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Revue | Revue d'études comparatives Est-Ouest |
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Numéro | Vol. 16, 3, 1985 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Articles
- Les relations commerciales Est-Ouest et les perspectives pour l'Europe de l'Est et la Yougoslavie - Paul Marer p. 5-16 L'intention ici est de tracer un tableau d'ensemble de la situation économique actuelle et des perspectives de l'Europe de l'Est et de la Yougoslavie, en centrant l'analyse sur les relations financières et commerciales de la zone avec les pays occidentaux. On se demande également dans quelle mesure les spécialistes avaient prévu des phénomènes aussi graves que l'énorme augmentation de l'endettement extérieur de l'Europe de l'Est, le rééchelonnement de la dette de certains pays et les crises économiques qui ont éclaté dans plusieurs pays au début des années quatre-vingts. Il suffit de lire attentivement les études publiées par le Joint Economie Committee en 1974 et 1977 et d'autres travaux récents pour constater que les prévisions des économistes ont manqué d'acuité.East-West Commercial Relations and Prospects for Eastern Europe and Yugoslavia The main purpose of this paper is to give an overview of the current economic situation and prospects of Eastern Europe and Yugoslavia, focusing on the region's trade and financial relations with the Western countries. A secondary purpose is to comment the question : how successful were the experts in foreseeing such dramatic developments as the huge rise in Eastern Europe's foreign debt, rescheduling by some countries and the economic crises that have taken place in some countries in the early 1980s ? A perusal of the Joint Economic Committee volumes on Eastern Europe published in 1974 and 1977 and some other contemporary works suggests our record of forecasting is not a very good one.
- Les investissements directs des firmes multinationales et le progrès technique en Europe de l'Est et en Amérique latine - Kazimierz Poznanski p. 17-46 L'auteur montre que les trois pays latino-américains nouvellement industrialisés, l'Argentine, le Brésil et le Mexique, ont comblé en partie ces dernières années leur retard historique par rapport aux pays est-européens. Les premiers, en effet, ont bien mieux réussi à introduire leurs produits manufacturés, y compris électroniques, sur les marchés occidentaux, ce qui constitue une illustration de leurs progrès. Les trois pays latino- américains ont rattrapé leur retard technique même si l'Europe de l'Est consacre des sommes nettement supérieures à la recherche nationale et développe davantage de techniques comme le montre le plus grand nombre de licences qu'elle obtient à l'étranger. Les Latino-Américains ont pu avancer à pas de géants parce qu'ils importent plus de technologie occidentale, du fait essentiellement qu'ils autorisent les investissements directs des firmes occidentales qui constituent l'un des principaux modes de transfert des technologies dans l'économie mondiale.Direct Investments by Multinational Corporations and Technological Change The paper presents an evidence that the three newly industrializing countries of Latin America, Argentina, Brazil and Mexico, have lately been reducing their historical lag in technology behind Eastern Europe. One reflection of this fact is the former's more successful penetration of western markets for manufactured goods, including electronic products. It is demonstrated the three Latin American countries have been closing their technological gap even though Eastern Europe outspends them in domestic research by a wide margin, and generates larger amounts of own-made technology as shown by the relative size of their foreign patenting. The advantage of the Latin Americans is that they import more of western technology, mostly due to their greater involvement in direct investment by western companies, a major vehicle for technology transfer in the world economy.
- Revenus pétroliers et problèmes de la balance des paiements en U.R.S.S. - Mikhail S. Bernstam p. 47-50 Le grand spectacle des entretiens sur la limitation des armements (Genève, 7-8 janvier 1985) a complètement éclipsé des négociations américano-soviétiques plus révélatrices, qui ont eu lieu la même semaine à Moscou, les 8 et 9 janvier. 11 s'agissait de la première négociation commerciale entre les deux gouvernements depuis 1978. Nul n'a soufflé mot de ce qui constituait, on le sait aujourd'hui, la pierre de touche de toute la politique économique internationale soviétique, à savoir la nécessité pour les Soviétiques de relayer l'Europe occidentale par les Etats-Unis comme principale source de crédits commerciaux et spéciaux. Divers facteurs .sont à l'origine de cet assombrissement des perspectives de financement du commerce Est-Ouest par de nouveaux crédits ouest- européens : la décision occidentale de 1982 d'élever à 12,15 % le taux d'intérêt des prêts alloués à l'Union soviétique, la chute des prix mondiaux du pétrole et la stagnation de la production soviétique de pétrole et, plus récemment, l'écroulement des espoirs soviétiques que le gazoduc sibérien et les exportations de gaz naturel vers l'Europe occidentale avaient fait naître.Oil and Gaz Incomes and the Soviet Balance of Payments The arms control spectacular in Geneva on January 7-8, 1985 has completely overshadowed more significant U.S.-Soviet negotiations held in Moscow during the same week, on January 8-9. These were the first formal trade talks between the two governments since 1978. What was not said then, but is clear by now to be the main thrust of the entire Soviet international economic policy, is their necessity to shift from Western Europe to the U.S. as the major source of trade and especially credits. Darkening prospects of further Western European credit financing of East- West trade are due to several factors : the Western agreement in 1982 to raise the interest rate on Soviet borrowing to the level of 12,15 %, the declining world oil prices and stagnating Soviet oil production and, more recently, the collapse of Soviet expectations with regard to the Siberian pipe line and natural gas exports to Western Europe.
