont les illustrations françaises. Les extraits du livre À vos marques®, prêts cherchez !, d'Isabelle Bruno, livrent des clés pour mieux identifier les objectifs des réformes françaises de la recherche et de l'enseignement supérieur et leur encastrement dans un projet européen. Ils rendent également compte des outils et des technologies de gestion qui soutiennent l'application de la LOLF, du Pacte pour la recherche et de la LRU. Ces passages ont une autre vertu, d'autant plus précieuse aujourd'hui. Ils permettent de rappeler combien les programmes des partis socialistes européens en matière de recherche et d'enseignement supérieur ne diffèrent pas substantiellement de ceux promus puis exécutés par la droite. D'ailleurs, la définition et l'adoption de la stratégie de Lisbonne - dont l'un des instigateurs, l'ancien Premier ministre portugais Antonio Guterres, était alors à la tête de l'International socialiste - est une composante de la « vague rose » que connut l'Union européenne au tournant du XXe et du XXIe siècle.
    • Une EXpérience de participation à l'élaboration d'un LabEX : quelques éléments d'analyse réflexive - Jérôme Pélisse p. 40-53 accès libre avec résumé
      Jérôme Pélisse a participé à l'élaboration et la défense d'un projet Labex, puis d'Idex. Il revient sur ces expériences et en offre une analyse réflexive. Cette plongée permet de saisir en quoi consiste le travail de construction de projet et de coordination d'équipes qu'induisent les transformations récentes des modes de financements et d'administration de la recherche. Avec clairvoyance, l'auteur montre comment l'engagement dans de telles entreprises, en plus de rendre compte des luttes entre les différentes institutions de la recherche et de l'enseignement supérieur, est susceptible de convertir les chercheurs à l'esprit des réformes.
    • Portrait du doctorant en entrepreneur : Les Doctoriales : un outil « au service de la professionnalisation des doctorants » ? - Jean Frances p. 54-65 accès libre avec résumé
      Le « métier » de doctorant est en constante évolution depuis 20 ans, et il ne suffit plus à l'apprenti chercheur de faire une thèse prouvant son aptitude à la recherche. Un premier pas avait été franchi lorsqu'il a fallu que les futurs docteurs, en parallèle à l'élaboration de leur mémoire de fin d'études, fassent des publications, interviennent à des colloques et enseignent. Mais la plus récente évolution ? les Doctoriales ? montre une volonté des pouvoirs publics de mettre les doctorants aux services du privé. Les nouveaux « doctoriants » sont poussés à devenir de redoutables entrepreneurs. C'est ce nouveau parcours que nous présente Jean Frances.
    • L'émergence de la recherche contractuelle : vers une redéfinition du travail des chercheurs ? - Chloé Renaud p. 66-79 accès libre avec résumé
      Chloé Renaud a interviewé des chercheurs intégrés à des processus de valorisation technologique et entrepreneurial de leurs travaux. Elle explique comment l'implication dans des réseaux constitués de laboratoires publics, d'agences de financement et d'entreprises influe sur les manières de faire de la recherche et d'organiser le travail des chercheurs. Elle met notamment en exergue la propension des établissements publics à devenir des sous-traitants de la Recherche et Développement d'entreprises engagées dans la recherche.
    • La place des jeunes chercheurs : L'expérience du mouvement « Sauvons la recherche » - Stéphane Cadiou, Gaël Franquemagne p. 80-91 accès libre avec résumé
      Dans un contexte de dégradation des conditions de travail et d'emploi, les mobilisations collectives dans le monde de la recherche publique demeurent rares. À partir d'une observation prolongée au moment du lancement du mouvement « Sauvons la recherche » (SLR), Stéphane Cadiou et Gaël Franquemagne reviennent sur les dynamiques permettant de comprendre en quoi les différences de statuts pèsent dans l'engagement, y compris pour des individus pourtant dotés de ressources importantes : attentes et intérêts diffèrent entre statutaires et non-statutaires, ce qui n'est pas sans effet sur les positionnements durant les phases du conflit.