- Les services en économie planifiée : l'exemple de la Hongrie - Ivan Major p. 51-71 De nos jours, il n'est en Hongrie aucun économiste ou dirigeant pour nier que le niveau de développement des services et leur efficacité sont en retard par rapport au niveau de développement général de l'économie, et qu'ils constituent l'un des principaux freins du développement de l'économie hongroise. Le déclin économique survenu à la fin des années soixante-dix a placé les décideurs devant un dilemme encore plus grave : le revenu national disponible augmentant plus lentement que lors des périodes précédentes ou même diminuant, il devenait nécessaire de réduire les investissements. L'auteur examine d'abord la politique économique et le développement des services, en s'inspirant de l'expérience récente de la Hongrie, qui n'est pas sans équivalents dans les autres pays est-européens. Il tente ensuite d'évaluer les coûts des services dans l'économie nationale (dépenses courantes et dépenses en capitaux) et montre que les « économies » réalisées l'ont été aux dépens du fonctionne- ment général de l'économie. Enfin, il s'interroge sur les possibilités de développement à moyen terme des services. Il estime qu'un développement plus intensif est non seulement souhaitable mais aussi rationnel du point de vue économique, notamment parce qu'il permet de réduire les dépenses courantes, contribue au bon fonctionnement de l'ensemble des branches économiques, est le signe d'une économie moderne, etc. Il se demande si un tel développement est possible alors que le taux de croissance prévu variera entre 1,5 et 3 %, que la baisse de l'endettement est considérée comme une priorité, que la contrainte centrale de l'exportation pèse de plus en plus lourdement sur les entreprises et que l'exigence politique du maintien du niveau de vie limite les possibilités d'investissement ? S'il pense que le financement centralisé pourra jouer un rôle certain dans le développement de l'infrastructure, il préconise également de confier à des entreprises concurrentes certains services courants, pour que le système devienne plus souple et s'ajuste plus rapidement aux besoins.Services in a Planned Economy : The Hungarian Example These days, no Hungarian economist or administrator would deny that the leveï of development and efficiency in the services has fallen below the level of general economic development, and that this constitutes one of the main obstacles to growth in the Hungarian economy. The economic recession which set in at the end of the 1970's left the decision- makers with an even graver dilemma : since the available national income was increasing more slowly (or indeed decreasing) by comparison with earlier periods, it became necessary to cut investment. The author first looks at economic policy, and the development of services, using the example of Hungary, which is not without its parallels in the other countries of Eastern Europe. He goes on to try to evaluate the costs of services in the national economy (current expenditure and capital expenditure) and shows that the « savings » made were achieved at the expense of the overall functioning of the economy. Finally, he reflects on the possibilities for development of services in the medium-term. He is of opinion that a more intensive development is not only desirable, but also makes economic sense, particularly because it helps to reduce current expenses, contributes to the efficient functioning of all sectors of the economy, is a characteristic of a modern economy, etc. He wonders if such development is possible while the planned rate of growth will vary between 1,5 and 3 %, while priority is given to reducing indebtedness, while enterprises are increasingly constrained by the centre's pressure for higher exports, and while the political necessity to maintain the standard of living limits the possibilities for investment. While considering that centralized funding may have a definite part to play in the development of the infrastructure, he does at the same time envisage entrusting current services to competing enterprises, so as to make the system more flexible and more speedily adjustable to requirements.
- La Fondation pour l'agriculture polonaise sera-t-elle officialisée ? (Présentation) - Benoît Petit p. 73-75
- La Fondation agricole - Stanislaw Siwek p. 77-85 L'attaché de presse de la « Fondation agricole pour l'agriculture privée polonaise » rompt la discrétion tenue jusqu'ici par l'équipe pluridisciplinaire qui cherche à officialiser les échanges caritatifs et à renforcer le rôle de l'Eglise dans les transferts de technologie venant de l'Occident. Après avoir défini les causes de la crise polonaise, perçues comme le résultat d'une sous-estimation par les autorités en place de l'agriculture privée (les exploitations familiales tiennent 75 % des surfaces agricoles), l'auteur reprend l'historique de la Fondation. Notons que cette dernière n'est pas encore officialisée mais l'auteur n'évoque pas les difficultés qu'il reste à surmonter. La seconde partie s'interroge sur les possibilités et conclut à la nécessité de passer d'une aide destinée à la consommation à une « aide plus constructive ». Des investisse- ments à long terme ont un « effet multiplicateur », s'ils sont utilisés de manière effica_ce par les agriculteurs qui devront payer ces équipements. Plusieurs fois apparaissent les notions d'« intérêt collectif » et d'unité de la nation, d'appel à la discussion et à la moralisation du marché. Les évocations à la fin du monopole de l'Etat, tout comme l'insistance sur les exigences des donateurs occidentaux, montrent que l'enjeu de la Fondation est de taille.The Agricultural Foundation The press attaché of the « Agricultural Foundation for private Polish agriculture » breaks the reserve which has so far been maintained by the multi-disciplinary team which is attempting to gain official recognition of their charitable activities, and to strengthen the role of the Church in the transfer of technology from the West. Having first outlined the causes of the crisis in Poland, which he sees as the result of official down-grading of the importance of the private sector (family holdings account for 75 % of agricultural land), the author recapitulates the history of the Foundation, which, it should be noted, has not yet been officially recognized, though he does not mention the obstacles that still remain to be overcome. The second part of the essay discusses the possible solutions, and concludes that it will be necessary to change from aid « based on consumption » to « a more constructive form of aid ». Long-term investments can have a « multiplier effect » if used rationally by the farmers who will have to pay for the equipment in question. There is frequent reference to ideas such as « collective interest » and national unity, appeals for discussion and the legitimization of the market. Calls for an end to State monopoly, and the stress laid on the requirements of foreign benefactors, all show that the Foundation faces a major task.
- Les relations franco-polonaises après 1945 - Georges Mond p. 87-108 Après avoir établi une distinction entre les relations intergouvernementales et celles qu'entretiennent les deux nations, l'auteur fait leur historique depuis la fin de la guerre. 11 recense cinq périodes marquées par un refroidissement ou un renouveau des relations entre Etats, les liens entre les peuples français et polonais ayant toujours été assez forts et amicaux. La période 1945-1947 est sous le double signe de la coopération entre les gouvernements et de l'amitié traditionnelle entre les nations, consolidées durant la guerre et l'immédiat après-guerre. En 1948-1954, on constate une nette détérioration des rapports puisque la Pologne dénonce unilatéralement le traité d'alliance de 1921/1939 et qu'une campagne anti-française se déchaîne dans les médias. La période 1955-1965 voit une timide relance des relations franco-polonaises, liée à la sourdine mise à la « guerre froide », à l'arrivée au pouvoir de de Gaulle et à la déstalinisation de la Pologne, gouvernée par Gomulka. La période suivante, 1965-1979 est marquée par une réelle amélioration des relations intergouvernementales dont l'auteur nous retrace les principaux événements. Enfin, la période la plus récente, 1980-1984, se caractérise par un très vif intérêt de la France pour les événements de Pologne, l'émergence de Solidarité, puis sa « disparition » après l'instauration de l'état de guerre, vivement condamnée par la France, gouvernement et nation réunis. Les Français se mobilisent en faveur des Polonais, les autorités déplorent périodiquement l'évolution du régime en Pologne tandis que le gouvernement polonais organise des campagnes anti-françaises et que les relations atteignent leur niveau le plus bas depuis la guerre. Des signes de reprise se manifestent mais à l'heure actuelle il est encore impossible de se prononcer sur le tour que prendront les relations franco-polonaises. Deux annexes permettent de se faire une idée des relations entre les deux pays pendant la guerre (Rapport de l'ambassadeur Morawski du 22 décembre 1943) et en 1984 (extraits de déclarations du général Jaruzelski et d'autres dirigeants).Franco-Polish Relations After 1945 The author first makes the distinction between intergovernmental relations, and those obtaining between the two nations, and goes on to discuss the history of his relationship since the end of the war, distinguishing five periods marked by the cooling, or the resumption, of relations between the two states, the ties between the French and the Polish people having always been fairly strong and friendly. The period from 1945 to 1947 was characterized both by co-operation between governments and the traditional friendship between their peoples, consolidated during the war and the immediate post-war period. The years 1948 to 1954 saw a distinct deterioration in relations, with Poland unilaterally disowning the 1921/1939 treaty of alliance, and the start of an anti-French campaign in the media. The period from 1956 to 1965 brought a tentative renewal of Franco- Polish relations, linked with the « soft- pedalling » of the Cold War, the coming of de Gaulle to power, and the de-stalinization of Poland under Gomulka. The next period, 1965-1979, was one of real improvement in relations between the governments, the main events of which the author describes. Finally, the most recent period, 1980-1984, has been one in which France has shown a lively interest in the events in Poland, the emergence of Solidarity, then its « disappearance » after the establishment of martial law, an event strongly condemned in France by government and people alike. The French have rallied in support of the Poles, the authorities periodically express regret at the way the regim in Poland has developed, while the Polish government organizes anti-French campaigns, and Franco-Polish relations have reached their lowest point since the war. There are some signs of improvement, but so far it is impossible to express any opinion as to the turn Franco- Polish relations will take. There are the two appendices which help the reader to form some idea of relations between the two countries during the war (Report by Ambassador Morawski, 22nd December 1943) and in 1984 (extracts from statements by General Jaruzelski and other leaders).