    • Peut-on souffrir au travail dans la recherche scientifique publique ? : Éléments de débat - Stéphane Le Lay p. 93-111 accès libre avec résumé
      La recherche scientifique est un travail, mais est-elle considérée comme un travail comme un autre ? Les catégories socioprofessionnelles de la recherche, jusqu'à présent relativement épargnées par les problèmes de pénibilité dans leurs activités, sont-elles en passe de subir la souffrance consécutive à la volonté d'amélioration des « performances » du service public ? Stéphane Le Lay propose, dans cet article, de répondre à ces questionnements en analysant les changements de condition de travail dans la recherche publique, aussi bien du point de vue des ingénieurs, techniciens et administratif que celui des chercheurs.
    • La situation délicate des personnels « support » au CNRS. Un point de vue syndical - Bruno Guibert p. 112-116 accès libre avec résumé
      Les ingénieurs, techniciens et administratifs jouent un rôle indispensable au CNRS, en tant qu'appui au travail de recherche et au fonctionnement de l'établissement. Pourtant, Bruno Guibert insiste sur la forte dégradation de leurs conditions de travail depuis plusieurs années. La santé au travail de ces personnels s'en trouve nécessairement affectée.
    • Recherche publique : les temps modernes ! - Marc Guyon p. 117-127 accès libre avec résumé
      Les chercheurs sont actuellement confrontés à des procédures d'élaboration de leurs projets reposant sur une division du travail plus strictement prescrite et à des modes d'évaluation en partie déconnectés du travail effectif. Pour Marc Guyon, ce processus de fordisation de l'organisation de la recherche s'accompagne de la mobilisation de la subjectivité du chercheur dans un cadre s'attachant à davantage contrôler cette dernière, au besoin en favorisant l'autocontrôle par le biais d'un renforcement de la compétition. Celle-ci a pour conséquence de venir détruire la coopération, rendant les objectifs de production scientifique plus difficiles à satisfaire.
    • Enseignants-chercheurs, recherche et plagiat - Jean-Noël Darde p. 128-137 accès libre avec résumé
      Les enseignants-chercheurs peuvent être impliqués à différents titres dans des affaires de plagiat. Sans que cela puisse être considéré comme la règle, on ne peut que constater le refus fréquent des instances universitaires d'affronter les cas de plagiat avec la transparence et la déontologie nécessaires. Or, rappelle Jean-Noël Darde, l'opacité dont bénéficient le plagiat et les plagiaires se fait toujours au détriment des plagiés. Pourtant, des solutions simples pour lutter contre ce phénomène existent, si les instances universitaires décidaient d'assumer toutes leurs responsabilités : formation à l'usage des sources et au référencement, choix de la transparence dans les procédures pour plagiat, choix de la défense du plagié plutôt que celle du plagiaire.
  • Livres

  • Thèmes

    • 2001-2011 : Les dimensions de la révolte en Argentine à la lumière de l'expérience des mouvements de quartier et de travailleurs sans emploi - Pablo Solana p. 151-161 accès libre avec résumé
      La crise argentine de 2001 a été le terreau de nombreuses expérimentations politiques, qui ne se limitent pas aux mouvements piqueteros : «récupération» d'usines, assemblées populaires, expériences éducatives, etc. Ces expériences ont en commun le désir de dépasser l'aspect revendicatif. Elles se sont articulées (et, pour certaines, s'articulent encore) autour d'espaces, conçus comme horizontaux, d'expérimentations. En ce sens, elles rappellent que l'action militante ne se réduit pas au couple « revendication / confrontation », mais qu'elle intègre bien souvent la préfiguration - une approche que l'on retrouve aujourd'hui dans les mouvements indignés et Occupy, dont les développements récents ne sont pas sans rappeler les expériences qu'analyse ici Pablo Solana.
    • Jusqu'où le cinéma peut-il être critique ? : À propos du festival de Cannes - Arnaud Esquerre p. 162-179 accès libre avec résumé
      Le festival de Cannes ne se réduit pas seulement à une montée des marches sur un tapis rouge, des palmarès et un marché des droits. Il contribue, en tant qu'institution, à définir ce qu'est le cinéma. Et, toujours en tant qu'institution, il laisse la critique, celle émise et attribuée aux films, se développer. Mais cette place donnée à la critique n'en est pas moins bornée, notamment par l'encadrement des interprétations des oeuvres, et dès lors qu'est en jeu ce qui est considéré comme la condition minimale de fabrication du cinéma : la captation de valeur par le droit de la propriété intellectuelle.