- La contribution de la Roumanie à l'indépendance bulgare - Georges Caranfil p. 109-119 L'auteur évoque une page peu connue de l'histoire de l'Europe centrale et orientale à l'époque où certains pays ? la Bulgarie dans le cas qui nous occupe ici ? vivaient sous la domination turque et ne pensaient qu'à s'en libérer. La Roumanie, ses princes et ses armées ont volé à l'aide de la Bulgarie militairement après l'avoir soutenue en accordant l'asile à ses écrivains et ses combattants. La Roumanie a combattu en alliée du tsar et de l'empire russe mais cette alliance était bien inégale. Malgré sa lutte courageuse et victorieuse aux côtés des Bulgares, elle a eu à pâtir ? déjà ? de l'expansionnisme russe et y a perdu une partie de son territoire.Rumania's Contribution to Bulgarian Indépendance The author recalls a little known passage of Central and East European history, at a time when certain countries ? Bulgaria in the present instance ? were living under Turkish rule, and thought only of liberation. Rumania first lent assistance by sheltering Bulgarian writers and combatants, and then the nobility and the army hastened to provide military support. Rumania fought as an ally of the Tsar and the Russian empire, but the alliance proved and unequal one. Despite Rumania's courageous and successful stand alongside the Bulgarians, she was already a victim of Russian expansionism, and thereby lost part of her territory.
- Procédés et critères de choix des responsables des organisations de base du Parti Communiste de l'Union Soviétique - Anne Gazier p. 121-142 Partie intégrante de ce que les Soviétiques nomment la « politique des cadres », la désignation des responsables des organisations de base du P.C.U.S. se fait au moyen d'élections qui ne sont ni « libres », ni « concurrentielles » mais dirigées étroitement par les instances supérieures. L'examen des procédés utilisés par ces organes pour imposer leurs choix et celui des critères qui les inspirent dans leur intervention font apparaître une sélection très bien organisée et fondée principalement sur la compétence des futurs responsables. La volonté de conférer une certaine représentativité aux membres des instances dirigeantes des organisations de base semble en effet, pour l'instant au moins, tenir une place très réduite si on la compare à celle de recruter des personnes instruites et compétentes qui seront éventuellement appelées à monter dans la hiérarchie du Parti ou (et) de l'administration.Procedures and Criteria Used in the Selection of Cadres in the Lower-level Organizations of the Communist Party of the Soviet Union An integral part of what the Soviet authorities call « cadre policy », the choice of personnel for the lower-level organizations of the CPSU, is made through elections which are neither « free » nor « competitive », but strictly regulated by superior bodies. A study of the methods employed by these higher authorities in order to impose their choice of personnel, and of the criteria which govern these choices, reveals a highly organized selection procedure, based mainly on the competence of the potential cadres. In fact, where these lower-level organizations are concerned, it seems, at the present time anyway, that the concern for some degree of representativeness among those nominated to office is considerably outweighed by the desire to select educated and competent cadres who may eventually be called upon to make their way upward in the Party and/or administrative hierarchy.
- Les relations commerciales Est-Ouest et les perspectives pour l'Europe de l'Est et la Yougoslavie - Paul Marer p. 5-16
Revue des livres
- Janos Kornai, Socialisme et économie de la pénurie - István Salgó p. 145-150
- Marcel Drach, La crise dans les pays de l'Est - Bernard Chavance p. 151-153
- Pawel H. Dembinski, L'endettement de la Pologne ou les limites d'un système - Krystyna Szymkiewicz p. 154-156
- Résumés des articles - p. 157-164